Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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ÉTUDES BIBLIQUES

LA FAMILLE ALEXANDRE


Saint Paul fait en ces termes le portait d'un ennemi de l’Église; «Alexandre, l'ouvrier en cuivre, m'a fait beaucoup de mal» (Il Tim. IV, 14).

Alexandre n’a pas laissé sa photographie, mais son image est empreinte sur le sou de cuivre qui existe encore, et dans la vie de ses enfants.

J’ai fait connaissance de plusieurs membres de sa famille.

De quelle manière Alexandre a fait à saint Paul beaucoup de mal?

Paul ne le dit pas, mais l'explication nous est donnée par les soupirs qui s'échappent des lèvres des pasteurs lorsqu'ils constatent l’énorme proportion de sou en cuivre dans les collectes de leur Église.


M. Alexandre fils. — J’ai rencontré ce fils à L...

«Monsieur, me dit-il, je suis rassasié de la religion. C’est toujours «Donnez, donnez,» une entreprise perpétuelle sur nos poches».

Comme ses remarques étaient entrecoupées d'énormes bouffées qu'il tirait de sa pipe, je ne pus m’empêcher de lui demander:

«Qu’est-ce qui vous coûte davantage, qu’est-ce qui répète le plus; «Donne, donne,» votre tabac ou votre Église?

Voyons: cinq sous par jour sont une petite somme pour du tabac; cela fait 35 sous par semaine, 91 francs par an.

Combien donnez-vous, par semaine, à votre Église?»

Sa seule réponse, ce furent des flots de fumée qui lui sortirent du nez et de la bouche.

Plus tard, je découvris qu’il avait l’habitude de donner un sou à la collecte.


Trente-cinq sous par semaine pour le tabac,

un sou de cuivre pour le salut du monde.

(Beaucoup pour nos plaisirs... peu pour l'oeuvre de Dieu)


Mademoiselle Alexandre. — Je l’ai notée juste au moment où elle jetait sur son miroir le dernier coup d’œil avant d’aller à l'Opéra à une fête du soir. Elle fit tinter joyeusement sur la tablette du guichet les cinq francs du prix d’entrée: cela paraissait pour elle un bien léger sacrifice.

Le dimanche suivant je la vis à l’église toute couverte de la soie de Dieu, et toute parée de l'or de Dieu; et quand le plateau de la collecte passa dans ses doigts où étincelaient les joyaux de Dieu, elle laissa tomber un sou de cuivre. J’en étais bien étonné, lorsque, enfin, je me souvins qu’elle était la fille d’Alexandre, l’ouvrier en cuivre.


La veuve Alexandre. — Elle ressemble à une autre pour qui on la prend, souvent. Plusieurs pensent que la pauvre veuve qui mit ses deux piles dans le trésor du temple (Marc XII, 42-44), était la veuve Alexandre.

Rien n'est plus faux; car celle-là mit «de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.»

Un grand nombre, en donnant leur sou, l’appellent «la pite de la veuve», quand ce n'est pas seulement la millième partie de leur avoir.

La vraie Madame Alexandre donne, de son superflu, un sou. Après cela, elle lève rarement les yeux au ciel.


Ceux qui donnent leur sou, parce qu’ils n’ont pas plus, peuvent regarder le ciel, où la récompense les attend; ces sous-là sont comptés comme des pierres précieuses dans le livre de mémoire du Sauveur.

Nul ne saura jamais comment les Alexandre s’y prennent pour étouffer la voix de leur conscience au point qu’après s’être abreuvés toute une semaine aux torrents des bénédictions divines, ils peuvent, le dimanche, déposer sur l'autel de Dieu, comme offrande, le plus petit don possible, un sou, la pièce la plus voisine du néant, puis se lever, et chanter tout haut avec le peuple de Dieu la vieille doxologie:


Gloire soit au Saint-Esprit,

Gloire soit à Dieu le Père.

Son immense charité

Dure à perpétuité.

Anonyme.

La pioche et la truelle N° 60 (1897)


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