Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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VARIÉTÉS

HEUREUX SANS LE SAVOIR.


Bien que les tristesses subsistent souvent malgré la famille, bien qu’elles puissent même parfois prendre occasion de la famille pour se manifester en nous, toutefois l’air du foyer leur est contraire.

Les mélancoliques sont rares dans les vraies familles: ceux qui sont tristes là souffrent assurément d'un mal réel qu’il ne faut pas traiter à la légère.

Quant aux autres, il ne leur manque que d’ouvrir les yeux, et cela aura lieu tôt ou tard.


Les heureux sans le savoir, forment ici-bas les trois quarts des mécontents.


Mlle Brousson (fondatrice d’un asile de vieillards à Yverdon) voit un jour venir à elle un homme de la campagne, qui entre brusquement et de fort méchante humeur:

Mademoiselle, ça ne va pas chez nous, je suis malheureux avec ma femme, je n’y tiens plus.

Votre femme manque-t-elle à ses devoirs?

Oh! pour çà. non.

Vous aime-t-elle?

Oh! pour çà, oui.

Élève-t-elle mal ses enfants?

Oh! pour çà, non.

Tient-elle bien votre ménage?

Oh! pour çà, oui.

Alors, mon cher ami, vous êtes un enfant gâté, vous vous plaignez quand vous devriez rendre grâces, vous êtes heureux sans le savoir.

Heureux sans le savoir? Mademoiselle, grand merci! C’est cela Heureux sans le savoir!

Et il sort comme il était entré, brusquement sans saluer. Mais plus tard, il est revenu, et seul, et avec sa «chère» femme. Et ils ne savaient comment remercier assez celle qui lui avait ouvert les yeux:


Ils étaient heureux, et ils le savaient.



* * *


ALCOOLISME.


Frères, perdre son argent n’est pas tout. L’alcool, ce démon, saisit ce qu’il y a de plus sacré dans la famille, de plus saint dans la religion. de plus immortel dans l’âme et le foule aux pieds, l’écrase dans la boue.

Voyez! L’aube du mariage s’est levée. Le jeune couple s’agenouille, rayonnant de bonheur, les orgues chantent, le jour resplendit. À la voile, pour le brillant voyage de la vie! Les souffles sont caressants, le ciel plein de promesses. Les flots vermeils rient autour de l’esquif.

Voyez! Voyez! Tout a changé! un logis sordide, un grenier sans feu. Sur l’escalier une femme est assise, pâle, abattue et désolée. Elle sait ce que c’est que d’être la femme d’un buveur. Abandon, mépris, pauvreté, elle a sondé ces détresses. La nacelle qui dansait gaiement au matin du mariage, n’est plus qu’un lugubre ponton démâté, qui fait eau de toutes parts.

Oh! s’écrie l’infortunée, le mien, mon mari! C’était pourtant le meilleur des hommes, qui aient jamais respiré sur la terre! Si bon, si doux, si généreux!

«Non, jamais Dieu n’en créa un pareil!»

Puis elle baisse la tête. Entendez-vous ce qu’elle murmure:


«LE VIN L'A PERDU!»


(Traduit de Talmage.)


* * *


FRAGMENT DE LA PREMIÈRE LETTRE D'UN CONSCRIT À SES PARENTS.


..... Et maintenant je suis à la poste (pour vous écrire) et très pressé. Toutefois, ô vous qui êtes dans mon cœur; soyez certains que je suis heureux. La main de mon Dieu est sur moi et l’ange de l’Éternel est à ma droite. C’est à lui que je dois ces moments où je vous écris.

Bénissez-le avec moi. Il est ma joie, mon refuge, mon ami, mon conseiller, mon confident, il est mon tout.

Oh! comme il vous remplace bien auprès de moi.

Comme il m’entoure de ses bontés!

Je crois pouvoir obtenir une permission de 24 heures dans trois semaines. Oh! mère chérie, te consoles-tu? Peux-tu te passer de moi? As-tu renoncé à mon baiser? Acceptes-tu de ne plus entendre mon chant? J’espère que oui.

Je crois que celui qui me donne la paix et la joie te les procure aussi et que tu trouves en Dieu tout ce que j’y trouve moi-même.

Éprouve-le, et tu verras que tu n’y pourras suffire. Il te donnera au centuple tout ce que tu auras abandonné pour son amour.

Et vous, cher oncle, acceptez-vous?

Et toi, L..., tes larmes ont-elles tarie? Tiens-tu, as-tu tenu la promesse que tu m’as faite ce matin?

Et toi, mon petit A.. , es-tu sage? Aides-tu la maman? Apprends-tu tes leçons? Es-tu tous les jours meilleur?

Tout cela je le crois, je le crois parce que c’est la main de Dieu qui fait tout......

La pioche et la truelle N° 19 (1891?)


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