Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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AVEC UN PRÊTRE

(MARIE, LE PURGATOIRE, LE BAPTÊME DES ENFANTS)


L’autre dimanche, en arrivant à notre chapelle de la rue de Lille, je rencontre devant la porte deux prêtres en train de discuter avec deux membres de l’Église, sortis tous deux du catholicisme. Aussitôt, je me joins à ces derniers pour défendre l’Évangile et la foi que nous professons.

L’un des prêtres partit au bout de quelques minutes; mais l’autre resta et continua une conversation pleine d’intérêt.

Les fidèles qui venaient au culte s’arrêtaient pour écouter. Les passants aussi prenaient un vif plaisir à nous entendre discuter. Bientôt une grande foule s’amassa, tellement qu’un sergent de ville vint nous rappeler que les rassemblements sont interdits. Plusieurs de nos amis, sortis de l'Église romaine, rendirent UN EXCELLENT TÉMOIGNAGE DE LEUR FOI EN MONTRANT PAR l’ÉCRITURE SAINTE ce que Jésus avait fait pour eux.

Notre frère Jean cita ce passage:

«Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, et APRÈS CELA VIENT LE JUGEMENT;

de même aussi le Christ, ayant été offert une fois pour ôter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois sans péché à ceux qui l’attendent pour le salut» (Héb. IX, 27-28), et montra que ces versets détruisent entièrement le purgatoire.

Mais l'heure du culte approchait, de sorte que nous allions être obligés de prendre congé de notre interlocuteur. Avant de nous séparer, nous voulûmes arriver à une conclusion pratique, et c’est alors que le soussigné posa au prêtre cette question:

«Si vous mouriez, pourriez-vous dire affirmativement: «JE SAIS QUE JE VAIS AU CIEL, JÉSUS EST MORT À MA PLACE??... »

Le prêtre. — Non, puisqu'il est écrit: «Personne ne sait s’il est digne d’amour ou de haine.»

Nous. — «Cette parole ne se trouve pas dans l’Évangile

Le prêtre. — «Je vous la montrerai.»

Nous. — «Montrez-là nous.»

Il fouille dans ses poches, faisant semblant de chercher, mais il ne montre rien. Alors, un peu embarrassé, il me dit: «Voulez-vous accepter un rendez-vous? Je vous montrerai où se trouve cette citation de l’Écriture.»

«Avec plaisir. Monsieur.»


Nous convînmes de nous revoir le mercredi suivant.

Il fut fidèle au rendez-vous. M. le pasteur Ph. Vincent et notre frère Pallas étaient présents; ce dernier avait déjà assisté à la première discussion.

Bien entendu, notre prêtre avait négligé de chercher dans l’Écriture l’introuvable passage; mais il se mit, d’emblée, à attaquer furieusement nos frères luthériens à l'aide de deux livres latins qu'il tira de sa poche. «Les Luthériens, affirmait-il, ne croient pas aux épîtres de saint Jacques, de saint Jude, ni à la seconde épître de saint Pierre.»

En guise de réponse, nous lui montrâmes, dans nos recueils, les épîtres mentionnées.

Il en croyait à peine ses yeux. «Alors, s’écria-t-il, mon livre se trompe! Vous me clouez, vous me clouez!»

Il se rabattit sur la sainte Vierge.

«Vous ne croyez pas, dit-il, qu'elle ait été sans péché.»

Rép.: «Nous avons la même opinion que l'ange Gabriel, qui la salua en ces termes:

  «Je te salue, toi qui a été reçue en grâce»

Le prêtre. — Mais, pas du tout; le texte dit: «Je vous salue, Marie, pleine de grâce.»


Nous allâmes chercher un Nouveau Testament et un dictionnaire grecs. Le mot en litige est un participe passif: kécharismèné. «Dans ce verbe passif, demanda le pasteur, qui est-ce qui fait faction?

C'est Dieu, répondit le prêtre.

Parfaitement, c'est Dieu qui reçoit en grâce Marie. D’ailleurs, dans son cantique, elle-même a exprimé en ces termes son état devant Dieu: «Je me réjouis en Dieu qui est MON SAUVEUR, parce qu'il a regardé LA BASSESSE DE SA SERVANTE.» (Luc I: 47 et 48.)

Si elle avait été pleine de grâce, comme disent les versions de Rome, elle n'eût jamais appelé Dieu «SON SAUVEUR»; elle n’eût pas parlé de «SA BASSESSE»: elle ne se fût pas appelée «LA SERVANTE DU SEIGNEUR.»

Donc, elle a été reçue en grâce comme nous tous à qui Dieu pardonne tous les péchés lorsque nous les déposons au pied de la croix de Jésus.»


Ne pouvant établir l'impeccabilité de Marie, le prêtre chercha à sauver au moins le PURGATOIRE, «CETTE VACHE À LAIT DU CLERGÉ ROMAIN».

Il croyait avoir deux textes irrésistibles.

Le premier, dit-il, se trouve dans le 2e livre des Macchabées. Il y est question de prières pour les morts.

Le pasteur: «Mais les livres des Macchabées ne sont pas canoniques; ils peuvent bien nous faire connaître les préjugés et les superstitions du temps où ils ont été écrits; mais non pas les éternelles vérités du salut.

Ce premier était enlevé au purgatoire, le prêtre essaya de faire valoir d’autant mieux le second. Il chercha longuement:

Mathieu XII: 32 et 33 «Et si quelqu'un a parlé contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné; mais celui qui aura parlé contre le Saint-Esprit n’en obtiendra le pardon, ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir.»

Vous l'entendez dit-il; puisqu'il est dit spécialement du péché contre le Saint-Esprit qu’il ne sera pas pardonné dans le siècle à venir, c’est bien la preuve que tous les autres péchés peuvent être pardonnés après la mort.

Si aucun péché ne pouvait être pardonné après la mort, Jésus n’eût pas eu besoin de faire une exception pour le péché contre le Saint-Esprit.

Le pasteur: «Le second livre des Macchabées que vous invoquiez tout à l’heure prouve qu’au premier siècle, s’était répandue chez les juifs l’erreur que le catholicisme a recueillie comme une vérité, et d’après laquelle, il y a encore, après la mort, une espérance d’être pardonné de ses péchés.

Notre Sauveur, voulant détruire cette erreur fait comprendre aux pharisiens: «Vous ne serez pas pardonnés de ce côté-ci de la tombe et n’attendez pas de l’être de l’autre côté

Jésus, bien loin de confirmer le préjugé de ses interlocuteurs, s'attache à le déraciner.

À notre tour, nous montrâmes clairement par d'autres passages qu’il n’y a pas de purgatoire.

Le brigand à qui Jésus dit: «AUJOURD’HUI, tu seras avec moi dans le paradis.»

Le riche et le pauvre Lazare: l’un meurt et va dans 
le sein d’Abraham et l’autre va en enfer dans les tourments.


Notre prêtre se trouvait embarrassé. Pour se tirer d'affaire, il essaya un autre moyen, qui lui réussit encore moins que tous les autres, comme vous allez voir:

«Vous ne voulez entendre que l’Écriture sainte, s’écria-t-il; mais l’Écriture sainte ne dit pas tout. Ainsi, trouvez-moi le baptême des enfants dans la Bible... Et pourtant, vous les baptisez-bien.»

Le prêtre, sûr de la portée de son objection, secoua la tête en clignant de l'œil d’un air de défi, se pencha en avant, rallongea de sa main ouverte le pavillon de son oreille et attendit:

Le pasteur. — Le baptême des petits enfants ne se trouve nulle part, ni dans l’Ancien ni dans le Nouveau Testament, aussi NOUS NOUS GARDONS BIEN DE LES BAPTISER. Nous ne baptisons que ceux qui croient, après leur profession de foi. Ceux-ci déclarent qu’ils sont sauvés par les mérites de Jésus, à l’exemple de leur Sauveur, ils descendent dans les eaux du baptême.

Le prêtre. — Mais... mais. Vous m'étonnez; comment, vous ne baptisez pas les enfants??... Quel genre de protestants êtes-vous?

Nous. — NOUS NE PRATIQUONS QUE CE QUI EST ÉCRIT DANS LA PAROLE DE DIEU.

Le prêtre allait d’étonnement en étonnement.

La conversation avait lieu dans une salle annexe de notre temple; nous le conduisîmes visiter notre baptistère: il ne se rassasiait pas de le regarder.

Pauvre prêtre! il nous a laissé une impression bien pénible.

Sa piété était sans joie,

son salut sans certitude,

ses convictions les plus chères sans fondement.

Tout en lui serrant la main, nous ne pûmes retenir quelques mots de profonde compassion Que Dieu l’éclaire, et ne permette pas que ce malheureux aveugle conduise plus longtemps d’autres aveugles, qu’il fera tomber avec lui dans la fosse.

E. Maneval.

La pioche et la truelle N° 32 (1891?)


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