Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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UNE PROMESSE POUR TOUS LES JOURS


Voici, je suis TOUS LES JOURS avec vous jusqu'à la fin du monde. (Mat. XXVIII, 20.)

Il semble que le Seigneur choisisse un étrange moment pour prononcer cette parole. Il allait se séparer des siens et rentrer dans «la gloire qu'il avait auprès du Père avant que le monde fût fait (Jean XVII, 5).»

À considérer les choses au point de vue humain, les disciples, n’ayant plus le Maître à leurs côtés, seront désormais:

seuls à poursuivre leur route ici bas,

seuls à lutter,

seuls à accomplir la tâche,

seuls à souffrir et plus tard mourir.

Mais non, ils ne seront pas seuls.

Le Seigneur qui s’éloignait d’eux en allant «s’asseoir à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts (Héb. I, 3),» accomplira sa promesse. Au jour de la Pentecôte, il descendait dans le cœur de ses disciples par le Saint-Esprit: il venait habiter dans leurs âmes par cet Esprit dont il avait dit: «Il prendra de ce qui est à moi et il vous l’annoncera (Jean XVI, 14);» il venait vivre en eux et cela d'une manière si réelle et si complète qu’ils purent tous dire en vérité ce que disait saint Paul: «Ce n'est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (Gal. II, 20).»

«Je suis tous les jours avec vous!»

Voilà bientôt dix-neuf siècles que cette parole est sortie de la bouche du Seigneur et pendant ces dix-neuf siècles il a montré, en effet, qu'il était avec les siens, il le montre aujourd'hui encore.


Il a été tout d’abord avec ses apôtres.

Lorsque Pierre se lève, le jour de la Pentecôte, pour appeler les âmes à la repentance et à la foi, lorsqu'il rend témoignage avec une sainte hardiesse à son Sauveur mort et ressuscité, on voit bien que pour lui la promesse s'est accomplie: Jésus est avec lui, Jésus remplit son cœur et parle par sa bouche.

Lorsqu’on considère aussi l'effet extraordinaire que produisit le discours de l’apôtre;

les consciences troublées,

les pécheurs s’enquérant du salut,

les conversions qui se comptent par milliers,

on voit bien que Jésus est là.

C’est lui qui agit sur cette foule par le moyen du Saint-Esprit, lui «à qui toute puissance a été donnée dans les cieux et sur la terre (Actes II, 14-41).»

Lorsque plus tard les apôtres accomplissent des miracles, lorsqu’ils guérissent des malades, qu’ils chassent des démons, qu'ils ressuscitent des morts, on voit bien également que Jésus est avec eux.

C'est lui, le Maître glorifié, qui opère ces grandes œuvres PAR LES MAINS DE SES FAIBLES DISCIPLES et ceux-ci n’ont garde de le méconnaître (Act. III. 12-16; 1 Cor. XV, 10-11.)

Si nous nous demandons où les premiers disciples puisaient la SAINTE JOIE qui les animait, le COURAGE qui les faisait parler, la FORCE qui les soutenait au milieu de leurs épreuves, la réponse à cette question se trouve tout entière dans ce fait: JÉSUS EST AVEC EUX.


Il fut avec eux tous les jours: dans les jours de calme et dans les jours d’orage, dans ceux de gloire et dans ceux d'ignominie.

Il fut avec Étienne mourant, le consolant par sa divine présence (Act. VII. 55; 59-60);

Il fut avec saint Paul lorsque l’apôtre à la veille d’être immolé contemplait, dans sa prison de Rome, la couronne de justice qui lui était réservée (2 Tim. IV. 7-8).

La promesse s’est pleinement réalisée pour les apôtres et pour les premiers disciples.

Elle s’est aussi réalisée pour ceux qui sont venus après eux et pour l’Église chrétienne dans tous les temps.

C'est un miracle que l'Église de Christ ait pu subsister jusqu'à maintenant au milieu d’un monde ennemi de Dieu, ennemi de sa Parole, ennemi de ses enfants.


On ne comprendrait pas qu'elle se fût ainsi maintenue à travers des siècles

si l'on ne savait pas que le Maître était avec elle pour la défendre et pour la sauver.


À plusieurs reprises, elle a semblé près de sa ruine, elle a traversé d’effroyables persécutions, elle a été presque complètement égarée par de faux docteurs, elle a connu des temps de tiédeur et de mort spirituelle qui constituaient pour elle le pire des dangers, et cependant elle est encore debout, elle est encore au milieu du monde «LA COLONNE ET L’APPUI DE LA VÉRITÉ (1 Tim. III, 15)» et elle étend chaque jour ses conquêtes.


On raconte que César monta un jour sur une barque qui fut assaillie par une violente tempête. Le batelier épouvanté croyait que sa dernière heure était arrivée.

Que crains-tu? lui dit alors le général romain, ne sais-tu pas que ta nacelle porte César et sa fortune!

Parole orgueilleuse et insensée dans la bouche d’un homme. Le même César tombait quelque temps après sous le poignard de ses ennemis: sa fortune fut impuissante à le sauver.


Mais il est une autre nacelle, — l'Église, — qui a souvent traversé les flots orageux et qui, elle, ne peut pas périr parce qu’elle a à bord, non pas un homme mortel, mais le Seigneur des cieux et de la terre, parce qu’elle porte Christ et sa Parole.


Aujourd’hui encore le Seigneur est vivant dans son Église,

malgré les lacunes et les faiblesses de celle-ci.


Il agit et il travaille au milieu des siens et par le moyen des siens en tous pays, jusque dans les stations missionnaires les plus lointaines.

La promesse est vraie pour nous, comme elle a été vraie pour les apôtres, comme elle le sera pour tous les disciples dans tous les temps jusqu’à la fin du monde.

Nous pouvons répéter avec une entière certitude le mot joyeux et triomphant de J. Wesley:

«Le meilleur de tout, c’est que Christ est avec nous!»


TOUS LES JOURS AVEC VOUS!

Donnons-nous à cette parole l’importance qu’elle mérite et en faisons-nous l’expérience?

Ils sont bien différents les uns des autres les jours que nous passons ici-bas. Autres sont les jours de l'enfance, autres ceux de la jeunesse, de l’âge mûr ou du déclin: mais la promesse est pour tous ces jours, de l’enfance à la vieillesse toute blanche, jusqu’à la fin.

TOUS LES JOURS! Nous avons des jours de soleil et de joie où notre vie est facile, notre chemin uni et paisible. IL FAUT QUE LE SEIGNEUR SOIT AVEC NOUS dans ces jours-là pour sanctifier nos joies et nous apprendre la reconnaissance pour nous empêcher de tomber dans le sommeil et la tiédeur.

NOUS AVONS DES JOURS D'OBSCURITÉ où nous ne savons pas la route que nous avons à suivre, où nous sommes irrésolus en présence de telle décision à prendre, où nous attendons avec anxiété que la lumière se fasse sur notre sentier.

IL FAUT QUE LE SEIGNEUR SOIT AVEC NOUS dans ces jours de doute et d’incertitude pour nous «prendre par la main droite et nous conduire par son conseil (Ps. LXXIII. 23-24)» Il est si facile de s’engager dans une de ces «voies qui semblent droites à l'homme, mais dont les issues sont la mort (Prov. XIV. 12)» Il faut qu’il soit avec nous. Celui qui a dit: «Quiconque me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie (Jean VIII. 12).»

NOUS AVONS DES JOURS DE FORCE, où nous dirions volontiers avec le Psalmiste: «Je ne chancellerai jamais! (Ps. XXX, 6-7, V. Seg.)» IL FAUT QUE LE SEIGNEUR SOIT AVEC NOUS dans ces jours de marche assurée pour nous tenir dans l’humilité et dans la vigilance, pour nous dire: «Ta force peut durer autant que tes jours, toutefois ne t’élève pas par orgueil, mais crains: que celui qui croit être debout, prenne garde qu’il ne tombe, car, hors de moi vous ne pouvez rien faire (Deut. XXXIII, 25; Rom. XI, 20; I Cor. X, 12; Jean XV. 5

NOUS AVONS DES JOURS DE FAIBLESSE, DE LASSITUDE, DE DÉCOURAGEMENT, où nous nous sentons «pauvres, aveugles, misérables et nus (Apoc. III, 17),» où nous nous écrions avec le Psalmiste: «Mon âme, pourquoi t’abats-tu (Ps. XLII. 6)!» IL FAUT QUE LE SEIGNEUR SOIT AVEC NOUS dans ces jours de dépression morale et physique pour relever notre courage, ranimer notre foi, raviver le lumignon qui fume et qui a perdu sa flamme; il faut qu’il nous redise ce qu’il disait autrefois à son apôtre: «Ma grâce te suffit, ma force s’accomplit dans ton infirmité (2 Cor. XII. 9).»

NOUS AVONS DES JOURS DE TENTATIONS ET DE LUTTES où notre âme est comme assiégée par l’ennemi, où «Satan demande à nous cribler comme on crible le blé (Luc XXII. 31),» IL FAUT QUE LE SEIGNEUR SOIT AVEC NOUS dans ces jours dangereux où nous sommes mis à l’épreuve, priant pour nous afin que notre foi ne défaille point et que nous sortions de la lutte «tout meurtris, mais vainqueurs.»

NOUS AVONS DES JOURS D’AFFLICTION. La maladie nous couche sur un lit de douleurs. IL FAUT QUE LE SEIGNEUR SOIT LÀ pendant les longues heures de souffrances et les nuits d’insomnie, éloignant de nos lèvres le murmure, nous apprenant «à supporter tout avec patience et avec douceur (Col. I. 12: III. 12),» maintenant l'âme vaillante quand le corps est faible, l'âme paisible et sereine quand le corps est fiévreux et agité, nous donnant l’assurance que «les fleuves ne nous noieront point et que les flammes ne nous consumeront point (Ésaïe XLIII. 2).»

IL FAUT QU’IL SOIT LÀ DANS LES JOURS DE SOLITUDE ET DE DEUIL, quand le foyer paraît morne et désert, pour nous dire comme à Josué: «Moïse, mon serviteur est mort, mais fortifie-toi et prends courage; je serai avec toi, je ne te laisserai point et je ne t'abandonnerai point (Jos. I, 2-5)!» ou comme aux premiers disciples:


«VOICI, MOI JE SUIS TOUS LES JOURS AVEC VOUS JUSQU’À LA FIN.»


La fin! elle viendra aussi pour nous et il en est plusieurs qui la redoutent et qui n’osent pas la regarder en face, mais elle est comprise, elle aussi, dans la promesse et le dernier jour de notre carrière ici-bas est comme les autres au bénéfice de cette parole: «Tous les jours, JUSQU’À LA FIN»

C’est parce qu’il avait cette confiance que David pouvait dire: «Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort je ne craindrais aucun mal, car tu es avec moi. Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie et mon habitation sera dans la maison de l'Éternel pour toujours (Ps. XXIII. 4-6).»


La présence de Christ est pour nous le bien suprême en tout temps.

Plaçons-nous donc dans les conditions qui permettent au Seigneur d’accomplir en notre faveur sa promesse,

renonçons à tout ce qui nous priverait de sa présence,

soyons à lui tout entier et servons-le avec droiture et intégrité de cœur.

«Reste avec nous! disaient les disciples d’Emmaüs, car le soir commence à venir et le jour est sur son déclin (Luc XXIV. 29).»

Que cette prière soit aussi la nôtre!


RESTE AVEC NOUS SEIGNEUR! pendant cette courte vie qui n’a de prix que lorsqu’elle est employée pour toi, SOIS AVEC NOUS TOUS LES JOURS, JUSQU’AU DERNIER DE CES JOURS, jusqu’à la fin, POUR QUE NOUS SOYONS AUSSI AVEC TOI QUAND TU VIENDRAS DANS TON RÈGNE ET POUR L'ÉTERNITÉ.

La pioche et la truelle N° 28 (1894)


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