LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LES MAUVAIS CONSEILLERS

De la Bonne Nouvelle.

De tous les mauvais conseillers, le plus dangereux est un mauvais livre. (et pour notre siècle, ce sont: de mauvaises vidéos, CD, films, jeux, etc.)

Il peut pénétrer auprès de vous inaperçu; il vous parle à voix basse sans être entendu par d’autres que par vous, et il peut vous suivre partout.

Ses mauvais conseils sont écrits, ce qui fait qu’on n’en perd pas un mot et qu'on peut les relire; ils restent comme une inscription gravée au-dessus d’une porte et vers laquelle se retournent, même involontairement, nos regards.

Le mauvais conseiller qui se présentera à vous sous la forme d'un livre, a eu tout le loisir d’aiguiser l’arme empoisonnée avec laquelle il veut vous frapper, de polir et de ciseler la coupe mortelle à laquelle il veut vous faire boire; de rendre, en un mot, aussi attrayantes, que possible, ses diaboliques suggestions.

Enfin, il vient souvent à vous avec le prestige d’un nom qui a fait du bruit, de cette gloire qui s'attache à tous les talents, même aux plus équivoques et aux plus méprisables.

Aussi, un des plus grands remords qui puissent poursuivre un cœur d'homme, c’est bien celui d'un écrivain assez malheureux et assez coupable pour avoir fait un mauvais livre. (et pour notre siècle, ce sont: de mauvaises vidéos, CD, films, jeux, etc.)

Quand s'est réveillée la conscience chez un écrivain immoral, personne, plus que lui, ne doit détester ses anciens ouvrages. Quelque soit la sincérité de son repentir, il doit bien sentir que de telles fautes sont difficilement réparables ici-bas, pour ne pas dire irréparable

Sa pensée suit avec angoisse ses tristes productions qu’il ne peut plus arrêter dans leur marche dévastatrice à travers les esprits et les cœurs.

Plus ses livres se sont vendus, plus il doit rougir de sa gloire; plus ils risquent de se vendre encore, plus il doit trembler et frémir.

Heureux s'il pouvait les ravoir, ces ouvrages meurtriers qui sont de lui sans être à lui!

Mais qui peut arrêter un livre, une fois lancé dans le monde?

Autant vaudrait essayer d’arrêter ces vols d’insectes invisibles et innombrables qui, dit-on, propagent les épidémies...

Un mauvais livre, c’est une mauvaise action multipliée par mille, et par dix mille, et par cent mille, et dont les ravages sont incalculables: la plus meurtrière des armes que l’on puisse manier contre les esprits et les coeurs, et le plus actif de tous les poisons moraux.

RAPPEL: 

Et pour notre siècle, ce sont:

de mauvaises vidéos, CD, films, jeux, etc., avec les mêmes effets dévatateurs.

La pioche et la truelle N° 13 (1891?)