Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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TOURNÉE MISSIONNAIRE DANS LE PAS-DE-CALAIS.


Je viens de faire une tournée de seize jours dans notre champ d’évangélisation, parmi les mineurs du Pas-de-Calais. Accompagné de nos deux vaillants et dévoués témoins de Jésus-Christ de ces régions-là. MM. les pasteurs Farelly et Vautrin, j'ai successivement visité les églises et quelques postes confiés à leurs soins.

Il me serait difficile de traduire en paroles les fortes et douces émotions qui ont envahi mon cœur à la vue des choses admirables et glorieuses que l'Esprit de Dieu avait accomplies là et accomplissait encore par la prédication de son indestructible Évangile.

Voilà des églises, formées entièrement d'anciens catholiques, toutes jeunes encore — leur création remonte à peine à quatre ans — et sorties depuis peu de mois seulement d’une tourmente si redoutable que, moins convaincus des dispositions infernales de leurs perturbateurs, et moins assurés de la protection dont Dieu les couvrirait, nous les eussions cru à la veille d’une ruine totale, voilà, dis-je, ces églises de nouveau solidement assises sur le roc éternel et jouissant de toutes les garanties que leur divin Chef, leur confère dans cette promesse: «Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elles.»

Les tempêtes qui ont passé sur cette région y ont produit les effets qu’elles produisent dans la nature: ces églises en ont été purifiées; les éléments gangrénés en ont été éliminés et les amis de l’ordre et de la vérité se sont ressaisis, et ont commencé à éprouver le besoin d'une plus entière consécration au Seigneur et à la cause qu’il leur avait confiée. La paix une fois rétablie dans leur sein, l'enthousiasme des premiers jours y a fait sa réapparition, et les brèches occasionnées par LES EXCLUSIONS JUGÉES NÉCESSAIRES n’ont pas tardé à se réparer progressivement.

C’est donc dans ces églises, soupirant après un réveil, que Dieu m’a permis, en collaboration avec leurs conducteurs, de:


PROCLAMER LA CONDAMNATION DE DIEU ENCOURUE PAR TOUT HOMME,

ET GRÂCE OFFERTE À TOUT PÉCHEUR REPENTANT.


Aussi, les trois, quatre et cinq réunions consécutives consacrées à chacune des quatre localités suivantes, ne sont pas restées, Dieu en soit béni, sans résultat. Prédications et visites ont porté le sceau de Dieu.


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Vermelles est une cité de mineurs, et possède une chapelle de bois. L’église, fondée il y a deux ou trois ans, compte près de quarante membres, arrachés à l’Église romaine. Nous y avons travaillé sans interruption depuis le dimanche jusqu’au mercredi inclusivement, et l'Esprit de Dieu y a travaillé aussi et mieux que nous. Les larmes, les cris, les supplications des pécheurs, repentants et malheureux, puis leurs actions de grâce témoignaient assez de la présence de Dieu au milieu de nous.

Nous pensons que trois jeunes gens et la belle-fille de parents sauvés précédemment sont entrés dans le royaume de Dieu, avec d’autres personnes encore.


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Lens, abandonné par nous à la suite des troubles causés par des maçons démolisseurs, a de nouveau une salle de conférence, mais trop petite pour l'auditoire qui s’y rassemble, et mal située; nous attendons et nous cherchons mieux. Dieu veuille nous faire trouver l’argent nécessaire à l’érection d'une salle de bois.

Plusieurs personnes nous ont dit sérieusement avoir saisi le salut. Une dame catholique, — j’éprouve le besoin de répéter que nos auditeurs sont tous catholiques, à une ou deux exceptions près — à une de nos visites, nous déclarait qu'elle avait le cauchemar, la nuit, des choses entendues le soir à la réunion, et ne cessait d'en parler à son mari.

Une autre, en s’entendant appliquer la malédiction divine dénoncée par Gal. III, 10, contre tout violateur de la loi de Dieu, s'écria, en pleurant: «MAIS, VOUS M’EFFRAYEZ!»

Toutes les deux parlent maintenant de la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence. — Les réunions — chez les mineurs la chose est facile — commençaient à 5 heures du soir et finissaient vers 7 heures 1/2, et il est arrivé que certains de nos auditeurs se retiraient, après la réunion, chez l’un ou l’autre d’entre eux pour parler encore jusqu’à minuit des choses vraies et solennelles dont ils avaient été entretenus. Dans ce terrain, si bien préparé à l’avance, une œuvre sérieuse s’est faite.


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Béthune, ville bourgeoise et cléricale par excellence, entamée par l’Évangile depuis peu seulement par M. le pasteur Farelly, a déjà donné de beaux et solides résultats. Le petit noyau de chrétiens déjà existant s’augmentera, prochainement, j'espère, de plusieurs nouveaux convertis qui attendent le baptême.

Un cher homme m’a raconté, les larmes aux yeux, sa jeunesse manquée, les divers appels que Dieu lui avait adressés, surtout par des maladies, et ensuite sa joie d’avoir trouvé en Jésus le réparateur des brèches de sa vie mondaine. Un rayon de bonheur divin paraît avoir pénétré dans cet intérieur. La femme partage aussi les espérances de son mari. Et ils ne sont pas les seuls qui aient reçu la visite de la colombe céleste.


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À Bruay, il y a une jeune église bien vivante. Le baptême de souffrance morale qu’elle vient de recevoir ne l’a ni paralysée, ni affaiblie, ni même découragée. Elle compte dans son sein des membres qui viennent de loin, et Jésus est descendu au fond de l'abîme pour les en retirer.

Un cher mineur, déjà avancé en âge, a raconté que la veille même de sa conversion, il avait encore battu sa femme, et cette dernière m’a montré au panneau d’une porte de buffet tout étincelant de propreté, une longue fente produite par un ou plusieurs coups de pieds de son mari dans une de ses furies d'ivresse.

Cette pieuse mère a une fille qui marche sur ses traces. Son mari, au moment de sa conversion remontant à deux ans environ, fut excité contre elle par ses parents, et lui rendit la vie dure: il résolut de la quitter et d’enlever les meubles du domicile conjugal. Les gendarmes et le maire s’étaient rendus sur les lieux, où leur arrivée avait occasionné un grand rassemblement des habitants des corons évalué à deux cents personnes. Le journal de la ville parlait de l’événement. Les représentants de la loi, étonnés de la constance et de la résistance de la jeune femme, lui conseillèrent de ne pas se brouiller avec son mari pour affaire de religion: «cela ne valait pas la peine,» disaient-ils.

Elle répondit: «Je suivrai l’Évangile; j’en ai assez d’une religion dont vous êtes

Lecteur, écoute, et bénis Dieu: samedi dernier, 2 février, ce mari intraitable, dans une réunion a dit: «PRIEZ POUR MOI.»

Bientôt, si ce n'est déjà, il jouira de la paix glorieuse dont le cœur de sa femme déborde. Celle-ci a déjà deux autres sœurs et un frère qui servent le Dieu de l’Évangile.

Si l’espace dont je dispose me le permettait, je pourrais parler d’autres transformations admirables produites par le Saint-Esprit dans cette ville de mineurs.


Je ne puis pourtant ne pas dire un mot d'un ancien ivrogne, d’origine belge, converti l’année dernière, et qui, tout en ne sachant pas lire, s’occupe activement avec son pasteur à conduire les âmes à Christ.

Dimanche dernier, il l’a accompagné dans une localité voisine pour raconter, me disait-il, à ses anciens compagnons de cabaret comment Jésus l’a sauvé de la boisson, et les presser de venir à la réunion.

Un autre radieux tableau est encore trop présent à mon esprit pour que je n’en donne pas gloire à Dieu ici dans quelques lignes.

J’ai vu une nombreuse famille dont le chef, grièvement blessé il y a un an, au fond de la mine, ne peut plus depuis ce temps se servir ni de ses bras, ni de ses jambes. Assis pendant le jour dans son fauteuil, il ne le quitte que pour être porté au lit, et cet homme paralysé est tout rayonnant du bonheur d’avoir, dans sa maladie, trouvé Jésus. «Si en guérissant, dit-il, je devais retourner à mon ancien train de vie, je préférerais rester toujours malade.»

Sa femme et trois enfants ont été baptisés l’année dernière, et j’ai entendu une chère petite fille de cette famille, sangloter à une réunion de prière, de ce que, pendant la réunion du matin, tenue dans la chambre de son père malade, un de ses frères aînés, avait d’abord racommodé des souliers, puis s’était mis à manger, et enfin, après avoir chantonné une romance dans la chambre voisine, avait repassé par notre salle pour quitter la maison, mais non sans prendre la casquette qu’il avait eu de la peine à trouver.

Glorieux évangile! Heureuse famille affligée! — Plusieurs personnes ont fait profession de s’être données à Dieu au cours de ces réunions.

C’est à Bruay que j'ai rencontré le premier mineur abstinent de toute boisson enivrante: «Depuis trois mois, me dit-il, que j’ai signé mon engagement, je suis moins fatigué dans mon travail et j’ai augmenté de huit livres


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Auchel. Je n’ai pu passer qu’un jour à Auchel, me réservant de m’y arrêter plus longtemps dans un prochain autre voyage; la température sibérienne dont nous souffrons ne se prêtait, guère à une série de réunions d’évangélisation intensive, le mineur étant par ses travaux souterrains très sensible au froid. Cependant à la réunion du soir quelques auditeurs donnèrent des signes évidents de préoccupations d’âme.

Trois d’entre eux ont même déclaré avoir trouvé la paix. Mon ami Rafinesque à qui incombe cette œuvre m’a parlé de plusieurs personnes prêtes à être reçues dans l’Église par le baptême, dans d'autres localités qu’il évangélise.

Nous ne dirons pas le nombre de personnes qui, au cours de ce voyage missionnaire, ont fait profession de s’être repenties de leurs péchés et d’avoir accepté Jésus pour Sauveur. Dieu seul connaît les cœurs et la mesure exacte dans laquelle son œuvre s’y est faite. Nous sommes pourtant certains d’une chose: c’est que nous avons été témoin de manifestations non équivoques du Saint-Esprit.

Dieu, qui a appelé à la conversion ces précieuses âmes, veuille les sanctifier en lui et les conserver en Jésus-Christ (Jude 1), à sa louange et à sa gloire. — Qu’il nous fasse aussi trouver les fonds indispensables pour doter, au plus tôt, certaines cités minières de salle de conférences, et nous envoie de nouveaux ouvriers pour nous aider à réaliser le programme des églises baptistes du nord de la France: TOUT LE BASSIN HOUILLER POUR JÉSUS.

M. Meyer

La pioche et la truelle N° 32 (1891?)


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