Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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ÉTUDES BIBLIQUES

EXPIATION ET CONSCIENCE


La Parole de Dieu nous déclare que nos péchés ont été expiés par Jésus-Christ sur la croix.

Nous essaierons aujourd’hui d’expliquer cette doctrine au point de vue de la conscience; un prochain article traitera la même question au point de vue du cœur.

«Sentez votre misère et pleurez», nous dit saint Jacques (IV, 9). Quiconque obéit à cette invitation comprendra bientôt toute la doctrine de l’expiation, et sera trop heureux de pouvoir y mettre sa confiance.

L’écrivain sacré ne nous demande pas seulement de gémir sur les maux qui peuvent résulter de nos fautes; il nous dit: Sentez votre misère, et NON PAS: Sentez vos souffrances.

Sans doute Dieu nous punit par nos péchés mêmes afin de nous amener à un changement de vie; mais celui qui ne regrette ses fautes que parce qu’il en pâtit n’a pas encore le sentiment du péché.

Il accuse sa sottise plus que sa perversité;

il a changé d’idée, mais non pas de cœur;

son repentir n’est qu’un égoïsme plus éclairé.

Les païens sont tout à fait capables de ces larmes-là; point n’est besoin pour les verser d’un seul atome d’amour de Dieu, ni d’amour du prochain, ni de renoncement, ni de religion.

Le verset en question ne nous invite pas davantage à redouter l’enfer.


LA REPENTANCE CHRÉTIENNE ET LA PEUR SONT CHOSES BIEN DIFFÉRENTES.


Par la première, nous avons horreur du passé;

Par la seconde, nous avons horreur de l'avenir.

La première est salutaire, car elle indique un changement de disposition à l’égard de Dieu;

La seconde ne nous délivre ni de notre égoïsme, ni do notre sensualité, et par conséquent ne remédie à rien.

À l'heure de la mort, si un homme n’a jamais eu précédemment aucune occasion de se convertir, il peut encore se repentir sincèrement, chercher le secours de Jésus-Christ, et être sauvé comme le brigand sur la croix.

Mais celui qui a eu mille occasions et n'a profité d’aucune est plutôt épouvanté de la condamnation que transformé dans son être moral, et le plus souvent, s’il recouvre la santé contre toute espérance, il se replongera dans le péché.


À quoi donc saint Jacques nous exhorte-t-il?

1 — À sentir la misère de nos actions mauvaises.

Nous avouons assez facilement que nous sommes pécheurs. Mais ici nous sommes appelés à SENTIR nos péchés, c’est-à-dire à NOUS AFFLIGER DE LEUR NOMBRE. DE LEUR GRAVITÉ, et de la honte qu’ils font peser sur nous devant Dieu qui nous voit.

Nous avons manqué à Dieu et aux hommes, à nos parents, à notre femme, à nos enfants, à nos amis, à nos voisins; et si nos actes mauvais sont inconnus des autres, ils sont connus de Dieu et de nous, et nous humilient à nos propres yeux.

2 – À sentir la misère de nos actions bonnes.

Nous sommes souvent tentés, pour nous relever dans notre propre estime, de rappeler complaisamment à notre souvenir les bonnes actions accomplies par nous, celles surtout dont le monde nous a loués. Mais au fond nous savons bien que dans notre charité il y a eu un assez grand désir de nous faire valoir, que loin des yeux du public nous sommes moins dévoués, et qu’en bien des choses, si l’intérêt personnel ne nous avait soutenus, nous aurions été moins vaillants.

Même le bien accompli pour gagner le ciel est entaché d’égoïsme. C’est en considérant nos bonnes œuvres à ce point de vue que le prophète Ésaïe disait: «Nos justices sont devant Dieu comme du linge souillé

3 — À sentir la misère de notre nature.

Jusqu’ici nous n’avons parlé que de nos œuvres. Mais notre cœur lui-même est mauvais. Comme Adam qui rejetait sa faute sur Ève, et comme Ève qui accusait le serpent, nous prétendons que ce sont les hommes ou les circonstances qui nous obligent à pécher. Pourtant Jésus nous dit et nous savons bien, qu’un arbre se reconnaît à ses fruits: «On ne cueille pas des raisins sur une épine, ni des figues sur un chardon.»

Si notre vie est toute souillée de péchés, c’est parce que notre fond est mauvais, et que nous sommes naturellement ou avares, ou menteurs, ou haineux, ou égoïstes, ou orgueilleux, ou susceptibles, ou emportés, ou négligents, ou impurs, ou portés aux excès du manger et du boire.


Ce ne sont pas seulement les fruits qui sont mauvais,

c’est l’arbre lui-même, c'est moi, c’est vous.


4 — À accepter le jugement que Dieu prononce sur chacun de nous.

Ce jugement est un jugement de condamnation et de malédiction éternelles. Voici les sentences telles que la loi les formule:

«Maudit est quiconque ne persévère pas dans l’accomplissement de tous les commandements de la loi (Gal. III. 10).

Le salaire du péché c'est la mort (Rom. VI, 23).»

De telles paroles font frémir, et pourtant il faut s’écrier avec David: «Ô Dieu, tu seras reconnu juste quand tu jugeras, et sans reproche quand tu condamneras. (Ps. LI, 4/6).»

Oui, nous sentons que Dieu ne doit que sa colère à un révolté, que la justice réclame notre mort éternelle. Ou bien la loi divine et la conscience ne sont que des épouvantails pour rire, ou bien il faut que mes péchés portent tous leurs fruits de larmes, de sang, de douleur et de honte.

Mais s’il en est ainsi, comment sortir du désespoir?

Il n’y a qu’un moyen:


C’EST LA FOI EN L’EXPIATION DE NOS PÉCHÉS PAR JÉSUS-CHRIST.


Jésus s’approche de l'âme en détresse et lui dit:

Pourquoi pleures-tu?

J’ai purgé ta condamnation; la mort est subie, la dette payée, la malédiction liquidée. Toutes les larmes et tout le sang nécessaires pour racheter ton crime ont été versés; toute l’ignominie a été bue jusqu’à la lie. J'AI PRIS SUR MOI ET J’AI SUBI TA PEINE. Confie-toi en moi et ne crains plus.»

Si le pécheur se fie à de telles paroles et à la vertu de la mort de Jésus, il sort de son accablement; non seulement l’espoir, mais la sécurité entrent dans son cœur, et bientôt la voix de Dieu lui rend témoignage, dans son for intérieur, que ses péchés lui sont pardonnés et qu’il est réconcilié.


Mais quiconque ne croit point refuse de profiler de la mort expiatoire du Christ;

il reste dans sa peine et mourra dans son désespoir.


Voilà le seul moyen de salut:


«Il n'y a point de salut en AUCUN AUTRE,

car il n’y a sous le ciel, parmi les hommes,

AUCUN AUTRE NOM qui ait été donné,

par lequel nous devions être sauvés.»

(Act. IV, 12).


Ph. Vincent.

La pioche et la truelle N° 62 (1897)


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