Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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L'AMOUR D'UNE MÈRE


Une pauvre veuve habitant les montagnes de l’Écosse se trouvait dans l'impossibilité de payer le loyer de sa petite chaumière, et l'agent du propriétaire la menaçait de l'expulser. Un parent qui demeurait à quelque distance lui avait promis de la secourir; elle se mit donc en chemin pour sa résidence, portant sur son dos son unique enfant, un garçon de deux ans environ.

Le matin, en quittant sa demeure, il semblait qu'une journée magnifique se préparait, mais avant midi le ciel s’assombrit et un orage terrible s’annonça. C'était au mois de mai et le souvenir de la neige qu'il tomba ce jour-là, fait extraordinaire à cause de la saison et de l'épaisseur de la couche, reste dans la mémoire des habitants de la région, et est connu sous le nom de «la grande tempête du mois de mai».

Toute la violence de l'orage fondit sur la voyageuse, isolée dans un passage sauvage de la montagne, à seize kilomètres de chez elle. Elle savait qu'à un kilomètre et demi il y avait une maison où elle pourrait trouver un abri, mais malgré ses efforts réitérés pour tenir tête au vent qui s’engouffrait dans la gorge par rafale, elle dut abandonner tout espoir d'avancer dans cette direction.


Après avoir erré pendant quelque temps, parmi les vastes quartiers de granit qui bordaient le fond du précipice, elle trouva un coin protégé sous une saillie de roches où elle rampa tremblante, en serrant son enfant contre son sein.

La tempête redoubla de violence et le temps devint excessivement froid. La mère ne pensa qu'à protéger son enfant. Elle l'enveloppa dans son châle qui était mince et usé. À mesure que la nuit s’avançait, elle retira presque tous ses vêtements et les mit sur l’enfant, et finalement, dans son désespoir, elle le cacha dans une crevasse du rocher, dans un lit de bruyères et de fougères sèches. Couvrant sa figure de larmes et de baisers, elle le laissa dans un doux sommeil, et s'avança dans la couche de neige, résolue de trouver du secours pour lui ou de périr à l'essai.

Cette nuit orageuse fut suivie d'une matinée très calme. Les habitants du village, craignant que la veuve n’eût pu atteindre sa destination, se mirent en grand nombre à sa recherche. Ils arrivèrent à la gorge, et à l'entrée ils la trouvèrent morte, les bras étendus comme pour implorer du secours. Bientôt aussi les pleurs de l'enfant les guidèrent vers son abri, où toute l'histoire de l'amour maternel fut révélée.


Cinquante ans plus tard, un pasteur âgé prêchait sur l'amour de Christ dans une ville éloignée, pour expliquer la nature de l'amour qui ne cherche pas son propre intérêt, il raconta l’histoire de la veuve des montagnes d'Écosse qu'il avait connue dans sa jeunesse.

Quelque temps plus tard il apprit qu'un mourant désirait beaucoup le voir. Cette requête fut bientôt exaucée. Le malade lui saisit la main, et arrêtant fixement les yeux sur son visage, lui dit:

«Vous ne me connaissez pas, mais je vous connais, et je connaissais votre père aussi. J'ai voyagé dans bien des pays; j'ai combattu et j'ai été blessé pour ma patrie. Il y a quelques semaines, j'arrivai en mauvaise santé dans cette ville, et fus conduit providentiellement à l'endroit où vous prêchiez.

Je vous ai entendu raconter l'histoire de la veuve et de son fils...»

Ici la voix du vieux soldat lui manqua, mais se remettant il s'écria:

«Je suis ce fils!»

Et il fondit en larmes.

«Oui. continua-t-il, lorsqu'il eut repris un peu de calme, je suis ce fils! Vous pourriez en effet vous demander quel coeur je posséderais si j'avais oublié un tel amour maternel. Je ne l'ai jamais oublié, et mon dernier voeu c'est que mes os posent à côté des siens dans le vieux cimetière sur la colline.

Mais ce qui me couvre de honte, c'est que jusqu'à maintenant je n'ai jamais compris l'amour du Sauveur qui s'est donné pour les pauvres pécheurs.»

Il ajouta avec beaucoup d'émotion:

«C'est Dieu qui vous a inspiré de raconter cette histoire. Que son nom soit béni! Ma mère n'est pas morte en vain et la prière qu'elle a offerte pour moi a été exaucée. Le Saint-Esprit s'est servi de l'histoire de son amour pour me faire voir l'amour de Christ. Je le vois, j'y crois.

J’ai trouvé un refuge dans ma vieillesse, comme dans mon enfance, dans une crevasse de rocher; mais celui-ci est le rocher des siècles.»

Et joignant les mains il répéta avec une ferveur intense:

«Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l’oublierait, Moi je ne t’oublierai point.»(Ésaïe 49, 15)

Il vécut encore quelques années, demeura un disciple dévoué du Seigneur Jésus, et mourut avec joie, confiant dans ce même précieux Sauveur.

Traduit de l'anglais par Julie Loew.


* * *


AMOUR FILIAL


J'avais à mon service, dit un des premiers missionnaires de la Chine, un serviteur très apprécié, sur lequel je pouvais entièrement me reposer.

Un jour, il vint vers moi et me dit:

«Je suis obligé de vous prier de chercher un autre serviteur pour me remplacer, car dans quelques semaines je vais être exécuté à la place d'un riche monsieur qui doit me payer mon sacrifice très libéralement.»

De telles transactions sont légales dans l'Empire chinois.

Je lui demandai alors ce qui pouvait bien le porter à donner ainsi sa vie pour une somme d'argent, si grande quelle fut. Il me répondit:

«J’ai un père et une mère âgés, ils sont pauvres et incapables de travailler et l’argent que je recevrai les mettra à l'aise pour le reste de leurs jours.»

Exemple bien touchant d'amour filial!

Il devrait faire rougir de honte tous ces enfants dénaturés qui refusent à leurs parents le pain de leurs vieux jours, ou qui ne le donnent que malgré eux et en murmurant, ou qui se disputent ensemble à qui en donnera le moins.

Carus.

La pioche et la truelle N° 48 (1896)


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