Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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SERVEZ LE SEIGNEUR


Quand un chrétien entend prononcer ces mots, son cœur devrait immédiatement bondir de zèle dans sa poitrine.

«Oui, Seigneur, nous te servirons; tu nous as servis le premier, et tu t’es immolé pour nous sur la croix de Calvaire

Saint Paul aimait à s'appeler l'esclave du Seigneur Jésus; il adorait son Maître, il était aux aguets pour saisir sa volonté, il la faisait avec délices, il se dépensait à la faire. Mais le service d’un homme seul était trop insignifiant au gré de son amour; Paul veut se faire aider; il nous appelle à son secours, il nous groupe autour de lui:

«Mettez-vous à l’œuvre avec moi, nous dit-il; servez le Seigneur (Rom. XII, 11).»


Servir est un mot qui sonne mal aux oreilles du monde.

C’est parce que le péché a enfoui et fait disparaître la nature primitive de l'homme sous la fange de notre orgueil et de notre égoïsme.

Mais en réalité, nous sommes faits pour servir, et trouvons à servir notre joie la plus pure. Même le plus égoïste laisse parfois reparaître pour un moment sa nature primordiale, et alors il est tout aise de donner un morceau de pain à un malheureux, d’indiquer son chemin à un passant, de donner à boire à un chien, d’être utile à quelque chose.

Quant à nous, chrétiens, la vie ne nous semble désirable que si elle nous permet de servir; nous voulons servir les hommes, mais nous cherchons surtout à plaire à notre divin Maître; et quand nous avons la pensée qu'il est content de nous et nous sourit, c'est déjà notre ciel sur la terre.

Ce serait pour nous une souffrance que de ne pas pouvoir le servir ou d’être obligés d’attendre l’autre vie pour le faire. Nous voulons nous serrer d’autant plus près de lui que d'autres l'abandonnent, l'aimer si possible pour tous ceux qui ne l'aiment pas, et le consoler des outrages de ceux qui lui désobéissent.

Quiconque a fait quelque bien à Jésus quand il était sur la terre en a recueilli une gloire éternelle:

sa mère qui l’a porté dans son sein, mis au monde, nourri de son lait, et qui a veillé sur son enfance;

Marie de Béthanie, qui lui a rafraîchi et reposé dans un bain de parfum les pieds endoloris par la longue marche, meurtris par les cailloux, et déchirés parles ronces du chemin;

les saintes femmes qui l’assistaient de leurs biens,

Jeanne, Suzanne, qui lui donnaient le pain mangeait,.....;

il n’est pas jusqu'à Simon de Cyrène qui n'ait légué à ses fils Alexandre et Rufus, comme un héritage unique au monde, la gloire d’avoir aidé Jésus défaillant à porter sa croix.

De nos jours, des milliers et des millions donneraient tout ce qu'ils ont pour l'honneur de rendre à Jésus quelque léger service. C’est qu'un tel honneur est immense, Jean-Baptiste, le plus grand de tous les prophètes, si fidèle dans sa vie et dans sa mort, ne se croyait pas digne de s'agenouiller aux pieds du Fils de Dieu, et de délier lu courroie de ses sandales.


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Ô mon frère, qui ôtera le voile qui te couvre les yeux, afin que tu reconnaisses enfin, tout auprès de toi, le même Jésus, toujours vivant, et implorant ton service?

Il a le même cœur avide d’affection;

il est toujours ému et reconnaissant de ce qu’on fait pour lui;

un verre d'eau froide donné en son nom ne perdra pas sa récompense.

Puisque le même Jésus qui s’asseyait autrefois sur la margelle du puits de Jacob, ou dans la barque de Simon Pierre d’où il enseignait la foule, est aujourd'hui venu s’asseoir dans notre maison ou dans notre atelier, n'allons-nous pas nous mettre en quatre pour le servir?

Et puisque son Évangile nous dit comment nous devons nous y prendre pour lui être agréables, n’allons-nous pas saisir ce livre avec un saint empressement, le lire, le méditer avec soin, n’en laisser passer aucun précepte, aucun conseil, aucune parole, sans l'examiner, la retourner, en faire l'étude dans tous les sens?


Ô Jésus, toi qui es la tendresse et la sensibilité mêmes, excuse la maladresse de mon service, et aide-moi toi-même, je te prie, à mieux réussir.

Jésus est surtout content quand une femme habille un petit pauvre:

«J’étais nu, dit-il, elle m’a vêtu. Comme ce tablier me va bien, et comme il me rend tout propre; comme ces petits bas de laine sont chauds, et comme mes petits pieds ont du plaisir à s’y fourrer.»

Jésus est encore content quand un chrétien soigne un malade:

«Comme il m’aime, se dit-il; il m’a passé la nuit. Avec quelle précaution il déroule mon bandage, comme il y va doucement, comme sa main est légère; avec quelle précaution il me prend dans ses bras et m’assied dans le fauteuil pour refaire mon lit.»

Mille et mille fois heureux et glorieux ceux à qui Jésus dira au jour du jugement:


«J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger,

J'ai eu soif et vous m’avez donné à boire.»


Jésus est encore content quand nous annonçons l’Évangile aux pécheurs.

Le salut d’un pécheur, c’est le plus grand soulagement, la plus profonde joie que Jésus connaisse. Il eut autrefois à choisir entre souffrir le supplice le plus cruel que la férocité humaine ait réussi à inventer, et voir ton voisin, ton ami perdu pour toujours, et il a trouvé que la crucifixion était plus supportable.

Quel chrétien pourra jamais calculer la somme infinie de consolation et de bonheur il procure à son Maître, en annonçant le salut à un seul pécheur, et en l’arrachant à la mort éternelle.....!


Chrétiens, dépêchons-nous; nous avons déjà perdu trop de temps.

Le service, qui est bien la plus grande joie de l’enfant de Dieu, sera encore suivi des récompenses les plus belles; il y a une récompense pour cette vie, et d’autres pour l’éternité.

Notre récompense sur la terre, sera de servir toujours mieux: c'est en forgeant qu’on devient forgeron; commençons seulement, nous deviendrons de plus en plus habiles à contenter Jésus.

Dans le ciel, notre récompense sera de servir parfaitement, et de servir toujours:

«Ils sont devant le trône de Dieu, dit l'Apocalypse, et ils le serviront jour et nuit dans son temple.»

Il est encore question, dans l’Évangile de Saint Luc (XII, 37). d’une autre récompense, mais elle est trop grande pour que nous nous eu fassions une juste idée:

«Heureux les serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera veillant! En vérité je vous dis qu'il se ceindra, qu'il les fera mettre à table, et qu'il viendra les servir. Qu’il vienne à la seconde veille ou qu’il vienne a la troisième, s'il les trouve en cet état, heureux ces serviteurs-la!»

Philémon Vincent.

La pioche et la truelle N° 50 (1896)


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