Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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NI DIEU, NI DIABLE!

(Et pourtant...)

JE VOIS LE DIABLE AU PIED DE MON LIT!


Dans une petite ville de la Suisse vivaient paisiblement deux familles fortunées. Ce qui augmentait leur considération, c'est que chacune d'elles avait, entre autres choses, des enfants doués d'une brillante intelligence. Ils furent instruits dans les hautes écoles, et à 21 ans l'un était reçu docteur en médecine, l'autre avocat.

Ce dernier tomba malade. Sa famille qui depuis quelques années pressentait cette catastrophe en voyant le jeune homme dépérir, était dans la consternation.

Une phtisie pulmonaire était déclarée; les nuits du moribond étaient terribles. De violentes angoisses causées par la suffocation, en même temps que par la crainte de la mort, le jetaient dans un sombre désespoir. Les meilleurs médecins ne purent arrêter les rapides progrès de cette maladie: et les parents appelèrent un pasteur pour relever le moral de leur fils. Il fut bien accueilli.

Comment allez-vous, dit-il, au jeune homme, d'une voix douce accompagnée d'un céleste sourire qui illumina quelques instants la figure du malade.

Pas bien.... mal,... très mal..., répondit celui-ci.

Puis s'asseyant sur son lit et cachant sa figure dans ses mains, il se prit à sangloter.... Monsieur... E...., je suis perdu... deux fois perdu... Perdu, pour ce monde, perdu pour l'éternité... Si j'étais mort quand j'allais à l'école du dimanche, ou quand je faisais mon instruction religieuse, je crois que j'eusse été sauvé.

Oh! que je vous aimais, alors, je mettais en pratique vos enseignements: j'étais heureux; mais une fois que j'eus quitté le toit paternel et l'église de la ville, ma piété s'évanouit.

En compagnie des étudiants, J'ABANDONNAI LE DIEU QUE VOUS M'AVEZ APPRIS À SERVIR, je profanai ma jeunesse, et maintenant j'ai honte de ma vie et peur du jugement de Dieu, JE SENS QUE JE SUIS PERDU.


* * *


Prenez courage, mon enfant, dit le pasteur, croyez-vous que la Bible est la Parole de Dieu? dit le pasteur en sortant de sa poche le saint volume.

Oui. Monsieur. — J'ai cherché à me persuader du contraire, pour étouffer la voix de ma conscience, quand je pris la détermination de vivre sans Dieu, et quand ce verset:


«Jeune homme, marche selon ton coeur...

mais souviens-toi que Dieu t'amènera en jugement...»


venait me troubler, je le repoussais en disant: il n'y a pas de Dieu! Je me moquais de lui. J'étais entraîné par mes condisciples; seul, je me sentais trop faible pour leur résister, et voilà comment je me suis perdu.

Mon enfant, vous convenez que vous vous êtes égaré et que la Bible est le livre sacré où Dieu se révèle aux hommes.

Faites taire, pour un moment, votre cœur.

Puis, d'une voix grave, il se mit à lire les textes suivants:


Venez maintenant, dit L'Éternel, et débattons nos droits. Quand vos péchés seraient rouges comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige; et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils deviendront blancs comme la laine. (Isaïe 1 v. 18.)

Vous avez été rachetés de votre vaine manière de vivre par le précieux sang de Christ (1 Pierre, 1, 19).


Puis, laissant sa Bible ouverte:

Regardez, dit le pasteur, ce que je vous souligne:


LE FILS DE DIEU EST VENU CHERCHER ET SAUVER CE QUI ÉTAIT PERDU.

(Luc 19, 10)


Quand votre coeur sera oppressé, menez le doigt sur ce passage, levez les yeux au ciel, où est assis votre Sauveur, et raisonnez ainsi avec Lui.

«Seigneur Jésus, tu l'as dit: ET PUISQUE TU L'AS DIT, c'est donc vrai, parce que tu l’as dit, je veux le croire, car il est certain que tu ne peux mentir, je te prends au mot. Alors même que tu regretterais de venir au secours d'un misérable comme moi, ton honneur y est engagé, tu es venu chercher et sauver ce qui était perdu... et moi je suis perdu, c'est là tout ce que j'ai à t'offrir et tu ne demandes rien d'autre.

C‘est une affaire finie, il n'y a pas à y revenir. Amen! Amen!»


* * *


Cette visite fut bénie pour le malade qui se sentit physiquement et moralement soulagé. Une bonne nuit vint réconforter ce corps fatigué. Le pasteur renouvela sa visite qui fut interrompue par celle du jeune docteur en médecine, qui ne tarda pas à s'apercevoir qu'un changement s'opérait dans le coeur de son ami et qui fit tout pour détruire chez lui toute pensée religieuse.

Il ferma la Bible et le passage souligné, se tint jour et nuit près du jeune avocat, le berça d'illusions et d'espérances mensongères, lui rappela le souvenir des danses et des débauches auxquelles se livrait leur joyeux cercle, lui répétant à chaque instant qu'il n'y a ni Dieu, ni diable, ni ciel, ni enfer, et que les idées de justice et de jugement qui le hantaient étaient causées par le délire; qu'il associait la superstition à la justice humaine, que c'était le faible de ceux qui étudiaient le droit.

Moi, dit-il, je suis pleinement rassuré à ce sujet: dans des centaines de cadavres que j'ai disséqués en faisant mon cours d'anatomie, je n'ai trouvé nulle trace d'âme immortelle

La religion,... voilà qui était bon pour nos arrière-grand-mères, qui croyaient aux revenants et aux sorciers, et qui ne trouvaient rien de mieux que de se concilier la faveur et l'approbation d'un Dieu spirituel dans les airs, pour détourner d'elles un mauvais sort. Elles lui balbutiaient une petite prière le soir avant de s'endormir et le matin en se réveillant, et elles étaient heureuses.

Il n'y a plus de place auprès de ce lit pour le pasteur; le jeune médecin resta l'ami le plus fidèle et le plus dévoué du pauvre avocat qui ne tarda pas à mourir sans Dieu.


* * *


18 mois plus tard, alors que la famille en deuil pleurait encore la perte de ce fils et frère tendrement aimé, une rumeur parcourait la ville et les pays avoisinants.

Le docteur X. Est a la mort!... Cette nouvelle affectait tout le monde.

C'était lui, le jeune docteur, bien connu par son caractère enjoué, et si moqueur en matière de religion. D'après lui elle avait son trône à côté de celui de la superstition. Pas de dieux aux sourcils froncés, dans les temples où notre cercle adore..., se plaisait-il de répéter; nous dansons sur des parquets tapissés d'indulgences... Et le diable... ? C'était un monstre inventé pour terrifier les âmes timorées...»

Tout le monde l'aimait. Les jeunes gens à son exemple tournaient tout en ridicule.

Si la vie de ce jeune homme fut remarquable par sa gaieté, sa mort le fut par les terreurs qui la précédèrent. Le dernier jour, comme plusieurs personnages distingués entouraient ce lit que faisait trembler un moribond en frayeur, baigné d'une étrange sueur, sa jeune femme éplorée s'approcha doucement, prit dans ses mains la main crispée de son époux:

Mon cher ami, lui dit-elle, tu souffres horriblement: prends ce petit cordial que je t'offre, il te rafraîchira.

Non, reprit le mourant, aux yeux hagards,... non, je ne souffre pas.... mais.... oh! désespoir!... JE VOIS LE DIABLE AU PIED DE MON LIT!

Ce furent ses dernières paroles, puis il mourut.

Dieu soit béni! s'écria l'un des assistants qui tremblait d'épouvante, la lutte est finie.


Cette mort produisit une grande impression sur tout le monde, sur moi même qui ne l'ai que très imparfaitement connu. Chacun commentait.

Ah! disaient les uns, ce cher garçon qui se riait du diable, et qui a dû le voir si terrible avant sa mort.

Quel triste moment, dis-je à l'un de ses confrères, que celui de passer de ce monde à l'autre...

Triste et redoutable. Mademoiselle! répondit le docteur, quand on ne sait dans quel abîme on va rouler.


* * *


Lecteur, voilà bien l'état de l'homme qui vit sans Dieu.

«Ni Dieu, ni diable», dit-il en se redressant avec orgueil, car la libre pensée est bien portée. Mangeons, buvons, dansons, enivrons-nous de plaisirs... demain nous mourrons.

PUIS, VIENT INFAILLIBLEMENT LA MORT, salaire du péché, la mort revêtue de toute son amertume, précédée de toutes ses angoisses, accompagnée de toutes ses terreurs, c'est le roi des épouvantements dans toute son effrayante majesté et dans tout son horrible laideur.


Acceptez, je vous en prie,

le salut gratuit que vous offre Jésus.


Acceptez-le tel que le vieux pasteur le présenta au jeune avocat, et ne détournez pas l'oeil mourant qui cherche à se fixer sur CHRIST NOTRE REFUGE ET NOTRE SALUT; car si les incrédules avaient pu, par leurs dénégations, anéantir Dieu, combler l'abîme de l'enfer, il y a longtemps qu'il n'y en aurait plus: mais:

En dépit des moqueries de ceux qui haussent les épaules, parce qu'ils ne voient dans la religion du Christ que du mysticisme et du piétisme,


J'AFFIRME QUE CHRIST EST VIVANT,

que l'attachement à sa personne est la chose capitale!


L'âme et le nerf de la vie spirituelle et joyeuse de ses enfants, le ressort de leur activité à son service, la précieuse paix qui remplit l'âme en face de la mort et les fait soupirer après le délogement POUR ÊTRE TOUJOURS AVEC CHRIST QUI LES A RACHETÉS.

L. Meyer.

La pioche et la truelle N° 16 (1891?)


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