Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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IVROGNERIE ET BLASPHÈME

(et, pour notre époque, ajoutons: drogues et blasphème)


Il n'y a pas longtemps qu’un certain nombre de marins entraient ensemble dans un wagon de chemin de fer. Ils étaient suffisamment chargés de sacs et de paquets, et ils paraissaient fort excités. La plupart évidemment se connaissaient et faisaient partie d’un équipage de navire nouvellement congédié.

Le langage de ces hommes était de nature à faire passer des frissons chez les personnes occupant la même voiture. Des flacons de spiritueux ne cessaient parmi eux de circuler à la ronde, et le résultat en fut qu’ils devenaient de plus en plus excités et tapageurs.

Arrivés à dix milles de Liverpool, un nouveau marin fit irruption dans la voiture et prit place dans un coin inoccupé. C’était un homme dans la force de l'âge, d’une figure ouverte et sympathique; il salua ses confrères d’eau salée.

À peine le train se fut-il remis en route, que les flacons circulèrent de nouveau, furent passés au nouveau venu qui refusa net en disant:

Je ne bois jamais de spiritueux!

Un jurement fut la réponse; c’en fut assez pour délier la langue du voyageur.

C’est une mauvaise habitude, de même que de jurer.

Halte-là; nous ne sommes pas ici pour entendre un sermon, nous pouvons en avoir à l’église quand cela nous plaît d’y aller, fit un matelot.

On pourrait croire que vous n’avez juré de votre vie! s’écria un autre en ricanant.

Oui, j’ai juré, mais j’ai rompu avec cette habitude, depuis longtemps. Je suis prêt à vous raconter pourquoi, si vous voulez m’écouter.


Il y avait quelque chose dans les manières de l’étranger qui commandait le respect; les matelots exprimèrent leur désir d’en savoir davantage.

Il y a bien des années de cela, mes amis, j’étais encore un tout jeune homme, quand je m'engageai à bord de l'Alice faisant le service entre New York et Liverpool. Je fis un seul voyage sur ce vaisseau; mais, au retour, nous essuyâmes un effroyable tempête dans le golfe de Biscaye. Je n'ai jamais vu de vagues pareilles et je ne désire pas en revoir. C'était mon premier voyage et je crus sérieusement que ce serait mon dernier, et que je ne reverrais jamais le toit paternel.

Ce qui rendait les circonstances plus terribles encore, c’était l’ivresse du capitaine et ses jurements. Il avait la funeste habitude de recourir à cette drogue-là (et l’étranger indiquait du doigt les flacons d’eau-de-vie).

Au moment où éclata l’orage, il avait déjà perdu la tête; la seule chose qu'il sût faire, était d’aller et venir sur le pont, en proférant d’horribles blasphèmes. J’avais entendu jurer, mais ceci dépassait tout ce que je pouvais imaginer: c’était effrayant!....

Bien, pour couper court, le capitaine sortit un peu de son ivresse et prit le gouvernail, tandis que les hommes de l’équipage jetaient une partie de la cargaison par dessus bord; j’étais à la roue avec lui.


Ah! chers amis, si les jurements d’un homme pouvaient être fatals à un autre, je ne sais vraiment ce qu’il serait d’abord advenu de moi; car il m’accablait de ses propos impies. Tout à coup arrive sur nous une vague énorme; c’était comme une haute muraille mugissante.

Je pensais que nous étions perdus, et je criais à Dieu pour qu’il ait pitié de mon âme; le capitaine la vit venir l’injure sur les lèvres. En attendant, je tenais la roue avec toute la force dont j’étais capable. La vague s'abattit sur nous et balaya le pont. Quand elle eut passé, je regardai autour de moi, le capitaine avait disparu. Il avait été emporté.

Oui, LA DERNIÈRE PAROLE PRONONCÉE PAR LE CAPITAINE AVAIT ÉTÉ UN BLASPHÈME!

Et l'équipage? fit un matelot qui avait prêté une sérieuse attention à cette histoire.

Tous sains et saufs; seul le capitaine avait péri. Peu à peu la tempête s’était calmée et, malgré plusieurs avaries, l'Alice put être amenée au port.


Chers amis, j’en avais assez de jurements, de blasphèmes et d’ivrognerie. Dès ce jour-là. J’avais formé le vœu de m’abstenir de ces choses. Dieu soit béni, je suis resté fidèle à cet engagement.

Vous ne jurez pas, vous ne buvez pas de grog! êtes-vous bon à quelque chose à bord, s’écria un matelot en riant.

Je fais mon devoir à bord aussi bien qu’un autre, mon cher ami; — je dirai même que je puis le faire souvent beaucoup mieux que tel qui puise sa force dans l’alcool.

Alors vous comptez aller au ciel, parce que vous ne buvez pas, et que vous ne jurez pas?

Non, je ne compte sur rien de pareil, car CE N’EST QUE PAR LA REPENTANCE DE NOS PÉCHÉS PASSÉS ET EN PRENANT JÉSUS-CHRIST COMME NOTRE CAPITAINE, QUE NOUS POUVONS ÊTRE SAUVÉS.

Prétendez-vous par hasard qu'un homme honnête ne jurant pas, ne buvant pas, remplissant fidèlement ses devoirs à bord ou autre part, ne sera pas plus sûr de son salut qu’un misérable ivrogne ou un voleur?

Je dis, mon ami, et du reste c’est la Bible qui le dit: que nul ne peut être sauvé s’il ne met sa confiance en Jésus.

Abandonner un péché, cela ne peut sauver notre âme; tous vos péchés passés sont encore contre vous; et s'ils ne sont pardonnés, lavés par le sang de Christ, ils vous mèneront en enfer.

Le train s'arrêta, les matelots sortirent et avec eux le marin chrétien.

Quel fut le résultat de cette conversation en wagon, nous l’ignorons; cela nous sera révélé au dernier jour.

La pioche et la truelle N° 33 (1891?)


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