Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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OÙ TROUVER JÉSUS?


Il n'est pas un de mes lecteurs qui n’eût voulu connaître Jésus-Christ.

Des milliers d'artistes ont cherché, dans leur génie, les traits du Sauveur: nous avons de multiples images de lui, mais laquelle est la vraie?

Peut-être n’y en a-t-il pas une qui se rapproche seulement de ce qu’il fut.

La diversité des figures humaines est telle qu’on peut faire un milliard de portraits différents sans avoir rencontré le type cherché. Il ne nous reste rien de matériel de Jésus.

Nous ne savons pas, d’une manière précise, où fut l’hôtellerie de Bethléem, ou l’échoppe de Nazareth, ou le Calvaire, ou le sépulcre. Nous n’avons seulement pas une ligne de sa main. Les seules phrases qu'il ait écrites, il les traça sur le sable avec le doigt (Jean 8, 6-8), et personne n’en saura jamais la teneur.

Il n’a pas voulu donner prise à l'idolâtrie en nous laissant quoi que ce soit de sa personne:


IL LUI SUFFISAIT DE NOUS LAISSER

SA PAROLE, SON EXEMPLE, SON ESPRIT.


Nous eussions voulu connaître Jésus, non par vaine curiosité, comme Simon le pharisien ou Hérode, mais plutôt comme Zachée, dans la secrète espérance d’en recevoir du bien.

Ah! si Jésus passait par le chemin en cet instant.

Comme nous nous précipiterions tous au-devant de lui!

Comme nous baiserions le bord de sa robe!

Avec quelle attention nous écouterions ses paroles.

Et ce serait le renouvellement de la scène journalière de sa vie: l'aveugle crierait; Fils de David, aie pitié de moi! la mère se jetterait à ses pieds en disant: Seigneur, aie pitié de ma fille qui est cruellement malade! et d’autres lui amèneraient des paralytiques sur des brancards. Et plusieurs viendraient, comme autrefois Marie, verser des larmes silencieuses devant lui, en attendant le pardon de leurs péchés.


Nous eussions voulu connaître Jésus, surtout pour lui faire du bien.

Cher Sauveur! notre cœur se serre en l’entendant dire: «Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où reposer sa tête

Pour un peu, nous partagerions l'indignation du fils de Zébédée, qui, voyant les Samaritains lui refuser un gîte, demandaient au Seigneur la permission de faire tomber sur eux le feu du ciel; «Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés, répond Jésus; Je suis seulement venu pour bénir.»

Avec quel empressement nous l’eussions reçu dans notre maison; avec quelle tendresse nous eussions lavé ses pieds meurtris par la fatigue du chemin. Que vous êtes heureux, ô Marthe, Marie et Lazare, de l’abriter sous votre toit et de lui offrir le repos de votre affection, quand il revient du Portique de Salomon, où il a rencontré les arguties des Pharisiens (les raisonnements pointilleux ou la vaine subtilité du langage.), les sarcasmes des Sadducéens et les regards de haine des sacrificateurs.

Quel bonheur, quelle gloire, d’avoir aidé le Seigneur! J’eusse voulu être au moins Simon le Cyrénéen qui fut réquisitionné par les soldats romains pour porter la lourde croix de Jésus, et qui put, lui, procurer ce soulagement suprême, au moment où le Seigneur défaillait sous le poids de la souffrance.


Rendre service au Seigneur!

CELA NOUS EST ENCORE POSSIBLE!


Jésus déclare qu'avoir pitié du pauvre, du malade, du prisonnier, de tout être qui a besoin de secours, c’est avoir pitié de lui-même (Matth. 25, 40), et qu'il nous en tiendra compte. «Un verre d'eau froide donné par amour pour moi ne perdra pas sa récompense

Il y a des promesses particulières pour ceux qui font du bien aux prophètes: «Celui qui reçoit un prophète aura une récompense de prophète.»

Vous cherchez le Seigneur?

Il est là, sous les traits de cet orphelin à qui il faudrait un habit chaud pour l'hiver et qui grelotte dans son mince vêtement.

Le Seigneur?

C’est cette femme affligée que des morts successives ont comme écrasée, et dont la vieillesse n’a plus un rayon de joie. Jésus attend pour voir si vous viendrez la visiter dans son isolement.


J’ai la joie d’avoir, moi aussi, aidé le Seigneur. C’est un des premiers souvenirs de ma jeunesse — bien voilée (je devais avoir 5 ans) —, mais, mal défini dans ma mémoire, il n’en reste pas moins une de mes impressions les plus douces.

C'était pendant un hiver rigoureux, mes parents donnaient asile à un vieillard infirme qui vivait un peu de la charité publique, on l’appelait Pierre l’aveugle. Cet homme était un fervent chrétien et nous édifiait tous par sa foi joyeuse qui contrastait si étrangement avec la détresse de sa situation matérielle. Nous tous, qui étions enfants à cette époque, nous lui prodiguions nos caresses, et c’est à qui, de mes frères et sœurs, aurait le bonheur, le dimanche, de le conduire par la main à l'église.

Il m’est arrivé ainsi de guider, plusieurs fois, les pas de l’aveugle.


JE SUIS BIEN HEUREUX D’AVOIR RENDU CE SERVICE À JÉSUS.


Samuel Vincent.

La pioche et la truelle N° 65 (1897)


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