Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LE CHEF FIDJIEN ET L’INCRÉDULE


Un comte anglais visitait un chef fidjien; (Les îles Fidji sont en Océanie) L'anglais dit au vieil insulaire qui croyait en Dieu:

«Tu es un grand chef et c'est réellement dommage que tu aies été assez simple pour écouter les missionnaires qui ne désiraient que s'enrichir à tes dépens. Personne, aujourd’hui, ne croit en ce vieux livre qu'on appelle la Bible et on n’écoute plus l'histoire de Jésus-Christ; les gens sont plus avancés maintenant et je suis bien fâché pour toi de ce que tu aies été si insensé».

Tandis qu'il disait ces mots, les yeux du vieux chef étincelaient; il répondit:

«Vois-tu cette grande pierre là-bas? Sur cette pierre nous brisions autrefois la tête de nos victimes. Vois-tu ce four que nous avons construit nous-mêmes, dans ce four nous faisions rôtir des hommes dans nos grands jours de fêtes.

Et maintenant, écoute, sans ces missionnaires, ces bons missionnaires, sans ce vieux Livre et l’amour de Jésus-Christ qui de sauvages ont fait de nous des enfants de Dieu, toi, toi même tu ne quitterais pas notre île vivant! Nous te mangerions! — Remercie Dieu de son Évangile, puisque sans lui tu serais déjà tué, rôti dans ce four; en ce moment même nous ferions un festin de ta chair! Remercie Dieu!»

Carus.


* * *


LE PETIT DÉCROTTEUR. 


Par une froide nuit d'hiver, un petit malheureux avait cherché, sous une porte cochère, un abri contre le vent glacial. C’était un petit, décrotteur (cireur de souliers), qui n'avait pu gagner, ce jour-là, les quelques pences nécessaires pour payer un gîte. Un agent de police qui faisait sa tournée, — et qui avait le cœur aussi tendre que sa voix était rude, promenant sa lanterne sur ce qu’il prenait d’abord pour un paquet de hardes, interpelle l’enfant d’un ton sévère:

Que fais-tu donc là, petit vagabond?

Je cherche à me garantir du froid.

Où est ton père;

Il est mort.

Et ta mère?

Elle est morte.

Viens avec moi; ma femme t’apprêtera un lit.

L’enfant se dispose à le suivre, lorsque ce digne homme aperçoit, non sans quelque méfiance, un objet assez gros qu’il dissimule sous sa veste.

Que caches-tu donc là-dessous! Quelque larcin peut-être?...

Et il se met à le fouiller... Cet objet était une Bible... Le policeman, de plus en plus ému, veut pourtant prolonger l’épreuve:

Oh! laissez-le moi! supplie l’enfant, joignant ses mains glacées: Cette Bible m’a été donnée par ma mère, sur son lit de mort, elle m’a fait promettre d’y lire, chaque jour, les passages qu’elle a soulignés. Quand la Journée a été dure et que je n’ai rien gagné, je vais lire ces versets sous quelque réverbère et il me semble, après, que je sens moins la faim ou le froid de la nuit.

Notre brave agent de police, qui était lui-même un bon chrétien, était touché jusqu'aux larmes... Il conduisit chez lui le petit décrotteur.

Le lendemain, il fit part de sa rencontre à un homme pieux et fortuné, qui s’intéressa au pauvre orphelin et pourvut à son avenir, en le plaçant dans une école puis dans un institut missionnaire où il étudia avec succès.

Éd. Monod

La pioche et la truelle N° 28 (1894)


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