Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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FIDÈLES DANS LES PETITES CHOSES


Si nous sommes si dédaigneux de la fidélité aux petits devoirs c'est que, bien à tort, nous nous croyons tous appelés par notre vocation chrétienne à faire des choses grandioses et extraordinaires.

Quand nous faisons un projet pour le Seigneur, c’est un vaste projet qui met notre personne bien en évidence et non pas le projet plus modeste d’être exact et soigneux dans notre service.

Quand nous regrettons le temps, les forces et les occasions perdus dans le passé, c’est parce que nous aurions pu, ou acquérir de grands talents ou agir avec plus de puissance pour la cause de Dieu; mais:


NOUS REGRETTONS PEU NOS NÉGLIGENCES D'AUJOURD'HUI ET D'HIER.


Nous prenons pour modèles à imiter les chrétiens qui ont fait des actions d'éclat, jamais les chrétiens plus cachés qui ont été fidèles au jour le jour. Cependant, très peu d'enfants de Dieu sont appelés à faire grand, tandis que tous sont appelés à faire soigné.

Celui qui dédaigne les petites choses comme indignes d’occuper son zèle et sa vie, RISQUE DE MOURIR SANS AVOIR SERVI DIEU; car la vie de la plupart des hommes ne comporte que de petits devoirs.

Si vous attendez les grandes occasions de vous distinguer, vous attendrez probablement en vain. Un commerçant qui négligerait ses affaires courantes et ses petits bénéfices quotidiens sous prétexte qu’il attend l’occasion de faire fortune d’un seul coup, nous semblerait insensé, et pourtant nous négligeons la fidélité de tous les jours en attendant l’occasion d'étonner l’Église par une action héroïque.

Jésus, il est vrai, nous a commandé d’être extraordinaires. Nous le serons:

non par l’éclat de nos exploits, mais PAR LA PERSÉVÉRANCE DE NOTRE HUMILITÉ;

non par des coups de surprise qui attirent sur nous tous les regards, mais PAR UNE OBÉISSANCE CONTINUE;

non par un dévouement célèbre qui nous range parmi les héros de l’humanité, mais PAR UNE VIE SCRUPULEUSE ET UNE OBSERVATION SOIGNÉE DES COMMANDEMENTS DE DIEU.

D’ailleurs, les choses que nous appelons grandes, Dieu les appelle souvent petites, et celles que nous appelons petites, il les appelle grandes; ce que nous appelons question secondaire ou question de détail, Dieu l’appelle question d’obéissance et de fidélité.


C’était bien insignifiant pour Ananias et Saphira que de dire un mensonge qui ne faisait de tort à personne, surtout qu’ils le rachetaient d’avance par une aumône considérable; cependant tous deux tombèrent morts aux pieds de l'Apôtre.

C’était bien peu de chose pour Adam et Ève que de goûter au fruit défendu, et cependant tous les maux de l’humanité sont venus de cette désobéissance première.

Moïse frappa le rocher au lieu de lui parler: différence imperceptible! Dieu trouva qu’elle était considérable et il exclut son vieux serviteur du pays de la promesse.

Un jour que les sacrificateurs, sur l’ordre de David, transportaient l'Arche de l’Éternel, le chariot chancela, l’arche sainte faillit tomber et Uzza la retint de sa main. C'était une infraction à la loi de Dieu puisque les sacrificateurs seuls avaient le droit d'y toucher. La soudaineté du péril était son excuse; mais Dieu veut qu’on observe sa loi avec soin, et Uzza tomba mort.

C’est bien peu de chose qu’un verre d’eau donné au nom de Jésus; cependant, il ne perdra pas sa récompense.

C’était bien peu de chose que la pite ou le centime de la veuve; elle pouvait se dire avec raison que l’œuvre de Dieu ne dépendait pas de son centime; mais Jésus déclare qu'elle avait donné plus que tous les riches ensemble.

Quoi que nous fassions pour Dieu, ce sera toujours peu, et Dieu ne dira jamais que c’est beaucoup, il dira:
 «TU AS ÉTÉ FIDÈLE EN PEU DE CHOSE, entre dans la joie de ton Seigneur.» Si nous regardons à Jésus, notre parfait modèle, nous sommes frappés de l’exactitude de son obéissance.

Le premier acte de son ministère public, c’est son baptême. Il eût pu, semble-t-il, se dispenser d'un baptême de repentance. Jean-Baptiste se refusait à le plonger dans les eaux du Jourdain. Mais Jésus sent, d'une part, qu’il est sous l'obligation de rendre hommage à la mission contestée de son précurseur; d’autre part que le baptême de Jean vient, comme il le dit lui-même, non des hommes, mais du ciel, et est, par conséquent, une institution salutaire qu’il faut accepter avec obéissance et avec joie; alors, il répond à Jean: «Ne t'y oppose pas pour le moment; car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir tout ce qui est juste.» Son exactitude à ce sujet est une grande leçon pour nous à tous les points de vue.


Il avait tout un programme de prophéties à accomplir.

Zacharie annonce qu’il sera vendu pour trente pièces d’argent, et Jésus dit à Judas: «Fais au plus tôt ce que tu as à faire.»

Ésaïe veut qu’il soit «comme un agneau à la boucherie et comme une brebis muette entre les mains de celui qui la tond», et Jésus n’ouvre pas la bouche.

Le Psaume CIX prédit qu’il intercédera pour ses bourreaux, et Jésus s’écrie: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.»

Après cela, dit saint Jean, Jésus, voyant que tout était accompli, dit, afin que l’Écriture fût accomplie: «J'ai soif», et, selon la prophétie du Psaume LXIX, on lui donne du fiel à boire.

Voilà l’obéissance exacte, minutieuse, soignée, de notre Sauveur.


Les patrons de la terre renvoient leurs ouvriers négligents qui gâchent leur ouvrage, ou seulement y laissent quelques défauts. Aussi est-on attentif à les satisfaire.

COMBIEN DEVONS-NOUS ÊTRE PLUS ATTENTIFS À BIEN SERVIR NOTRE SOUVERAIN MAÎTRE qui nous a aimés, qui s'est livré à la mort cruelle de la croix pour nous sauver et qui nous promet une part dans son Royaume Céleste!

Philémon Vincent.

La pioche et la truelle N° 54 (1896)


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