Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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MORT PAR SA FAUTE


Si votre mari ne se décide pas à prendre ses paquets de quinine, il est perdu!

Hélas! la pauvre femme le savait bien, et depuis deux jours que la maladie marchait à pas de géant, plus de vingt fois elle avait supplié son mari de prendre le remède souverain; jamais il n'y avait consenti.

Mais, Monsieur, dit-elle au médecin, j'ai beau le supplier...

Alors. Madame, mon ministère est inutile. La fièvre bat son plein, à chaque heure il s'affaiblit. La quinine le sauverait, pourquoi ne suit-il pas mes conseils?

Est-il vraiment malade, interroge anxieusement la dame, cherchant à se rassurer contre la terrible catastrophe qu'elle prévoit.

Je vous le répète, Madame, à vue humaine, il est perdu!


La pauvre femme, essuyant ses yeux rougis par les veilles et les larmes, serre la main du médecin et se hâte de rentrer dans la chambre du malade.

Pourquoi ne veux-tu pas de ce remède, demande-t-elle, il te ferait tant de bien, etc.

Et c'est merveille de voir avec quelle douce insistance elle essaye de persuader son mari.

Je ne suis pas sur que la quinine me guérisse.

Mais essaye toujours! Le médecin se fait fort de te remettre sur pied.

Je ne sais pas seulement quelle espèce de quinquina on a employée.

Mais peu importe s'il guérit.

Pardon, il y a quatre espèces de quinquina, le gris, le jaune, le rouge et le blanc. De quelle sorte s’est-on servi!

Je l'ignore, mon ami, mais c’est de peu d'importance, du moment que...

Je voudrais être renseigné.


Devant l'incompréhensible obstination du malade, la femme court chez le pharmacien.

Monsieur, pourriez-vous me dire d'où l'on a tiré ce sulfate de quinine?

Madame, c'est du quinquina de première qualité, je vous assure...

Mon mari voudrait savoir quelle sorte on a employée, le rouge, le gris, etc.

Mais, Madame, je l'ignore moi-même; il faudrait s'adresser à mon fournisseur. Permettez-moi de m'étonner, c'est la première fois qu'on me pose une telle question.

Ah! Monsieur, mon mari ne veut absorber ses cachets que s'il sait l'espèce exacte.

Je vais essayer de m'en rendre compte, Madame.

Et voilà le pharmacien qui, par compassion, se met à chercher ses factures, à examiner les échantillons de la précieuse écorce, à compulser ses lettres, et enfin, après de longues minutes, éternelles pour le cœur de l'épouse dévouée, il lui dit:

Madame, c'est du quinquina jaune, c'est la meilleure espèce.


La femme remercie à la hâte le pharmacien et rentre vivement auprès de son mari.

Rassure-toi, mon ami, lui dit-elle avec l'accent du triomphe, c’est de la meilleure espèce, du quinquina jaune! Et de sa main qui frémit d'espérance, elle approche le cachet des lèvres blanches du malade.

Le malade repousse doucement la main.

Je voudrais savoir son lieu d’origine.

Que veux-tu dire, s’écrie sa femme qui comprend à peine et qui constate avec angoisse les terribles ravages que la fièvre a faites pendant son absence.

Le quinquina pousse également au Pérou, en Bolivie, dans l'Équateur et à la Nouvelle-Grenade, continue le mari avec une précision merveilleuse; d'où vient celui-là?

Mais, mon cher ami, s'écrie la pauvre femme qui peut à peine contenir ses larmes, ne vois-tu pas que tous les retards aggravent ta situation! tu meurs! mon cher ami, je t'en supplie, par amour pour moi, au moins, prend le remède.

Le malade secoue tristement la tête:

Si je ne sais pas d'où il vient, je refuse d'y toucher.


L’épouse éplorée retourne en courant chez le pharmacien: elle s'excuse, supplie l'honnête homme de se prêter à ce dernier caprice.

Madame, je suis heureux de n'avoir pas à vous retenir, j'ai continué mes recherches; mon fournisseur se sert chez Pedro, de Lima, je suis sûr de mon fait.

Il est de Lima même, s’écrie-t-elle en rentrant, il est de pure origine, tu es sauvé!


La pauvre femme s’attend à ce que son mari accepte le remède, mais à sa stupéfaction, a son immense douleur, le malade écarte encore la précieuse poudre.

Je ne suis.... pas sûr.... du.... pharmacien, dit-il à mots entrecoupés par l'agonie!

Hélas, que faire? la malheureuse épouse éclate en sanglots:

Au nom du ciel, mon ami, laisse-toi persuader;tu ne vois pas que tu me brises le coeur, tu n'as plus que le souffle.

Peine perdue, pleurs, cris, supplications, rien n'y fit.

Le même soir il rendait le dernier soupir.


* * *


Est-il possible qu'un pareil insensé ail jamais existé, vous demandez-vous!

Halte-là, lecteur! IL S'AGIT PEUT-ÊTRE DE TOI DANS CETTE HISTOIRE.

Peut-être souffres-tu de te voir si faible contre les tentations, coupable de péchés que tu regrettes, mais que tu n’as pas la force d’éviter?

Peut-être ta conscience t'accuse-t-elle devant Dieu?

Peut-être as-tu peur de la mort, du jugement, de l'éternité?

Tu soupires après la pureté, la sainteté, la justice et tu ne les vois ni chez les autres, ni chez toi-même.

Tu as soif de bonheur et tu vas mourir sans l'avoir connu!

Pourquoi n’essayes-tu pas de l'Évangile?

Des milliers, des millions d'hommes, sont morts pour attester la réalité des espérances de la foi. Actuellement encore, des milliers, des millions d'hommes se déclarent pleinement heureux et en rendent gloire à l'Évangile.

Pourquoi ta défiance à l'égard de l'Évangile?

Pourquoi accumules-tu les objections contre la Parole de Dieu?

Tu voudrais:

sonder les mystères,

lever tous les voiles,

tu ergotes,

tu discutes les dogmes, les interprétations. Les traductions!

MALHEUREUX, NE VOIS-TU PAS QUE TU MEURS?


Comme un malade étreint à la gorge par la froide main de la mort, tu jettes des regards désespérés autour de toi: tu répètes peut-être l'appel si navrant que Jules Ferry adressait à son frère: «Charles, disait-il, Charles, sauve-moi!», et pourtant le remède est à portée de ta main.

Viens à l'Évangile, mon frère. Crois à la parole de Celui que même l'incrédule honore; viens à Jésus, la plus haute conscience qui ait paru sur la terre;


C’EST LUI QUI TE DONNERA LA PAIX DE L'ÂME....,

LA JOIE DE LA RÉCONCILIATION AVEC DIEU

ET

L'ASSURANCE DE LA GLOIRE ÉTERNELLE.


Pauvre agonissant, tu cherches le salut? Le voilà!

S. Vincent


* * *


Il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes,

Jésus-Christ homme,

qui s’est donné lui-même en rançon pour tous.

(1 Tim. II, 5-6)


La pioche et la truelle N° 15 (1891?)


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