Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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CITOYEN DU CIEL


Je ne suis pas un inconnu pour le ciel.

Combien de temps je passerai encore sur la terre, je l’ignore. Il me sera dur sans doute de quitter des êtres chers comme une femme, des enfants, des parents tendrement aimés, des amis auxquels les liens de la foi m’unissent aussi étroitement que les liens du sang: mais quand je m’en irai, ce n’est pas pour un pays d’exil, où je ne rencontrerai que des visages étrangers.

Sur le seuil de l'éternité, la première personne que je verrai, c’est Dieu, mon Père céleste. Sans doute l’éclat de sa gloire et le souvenir de mes offenses me jetteront à ses pieds et si les chérubins s’inclinent devant son trône, éblouis par sa majesté, une créature à peine échappée aux langes de la chair ne pourra que se prosterner en disant; «Saint, saint, saint est l’Éternel!»

Mais ce Dieu me sourira et il m’appellera son enfant «Mes yeux t’ont vu avant que tu fusses né», dira-il (Ps 139,16.), et devant la surprise et l’émoi que provoqueront dans mon âme tant de lumière et tant de félicité, il ajoutera sans doute:

«Ceux que j’ai connus, je les ai aussi prédestinés,

et ceux que j’ai prédestinés, je les ai aussi appelés,

et ceux que j’ai appelés, je les ai aussi justifiés,

et ceux que j’ai justifiés, je les ai aussi glorifiés» (Rom. 8, 30).

Et les anges du ciel m’accueilleront comme un frère: JE NE SUIS PAS UN INCONNU POUR EUX.

Le jour où, repentant, je me suis jeté à genoux, demandant à Dieu le pardon de mes péchés, ils se sont réjouis (Luc 15, 7) et ont appris sans doute mon nom. Plusieurs d’entre eux se sont attachés à moi, car le Seigneur disait des moindres de ses disciples, que leurs anges voient la face de Dieu (Mat. 18, 10).

Je me représente souvent les anges de Dieu penchés sur le Livre de vie (Ap. 20, 15; 21, 27), en feuilletant les pages remplies des noms des élus, et quoiqu’il y en ait une multitude innombrable, les sachant par cœur et leur faisant fête à mesure qu’ils entrent au ciel pour grossir leurs rangs.

Comme les anges, le chrétien est DE la maison de Dieu (Eph. 2, 19); il est considéré comme accomplissant le même service (Ap. 19, 10). Actuellement nous sommes séparés, mais nous ne sommes qu’une même famille. (Eph. 3, 15)

Je ne suis pas un inconnu pour le Seigneur Jésus; il a prié pour moi quand il était sur la terre, et pour moi spécialement (Jean 17. 9) depuis que je suis au monde, combien le Seigneur a-t-il intercédé de fois en ma faveur (1Jean. 2, 1)?

Le Seigneur me connaît comme l’avocat connaît le condamné qu’il a eu de la peine à sauver de la mort et pour lequel il a fallu des démarches pressantes.

Au jardin de Gethsémané, quand le poids des iniquités de l’humanité lui arrachait la sueur sanglante, il y avait là mes péchés qui venaient s’ajouter aux péchés des autres pour remplir la coupe amère; le Seigneur l’a bue.

Et sur la croix, c’étaient mes péchés qui rendaient un peu plus grandes les souffrances de l’agonie et qui penchaient un peu plus bas sa tête douloureuse: le Seigneur me connaît bien.

Pendant sa vie terrestre, il rappelait souvent aux disciples qu’il les connaissait, pour les consoler et les encourager. «Je connais mes brebis, disait-il, comme je connais mon Père (Jean 10, 13/14). Je les connais, et elles me suivent; je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais et nul ne les ravira de ma main.»


Je ne suis pas un inconnu pour la Bible; je suis dans la Bible, et un apôtre m’a vu: c’est Jean, le disciple aimé de Jésus. Il raconte que Dieu lui montra l’armée des élus et que d’abord parurent à ses yeux les 144,000 des tribus des enfants d’Israël.

Ensuite, dit-il, je vis une multitude que personne ne pourrait compter, de toutes nations, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues, qui se tenaient devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches et ils avaient des palmes à la main, et ils criaient à haute voix:

«Le salut vient de notre Dieu et de l’Agneau!»(Ap. 7.8-10.)

Qui sont-ils, lui demanda l’ange, ceux qui sont vêtus de robes blanches?

Seigneur, tu le sais, répondit l’apôtre.

Et l’ange dit: «Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation et qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et ils le servent jour et nuit dans son temple; et celui qui est assis sur le trône habitera avec eux. Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne frappera plus sur eux ni aucune chaleur, car l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources d’eau vive, et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux.»

J’étais dans cette foule que l’apôtre a vue dans sa révélation, toute composée des phalanges innombrables des rachetés de toutes les nations de la terre, autant celles qui ont vécu que celles qui sont à naître


IL M’A VU, CAR JE SUIS DE CEUX

QUI ONT LAVÉ LEUR ROBE DANS LE SANG DE L’AGNEAU.

Quand j’entrerai au ciel, je ne serai pas un inconnu.


Samuel Vincent.

La pioche et la truelle N° 51 (1896)


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