LA PIOCHE ET LA TRUELLE

----------

UNE FOI VIVANTE

Un vieil Hindou était couché sur son lit de mort.

«Es-tu prêt à déloger?» lui demanda le missionnaire accouru pour l’assister dans ses derniers moments.

«Je me tiens devant la porte du ciel, répondit le vieillard, et j'attends. Pour moi le monde n’a plus d'attrait.»

— «Mais, poursuivit le serviteur de Dieu, ne crains-tu pas que le Seigneur Jésus refuse de te recevoir? Que ferais-tu alors?»

— «Que dis-tu? s'écria le mourant en se redressant avec une ardeur toute juvénile; Jésus ne voudrait pas me recevoir? Je le tiendrai bien et ne le lâcherai pas. S'il semblait vouloir me repousser, j'embrasserais ses pieds et je resterais là devant Lui, mais jamais je ne le lâcherais. Je lui dirais: «N'ES-TU PAS VENU AU MONDE POUR ME CHERCHER ET POUR ME SAUVER? En qui devrais-je me confier sinon en toi?

NE SUIS-JE PAS UN PÉCHEUR? ET N'ES-TU PAS LE SAUVEUR DES PÉCHEURS. Non, cher Sauveur, jamais je ne te lâcherai? Il faut que tu me sauves.

Épuisé par cet effort, le vieillard retomba sur sa couche, croisa les bras sur sa poitrine et répéta une dernière fois:

«NON, JE NE LE LÂCHERAI PAS.»

Le Libérateur.

La pioche et la truelle N° 51 (1896)