Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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FIN DE SIÈCLE

(ou début du nôtre?)


À côté du spectacle sublime des conquêtes inouïes de la science, la fin de ce siècle présente LE TABLEAU DE PRESQUE TOUTES LES HONTES MORALES.

Que la conscience humaine ait pu sombrer et que le mal ait triomphé parfois brutalement, nous ne le savons que trop; certaines époques tristement fameuses en resteront à jamais stigmatisées dans l’histoire.

Mais c’est cette succession ininterrompue de scandales auxquels nous assistons qui déconcerte.


CHAQUE JOUR AMÈNE SON CONTINGENT D'ORDURES, où les hommes les plus considérables laissent l'honneur. Sans sortir de notre pays, faites le compte des réputations qui se sont effondrées sous le mépris public à la suite d’affaires louches, de tripotages financiers, vous serez effrayés.

Les vieilles admirations hésitent: on ne sait plus qui saluer. Tel homme passe la tête haute, la poitrine chamarrée de décorations, suivi des murmures flatteurs dus au talent ou même au génie; le lendemain, vous apprenez qu’il s'est vendu à beaux deniers comptants.

Il existe une sorte de Bourse où la voix des hommes publics est cotée; des courtiers vous en donneront le tarif; les lanceurs d’affaires savent à 1000 francs près ce que coûte le vote de tel gros personnage: VOICI DES CONSCIENCES À VENDRE, Messieurs, faites votre choix.

Les moralistes jettent des cris de détresse, mais les moralistes feraient mieux de se frapper la poitrine, car ils sont les premiers coupables. Ils ont commencé par saper l'idée religieuse comme inutile, voire dangereuse, puis ils ont construit à grand renfort de science brevetée l’édifice superbe de la morale indépendante.

N’ayant plus la base de la crainte de Dieu, ils ont assis leurs fondations sur le terrain de la dignité humaine, autant dire dans la boue; il n'y a pas une maison qui tienne 24 heures sur des bases pareilles:

yxyx quand un homme ne fléchit plus les genoux devant la majesté divine, il est à plat ventre devant un sac d’écus; il ne reste plus à ces messieurs qu’à pleurer sur les ruines de la morale publique.


Mais l'Évangile peut nous sauver et l’Évangile nous sauvera.


L’avenir n’appartient pas à la nuit, mais à la lumière.

Le chrétien le sait et il attend l’aurore: il l’attend dans la lutte, mais dans la joie de l’espérance.

Pendant les soirées sereines du mois de mai dernier j'écoutais avec ravissement la voix du rossignol, émerveillé de l’ardeur infatigable plus encore que de la virtuosité du chanteur ailé.

Une nuit, un orage des plus violents s’abattit sur la région, et pendant plusieurs heures, les coups de tonnerre se succédèrent sans interruption, nous tenant tous éveillés avec ce vague effroi qui saisit la nature entière sous la tempête.

Ô surprise! entre deux rafales, la voix harmonieuse nous arrivait par saccades et sans se déconcerter, l’oiseau courageux lançait vers le ciel ses notes vibrantes.

Grand exemple de foi et bien fait pour confondre le chrétien qui se découragerait dans les difficultés de l’heure présente!

S. Vincent.

La pioche et la truelle N° 36 (1891?)


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