Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

----------

ÉTUDES BIBLIQUES

NOTRE PÈRE, QUI ES AUX CIEUX


Pourquoi Jésus appelle-t-il Dieu son Père?

Il avait plusieurs raisons:

la première, c’est qu’il est le Fils éternel de Dieu, participant de son essence et de sa gloire;

la seconde, c’est qu’il est né surnaturellement de la Vierge Marie. À ce double point de vue, Il est le Fils unique de Dieu.


Cependant, pour se dire Fils de Dieu, Jésus avait autre chose à mettre en avant que sa gloire disparue et les mystères de sa naissance. Il exprimait, par ce mot, non un souvenir du passé, non un prodige du présent, mais une expérience permanente dont son âme était le théâtre: il ne dit pas: Je suis le Fils de Dieu, parce qu’il le sait, mais parce qu’il le sent, et parce qu’il a, dans son for intérieur, le sentiment continuel de l'amour infini et de la protection toute puissante dont il est l’objet de la part de Dieu.

Heureux Jésus, qui porte sans cesse dans son cœur le témoignage que l’Esprit de Dieu lui rend de sa qualité de Fils de Dieu.

Le jour de son baptême, le Saint-Esprit fit retentir son témoignage aux oreilles du peuple: «CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIMÉ.» Mais cette voix, que le peuple n'entendit qu’une ou deux fois, Jésus l'entendait continuellement. Il n’avait qu'à rentrer en lui-même, à prêter l’oreille au doux murmure de son cœur joyeux, et aussitôt, le témoignage de l'Esprit gonflait sa poitrine d’amour et de confiance.

Le Psalmiste s’écriait dans son angoisse: Fais luire la face sur nous, et nous serons sauvés! Mais Jésus n’a pas besoin de prier ainsi; pour lui, la face de Dieu luit toujours. Il se meut dans la lumière de Dieu. Le sourire de son Père le suit partout.

L’amour de Dieu pour lui est un amour de sympathie. Son Père le couve du regard, ressent avec lui tous ses maux, a faim quand Jésus a faim, a soif quand il a soif, et se réjouit de sa joie quand il retrouve une brebis perdue.

Sans doute, il ne le délivre pas des douleurs qu’il doit endurer, car NOS ODIEUX PÉCHÉS, NOTRE EFFRAYANTE CONDAMNATION SONT LÀ, et pour nous sauver, il faut que le Fils souffre. Mais du moins le Père l’accompagne partout de sa tendresse et de ses soins.

Qu’il est beau de voir la merveilleuse protection dont il entoure son bien-aimé.

Il souffrira, puisqu'il le faut, mais pas avant le temps.

Il naîtra dans une étable, mais il aura l’adoration des bergers et des mages, et les chants des anges du ciel.

Il sera assailli par Hérode, mais trouvera, en Égypte, une sûre retraite.

Il se lancera dans un ministère plein de larmes et de sang, mais pourra dire, dès le début, à ses disciples: «Vous allez voir le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme pour le servir.»

Quand, à Nazareth, on voudra le précipiter du haut d’un rocher, le Père le fera passer au milieu de la foule sans qu’elle l’arrête et sans qu’elle le voie.

Quand scribes et Pharisiens rugiront contre lui avant l’heure marquée, la même foule, qui vient (et qui sera bientôt encore déchaînée contre lui), les empêchera, pour le moment, de lui faire aucun mal.

Comme Dieu s’empressait d’exaucer ses prières: pendant qu'il rompt les pains et les bénit. Dieu les multiplie dans ses mains pour les cinq mille hommes; pendant qu’il dit au vent: «Tais-toi», et à la mer: «Fais silence», Dieu apaise les éléments en furie.

Il n’a pas encore prié pour la résurrection de Lazare qu’il se sent exaucé et qu’il en rend grâces.


Pourtant il fallait que les nécessités s’accomplissent.

Nos péchés étaient là, nous couvrant, nous souillant, nous perdant. Il fallait que le Christ souffrit. Mais qu'il dut en coûter à Dieu d’entendre la prière angoissée de son Fils: «Mon Père, s'il est possible que cette coupe passe loin de moi!» ou son cri d’agonie: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Le cœur du Père n’était pas moins tordu par la douleur que celui du Fils.

Quand Jésus expire, Dieu aussi est en agonie, et son agonie se répercute dans la nature:

le soleil refuse sa lumière,

la terre tremble, les rochers se fendent,

les sépulcres s’ouvrent,

les morts en sortent et viennent épouvanter la ville.

Ah! comme nous comprenons, à la première heure du troisième jour, la revanche de Dieu. Il soulève la pierre du sépulcre, il arrache son Fils à la mort, et puis, nous dit saint Paul, il l’a souverainement élevé, et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus, tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, et sous la terre, fléchisse les genoux, et que toute langue confesse que Jésus est le Seigneur.


* * *


Voilà comment le Père aime le Fils, et pourquoi Jésus peut dire, pour sa part, avec assurance: Notre Père, qui es aux cieux.

Mais nous, pouvons-nous prononcer ces mêmes paroles avec la même assurance?

C’est avec un tressaillement d’allégresse que j’aborde cette dernière partie de mon article.

Nous avons parlé du joyeux témoignage intérieur que Jésus possédait de sa qualité de Fils de Dieu. Mais ce témoignage de l’Esprit, nous le possédons aussi; il retentit clair, harmonieux, suave, au fond de notre conscience:

«C’est ce même Esprit qui rend témoignage à notre Esprit que nous sommes enfants de Dieu, et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers, dis-je, de Dieu, et cohéritiers de Christ (Rom. VIII, 16-17).»

Nous ne l’avons pas toujours possédé, ce témoignage intérieur. Autrefois, au dedans de nous, nous entendions les accusations de notre conscience irritée; nous tâchions même d'étouffer cette voix importune.

Mais aujourd'hui, qu’elle parle, qu’elle chante, la voix intérieure, la voix de l’Esprit, qu'elle proclame le vivant témoignage de notre adoption. Tous nos péchés ont été lavés dans le sang de Jésus-Christ; toutes les immondices qui nous couvraient ont été emportées comme par une ravine d’eau et anéanties; et à la place des reproches, des épouvantes et des désespoirs intérieurs, la voix sereine, la voix joyeuse nous parle de réconciliation, de confiance et d'amour.

C’est par l'Éternité que le Seigneur nous aime,

Sa grâce, en notre cœur, jamais ne cessera.


Nous avons parlé de la sympathie de Dieu pour Jésus.

Et, nous aussi, nous avons part à la même sympathie. Il sait de quoi nous avons besoin avant notre prière. Que dis-je, il sait? Il sent: «J'ai eu faim», dira-t-il au jour du jugement en parlant des pauvres qui ont eu faim;

«J’ai eu soif, j’ai été malade, j’ai été nu.» Il souffre, avec nous, de nos maux, et est consolé de notre consolation.


Nous avons parlé de la protection de Dieu envers Jésus.

Nous aussi, nous sommes protégés. Le pain quotidien, le vêtement, l’abri, l’air, l’eau, tout nous est venu du même Père. Il a compté tous les cheveux de notre tête, et pas un ne tombe à terre sans qu'Il ne le sache.


Nous avons parlé de l’exaucement des prières de Jésus.

Les nôtres aussi sont exaucées. Que de fois Dieu a même prévenu nos désirs; nous priions avec larmes, et, depuis longtemps, Dieu avait répondu.


Nous avons parlé de l’amour du Père pour Jésus.

Que vont penser mes lecteurs si je leur rappelle que Dieu a sacrifié Jésus pour nous sauver?

Sans doute. DIEU A AIMÉ JÉSUS, mais IL NOUS A MONTRÉ PLUS D’AMOUR QU’À LUI. (Jean III, 16)

Il nous a montré plus d’amour qu'à personne, plus qu’à David sur son trône, plus qu'à Élie sur son char de feu, plus qu'aux anges de son ciel, plus qu’aux chérubins de son trône.

Et, s’il y a quelque part, au ciel ou sur la terre, un être qui, plus que tout autre, soit autorisé par les faveurs de Dieu à l'appeler son Père, c’est ce chétif, cet indigne pécheur que je suis.

C’est à en être muet d'étonnement. Dieu s’est plu, en faisant les sacrifices les plus inouis pour les plus pervers et les plus impies, à confondre l’imagination des hommes et des anges. Et il se trouve, aujourd’hui, que:


L’être qui mérite le moins de dire à Dieu: Mon Père,

est celui qui peut le lui dire avec le plus de raison.


Ce n'est pas tout. Nous avons dit que Dieu avait ressuscité et glorifié Jésus.

Ah! quel triomphe nous est encore réservé lorsque notre âme, devenue l'Épouse de Christ, glorieuse, sans tache ni ride, sainte, irrépréhensible, vêtue de la robe blanche de fin lin, s’avancera à la rencontre de son Époux, et s’assiéra avec lui sur son trône pour l’éternité!


* * *


Tu le vois, mon frère, pour toi comme pour Jésus, et aux mêmes titres, DIEU EST UN PÈRE.

Allons, fais ta prière avec confiance, commence-la par le mot qu’il convient le plus à Dieu d’entendre et à loi de prononcer: «NOTRE PÈRE, qui es aux cieux», et tu verras si ton Père ne remue pas, pour t’exaucer, le ciel et la terre.

Philémon Vincent.

La pioche et la truelle N° 65 (1897)


Table des matières