Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LES ŒUVRES INFRUCTUEUSES DES TÉNÈBRES

(Ephés. V, 11)


L’Esprit saint appelle œuvres des ténèbres celles qui sont faites sous l’influence de Satan, qui est nommé le «prince des ténèbres».

En général, elles ont honte d’elles-mêmes et n’osent se nommer par leur véritable nom.

Elles sont du nombre de «ces choses honteuses que l’on cache», et «qui se font en secret».

Elles craignent l’œil de Dieu, l’œil d’un examen sérieux, fait d’après la Parole, l’œil d’un enfant de lumière éclairé et scrupuleux.

Elles ne peuvent se défendre et se justifier que par des raisonnements ténébreux et des excuses qui ne sont d'aucune valeur, et que n’admet point la Parole de Dieu:

«C’est ainsi que va le monde; — on a toujours fait ainsi: — il ne faut pas voir du mal à tout; — la nécessité m’y oblige; personne n’est parfait et je ne fais pas plus de mal que d’autres.»

Ou bien: «Nous ne sommes plus sous la loi; — je ne veux pas porter de joug d’homme, je veux rester dans la liberté chrétienne; je ne vois point de mal à cela, et tel autre chrétien respectable n’en voit pas non plus; — on n’a pas le droit de me juger et de m’épier dans toutes les parties de ma conduite.»

Raisons ténébreuses s’il en fut jamais; toutes en dehors de l’esprit et de la lettre d’un grand nombre de passages de la Parole de Dieu.

Ces œuvres de ténèbres ont tellement honte d’elles-mêmes, qu’elles n’osent pas se nommer par leur nom:

Le luxe n’est que propreté et arrangement nécessaire;

L'avarice n’est que sage prévoyance;

L'agitation et les soucis une louable activité qui condamne la mollesse et l’apathie de certaines personnes;

La faiblesse avec les enfants n’est qu’une douceur et une indulgence qui ont pour but de gagner leur cœur;

La rudesse avec eux n’est qu’une fermeté nécessaire pour contenir des caractères indociles;

La légèreté et la gaieté sont l'expression d’une joie chrétienne ou une manière de se mettre à la portée des faibles et de les attirer;

La brusquerie dans le ton n’est qu’une manière franche de dire la vérité et de fermer la bouche aux adversaires;

Les flatteries ne sont que le plaisir qu’on a de rendre justice au mérite;

Les plaintes qu’on fait au sujet des absents ne sont que pour se justifier, ou demander un conseil, ou engagera prier pour celui dont on parle.


Il est des œuvres de ténèbres évidemment et grossièrement ténébreuses, et d’autres qui, tout en étant également des oeuvres de ténèbres, sont revêtues d’un extérieur de modération et de décence; d’autres où l’on sait garder les convenances, s’arrêter à un certain degré, et revêtir de certaines formes qui déguisent la laideur naturelle d’une œuvre de ténèbres.

Il est des médisances qui glissent dans la conversation, à la faveur de certains prétextes plausibles, tel qu’est celui qui consiste à dire que ce sont des choses bien connues, ou à la faveur de certains éloges que l'on finit par donner à la personne dont on a médit, et qui semblent réparer le manque de charité dont on a usé à son égard.

Il est un luxe qui, sans être un étalage de toilette immodéré, indique cependant de la recherche dans les habits, le désir de plaire, ou celui de s’élever au-dessus de sa condition.

Il est une sensualité qui, sans aller jusqu’à l’ivrognerie ou aux raffinements de la friandise, se décèle cependant par l’importance qu'on met au manger et au boire, par la peine qu’on a à se priver d’aliments nuisibles à la santé, par la manière dont on vante certains mets et dont on allonge la conversation sur ce qui tient à la table, et peut-être par le mécontentement bien marqué qu’on témoigne lorsque, par quelque accident ou par quelque négligence, un mets a été mal préparé.

Il est des tromperies et des traits d’avarice qui n’ont rien de grossier, qui ne sont ni des vols évidents, ni des choses à faire crier qu’un homme est sans entrailles; il est, en matière d’intérêt, certaines façons de faire, pleinement autorisées par les usages du monde, certaines façons de parler, certaines manières de présenter les choses et de traiter les affaires qui, tout en étant reçues par les gens de ce siècle, ne peuvent cependant être approuvées de Dieu comme étant parfaitement vraies et droites, et qui, dans le fond, cachent quelque tromperie, et sont, par conséquent, des œuvres de ténèbres. —

Il est des actes d’avarice qui, sans avoir rien de scandaleux, font pourtant souffrir ceux qui nous entourent, et nous rendent pointilleux et tenaces vis-à-vis des personnes avec lesquelles nous avons à faire.

Il est des idolâtries ouvertes pour des personnes qu’évidemment on préfère à tout autre chose; mais il est aussi des idolâtries modérées qui, tout en se cachant sous les noms spécieux d'affections naturelles, de tendresse pour les siens, de besoins d’un cœur aimant, laissent voir très clairement que l’on aime encore père, mère, frère, femme ou enfants, ou quelquefois amis, plus qu'on aime le Seigneur Jésus et ses disciples.

Il est des flatteries basses et dégoûtantes, mais il est aussi une manière de flatter adroite et délicate, qui a pour but de se faire bien venir auprès de quelqu’un, peut-être d’en obtenir quelque chose, et que l’Esprit saint a signalée en parlant de ceux «qui admirent les personnes qui ont de l’apparence, pour le profit qui leur en revient.» Il est une flatterie qui a pour but de se rendre agréable à tout le monde, en disant à chacun des choses qui lui plaisent et qui caressent ses goûts; flatterie qui se cache sous le nom de bienveillance et de politesse, et qui, pourtant, est œuvre de ténèbres bien caractérisée, parce quelle pèche contre le précepte qui nous ordonne de parler en vérité, chacun à son prochain.

Nous pourrions pousser plus loin le catalogue des œuvres de ténèbres décentes et déguisées, mais les exemples que nous venons de donner suffisent pour mettre le lecteur sur la trace, s’il veut sonder ses voies à la lumière de l’Esprit de Dieu, en qui il n’y a nulles ténèbres et qui sonde toutes choses, même les choses les plus cachées.

A. Rochat.

La pioche et la truelle N° 54 (1896)


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