Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

----------

VAUT-IL LA PEINE DE PRIER?


Un soldat, connu par ses camarades pour ses grossièretés et son ignorance, et dégoûté du règlement de fer de la discipline militaire, avait déjà à plusieurs reprises demandé son congé définitif, mais sans succès aucun. Furieux, chaque fois qu’il rentrait de l’exercice, il faisait subir à son entourage une explosion de grossièretés qui, commises envers des camarades moins endurants, auraient pu avoir les suites les plus graves.

Un jour — c'était au temps des manœuvres — le logis désigné pour lui se trouva être celui d’une veuve pieuse. Rentrant de l’exercice, un certain soir, encore plus exaspéré que de coutume et vomissant contre Dieu ses plus horribles jurements, il trouva sur la table de la salle à manger de la veuve une Bible ouverte: ses yeux remarquèrent immédiatement le gros livre, et ils tombèrent et s’attachèrent incontinent sur ces paroles de Jésus-Christ: «Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez, et il vous sera accordé.» (Marc, XI. 24)


Ce qu’il venait de lire fit une profonde impression sur le jeune homme réputé pour son insubordination et sa rudesse, et tout pensif, demanda à son hôtesse quel était ce livre où il trouve de si étranges paroles.

La veuve: «C’est la Bible.»

Le soldat: «Qu'est-ce que la Bible?»

La veuve: «C'est la parole de Dieu.»

Le soldat: «La parole de Dieu! Alors tout ce qui est écrit dans ce livre doit être vrai.»

La veuve: «Certainement.»

Le soldat: «Alors tout ce qui est promis aux hommes là-dedans, doit s'accomplir, même les paroles que je viens d'y lire,»

La veuve: «Oui, assurément, tout ce que nous demandons au nom de Jésus nous sera accordé, pourvu que nous croyions.»

Le soldat: «Eh bien! voilà bien longtemps déjà que je cherche à m'arracher au service militaire. Si donc, la Bible est vraie, il ne me reste qu'à demander à Dieu de me faire accorder mon congé et je l’obtiendrai.»

La veuve: «La Bible nous enseigne de demander avec de certaines réserves des biens terrestres. C'est seulement les dons spirituels que nous pouvons réclamer sans aucune restriction.»

Le soldat: «Pardonnez-moi, Madame, mais ce que vous dites là ne se trouve pas écrit à l'endroit où je viens de lire. Là il est dit que tout ce que nous demanderions à Dieu nous serait accordé.»

La veuve: «Il se peut tout de même qu'il en soit ainsi: tout dans la Bible est vérité; la parole de Dieu ne peut mentir.»


Le soldat ne put plus débarrasser son esprit des paroles qu'il avait vues et lues pour la première fois: jour et nuit il les repassait dans son cœur.

«Je vais toujours essayer, se dit-il: je n’y perdrai certainement rien, et qui sait si finalement je n’obtiendrai pas la réalisation de mon si grand désir?»

Il se retira donc dans sa chambre à coucher et s’agenouilla avec le dessein de demander à Dieu de le libérer du métier de soldat dont il était si fatigué. Mais à peine avait-il balbutié les premiers mois que le souvenir des nombreux péchés dont i! s’était rendu coupable se réveilla, soudain, en lui. Il en prit peur:

«Comment, se dit-il, le Dieu saint pourrait-il exaucer la prière d'un si grand pécheur comme moi?»

Cette pensée l'inquiéta tellement qu'il mit tout à fait à l'arrière-plan le premier objet qu'il avait assigné à sa prière:

«Ô Dieu, arrache-moi à la vie de caserne, et délivre-moi du service militaire,» avait-il pensé de dire dans sa prière, mais au lieu de cela on pouvait l’entendre soupirer et gémir avec larmes:

«Ô DIEU SOIS APAISÉ ENVERS MOI QUI SUIS UN GRAND PÉCHEUR.»


Dieu qui aime le pécheur, surtout le pécheur repentant, eut pitié de lui. Il entendit sa prière, et lui pardonna ses péchés, et fit du soldat blasphémateur un homme nouveau: tout son caractère fut changé, et toute sa conduite transformée, peu de temps auparavant il était encore un ivrogne, un débauché, un coureur de plaisir, un contempteur de Dieu, et le voici maintenant devenu doux et paisible, et par sa piété de bon aloi, et la pureté de sa vie, un modèle pour ses camarades.

Cette conversion subite attira une attention générale sur le jeune soldat.

Ses chefs, comme, aussi ses camarades, lui demandèrent ce qui l’avait rendu tout à coup si pieux. Il reconnut la vérité et confessa ouvertement ce qui s'était passé en lui, il rendit témoignage, avec joie, à la grande miséricorde de Dieu dont il avait ressenti les effets dans son âme.

Ses paroles, qui sortaient toutes convaincues et toutes brûlantes de son coeur trouvèrent le chemin de celui de ses camarades, et plusieurs ne tardèrent pas à être préoccupés du salut de leur âme, et à soupirer ardemment après Dieu.

L'exemple donné par les uns exerça une profonde impression sur les autres, en sorte que, jour après jour, l'Évangile gagnait toujours plus de terrain dans le régiment auquel appartenait notre ami.

La plupart des officiers virent avec déplaisir l'œuvre que l'esprit de Dieu accomplissait dans les coeurs des soldats. Eux, comme beaucoup d’autres, regardaient la piété comme quelque chose d’absolument incompatible avec le service militaire, et ils regrettaient amèrement d'avoir tant de «dévots» dans leurs rangs. Ils allèrent jusqu'à en faire un rapport à leur colonel, pour l'informer de ce qui se passait, et ils lui désignaient même l’auteur de ce
 mouvement «scandaleux».

On fit donc comparaître celui-ci: mais le modeste soldat, loin de se laisser intimider par les admonestations de ses supérieurs, saisit avec empressement et joie cette occasion, pour confesser sa foi et rendre témoignage à la grâce de Dieu. Il ajouta même qu’il n'avait pas du tout «séduit» ses camarades, mais, que par le simple récit de ce que Dieu avait fait dans son cœur, il avait cherché à les arracher à la voie de péché et de perdition pour les conduire sur l’unique chemin qui mène à la vie.

On lui demanda alors comment il se faisait qu’il ne réclamait plus si instamment son congé, lui, qui auparavant les fatiguait de ses importunités.

Il répondit: «Avant d’être converti, je n'avais qu'une préoccupation: faire à ma tête, mais depuis que je suis devenu la propriété du Seigneur Jésus je n’ai pas d'autre volonté que la sienne, et maintenant je m'abandonne à Dieu pour qu'il me conduise comme un père conduit sou enfant.»

Comme l'unique crime dont on l'accusait était d'être devenu pieux, on se hâta de lui infliger comme punition le congé qu'il avait autrefois réclamé avec tant d’instances et presque sans interruption, mais vainement.

Dieu lui apprit, de cette façon, que toutes «ses promesses sont oui et amen en Lui», mais aussi cette autre vérité, qu’il les accomplit chacune en leur temps.

M. Meyer.

La pioche et la truelle N° 29 (1894)


Table des matières