Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

----------

LES JURONS


Les juifs contemporains de Jésus-Christ avaient tellement peur de prendre en vain le nom de l’Éternel que même dans leur culte, et en lisant le volume sacré, ils ne le prononçaient pas. Chaque fois qu’ils rencontraient ce mot dans le texte, ils le remplaçaient par celui de Seigneur. C'est au point que la prononciation de ce mot dont nous ne connaissons que les consonnes, s’est perdue: les juifs l’ont oubliée, et les savants ne peuvent se mettre d’accord pour la rétablir. La seule chose certaine, c’est que le mot, Jéhovah composé des mystérieuses consonnes, et de voyelles du mot hébreu qui signifie Seigneur, n’est pas le nom trois fois saint dont les prophètes avaient la révélation.

Le Nouveau Testament nous montre par quelles périphrases les hommes pieux, et même ceux qui affectaient de l'être, désignaient l’Éternel.

Ainsi Caïphe, le Souverain sacrificateur, interrogeant Jésus, lui demande; «Es-tu le fils de Celui qui est béni» (Marc XIV, 61).

Si Jean, transporté au ciel, fut tellement frappé de la grandeur et de la majesté de Dieu, qu’il n’ose plus prononcer son nom «Sur le trône, dit-il, Quelqu'un est assis.»

Et ailleurs: «Puis, je vis dans la main droite de Celui qui était assis sur le trône, un livre. .»

Les Anges eux-mêmes se permettent à peine de prononcer le saint nom: «À Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, soient empire et magnificence!».


Cependant, ce nom qui semble trop grand pour être chanté par les purs esprits célestes, n’est-ce pas le comble de la perversité humaine qu’il soit craché avec colère par la bouche immonde de misérables êtres perdus de souillures et de crimes?

Les païens de l’antiquité blasphémaient à tout propos; leurs mœurs abominables ont persisté dans le monde soi-disant chrétien, et parfois hélas! SOUS UNE FORME PLUS RAFFINÉE, SE SONT INSTALLÉS DANS L’EGLISE.

Il n’est pas nécessaire de rappeler ici les blasphèmes les plus grossiers qui épouvantent parfois, espérons-le, ceux même qui les prononcent.

Mais I'habileté de Satan a inventé d'autres expressions qui paraissent moins grossières et qui ne sont que plus hypocrites; et ce sont ces dernières qui pénètrent parfois jusque dans l'Église.


Entrons dans les détails, car les détails seuls instruisent.

PARBLEU est une corruption hypocrite des mots par Dieu; chaque fois que vous voyez bleu dans un juron, dites-vous bien que c’est une corruption hypocrite du mot Dieu. MORBLEU signifie par la mort de Dieu.....

Dans la conversation courante on dit sans aucune raison: MON DIEU OUI, MON DIEU NON, GRAND DIEU: c’est pécher contre le troisième commandement qui nous défend de prendre en vain le nom de l’Éternel notre Dieu.


On ne peut tout dire, sur ce sujet, car on craint de faire sourire quand il faudrait pleurer. Quelques personnes croient être moins impies en jurant par l’ennemi de Dieu, en disant: DIABLE, ou DIANTRE qui a la même signification; mais mêler ce nom maudit à vos paroles, c’est oublier qu’il est celui du Père du mensonge.

D'autres donnent cours à leur tempérament de jureurs en disant à chaque instant: MA FOI OUI, MA FOI NON!

Si vous n’avez pas la foi, pourquoi en parlez-vous?

Si vous l’avez, vous devez sentir qu’elle est assez précieuse pour que vous ne l’employiez pas à un usage si vain.

Pour attester sa véracité, on dit encore: MA PAROLE D'HONNEUR! Mais si vous êtes honorable, vous n’avez pas besoin de ce jurement pour être cru; si vous ne l’êtes pas, ce jurement ne confirme rien.


* * *


Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain;

car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.

(Deut. V, 11)


* * *


Avant toutes choses, mes frères,

ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment.

Mais que votre oui soit oui, et que votre non soit non,

afin que vous ne tombiez pas sous le jugement.

(Jac. V, 12)


La pioche et la truelle N° 19 (1891?)


Table des matières