Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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POURVU QU’UN AUTRE PAIE!


Transportons-nous en Espagne devant l'étalage en plein vent d’une marchande d'eau, oui, d'eau pure. D'une main elle tient ferme le robinet de sa fontaine, de l'autre elle va saisir la monnaie jetée sur la table par le dernier consommateur.

«Dépêche-toi, petit! Décide-toi, oui ou non; derrière toi il y a foule qui attend!»

Mais le gamin à tête bouclée cherche en vain jusqu'au fond de sa poche.

«Rien pour rien! s'écrie la femme; point d'argent, point de bonne eau fraîche!»

Et la tête bouclée leva les yeux sur elle avec un regard suppliant.

«On paie d’avance, mon petit; il faut que chacun vive; si tu n'as pas d'argent, retire-toi et laisse la place à ceux qui en ont!»


Le gamin, ne trouvant pas un sou dans sa poche, allait en effet s'éloigner, lorsqu'une main s'avança et, déposant de la monnaie sur la table, un jeune homme s'écria:

«DEUX tasses, l'une pour lui, l'autre pour moi!»

L'apprenti se retourne: «Comment, dit-il, c'est vous, monsieur Jacques! Oh! merci!»

Et saisissant avec avidité la tasse, il la vida tout d'un trait.

Oh! monsieur Jacques, je comprends maintenant!

Qu'est-ce donc que tu comprends?

Ce que vous me disiez dimanche; qu’on peut acheter sans argent et sans aucun prix de quoi étancher sa soif, – POURVU QU’UN AUTRE PAIE!... Cet autre, aujourd'hui, c'est vous! Vous avez donné le prix, et moi j'ai bu!

Où veux-tu en venir?

Oh! je suis si heureux! Plus heureux que je ne puis dire!

Parce que tu as eu une tasse d'eau?

Vous savez bien, monsieur Jacques, que je pense à une autre soif, à un autre breuvage, et à Celui que vous venez d'imiter et dont vous m'avez parlé, dimanche.

Je pense à l'invitation:

«Ô vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux

et vous qui n'avez pas d'argent, venez acheter sans argent et sans aucun prix!»

Vous m’avez dit que ces eaux c’est le salut; que quiconque en est altéré peut se le procurer sans argent:


LE SALUT QUE J'AI REÇU GRATUITEMENT LUI A COÛTÉ CHER À LUI!


«Toi, petit, tu es sauvé!» dit la marchande fort étonnée.

«Oui, madame, parce que j'avais soif des «eaux vives» et qu'en croyant de tout mon cœur au Sauveur, j'ai accepté de ses mains — la vie!»

Enfants, êtes-vous de ceux qui se sont désaltérés à la source véritable et qui ne craignent pas de le dire, fut-ce en pleine rue comme le gamin espagnol?

S. P. Blundeli

La pioche et la truelle N° 51 (1896)


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