LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LA SINCÉRITÉ

La sincérité est la vertu qui consiste à traduire exactement, dans ses paroles et ses actions, les pensées de son esprit et les sentiments de son cœur.

Or, il faut bien avouer que cette vertu est rare dans notre siècle, où le progrès a surtout développé L’ART DE SIMULER LE NATUREL. À aucune époque on n’a eu autant besoin d'accompagner les annonces de cet avertissement: «ÉVITEZ LES CONTREFAÇONS!» Et bien souvent, malgré les plus minutieuses précautions, on se laisse tromper.

Le domaine religieux n'est pas non plus à l’abri de la contrefaçon.

- Voici un incrédule qui se plaint de n’avoir pas de preuves suffisantes de l’existence de Dieu et de la vérité du Christianisme. À l’entendre, il ne demande qu’à se rendre à l’évidence: que Dieu se montre, il deviendra croyant.

À un athée tenant un raisonnement semblable, un chrétien que je connais répondit:

«Je vous conseille de vous enfermer un quart d'heure dans votre chambre et de dire sincèrement: Oh Dieu! si tu existes, révèles-toi à moi».

Notre incrédule se garda bien de le faire; il ne désirait nullement être convaincu de l'existence d'un Dieu qu’il ne voulait ni aimer ni servir.

Quelles preuves plus éclatantes de la vérité de l’Évangile, les contemporains de Jésus pouvaient-ils avoir, que la présence au milieu d'eux du Fils de Dieu dont les moindres actes trahissaient l’origine divine?

Et quand Jésus leur en donnait, ils attribuaient sa puissance au diable. Ils finirent par crucifier cet importun qui troublait leur conscience et forçait presque leurs yeux de s’ouvrir:

CELUI QUI VIT DANS LE PÉCHÉ

PRÉFÈRE LES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE.

- Voici une âme qui paraît rechercher le salut depuis longtemps. Elle le demande dans le secret de son cabinet et dans les réunions de prières, mais la paix ne vient pas.

Est-ce Dieu qui manque de miséricorde et laisse dans l'angoisse un pécheur vraiment repentant et sincèrement décidé à le servir?

Mais est-il bien vrai que cette âme soit sincère?

Il arrive souvent, dans ce cas, que si un chrétien plein de sympathie lui découvre l’interdit qui empêche la grâce de Dieu de suivre son cours, elle refuse de se soumettre, et, comme le jeune riche de l’Évangile, «elle se retire toute triste».

- Voici un chrétien qui, depuis des années, demande le Saint-Esprit dans toutes ses prières, et pourtant, il est toujours aussi faible, aussi charnel, aussi peu charitable!

Est-ce que la promesse de Jésus: «Si vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus notre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent.» (Luc, XI, 13)

Est-ce que cette promesse ne serait que pour certains privilégiés, tandis que les autres seraient condamnés à soupirer toujours après son accomplissement sans jamais l'obtenir?

N'est-ce pas plutôt que ce chrétien ne le désire pas vraiment?

Que ferait en lui le Saint-Esprit?

Il ouvrirait ses yeux sur les infidélités à abandonner et les devoirs à remplir; il lui dévoilerait ses idoles, son égoïsme, son orgueil, sa paresse, sa négligence... et d'autres misères encore.

Le Saint-Esprit le pousserait au sacrifice, au combat pour la cause de Dieu.

Est-ce bien certain qu’il désire se connaître pour se purifier, et comprendre toute la volonté de Dieu pour la faire:

EST-IL PRÊT POUR L’OBÉISSANCE?

Des millions de personnes répétant chaque jour dans leur prière «que ton règne vienne,» et qui sont pourtant hostiles à l'établissement de ce règne dans leur cœur.

Les chrétiens surtout, présentent cette demande de toutes les manières.

Ils n’ignorent pas que Dieu se sert de ses enfants pour faire grandir son règne, est-ce qu’ils y travaillent?

Autour d’eux sont en foule les ignorants qui marchent les yeux bandés vers l'enfer, les impies qui se rient du juge suprême avec lequel ils vont pourtant se rencontrer face à face..., il faudrait les éclairer, leur parler du jugement et de la justice de Dieu.

Il y a des âmes réveillées qui cherchent la paix avec angoisse, il faudrait leur montrer Jésus le Sauveur.

Il y a aussi des sociétés missionnaires qui crient par tous les moyens:

«Les âmes périssent, l'argent manque pour envoyer des prédicateurs de l’Évangile, venez à notre aide!»

Ah! si beaucoup de chrétiens ne se contentaient pas de dire «que ton règne vienne», mais consacraient à Dieu leur vie et aussi leur bourse, nul doute que leur prière ne serait plus tôt exaucée.

Soyons sincères devant

«Celui qui sonde les cœurs et les reins»,

de peur que nous ne soyons traités comme des hypocrites!

S. Farelly

La pioche et la truelle N° 35 (1891?)