Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LE CIEL: LA RÉCOMPENSE QUI NOUS Y ATTEND


Je suis sûr que plus d’une fois chacun de mes lecteurs a essayé de se représenter le ciel. Dans nos moments d'épreuve et de tristesse, nous reportons instinctivement nos regards vers ce beau séjour où cesseront tous nos maux, et nous nous demandons: que sera-ce que le ciel?

Cette curiosité est bien légitime, car il est naturel qu’un enfant cherche à apprécier les dons de son père, et qu’un voyageur se demande ce qu’est le pays vers lequel il dirige ses pas. Mais hélas! malgré tous nos efforts d’imagination, nous ne parvenons pas à nous faire une juste idée du ciel. Ce que nous savons seulement, c’est que:


LA RÉCOMPENSE QUI NOUS Y ATTEND EST APPELÉE GRANDE

PAR JÉSUS-CHRIST LUI-MÊME.


Mais que signifie le mot grande, dans une semblable bouche?

Si un pauvre nous disait:

«Je vous donnerai une grande récompense», nous nous attendrions à recevoir un objet de quelques francs, et nous serions peut-être forcés d’apprécier son intention plutôt que son don lui-même.

Si c’est un riche, un millionnaire qui nous promet une grande récompense, nous nous attendons à recevoir un objet précieux qui nous enrichira nous-mêmes.

Mais si un roi, une république donnent à un citoyen une grande récompense, c’est toute une fortune, c’est une position élevée qui nous fait une vie aisée, noble, honorée, et qui procure à notre orgueil ou à notre amour du bien-être de grandes satisfactions.»

Vous voyez par là que l’importance de CETTE EXPRESSION «GRANDE RÉCOMPENSE» VARIE SELON LA BOUCHE QUI LA PRONONCE.


Que peut donc être une récompense que Dieu lui-même appelle grande?

Qu’est-ce donc que ce ciel qui fait l’admiration de Dieu lui-même?

Mais comment, chétives créatures que nous sommes, pourrions-nous nous représenter un palais éternel dont la splendeur fait l’étonnement de celui qui l’a créé? Vous voyez immédiatement que la beauté de notre future patrie dépasse toute conception.

Vous comprendrez facilement pourquoi nous ne pouvons nous faire aucune idée de la magnificence céleste; c’est que nous ne connaissons, en fait de beautés et de merveilles, que celles de la terre. Aussi, quand nous voulons nous représenter le ciel, nous y accumulons tout ce qu’il y a de plus grand ici-bas: les richesses, la beauté, la gloire, la lumière, l’harmonie; mais:

ces richesses, que nous concevons, sont des richesses terrestres;

la beauté que nous imaginons est une beauté terrestre;

la lumière que nous plaçons là-haut n’est qu’une lumière semblable à celle de la terre,

nous ne pouvons, nous, hommes, concevoir rien de plus! Notre imagination ne peut travailler que sur des objets déjà vus.

Or, que dit l’Écriture?

Elle nous apprend que rien ici-bas n’est ni assez beau, ni assez précieux pour entrer dans la construction du ciel, que toutes les splendeurs d’ici-bas seront anéanties comme insuffisantes, que le ciel et la terre disparaîtront, et que la mer ne sera plus.

Oui, la terre actuelle, si belle et si riche soit-elle, disparaîtra; ses beautés seraient des laideurs dans le séjour des rachetés. Le ciel actuel qui, la nuit, couvre la terre de son noir manteau parsemé d’étoiles sera roulé comme on roule un parchemin; et Dieu créera à notre usage un nouveau ciel et une nouvelle terre.

Et pourtant, qu’elles sont splendides les merveilles que Dieu trouve insuffisantes et indignes!

Voyez notre soleil doré qui porte partout la chaleur, la joie, la vie sur notre planète; puis il s’éloigne pour que la nature se repose, puis il revient pour lui rendre encore ses fleurs et ses fruits. Ses allées et ses venues sont graduelles et lentes, pour que nous passions insensiblement de la chaleur de l’été à la froidure de l’hiver.

Voyez la mer, cette immense étendue d’eau, qui se corromprait si Dieu ne l’avait salée, et si, avec une puissance admirable, il ne la mettait en mouvement, la soulevant et l’abaissant chaque jour, et la faisant parcourir sans cesse par des courants mystérieux qui en mêlent perpétuellement les eaux.

Les vents, agités par on ne sait quelle volonté puissante, viennent à chaque seconde renouveler l'air de nos grandes villes, qui, sans cela, serait bientôt infect.

Toute l’eau qui se trouve sur la terre est sans cesse à travailler. La chaleur solaire va la chercher dans les immenses réservoirs marins, et en fait de légers nuages; ces nuages, poussés par les vents, viennent ici féconder nos campagnes;

Dieu a pris soin de les répandre en pluie, c’est-à-dire goutte à goutte, sinon, ils broieraient par leur chute soudaine les arbres les plus solides, et porteraient partout non l’abondance, mais la destruction; et quand ils ont fini leur ouvrage, ils se réunissent pour former des ruisseaux et des fleuves, et retournent dans leurs réservoirs d’où le soleil les tirera encore.

Quelle beauté, quelle harmonie! Et pourtant, TOUT CELA N’EST RIEN POUR DIEU; Dieu fera tout disparaître! De si grandes merveilles ne comptent pas, tant celles qui viendront doivent les surpasser.

Dieu n’a employé qu’un peu de sa force et de sa sagesse pour construire notre séjour actuel d’épreuve et de préparation; mais dans la création de notre séjour définitif, il mettra toute sa puissance, toute sa sagesse et tout son amour.

Philémon Vincent.


* * *


Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains,

La lune et les étoiles que tu as créées:

Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui?

Et le fils de l’homme, pour que tu prennes garde à lui?

(Psaume VIII, 3-4)


La pioche et la truelle N° 62 (1897)


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