Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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SAUVÉ AU DERNIER MOMENT


Je tombe dans les ténèbres! Oh, que deviendra ma pauvre âme?

Tel était le cri de désespoir d'un homme qui, après une courte maladie, semblait à deux doigts d’une éternité inconnue et effrayante.

Oh! sauvez-moi! Sauvez ma pauvre âme! répétait-il sans cesse d’une voix déchirante à tous ceux qui venaient le visiter. À la fin, son angoisse devint si insupportable, qu’il menaça de se tuer et de tuer tous ceux qui l'approchaient.


Un soir que je retournais chez moi, je rencontrai un voisin charitable qui
m'informa de ce que je viens de raconter.

Le pauvre Marc est au plus mal, Madame, ajouta-t-il; je doute qu’il vive longtemps; si vous vouliez venir le voir, vous pourriez peut-être le calmer un peu.

Je me rendis donc chez Marc, priant Dieu ardemment de lui accorder de jeter sur Jésus un de ces regards qui sauvent.

C'était vraiment un triste spectacle que celui de cet homme dans toute la force de l'âge, abattu par la fièvre, et dont les traits étaient assombris par le désespoir.

Qu’avez-vous, mon pauvre ami? lui dis-je non sans émotion.

Ce que j’ai? s’écria-t-il; J’AI QUE JE SUIS PERDU, ET QUE JE VAIS EN ENFER DE CE PAS.

Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu, répondis-je.

Oui, reprit-il, mais pas moi; non pas moi! Satan me tient: il ne me lâchera pas. Oh! Que deviendrai-je? que puis-je faire? Il est là!

Ne pensez pas à Satan, lui dis-je, mais à quelqu’un qui est plus fort que lui. Je lui répétai le beau cantique;

Sur Toi je me repose,

Ô Jésus, mon Sauveur,

Que faut-il autre chose

Pour un pauvre pécheur?

Oh! les belles paroles! dit-il; elles me font du bien! Répétez-les, répétez-les!

Je les répétai plusieurs fois, et le voyant un peu plus calme, je le quittai en promettant de revenir le voir aussi souvent qu’il me serait possible.


Sa vie se prolongea encore durant plusieurs semaines, mais il fut longtemps avant de pouvoir goûter quelque vraie consolation. On lui entendait toujours dire:

JE SUIS PERDU, SAUVEZ-MOI! JE M’ENFONCE DANS LES TÉNÈBRES! que n’ai-je de la lumière!

Marc, lui dis-je une fois, pour l’éprouver, qu'est-ce qui vous rend si malheureux?

Je vous croyais religieux; vous avez toujours été bon mari, bon père; vous avez payé vos dettes; vous n’avez été ni ivrogne ni blasphémateur, et vous êtes toujours allé régulièrement à l’église.

Ah! c’est précisément ce qui me rend si malheureux; je me trompais moi-même, je vous trompais tous. JE N’AVAIS PAS LA VRAIE FOI.

Quand j’étais à l’église, je ne pensais pas du tout à ce que disait le pasteur, mon esprit n’était occupé que des choses de la terre; je pensais à mes affaires, je faisais mes comptes.

Oh! si j’avais seulement encore un dimanche, il serait tout différent de ceux que j’ai passés jusqu’ici. Et maintenant, reprit-il, en me saisissant le bras avec l’énergie du désespoir, vous qui êtes sauvée, — car je sais que vous l’êtes — je veux que vous restiez près de moi jusqu'à ce que je le sois.

Non, mon pauvre ami, lui dis je, je ne puis pas vous sauver, mais Jésus le peut.

Madame, s'écria-t-il, vous ne voudriez pas tromper un mourant, n’est-ce pas?

CROYEZ-VOUS VRAIMENT QU’IL VEUILLE RECEVOIR UN PÉCHEUR TEL QUE MOI?

Pensez combien je l’ai rejeté. Il me semble que je sois d'un rêve; tous mes péchés passés m’environnent comme autant de mauvais esprits, ils remplissent d’épines mon lit de mort; mais voulez-vous prier Jésus pour moi? Je pense qu’il vous écoutera, vous.

De tout mon coeur, lui dis-je, et je lui fis répéter après moi le cantique:

Tel que je suis, pécheur rebelle.

Au nom du sang versé pour moi.

Au nom de ta voix qui m’appelle,

Jésus, je viens à Toi.

Ô Jésus! dit-il en joignant les mains, oui, je viens! Oui, je veux aller à Toi.


Enfin, après bien des jours de veille la fin arriva. Le docteur déclara que le malade ne passerait pas la journée. Je me rendis sur-le-champ auprès de lui.
— Chère Madame, dit-il en faisant un grand effort pour se soulever lorsqu’il reconnut ma voix, car sa vue s'éteignait déjà, je soupirais après votre arrivée; je désire vous remercier de tout ce que vous avez fait pour moi. Vous avez été comme un ange envoyé de Dieu...

J’ai encore une prière à vous adresser; voulez-vous veiller à ce que mes trois petits garçons soient placés dans quelque maison chrétienne, et ne pas permettre qu'ils grandissent, connue l’a fait leur pauvre père, sans apprendre à connaître Dieu?

Je crois fermement que je vous reverrai; vous serez heureuse, j’en suis sûr, de savoir que j’ai un peu de lumière, pas autant que je voudrais, cependant JE CROIS QUE DIEU, POUR L’AMOUR DE JÉSUS, M’A TOUT PARDONNÉ!

Ce furent ses dernières paroles. Il perdit connaissance, et mourut le lendemain.


* * *


S’enfoncer dans les ténèbres, c’est là tout ce que l’incrédule et le sceptique peuvent vous offrir après cette vie. Seule la foi en Christ peut jeter de la lumière au-delà de la tombe:

«Il a détruit la mort et mis en évidence la vie et l’immortalité par l'Évangile.»

Apprenez, par l’histoire de cet homme, qu’il ne suffit pas de faire profession de Christianisme ou d’aller à l’église ou à la chapelle, pour avoir la paix et des consolations à l’heure de la mort.

Vous aurez pu être religieux extérieurement, comme le pauvre Marc; vous aurez même pu vous trouver à la table du Seigneur; et malgré cela:


SI VOUS N’ÊTES PAS UNI À CHRIST PAR UNE FOI VIVANTE,

VOUS DÉCOUVRIREZ À LA FIN QUE VOUS VOUS ÊTES TERRIBLEMENT TROMPÉ.


V. M S.

La pioche et la truelle N° 34 (1891?)


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