Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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DANGER PRESSANT


Nos préoccupations, nos lectures journalières préférées peuvent donner une idée juste de notre état moral. Ce que le peuple lit surtout aujourd’hui, c'est le journal à un sou, et ce qu’il y cherche de préférence, c’est le fait divers et le feuilleton.


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Passé, le temps où l’on s'enflammait d’une belle ardeur pour le triomphe de la liberté;

Passée aussi l’époque plus récente où l’on suivait avec inquiétude les chefs aimés de notre jeune République, dans leurs vaillants efforts contre l’ennemi qui tentait de l'étouffer à son berceau;

Passé enfin le temps de la patrie en danger, où nos cœurs saignaient à la pensée de nos enfants et de nos frères tombant par milliers sous les canons de l’étranger envahisseur. !


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L’ère des luttes est terminée, et avec elle ont disparu les beaux sentiments d’enthousiasme qui maintenaient nos âmes dans une région supérieure.


Nous sommes descendus de ces hauteurs,

et nous sommes en train de tomber bien bas.


Le peuple d’aujourd’hui n’a plus à combattre: il a donc le temps de jouir, et IL VEUT JOUIR, — DE LA JOUISSANCE INFÉRIEURE, — non de celle qui est la récompense de l'effort, que l'on trouve en s’élevant, en s’ennoblissant, mais EN S'AVILISSANT, EN SE LAISSANT GLISSER SUR LA PENTE DES PASSIONS.


Dans ses lectures, il cherche une satisfaction à ces besoins de jouissance charnelle, et il ne manque pas d’écrivains sans scrupules, en quête de succès à tout prix, pour lui fournir la pâture désirée, AVEC TOUS LES EXCITANTS QUE LE GÉNIE DU MAL PEUT INVENTER.

Il faut lire les feuilletons les plus malpropres et les collectionner, et, horreur! en recommander la lecture à un ami, même à une amie.

Il faut être à l'affût et au courant de tous les scandales du jour, et certes, la liste en est longue, et jamais close:

Il faut se passionner, non plus pour la noble liberté de conscience, mais:

– –pour la licence;

pour la liberté des bals indécents;

pour la liberté des jeux où le pauvre ignorant perd le pain de ses enfants, puis se tue;

pour les tripots où il perd son honneur;

pour la liberté de la torture et du massacre publics de taureaux élevés et entretenus pour cette triste fin, aux applaudissements de vingt mille spectateurs, qui n’ont pas manque de faire profiter leurs enfants de cette leçon de courage, comme l’appelleront les bons apôtres de l'éducation à la dernière mode!



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Voilà où nous en sommes! Pour une déchéance, avouez qu’en voilà une complète! Quelle en est la cause?

C’est que la force qui soutenait nos pères cl qui nous a soutenus à notre tour dans les dangers extérieurs, était une force factice, une excitation produite par les événements du dehors, et non par de fermes principes moraux.

Ce qu’il aurait fallu, ce qu'il nous faut, car si le danger est grave, il n’est pas sans espoir, c’est UNE FORCE INTÉRIEURE PRODUITE PAR LA FOI AU DIEU VIVANT, au Père céleste dont l'amour n’a point laissé l’humanité en détresse, mais veut la relever de son abaissement et la sauver pour l'éternité;

Ce qu’il nous faut, c’est le vieil Évangile, «la puissance de Dieu pour le salut de tous ceux qui croient.»



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Le péril presse et grandit, le mal s’étend.

Que tout croyant soit à son poste et apporte son concours dans le «bon combat.»

Ouvrez les yeux d'un ami sur le danger de telles lectures, indiquez-en une meilleure; combattez le mauvais journal, répandez le bon;


NE LAISSEZ PAS LE MAL S'ÉTABLIR PRÈS DE VOUS SANS LE COMBATTRE!


Le moindre effort, la plus petite victoire, a un prix énorme, des conséquences incalculables, et par-dessus tout l’approbation du divin Maître.

Joël Carlier

La pioche et la truelle N° 33 (1891?)


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