Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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«RIEN QU’UN PETIT GARÇON»

(Robert Moffat)


Il y a plus d'un demi-siècle, un fidèle ministre du Seigneur se rendant de bonne heure à l’Église rencontrait un de ses diacres, dont la figure portait une expression de résolution et aussi de tristesse.

Je suis venu de bonne heure pour vous rencontrer, dit-il. J’ai sur la conscience quelque chose à vous dire. M. le pasteur, il doit y avoir quelque chose de tout à fait erroné dans votre prédication et votre œuvre, car il n'y a eu qu'une personne ajoutée à l’Église dans toute une année, et encore «ce n'est-ce rien qu'un petit garçon».

Je sens bien tout cela, dit le pasteur, je le sens, mais Dieu sait que j'ai essayé de faire mon devoir, et je puis me confier en lui pour ce qui concerne les résultats.

Oui, oui, dit le diacre, mais «par leurs fruits, vous les connaîtrez!» N'avoir qu'un seul nouveau membre, et quel membre! rien qu’un petit garçon, cela me semble une preuve bien insuffisante de foi véritable et de zèle. Je ne désire pas être dur, mais j'ai cette affaire sur la conscience, et je n'ai fait que mon devoir en en parlant ouvertement.

C'est vrai, dit le vieillard, mais «la charité est patiente, pleine de bonté, elle supporte tout, elle espère tout» Eh! oui, c'est cela, «elle espère tout». J'espère beaucoup de ce garçon Robert. QUELQUES GRAINES QUE NOUS SEMONS PORTENT LEUR FRUIT TARDIVEMENT, MAIS CE FRUIT EST GÉNÉRALEMENT LE MEILLEUR.


Le vieux pasteur, ce jour-là, monta en chaire le cœur triste et serré. Il termina son discours les yeux pleins de larmes. Il eût voulu avoir achevé son travail et reposer parmi les tombes, sous les arbres en fleurs du vieux cimetière.

Il demeura dans la vieille église quand les gens furent partis. Il désirait être seul. Le temple lui était sacré et inexprimablement cher, c'était son foyer spirituel depuis sa jeunesse.

Dans ce saint lieu, il avait prié pour les âmes d'une génération maintenant disparue, et avait consacré les enfants d'une génération nouvelle, et la même, oui, là même, on lui avait dit, enfin, que son œuvre n'était plus bénie.

Il n'y avait plus là personne. Personne? Ah! si, «rien qu'un petit garçon».

Ce garçon était Robert Moffat. Il regarda le vieillard qui tremblait, son âme fut remplie de sympathie et d'amour, il alla vers lui et posa la main sur l'habit noir de son pasteur.

Eh bien! Robert?

Pensez-vous que si je voulais travailler dur pour m'instruire, je pourrais jamais devenir un prédicateur?

Un prédicateur?

Peut-être un missionnaire?

Il y eut un long silence. Des larmes remplissaient les yeux du vieux pasteur. À la fin, il dit: «Voilà qui guérit la blessure de mon cœur, Robert. Je vois maintenant la main de Dieu. Que Dieu te bénisse, mon garçon. Oui, je pense que tu deviendras un prédicateur.


Il y a quelques années, un missionnaire âgé revenait à Londres. Son nom était prononcé avec le plus profond respect. Quand il allait dans une assemblée, l'assemblée se levait; quand il parlait en public, il se faisait le plus profond silence. Les princes se tenaient découverts devant lui, les nobles l'invitaient dans leurs demeures.

CE MISSIONNAIRE, C'ÉTAIT ROBERT MOFFAT.

Il avait ajouté tout un pays à l'Église de Christ, avait amené à l'influence de l'Évangile les plus sauvages chefs africains et traduit la Bible pour les tribus noires, il avait enrichi de renseignements précieux la Société de Géographie, et avait honoré l'humble lieu de sa naissance, son Église, sa patrie, et servi la cause missionnaire dans le monde entier.

Il est difficile d’espérer quand il n’y a aucune apparence de fruit, mais la moisson est sûre quand les intentions ont été droites.

Le vieux pasteur dort sous les arbres, dans l'humble champ de son travail, mais les hommes se souvienne! de son œuvre, grâce à ce qu'il fut pour ce garçon, et grâce à ce que ce garçon fut pour le monde.

«Rien qu'un petit garçon!» (ROBERT MOFFAT)

Traduit du Freeman par Carus.

La pioche et la truelle N° 64 (1897)


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