Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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UN OPPOSANT VAINCU


Par le Révérend A. Gordon, de Boston

Une dame qui désirait beaucoup se joindre a mon église m'avait rendu visite plusieurs foi pour me demander conseil sur ce qu'elle avait à faire.

Elle paraissait avoir passé par le changement de coeur qu'exige la participation au baptême. Mais il y avait sur son chemin un obstacle qui lui semblait insurmontable.

D'après sa déclaration, en effet, non seulement son mari s'opposait à ce qu'elle fit profession publique de sa foi: mais il menaça plus d'une fois d’avoir recours contre elle à la violence si elle essayait de passer outre à sa défense.

Son devoir lui apparaissait si clairement qu'elle en était toute troublée. C'est pourquoi pendant trois ou quatre ans elle venait et revenait me consulter au sujet de la résolution qu'elle avait à prendre.


À sa demande je fis la connaissance de son mari. Ce dernier ne semblait pas être un homme violent et il manifestait même une sincère affection pour sa femme.

Mais chaque fois qu'il arrivait à celle-ci de dire un mot de la profession de sa foi en Christ, il éprouvait une rage insurmontable qu'aucune considération ne pouvait vaincre et qu'une longue et patiente attente ne pouvait adoucir.

À la fin, la femme, jusque-là timide, vint me dire que quoiqu'il pût arriver, elle avait décidé de ne pas attendre plus longtemps, mais de suivre le Seigneur et de le confesser ouvertement par le baptême. En conséquence elle comparut devant les membres de l’église pour être examinée: elle fut acceptée avec joie, et il fut décidé que le baptême aurait lieu le dimanche matin suivant.

La guerre était donc déclarée.

En apprenant ce qui se préparait, l'homme (de ce récit) fit plus que de renouveler ses menaces; il prit, le samedi soir, les vêtements de sa femme et les mit sous clef afin que cette dernière ne pût s'habiller pour se rendre à l'église, et il ferma ensuite les portes de sa maison pour tenir sa femme prisonnière jusqu'à ce que le dimanche fût passé.

Mais la femme longtemps tenue sous le joug était alors aussi résolue que son mari était tyrannique. Elle réussit à sortir de chez elle dès l'aube du jour: elle s'enfuit chez un voisin qui lui procura les vêtements dont elle avait besoin, et, conformément à son dessein arrêté, elle alla à l'église, et prit sa place auprès du petit groupe de croyants, qui, comme elle, étaient prêts à faire profession de leur foi.


Je n'avais pas été informé de ce que venait de faire le persécuteur à l'égard de sa femme. Mais quand au moment où les baptêmes allaient être administrés, je vis entrer dans l'église ce nouveau Paul de Tarse et prendre sa place dans un des bancs de derrière, je me sentis un peu préoccupé au sujet de ce qu'il pouvait arriver. Mais le service continua tranquillement: les cantiques furent chantés: la prière demandant que le sceau d'adoption reposât sur les candidats au baptême fût prononcée: et ces derniers furent conduits dans l'eau l'un après l'autre, selon notre coutume, tandis qu'était répétée l'exposition du rite baptismal, telle quelle résulte du sixième chapitre de Paul aux Romains:

«Ne savez-vous pas que nous tous nous avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort? Nous sommes donc ensevelis avec lui par le baptême en la mort afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie nouvelle.»

À mon grand soulagement le service se termina sans aucune interruption, et la congrégation se retira.

Quelques moments après la sortie je me dirigeais moi-même vers la porte de l'église lorsque, à ma grande surprise, je vis l'opposant redouté assis seul sur un banc. Personne n'était resté, sinon lui et moi.

Que me voulait notre homme?

Était-il resté en arrière, avec l'intention d'attaquer le pasteur, parce que celui-ci avait défié son autorité en baptisant sa femme?

J'avoue que je craignis que tel fût le cas. Néanmoins je m'approchai de lui, et aussi gentiment que possible je lui exprimai mon plaisir de le voir à l'église.

Comme je lui parlais je vis en lui une agitation telle qu’il pouvait à peine parler:

«Que faut-il que je fisse pour être sauvé?»

Telles lurent ses premières paroles, prononcées avec tremblement. Puis avec une émotion qu'il ne pouvait maîtriser il confessa le péché par lui commis contre sa femme et contre Dieu; s'agenouilla avec moi et cria à Dieu pour obtenir miséricorde.

Je dirigeai ses regards vers l'Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde: et après quelques instants il accepta Jésus comme Sauveur et Seigneur, et dans une réunion qui eut lieu durant la semaine il confessa Christ devant la congrégation à l'étonnement de tous.

Il semblait impossible à plusieurs qu'un tel homme pût être réellement touché à salut: mais bientôt SA VIE MIT EN ÉVIDENCE SA SINCÉRITÉ. À peine quelques semaines s’étaient-elles écoulées qu'il s'unissait à l’église; et un mois ne s'était pas passé que sa femme avait la joie de participer à la cène avec lui qui, si longtemps, avait été sans Dieu et ennemi de l'Évangile....

Aussi longtemps que je pus suivre de vue ce nouveau disciple de J.-C., je constatai qu'il marchait fidèlement selon l'Évangile. Un changement de résidence le priva ensuite des soins de mon ministère. Mais il y a cinq ans je fus appelé à assister à ses funérailles, et j'appris alors qu'il était mort paisiblement dans la foi qu’il avait tout d'abord persécutée.

Pendant les vingt années d'occupations multipliées qui s'étaient écoulées avant son décès je l'avais presque oublié. Mais, comme je considérais sa figure, alors qu'il était étendu dans son cercueil, les circonstances de sa conversion se représentèrent vivement à mon esprit et je me demandai:

Quel autre que le Saint-Esprit pourrait avoir produit une telle transformation, si soudaine et si inattendue, aussi bien que durable!

Une leçon, entre autres, ressort clairement de ce récit: c'est «qu'Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.»

Ce mot: «il faut» signifie à la fois BÉNÉDICTION et OBLIGATION.

Le bonheur domestique, qui pour la femme dont il est fait ci-dessus mention, a suivi son baptême, a été la conséquence de sa soumission absolue à cette divine injonction: «Il faut

Pendant près de quatre années elle craignit son mari et n'osa pas confesser Christ devant les hommes. Alors elle résolut de regarder à Dieu avant tout et de considérer sa volonté comme suprême: et le jour même où elle agit conformément à sa résolution, le plus ardent désir de son cœur se réalisa par la conversion de son mari, et par le changement qui se produisit au foyer domestique où vingt années d'union dans le Seigneur suivirent un temps d'hostilité et de souffrance.

A. D.

La pioche et la truelle N° 16 (1891?)


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