LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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JOURNAL DES JOURNAUX

C’EST PAR LÉGÈRETÉ QUE...

De la Bonne Nouvelle:

Trop souvent on entend des gens dire: Ce n'est que de la légèreté. — Eh bien! oui, ce n’est que par légèreté que des garçons ont transgressé la défense de jouer avec des armes à feu et que deux d'entre eux en ont souffert leur vie durant.

– C’est par légèreté que des enfants ont joué sur la glace trop faible... et ils se sont noyés.

– C'est par légèreté que le domestique est entré dans l’écurie avec une pipe allumée... ce qui a causé l'incendie de tout un village.

– C’est par légèreté que la jeune fille a oublié les avertissements du docteur et a dansé pendant des nuits entières.... imprudence dont les suites funestes ont été un long dépérissement et une mort prématurée.

– C’est par légèreté que maint jeune homme passe un temps précieux au café, au lieu d'être à des cours ou à la table de travail...; il en devient un vaurien, et sa pauvre mère en mourra de chagrin.

– C'est par légèreté que le jeune homme fait à la jeune tille, innocente et inexpérimentée, des promesses qu'il ne songe pas à tenir et qu'il a bien vite oubliées.

– C'est par légèreté que le jeune ménage fait plus de dépenses que ses revenus ne le lui permettent...; le mari se laisse aller à prendre dans la caisse qui lui est confiée et finit par la prison.

On écrirait des volumes si l'on voulait continuer sur ce thème: ce n’est que de la légèreté!

Mais surtout:

C'est par légèreté que l'homme néglige son âme immortelle et vit au jour le jour, comme s'il était sur cette terre uniquement pour manger, boire et se divertir, tout au plus pour travailler..., ET SON ÂME EST PERDUE A JAMAIS.

La pioche et la truelle N° 19 (1891?)