LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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POURQUOI PRIER?

Pourquoi prier? murmure le doute, si Dieu connaît mieux que nous nos besoins, si le cantique est vrai qui dit:

Soit que je marche ou bien que je m’arrête.

Voici, Seigneur, tu te tiens près de moi,

Et, pour parler quand ma langue s'apprête.

Tout mon dessein est déjà devant toi.

Qu’il soit nécessaire d'implorer un homme, sans doute, — Mon semblable, être borné, ignore ce qui me manque; mais DIEU SAIT TOUT, POURQUOI PRIER?

Est-ce qu’il exige l’humiliation de sa créature?

Est-ce qu’il poursuit la satisfaction de je ne sais quel orgueil, en jetant l’homme à ses pieds?

C’est ainsi que les grands ne consentent le plus souvent à être généreux que quand on s’est incliné suffisamment bas et qu’on leur tend une main suppliante.

CES SUPPOSITIONS SONT DES INJURES À DIEU.

Mais puisque Dieu est bon, insiste l’incrédulité, pourquoi pose-t-il des conditions à ses grâces?

Un père fait du bien à ses enfants, que ses enfants l’en prient ou non.

Toutes ces objections se présentent souvent à notre esprit et il n’est personne qui ne les ait entendues de la bouche d’un adversaire.

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Elles se résolvent toutes à la fois si nous nous rappelons qu’il n’est pas un commandement que Dieu ne nous ait donné par amour, pour assurer notre bien, et c’est parce que la prière, l'acte religieux par excellence, doit nous procurer les plus grandes bénédictions, que la Bible nous invite à chaque page, presque à chaque ligne, à prier.

Par la prière, l’homme entre en relation avec Dieu; il parle à Dieu, il contemple Dieu; voilà, à côté de cent autres, le premier et le plus grand bénéfice de la prière.

L’âme retire de la société de Dieu les avantages que l’on retire de toute société d'élite; mais, tandis que les hommes ne peuvent faire que l’éducation de notre esprit ou de notre cœur, ici l’âme apprend la sainteté.

Quand un artiste veut former son talent ou l’amener à la perfection, il s’entoure de chefs-d’œuvre; si c’est un peintre, il visite les musées, il repaît ses yeux de ce qui s’est fait de plus beau. De même:

L’homme qui veut s’élever à la grandeur morale,

regarde Dieu, car Dieu est la perfection suprême.

Le chrétien qui prie est l’homme en voie de sainteté, parce qu’il vit dans une atmosphère de sainteté. Telle jeune fille employée dans un grand magasin de bouquets, en rentrant le soir dans sa pauvre mansarde, apporte à ses parents dans les plis de sa robe le parfum des fleurs. Quand Moïse descendit du Sinaï, son visage était devenu éclatant de lumière, parce qu’il avait parlé face à face avec Dieu. (Ex. 34, 29.)

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Nous comprenons maintenant que l’Évangile nous recommande à chaque instant de prier. – Prier, non seulement parce que Dieu est digne de l'adoration de ses créatures;

– Prier, non seulement parce que nous sommes faibles et chétifs, et pauvres et nus, et coupables et perdus, et que Dieu s’offre à nous donner ce qui nous manque;

– Prier et contempler Dieu, non seulement pour prendre connaissance et de la grandeur de Dieu et de notre petitesse;

– mais prier surtout et d’abord, pour échapper à l'atmosphère d’iniquités où nous agonisons, pour aspirer quelques bouffées de l’air pur des sommets;

Prier, pour apprendre la grandeur morale, les vertus suprêmes;

Prier, pour que la beauté de Dieu se reflète dans notre âme.

Voulez-vous savoir dans quelle mesure vous êtes saints?

— Dans la mesure où vous priez.

Samuel Vincent.

La pioche et la truelle N° 52 (1896)