Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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NOS FAIBLESSES


Un homme pieux se plaignait de ses faiblesses réitérées.

«Je suis, disait-il, pareil à un enfant qui tantôt donne et tantôt reprend ce qu'il a donné. Lorsque Dieu m’effraye ou me frappe, je lui promets beaucoup; mais hélas! j'oublie promptement et l’épreuve et mes promesses

À ces mots, des larmes s’échappèrent de ses yeux.

«Très bien, répondit Théophile; vous vous comparez à un enfant, et l'Éternel se compare à un père qui est ému de compassion envers ses enfants (Psaumes CIII, 13).

Je n’ai jamais vu ni entendu dire qu’un père ait chassé son fils de la maison pour quelques fautes ou manquements. Il est impossible, vous le savez, d’élever un enfant sans user à son égard de support ou d’indulgence; à plus forte raison, personne ne peut être admis au ciel sans un effet des compassions divines, et COMBIEN LA PATIENCE DU DIEU DES MISÉRICORDES N’EST-ELLE PAS SUPÉRIEURE À CELLE DE L'HOMME PÉCHEUR!

De même qu’on aperçoit des taches dans la lune lorsqu'elle est dans son plein, ainsi le chrétien le plus exemplaire n’est pas sans défaut:


il a délaissé le péché,

MAIS

le péché ne l’a point délaissé.


Songez, mon ami, que vous êtes sous la garde et la discipline d’un Dieu bon et clément, qui sait bien de quoi sont faits les hommes, et dont la sagesse et la bonté ne resplendissent jamais d’un plus vif éclat que lorsqu’il supporte les faiblesses de ses saints et les fait servir à leur perfectionnement moral.

Mais avant tout, ne détournez pas vos yeux du Crucifié, de son sang, de son œuvre.

Ne vous confiez pas en vous même; demeurez en Christ, et que Christ demeure en vous.

Savez-vous pour quelle raison Dieu tolère en nous un reste de faiblesses, et nous fait combattre chaque jour avec elles? C’est, sans doute, afin que le sang du divin Crucifié nous devienne d'autant plus précieux, afin que nous cherchions Christ avec plus d’empressement, et afin que nous nous attachions toujours plus à lui.

Que nos faiblesses et nos mauvaises pensées nous rendent donc humbles, mais sans nous porter au découragement.

Laissons couler les larmes du repentir, mais rappelons-nous que des blessures de Christ découle le sang qui purifie de tous péchés.

Combattons journellement nos penchants mauvais et subjuguons-les autant que possible par la force de Jésus-Christ.


Le mal nous surmonte quelquefois,

MAIS

Christ n'en est jamais vaincu.


Ah! reprit l'interlocuteur, ces pensées sont bien consolantes; et toutefois, combien de cœurs impies et attachés au mal qui en abusent!

C’est vrai, répondit Théophile; mais il y a la même différence entre:

l’humble croyant qui gémit sur ses misères et le pécheur orgueilleux qui dit: péchons afin que la grâce abonde,

qu’entre un jeune enfant qui, tombe par inadvertance ou faiblesse dans la boue, appelle aussitôt, afin qu’on vienne l'en retirer, puis va demander à sa mère de le nettoyer, et l’animal impur qui se vautre avec délice dans la fange. Ce dernier ne ressemble pas plus à un enfant que l’homme impénitent à l’humble racheté du Seigneur.»

Scriver.

La pioche et la truelle N° 65 (1897)


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