LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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HEUREUX

Voilà un mot qui plaît à tout le monde, et que chacun essaie de réaliser dans sa vie. Être heureux, c'est l'idéal poursuivi par tous, et pour l'atteindre, on ne ménage ni son temps, ni ses forces, ni ses facultés, ni les sacrifices de toutes natures.

– Les jeunes qui ne connaissent pas les maux de la vie, se jettent dans la lutte à corps perdu, certains de l'atteindre bientôt;

– Les gens d'âge mûr ont perdu les illusions de la jeunesse et cherchent dans d'autres directions:

– les vieillards désabusés jettent avec tristesse un regard sur leur vie passée remplie d'épreuves et de souffrances en se demandant si le bonheur n'est pas une chimère.

«Heureux sont ceux qui se portent bien,» dit le malade, c'est certainement un grand bienfait que la santé, il suffit d'en être privé pour le savoir; mais cela prouve-t-il que tous ceux qui ne souffrent pas sont heureux?

Répondez, lecteurs pleins de santé.

«Il ne suffit pas d'être robuste, il faut être riche, dit le pauvre; heureux ceux qui n'ont pas le souci du lendemain, font bonne chère tous les jours, habitent de magnifiques demeures et peuvent satisfaire tous leurs caprices.»

Ne voyez-vous pas tous les jours que le malheur ne s'arrête pas aux seuils des palais, et que, là comme partout, on rencontre querelles, déceptions, maladies, morts.

Tout cela est plus que suffisant pour empoisonner la vie d'un homme, fût-il aussi riche que Crésus.

D'ailleurs, si les riches avaient le monopole du bonheur, ce serait-il une grande injustice. L'histoire nous apprend qu'on ne peut plus dire: «Heureux comme un roi» et pourtant ils sont parmi les plus puissants, les plus honorés des hommes.

Salomon, le grand roi d'Israël, n'en était-il pas venu à «dire que tout est vanité»?

Alexandre le Grand, après avoir conquis le monde connu de son temps, ne pleurait-il pas de n’avoir plus de royaumes à conquérir;

Napoléon 1er qui de simple soldat est devenu empereur, s'est-il jamais trouvé assez grand, assez puissant, satisfait?

On dirait, au contraire, que:

PLUS L'HOMME POSSÈDE, PLUS SES BESOINS GRANDISSENT,

tellement que, quand il possède beaucoup,

il est moins heureux que quand il n'avait presque rien.

Où est-il alors, le bonheur, où le trouver?

Ne serait-il vraiment qu'un mirage après lequel l'homme serait condamné à courir sans avoir aucune chance de l'atteindre jamais?

Le Créateur aurait-il mis en nous ce besoin impérieux dans l'unique dessein de nous tourmenter?

Avez-vous déjà pensé que les animaux paraissent plus heureux que l'homme?

Dès qu’on les laisse dans l'ordre où les a placés le Créateur, et que l’on pourvoit à leurs besoins, ils sont satisfaits.

Pensez-vous que l'oiseau qui chante dans les bois, le mouton dans les prairies et le poisson dans la mer ne soient pas heureux?

Ils ne demandent et ne cherchent rien de mieux, parce que LA CONDITION DANS LAQUELLE ILS SE TROUVENT RÉPOND À LEURS BESOINS.

Seul, l'homme est sorti de son élément!

Il a oublié qu'il y avait deux êtres en lui, le corps et l'âme. et qu'il ne devait pas seulement vivre des choses matérielles, mais aussi des choses spirituelles que réclamaient son âme.

IL A VOULU LA NOURRIR DE CHOSES QUI NE POUVAIENT LA RASSASIER, de sorte que, quand il avait mille fois trop servi sa vie matérielle et sociale, sa pauvre âme mourait de faim.

Lecteur, si vous avez déjà lu la Bible, vous avez dû voir que LE BONHEUR Y EST TRÈS SOUVENT PROMIS et QU'IL PEUT ÊTRE NOTRE PARTAGE.

Pour le posséder, il suffit de remplir certaines conditions faciles à réaliser

Voulez-vous écouter David qui, de berger étant devenu roi, a pu goûter toutes les jouissances que peut offrir la terre, il vous dira où il a puisé le bonheur: «Heureux ceux dont les péchés sont ôtés et dont l'iniquité est couverte.»

Donc, première condition pour être heureux:

SE RÉCONCILIER AVEC DIEU POUR OBTENIR LE PARDON DE SES PÉCHÉS.

«Heureux qui ne marche pas suivant le conseil du méchant, mais prend son plaisir dans la loi de l'Éternel.»

«Les commandements de Dieu sont plus précieux que l'or fin, plus doux que le miel au palais.»

Les hommes se figurent que servir le Dieu d'amour est quelque chose de très pénible; demandez à tous ceux qui ont essayé, ils vous diront combien, au contraire, son service est facile, doux et agréable; nous n'avons pas été créés pour faire le mal, mais pour nous adonner au bien, à la justice, à la sainteté:

«Heureux ceux qui ont le coeur pur, dit Jésus-Christ, car ils verront Dieu.»

Dieu habitera en eux par son Esprit, ils le verront comme face à face, et David dit:

«Ta face, ô Dieu, est un rassasiement de joie,

il y a des plaisirs à ta droite pour jamais.»

Vivre avec Dieu, être rempli de son esprit, c’est posséder le seul vrai bonheur.

«Heureux l'homme qui a pris l'Éternel pour son assurance,» dans la détresse il sera délivré, dans l'affliction il sera consolé.

Voici pour la mort: «Heureux les morts qui meurent au Seigneur.»

N’avez-vous jamais entendu parler de mourants pleins de joie?

Le bonheur jusque dans la mort, c'est pourtant le partage de ceux qui ont vécu avec le Seigneur et ont eu l'assurance que le Ciel était leur héritage.

Lecteurs qui avez soif de bonheur, sans doute vous avez voulu le trouver là où il n'est pas; eh bien, cherchez-le en Dieu, dans le pardon, l’obéissance, l'amour et vous ne serez pas déçu. C'est un bonheur pour la vie, pour la mort et pour l'éternité.

S. F.

La pioche et la truelle N° 14 (1891?)