Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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ELLE ALLAIT SE DONNER LA MORT


Il y avait une fois une petite fille qui s'appelait Marianne. Elle avait 8 ans. C’était une gentille petite fille. Elle allait régulièrement à l'École du Dimanche et savait toujours bien ses versets.

C'est joli, de la part d’une petite fille de 8 ans, de savoir toujours bien ses versets! Mais elle faisait mieux encore; elle ne se contentait pas de les réciter parfaitement, elle écoutait attentivement toutes les explications de la chère monitrice de l’école, et prenait à cœur de faire tout ce que l’on lui présentait comme un devoir.

Vous voyez bien que c'était une aimable petite élève. Ne voudriez-vous pas être comme elle?

Un jour, le sujet de la leçon était celui-ci, vous le connaissez bien: «Un semeur sortit pour semer....» et la petite fille apprend que tous ceux qui connaissent la bonne nouvelle de l'amour de Jésus-Christ, doivent semer, c'est-à-dire:


TRAVAILLER À FAIRE CONNAÎTRE CET AMOUR.


«Moi, si petite, pense Marianne, aller prêcher comme M. le pasteur? Oh! non, c'est impossible!»

Mademoiselle, dit-elle, comment puis-je semer, je suis si petite, j'ai 8 ans, je ne puis pas monter en chaire, et...

Ma chère enfant, interrompt la monitrice, tu peux semer autrement qu'en prêchant;

parle gentiment à ta maman, à tes compagnes,

rends le bien pour le mal quand tes frères te taquinent,

obéis bien à ton père,

montre-toi aimable à l'égard du pauvre enfant qui frappe à ta porte ou qui implore, dans la rue la pitié des passants;

enfin, agis, fais des actes qui témoignent par leur bonté que tu es un petit agneau du Bon Berger.

Faire de bonnes actions, c’est semer de bonnes graines; dire de douces paroles, cela fait toujours du bien; mais tu peux encore semer en donnant des traités, des journaux religieux, l'Évangile, dont la lecture peut conduire des âmes au Sauveur!


Bon! se dit Marianne, à la maison, dans un tiroir, j’ai vu des traités, cette après-midi je les distribuerai.

Après dîner, après avoir fait, sur le conseil de sa mère, une prière enfantine, la chère enfant se met en campagne, et l’on pouvait la voir, frappant à toutes les portes de la grande rue et distribuant toute joyeuse les feuilles religieuses qu'elle avait emportées.

Dans cette grande rue vivait une pauvre femme; oh, oui, bien pauvre! Elle avait été bien malade, avait eu bien des épreuves; elle avait perdu tous les siens; faible, sans travail, sans ressources, sans parents, sans personne pour l'aider, pour l'aimer, et le cœur plein d'amertume elle avait résolu de se pendre.

Ayant pris cette détermination, elle grimpe au grenier, monte sur une chaise et attache fortement, à l’une des solives, une corde terminée en nœud coulant. C’est fait, voilà la corde bien nouée et, fiévreuse, mais résignée, elle fait glisser sur sa figure le nœud qui doit l'étrangler.

Toc! toc!

Elle enlève la corde. Quelqu'un frappe à la porte de la rue.

«Qu'est-ce que c’est? Qui est-ce? pense-t-elle. Quelqu'un, sans doute, qui se trompe de porte. Qui pourrait désirer me voir? Personne ne vient jamais me voir, moi!»

À cette pensée qui la rend plus résolue encore à commettre son crime, elle replace la corde.

Toc! toc ! toc!

«Encore! Mais je n’ai ni parents, ni amis. Personne, personne ne peut désirer me voir, personne ne m'aime, moi!»

Et brusquement, pour en finir tout de suite, elle glisse la corde jusqu'à sou cou. Elle n’a plus qu’à pousser la chaise.

Toc ! toc ! toc ! toc !

Pour la troisième fois elle s'arrête.

«Allons, décidément, qu'est-ce que cela veut dire. Ne peut-on me laisser mourir en paix? Que vais-je faire? Eh bien! je vais voir qui est là, et puis, je reviendrai me pendre.

Elle descend et ouvre la porte.

«Madame, dit une petite fille, voulez-vous accepter ce petit traité?

La femme est tout interloquée, c'est cette gamine-là qui l'a fait descendre, retardant ainsi le moment fatal, et pourquoi? Pour lui donner un petit feuillet de papier?

Elle prend machinalement ce que Marianne lui présente.

Au revoir, madame, dit le petit ange.

Elle ne répond même pas.

«C’est pour ça qu’on m'a empêchée de mourir?» pense-t-elle. Mais ses yeux tombent sur le titre du petit traité; «PERSONNE NE M’AIME!»

Et elle songe que ce sont les paroles mêmes qu’elle prononçait un instant auparavant, là-haut, dans son grenier, la corde déjà autour du cou, sur le point de se lancer dans l’éternité.

Elle lit.

Elle apprend que quelqu'un l’aime, c’est Jésus. Elle ne peut croire. Elle lit jusqu'au bout, puis relit. C'est bien vrai, quelqu'un l'aime. Elle relit une troisième fois.

Oui, Jésus l'aime, Jésus, le Fils de Dieu, le Sauveur, le Tout-Puissant.

Elle ne songe plus à se pendre, elle pleure.

Elle pleure ses péchés, et trouve bientôt le pardon que Jésus seul donne.


Et c’est ainsi, mes petits enfants, qu’après Dieu, Marianne, la petite Marianne, qui mettait en pratique les leçons de l’École du Dimanche, sauva de la mort aussi bien corporelle qu'éternelle une pauvre femme qui allait se pendre.

Carus.

La pioche et la truelle N° 60 (1897)


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