Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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L'ÉVANGILE PARTOUT


Wallers (Nord).

J'arrive dans une maison de chétive apparence, où je suis reçu par une bonne vieille femme de 81 ans, et, quoique catholique, elle m'offre une tasse de café que j’accepte avec plaisir et reconnaissance. Comme cette bonne dame m'avançait une chaise pour m'asseoir, elle me dit:

Je veux, aujourd'hui, vous payer une dette de reconnaissance que je vous dois, car je ne puis oublier que chaque année vous passez chez ma fille pour la consoler et lui parler du bon Dieu.»

Je saisis avec empressement cette belle occasion pour parler du Sauveur à cette pauvre dame catholique, qui, étant donné son âge, n'est plus éloignée du jour où elle devra rendre compte de son administration. Elle parut m'écouler avec un vif intérêt et m'acheta un almanach et une portion de la Sainte Écriture.


Je continuai ma route en allant d'une maison à une autre, mais bientôt j'arrivai chez la fille de la dame dont je viens de vous parler plus haut. Ce fut une véritable joie pour chacun des membres de cette famille, encore catholique, de me voir entrer chez eux.

Aussitôt après m'avoir acheté les almanachs dont ils avaient besoin, la dame me dit en pleurant:

Monsieur, vous savez que je viens de perdre une jeune fille de 11 ans. Ah! pendant sa maladie, nous avons bien souvent pensé à vous, et nous aurions voulu vous voir pour nous consoler encore; si seulement nous avions su où vous demeurez, nous serions bien allés vous chercher.

Ah! oui. chère madame, je vous comprends et je vous aurais procuré ce plaisir avec bonheur; mais, ajoutai-je, en attendant que le Seigneur vous donne la joie du Saint-Esprit, je vais vous faire une lecture de la Parole de Dieu, si vous me le permettez.

À la bonne heure! à la bonne heure! répétèrent-ils en chœur, puis chacun prit place autour de moi afin d'entendre la bonne nouvelle du salut par Jésus-Christ.

Henri Dejonghe


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M. le curé Vidalot

Encore un prêtre romain qui passe au protestantisme. M. Vidalot, curé de Dun (Ariège), puis d'Arahaux, a envoyé à l'évêque de Pamiers la lettre suivante:

«Monseigneur,

J'ai l'honneur de vous adresser, par cette lettre, ma démission de curé d'Arahaux et de membre du clergé diocésain.

Depuis nombre d'années, ma conscience de prêtre soutient, contre ma raison et mon cœur, une lutte dont je ne vous retracerais pas les péripéties, cette lettre en serait toute mouillée de larmes.

Cette lutte, je ne puis la continuer sans y laisser le meilleur de moi-même.

Dix ans de ministère ont suffi à faire tomber toutes les illusions et toutes les espérances de ma jeunesse cléricale.

J'avais vu dans le prêtre la plus haute incarnation de l'apôtre, dans l'Église, Jésus-Christ lui-même enseignant dans la liberté et dans l'amour.

Dans le prêtre:

je ne vois plus qu'un homme, condamné à vivre en dehors de son siècle, en marge de la société qu'il traverse, en traînant derrière sa personne l'impopularité d'une irrémédiable impuissance.

Moderne par toutes ses aspirations, sentant le besoin de moderniser son apostolat, il est obligé, par état, de vivre de silence, de routine et de souvenirs.

Dans l'Église:

les prétentions temporelles ont pris le pas sur la mission divine,

la dogmatique a remplacé la pensée,

la pratique extérieure a fait oublier l’adoration de l'esprit et du cœur.

J'étouffe dans cette Église qui n'est que pratiques et formules. J'ai besoin d'air et de liberté. JE SORS EN EMPORTANT MA FOI, persuadé qu'elle peut se concilier, en dehors de l'Église romaine, avec les revendications légitimes «de ma raison et de ma conscience.

Je demande à Dieu de m'éclairer dans la nouvelle voie où je m'engage; C'EST EN LUI QUE JE METS MA FORCE ET MON APPUI.

Daignez agréer, Monseigneur, l'expression de ma respectueuse considération en Notre Seigneur.

Albin Vidalot.»


Après cet acte de courage, M. l'abbé Vidalot s'est présenté et s'est fait recevoir comme étudiant à la Faculté de théologie protestante de Paris.

Il y a donc actuellement six anciens prêtres qui suivent les cours de cette Faculté, dans le but d’exercer plus tard le ministère évangélique:

M. Vidalot; M. Aubert, ex-jésuite; M. Nézeraux, qui a prêché à notre culte de la rue de Sèvres en septembre; M. Philippot, dont nous avons publié la profession de foi, M. Moreau, et M. Scheffer. Ce dernier est un ancien missionnaire aux îles Hawaï; il nous a dit que son intention était de retourner dans ces mêmes îles, et de prêcher la vérité où il a autrefois prêché l'erreur.

À l'école des Missions évangéliques, il y a en outre trois anciens prêtres qui se préparent à porter aux nations païennes le pur Évangile de Jésus-Christ.

Enfin, M. Bourrier, ex-abbé, dont nous avons raconté la consécration au saint ministère, est en correspondance avec plus de cent prêtres travaillés par la vérité évangélique.

Ph. Vincent.

La pioche et la truelle N° 66 (1897)


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