Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LE PONT VIVANT


Dans un quartier pauvre et très populeux de Paris se trouvait un étroit passage où les hautes maisons semblaient se toucher, et où ne pénétraient qu'à grand'peine et où mois de juin seulement quelques rayons de soleil.

Une nuit, quand tout le monde dormait, accablé du rude travail de la journée, et surtout les petits enfants qui avaient dû gagner leur vie en vendant des journaux, des fleurs et des joujoux, un cri terrible s’éleva : Au feu ! Au feu !

Tous furent réveillés en un instant. Les têtes se montrèrent aux fenêtres; les voisins, déjà en grand nombre dans la rue, poussaient des cris d’horreur, qui se mêlaient au crépitement de l'incendie. Bientôt d'immenses flammes rouges sortirent brusquement de quatre fenêtres à la fois, tandis que le vieil escalier de bois vermoulu s'abîmait dans le feu avec un fracas épouvantable.


Tout à coup, on entendit des cris de terreur poussés par des enfants à l’une des plus hautes fenêtres , c’était un petit garçon et une petite fille de cinq ou six ans : Papa, papa, sauve-nousl

Aussitôt, tout le monde fut comme pétrifié, ceux qui apportaient des échelles, jugeant d'un coup d'œil qu'aucune n'était assez haute, restaient comme frappés de paralysie. Des femmes voulaient crier, mais leur voix s'étranglait dans leur gorge. Tous les yeux étaient fixés sur les enfants déjà entourés d'une fumée épaisse. Et ceux-ci redoublaient leurs cris de désespoir.


Alors un homme apparut à la fenêtre, les cheveux et les habits à moitié brûlés : il avait inutilement cherché une issue. Que va-t il faire ? Il mesure encore une fois la hauteur de l’étage, puis il a une idée héroïque. Il monte sur le rebord de la fenêtre, et sans que ses pieds quittent cet appui, il se laisse tomber, les bras tendus au-dessus de sa tête, de façon à saisir la nochère du toit d'en face (Nochère : Conduite formée de deux ou trois planches assemblées et destinée à l'écoulement de l'eau d'un toit.)

Ses enfants, déjà tout aveuglés par la fumée, se cramponnent après ce pont vivant, et après bien des efforts, se réfugient sur le toit voisin. Mais le pauvre père est épuisé; ses pieds sont déjà atteints par la flamme; il se sent défaillir :

« Adieu! Adieu! mes pauvres enfants, dit-il; que Dieu vous garde, et qu'il soit votre père ! »

Il parlait encore qnand ses mains fatiguées lâchèrent prise; il tomba; son pauvre corps fut brisé sur les pavés de la rue.

On vint chercher les deux enfants sur le toit ; mais ils n'avaient plus de père; leur père avait donné sa vie pour eux.


Chers lecteurs, cette histoire est bien triste, n'est-ce pas ? et je vois une larme briller dans vos yeux. Elle nous rappelle Jésus, le Fils de Dieu, qui a quitté son beau ciel pour venir nous sauver.

Les flammes de l'enfer nous menaçaient parce que nous avons tous péché.

Satan croyait déjà nous tenir et s'en réjouissait. Mais Jésus était là, avec son grand amour
 plus grand que celui du plus tendre père; et il s'est livré à la mort de la croix pour nous arracher à fa mort éternelle.

Oui, chers petits amis, Jésus est un pont vivant, un chemin sanglant par lequel nous devons passer pour nous sauver et aller au ciel ; et il est assez puissant pour nous porter tous, cl nous mettre en sûreté.

Profitons de suite de son dévoûment.

Mme Lambert.

La pioche et la truelle N° 51 (1896)


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