Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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COMMENT ÉTUDIER LA BIBLE


La Bible n’est pas un livre de lecture courante, qu’on puisse «passer» à la hâte et superficiellement, mais un livre d’étude qu’il faut méditer de façon à le comprendre à fond, et à se l’assimiler entièrement.

Ne lisez pas un chapitre au hasard, car cela indique ou bien que vous ne savez pas ce que vous voulez lire, ou que, le sachant, vous êtes incapable de le trouver dans le saint recueil. Or, Dieu veut que nous connaissions son livre, et que nous l’ouvrions avec intelligence, et l’étudiions avec méthode.

Parfois le chrétien, sachant que tel chapitre spécial contient des exhortations, des promesses, des avertissements, dont il a besoin au moment même, le cherche dans la Bible, le lit, et en fait son profit. Cette manière de faire est très légitime, très utile pour la piété, mais n'est pas ce qu’on appelle étudier la Bible.

Pour étudier la Bible, il y a deux méthodes, qui sont l’une et l’autre indispensables.


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La première consiste à lire en suivant un livre entier soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament.

Mettez-y plusieurs jours si c'est nécessaire, mais lisez en suivant, et sans rien passer. Voici pourquoi:

Chacun des livres de la Bible a un intérêt double:

d’abord un intérêt général, qui lui est commun avec tous les autres livres de la Bible: c’est de nous faire connaître les vérités du salut;

ensuite, un intérêt spécial, qui n’appartient qu’à lui: c'est de vous faire voir comment l'homme de Dieu qui en est l’auteur, s'est approprié lui-même la vérité qu’il prête aux autres.

Expliquons-nous par des exemples très instructifs eux-mêmes: voyez les quatre évangiles qui commencent le recueil du Nouveau-Testament. Ils ont un but général qui est le même pour tous, celui de nous faire connaître la parole, les actes, et la personne de notre Sauveur.

Mais pourquoi Dieu n’a-t-il pas fait écrire un récit unique qui contiendrait à lui seul la totalité des renseignements qui nous sont donnés par les quatre?

C'est que Jésus était trop grand pour qu'un seul écrivain fût également frappé de toutes ses vertus et pût nous en rendre compte. Dieu a du partager la tâche immense. De là vient que chaque évangile, outre son intérêt général, a encore un intérêt spécial.

St. Mathieu vous le présente comme le Prophète qui accomplit toutes les paroles de ses devanciers;

St. Marc voit surtout en lui le Roi des hommes et des choses, accomplissant avec un pouvoir plus qu’humain des choses qu’on n’avait jamais vues.

Pour St. Luc, Jésus est le Sacrificateur qui s’immole pour les péchés des petits et des indignes; son évangile est l'évangile du pécheur perdu; lui seul nous parle de l'enfant prodigue, du bon Samaritain, de la femme perdue arrosant de ses larmes les pieds du Sauveur, du brigand sur sa croix.

Jean attire plutôt notre attention sur l’éternel Jésus qui habite à toujours dans le cœur de ses disciples.


Les épîtres aussi ont le même caractère général, car toutes nous annoncent les mêmes vérités du salut; et elles ont chacune leur caractère spécial, car:

saint Paul met l’accent sur la foi;

saint Pierre sur l'espérance de posséder l'héritage incorruptible,

et saint Jean, l'apôtre bien aimé, sur la charité.

Donc, pour répondre au but de Dieu, et bien profiter de l'étude de la Bible, il faut lire chaque livre en suivant et se pénétrer de la vérité spéciale que Dieu l’a chargé de mettre en relief.


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Voici la seconde manière, non moins indispensable que la première.

À côté de L'ÉTUDE D’ENSEMBLE des vérités chrétiennes, il nous faut L’ÉTUDE DE DÉTAIL; nous devons étudier, à part, et pour elle-même, chaque vérité biblique.

Vous êtes préoccupé, je suppose, de connaître à fond la compassion de Jésus-Christ, noble sujet, et bien digne d’étude. Vous lisez donc les quatre évangiles, et chaque fois que la compassion de Jésus est spécialement notifiée, vous marquez le passage.

Au bout de votre étude, vous êtes arrivés aux résultats les plus instructifs et les plus édifiants.

Il nous est dit que Jésus a compassion des malades, notamment du lépreux de Capernaüm, sur la chair gâtée de qui il n’eut pas de répugnance à étendre sa main. (Marc I. 41; Mat. XX, 34.)

Nous apprenons qu’il eut compassion des affamés, par exemple de la foule qu'il nourrit avec cinq pains et deux poissons. (Marc VIII, 2.)

Il a compassion des personnes dans le deuil, et pleure avec les sœurs de Lazare. (Jean XI, 35.) Voir aussi la veuve de Naïn. (Luc VII, 13.)

Il a compassion des pécheurs perdus, de cette multitude qu'il compare tristement à des brebis errantes et misérables qui n’ont point de berger (Mat. IX. 36): il veut les réunir toutes au pied de sa croix, et de là les emmener toutes au ciel avec lui.

Il a compassion des chrétiens faibles, et ne veut pas rompre ce roseau froissé, ni éteindre ce lumignon qui l'urne encore (Mat. XII. 18.)

Il a compassion de ses bourreaux, et s’écrie sur la croix «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.» (Luc, XXIII, 34.)

J'ai passé ses larmes sur Jérusalem (Luc, XIX.), et bien d'autres incidents.


Vous pouvez étudier de la même façon sa patience envers ses apôtres, ce qu'il dit de l'humilité, du pardon des offenses; ou bien, vous pouvez chercher ce que dit la Bible de la justice de Dieu, des fruits bénis du Saint-Esprit, de la prière, de la foi, de l’espérance, de la charité, de tous les dons de Dieu, de toutes les vertus du chrétien, de l’Église, et enfin de la nécessité d’étudier la Bible.


Heureux celui qui médite jour et nuit dans la loi de l’Éternel,

il sera comme un arbre planté près des eaux courantes,

et dont le feuillage lie se flétrit point.

Dans toutes ses entreprises, il réussira.

(Ps. 1.)


Ph. Vincent.

La pioche et la truelle N° 30 (1894)


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