Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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ÉTUDES BIBLIQUES

JEAN-BAPTISTE

4° SA PRÉDICATION


La proximité du Royaume des deux.

«Repentez-vous, disait Jean-Baptiste, car le Royaume des cieux est proche.»

Nous avons cherché, dans l'étude précédente, ce qu'il entendait par la repentance, cherchons dans celle-ci, non ce qu'il pensait du Royaume des cieux, car nous avons consacré à cette question le premier article de la série, mais COMMENT IL SE REPRÉSENTAIT L'ÉTABLISSEMENT DE CE ROYAUME.

Si Jean proclame avec tant d'énergie que le Royaume des cieux est proche, c'est qu’il sait que déjà LE ROI EST LÀ ET N’ATTEND QUE LE SIGNAL DE DIEU POUR SE MANIFESTER.

«Au milieu de vous, dit-il à la députation du Sanhédrin, se tient quelqu'un que vous ne connaissez pas; c'est celui qui vient après moi (Jean I. 26.)»

Ces paroles, prononcées avec la mâle assurance du Prophète du désert, devaient produire une émotion bien profonde chez des auditeurs dont toute la vie se concentrait dans l’attente du Messie. Involontairement, ils s'interrogeaient du regard, et cherchaient parmi eux le noble inconnu.

Noble en effet: et Jean est comme troublé et confus d’avoir un instant été pris pour lui. «Il est plus puissant que moi, dit-il, et je ne suis pas digne, en me baissant, de délier la courroie de ses sandales.» — «Il était avant moi», dit-il encore (Jean I, 15) et cette parole dit plus qu'elle ne paraît tout d'abord, car elle signale L’ORIGINE ÉTERNELLE DU MESSIE.


Cet inconnu dont la gloire va éclater est plus grand non seulement que Jean, mais que n’importe qui: «Celui qui vient d'En-Haut est au dessus de tous (Jean III. 31).» C'est lui qui est l'Époux du véritable Israël (Jean III, 29) et par cette forte expression, Jean identifie le Messie avec Jéhovah lui-même (Osée II, 16/18). Enfin, il l'appelle le Fils, en qui habite la plénitude de l'Esprit de Dieu, et qui sauve quiconque croit en lui (Jean III, 34-36).



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Que se passera-t-il quand le Roi présent, mais inconnu sera manifesté?

Jean se représente l'apparition du Messie comme devant être accompagnée d'un jugement qui sépare les bons des méchants: «Il a son van à la main, et il nettoiera son aire; il amassera son blé dans son grenier, mais brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point (Mat. III, 12).»

Ce jugement sera immédiat; déjà les uns sont marqués pour la récompense, et les autres pour le châtiment; «Déjà, disait l'énergique prédicateur, la cognée est mise à la racine des arbres, tout arbre qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu (Mat. III, 10).»

Les choses se passèrent effectivement ainsi. Aussitôt que Jésus paraît, nous voyons un triage s’opérer immédiatement parmi les hommes qui entrent en contact avec lui;

les uns viennent à lui, croient, sont transformés, sauvés et réservés pour la gloire céleste;

les autres le fuient et le repoussent, nient, s’endurcissent, se perdent, et sont réservés pour l'éternel châtiment.

Tout le plan de l’Évangile de Jean, d’après le théologien F. Godet, est basé sur ce double développement de la foi chez les uns, de l’incrédulité chez les autres, et rien n’est plus instructif en effet que de voir dans cet Évangile LA FOI DES DISCIPLES et L’INCRÉDULITÉ DES CHEFS DU PEUPLE naître ensemble, se développer parallèlement, et aboutir au triomphe apparent et momentané de l'incrédulité par la crucifixion de Jésus, et au triomphe réel et définitif de la foi par la résurrection du Sauveur.


Du temps de saint Paul encore, comme aussi de nos jours, partout où Jésus est prêché, partout où l'action de son Esprit se fait sentir sur les cœurs, une séparation s’opère parmi les hommes:

les uns acceptent Jésus et la vie éternelle:

les autres le repoussent pour leur perdition;

l'Évangile odeur de vie pour les uns, et une odeur de mort pour les autres (II Cor. II, 16).

Tout prédicateur peut, en annonçant Christ prononcer les terribles paroles du précurseur:


«Déjà la cognée est mise à la racine des arbres.»


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Mais le point culminant de la prédication du Baptiste réside dans sa promesse d'un baptême de l’Esprit. «Pour moi je vous baptise d'eau pour la repentance, mais celui qui vient après moi... c'est LUI qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu (Mat. III. 11).»

Par sa prédication et son baptême, Jean a réussi à réveiller la conscience de tout un groupe de disciples, à les amener à changer de sentiments, à haïr et à confesser leurs péchés, à aimer et à rechercher la piété morale, en un mot, à pratiquer la repentance.

Mais les nouveaux convertis, réduits encore à la seule puissance de leurs bonnes résolutions, persévéreront-ils dans la bonne voie où ils sont entrés?

Les tendances perverses du cœur naturel ne reparaîtront-elles pas bientôt en eux et ne leur feront-elles pas faire un retour en arrière dans leur ancienne vie?

Jean-Baptiste sait bien qu’il manque quelque chose, la chose capitale à son action sur le monde. Un autre baptême est nécessaire que celui qui exprime la purification des péchés passés:

Il faut un baptême du Saint-Esprit qui consume en nous les mauvaises tendances, et y fasse pénétrer toutes les vertus de Dieu. Il faut que le peuple de Dieu, selon le vœu de Moïse (Nomb. XI, 29), et la prédiction de Joël (II, 28) soit tout entier composé de prophètes.

Cette oeuvre définitive de régénération est l’œuvre spéciale du Messie.

Il ne peut, lui, Jean, que la préparer en conviant les pécheurs à la repentance. C'est en cela qu'il aplanit les sentiers du Seigneur, comble les ravins, abaisse les vallées, rend droits les chemins tortueux et unis les raboteux, afin que toute chair voie le salut le Dieu (Luc III, 4)

Le baptême de l’Esprit, point culminant de la prédication de Jean-Baptiste, est aussi le point culminant de l’œuvre de Jésus-Christ.

Si Jésus a vécu sur la terre, est mort et ressuscité, c’est afin de pouvoir rappeler le jour de son Ascension (Act. I, 5), et accomplir enfin le jour de la Pentecôte, la grande promesse de Jean-Baptiste.

Aujourd'hui, le chrétien qui a reçu l’Esprit du Christ participe réellement à sa mort au péché et à sa vie de Ressuscité pour le saint et éternel service de Dieu. La repentance ou conversion est devenue régénération et sanctification.

Philémon Vincent.

La pioche et la truelle N° 47 (1896)


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