Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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UN ENFANT PRODIGUE


Un jeune homme, élevé au sein d’une famille plus ou moins pieuse, selon les principes de Rome, avait atteint sa majorité; mais hélas! à mesure qu’il avait grandi, des vices étaient nés et s’étaient développés dans son cœur.

Ses parents le mirent dans le commerce. Là, il chercha les délices du péché: il les but à longs traits. Il voyagea, vit du pays; mais après quelques années de cette vie dissipée, il attira sur lui l’opprobre et se trouva bientôt dans une grande pauvreté.

Pour couvrir l’honneur de leur fils, ses parents vendirent une partie de leurs meubles et furent, à cause de lui, réduits à la misère. Or, ce fils, ne pouvant plus faire de commerce ni mener joyeuse vie, s’ennuyait.

Les nuits et les jours lui semblaient longs. Il réfléchissait, et en voyant dans quel état il avait mis ses parents et lui avec eux, sa conscience l’accusait, le torturait et lui disait: «C’est toi qui es la cause de ce désastre.» Oui, c’était bien lui; mais il se refusait de se l’avouer à lui-même.


Étant sans ressources, il dut prendre un parti, et entra chez un de ses amis de débauche, un incrédule de bas degré, où il travailla pour son pain. Mais comme cet incroyant était en même temps grand buveur, le pain manquait souvent chez lui, de sorte que le pauvre jeune homme ne pouvait pas toujours satisfaire sa faim. Un jour, se sentant défaillir, il courut au jardin et mangea des prunes vertes, dures comme du bois, pour ne pas tomber d’inanition.

Heureusement, la bonne mère de ce fils dissolu apprit la situation lamentable de son malheureux enfant et elle s’empressa de lui porter du pain, ce qui permit à ses hôtes et à lui de faire un repas qu’ils trouvèrent délicieux.

Mais la pauvre femme était à peine dehors, que l’enfant prodigue se mit à sangloter, en considérant la tendresse et l’amour de sa chère mère qu’il faisait tant souffrir.

Sa conscience ne lui donnait point de repos. Sans cesse, elle lui disait: «C’est ta faute! c’est ta faute!»

Et pourtant, il voulait persister dans son incrédulité et dans ses vices. Les jours se suivaient et la situation empirait de plus en plus. Tous les soirs, il était obligé de se coucher sur le plancher, souvent le ventre creux.

À la fin, les criailleries de son ami l’obligèrent à partir, et il résolut de retourner chez ses parents qui, il le savait, pleuraient sur leur fils égaré.

Il se dit: «Je leur promettrai d’être sage.» Et il partit.

Son père et sa mère l’accueillirent à bras ouverts.

Les premiers jours se passèrent pour eux dans les récits mutuels de leur profonde douleur. Un peu plus tard, l’enfant prodigue voulant distraire son esprit chercha des livres. Il mit les yeux dans les romans; mais cela ne pouvait ni chasser ses remords ni calmer sa conscience, ni lui procurer le pardon.

Il avait pourtant une Bible chez lui; mais il ne la lisait jamais. Cependant, après quelque temps, il se décida à ouvrir le Livre de Dieu.

Il sentait que le peu qu’il en lisait lui faisait du bien; mais son cœur était si attaché aux choses sensuelles qu’il ne prenait guère plaisir au saint volume.

À quelque temps de là, le Seigneur se présenta à lui dans la personne d’un ami chrétien, à qui il fit part des inquiétudes qui rongeaient son âme.

Celui-ci lui parla DES NOMBREUSES PROMESSES DE DIEU, CONTENUES DANS LA BIBLE, et, après un long entretien, cet ami invita le pauvre garçon à se rendre le dimanche suivant à un lieu de culte, à huit kilomètres de chez lui. Les six jours qui le séparaient du jour du Seigneur s’écoulèrent péniblement.

Enfin, le dimanche arriva. Le jeune homme se rendit à la réunion, où il se trouva en face d’un serviteur de Dieu, homme de foi et de prières. Il l’entendit prêcher sur ce texte:


«L’homme dont le cœur est partagé est inconstant dans toutes ses voies.»


Il reçut ce jour-là une fort bonne impression. De retour chez lui, il fit part à ses parents des sentiments qui l’animaient et leur dit:

«Je veux devenir un vrai chrétien évangélique. Les hommes avec qui je viens de passer ma journée sont les seuls qui soient sages.»

Les parents du malheureux s’opposèrent à lui d’abord; mais il avait soif de pardon et de paix.

Le dimanche suivant, il retourna au lieu de culte où il avait reçu tant de bien. Ce jour-là, il entendit un jeune pasteur plein de zèle et d’amour, cherchant les brebis perdues, qui prêcha avec une grande ferveur sur la conversion du geôlier de Philippes. Son texte:


«Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé»,


perça le cœur du jeune homme avide de grâce. Il ne pouvait plus se contenir tant son émotion était grande.

Lorsque le sermon fut terminé, le jeune ministre, qui avait sans doute remarqué le visage attristé du malheureux garçon, proposa aux amis de rester pour prier et demanda aux inconvertis s’ils ne sentaient pas le besoin des prières de l’assemblée.

Le pénitent, les larmes aux yeux, fit signe qu’on priât pour lui.

Tous les frères le firent de bon cœur, et, pendant ce temps, le Saint-Esprit fit son œuvre dans l’âme du jeune homme. Profondément ému, il ne put résister plus longtemps et livra son cœur à Jésus. Enfin, il pria lui-même publiquement, bien qu’il ne sût pas trop que dire pour demander le pardon de Dieu.

Le Seigneur entendit ses soupirs et répondit à ses appels; car aussitôt qu’il eut fini sa prière, il sentit que ses péchés lui étaient pardonnés et qu’il était reçu en grâce.

Il ne connaissait guère encore les saintes Écritures, mais ce qu’il avait entendu lui suffisait. Puis une voix intérieure lui disait:


«Mon fils, va en paix, ta foi t’a sauvé».


Oh! comme il avait hâte de rentrer chez ses parents pour leur raconter les merveilles de la grâce de Dieu et leur dire quelle joie et quelle paix le Seigneur avait mis dans son cœur, à la place du remords et des terreurs du péché: joie et paix qui, depuis lors, ne se sont pas démenties un seul instant.

Et maintenant, est-ce trop que ce jeune homme consacre son temps, ses forces, sa vie tout entière au service de celui qui est mort pour le racheter de ses péchés et lui acquérir le ciel?

Non certainement.

Si ce récit devait être lu par quelque pécheur, non encore réconcilié avec Dieu, et tremblant en face de la justice divine, l'enfant prodigue prie ce pécheur de croire au Crucifié qui a porté nos péchés en son corps pour nous sauver de la condamnation et de la mort éternelle.

Qui que vous soyez, vous n'êtes pas plus loin de Dieu que je ne l’étais.

Allez à notre bon Sauveur. Il ne met dehors aucun de ceux qui vont à Iui.

Il appelle les savants et les ignorants:


IL VEUT LES SAUVER TOUS!


Allez seulement à lui. Mais ne doutez pas d'un miracle aussi grand et aussi instantané que celui dont je viens vous parler..., car le jeune homme converti et heureux, c' est celui qui vient de vous raconter cette histoire véritable.

H. D.

La pioche et la truelle N° 17 (1891?)


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