Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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SOYEZ REMPLIS DE L'ESPRIT


D’après l’Évangile, le but de notre vie, c'est la glorification de Dieu.

Dieu est glorifié dans sa puissance par les œuvres grandioses sorties de ses mains;

Il est glorifié dans sa sagesse par l'harmonie de la nature et de ses lois;

Il veut être glorifié dans sa bonté par l’homme qu’il a comblé de ses bienfaits.

Et si, pendant le court intervalle de notre existence terrestre nous faisons rejaillir sur Dieu, du sein de notre faiblesse, une étincelle de gloire, Dieu a son tour, pendant l'éternité tout entière, mettra toute sa puissance et tout son amour à nous couvrir de gloire.

Si le péché n'avait vicié notre nature, il nous serait aussi naturel, aussi facile, de célébrer l’amour de notre Père, qu'aux cieux de raconter la gloire de Dieu, et à l’étendue de manifester l’œuvre de ses mains. (Ps. XIX )

Mais depuis l’entrée du péché dans le monde, l’homme ne jette plus dans le concert universel que les cris de la discorde et de la révolte. Même celui qui connaît l’amour de Dieu manifesté dans le don de son Fils est encore incapable par lui-même de reconnaissance et de fidélité.

C'est que nous avons autour de nous, et nous portons en nous mille ennemis acharnés à nous faire trahir notre mission.


Les hommes, nos frères, au lieu de nous aider, nous font obstacle; leurs mauvais conseils, leurs mauvais exemples, leurs moqueries, nous empêchent de bien faire.

Ils ont rempli la terre entière d'égoïsme, de cupidité d’impureté, de mensonges, d'injustice;

ils vivent de méchanceté et rendent presque impossible que l’on vive parmi eux sans être comme eux rusé, dissimulé, avare, déloyal.

C’est un courant irrésistible qui nous emporte avec lui. Comment pourrai-je moi, fétu de paille, remonter seul le torrent furieux?


Les choses aussi, depuis que la terre a été maudite, sont les ennemies de notre destinée. Comment glorifier la Providence de Dieu quand on est dans la misère?

Comment chanter ses louanges quand la mort cruelle nous ravit les êtres qui font notre consolation?

Malheur à nous si nous sommes seuls à porter notre croix; elle aura bientôt fait de nous écraser.


Mais notre principal obstacle, c'est encore nous-mêmes. Nous portons dans notre poitrine un cœur mauvais, qui nous pousse irrésistiblement au mal.

Qui de nous n’a répété après S. Paul ces paroles tragiques:

«Je ne fais point ce que je veux, mais je fais ce que je hais. Quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Misérable que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?»

Qui n’a senti cette torture poignante qui s'appelle l’esclavage du péché?


SOYEZ REMPLIS DE L'ESPRIT, dit S. Paul. Quiconque négligera ce conseil ou ce commandement sera voué à une vie d'égarement et de défaillance.

Bientôt, misérable épave de l’Église, il ira flottant sans but ni direction à la merci des vents et des tempêtes, à jamais exclu du céleste port.


* * *


Mais, grâces soient rendues au Dieu tout bon et tout sage, il y a pour nous un S. Esprit. Dieu, qui sait de quoi nous sommes faits, s'est souvenu que nous ne sommes que poudre: témoin de la lutte où nous étions vaincus tous les jours, il a promis à notre foi la puissance de son Esprit:

«Ne crains point, vermisseau de Jacob, je viens à ton secours, dit l'Éternel.»

«Les affligés et les misérables, qui cherchent des eaux et qui n'en ont point, et dont la langue est desséchée par la soif, moi, l’Éternel, je les exaucerai; moi, le Saint d'Israël, je ne les abandonnerai point.»

Et la promesse s’est réalisée. Depuis: le jour de la Pentecôte, le S. Esprit habite parmi les hommes. Aussitôt que quelque part un pécheur repentant se jette à genoux au pied de la croix et crie grâce, l’Esprit de Dieu court faire retentir dans sa conscience la parole de réconciliation et de paix, et lui apprend comme à un enfant à dire «Abba», c’est-à-dire «Père»

Quand un chrétien, abîmé dans le sentiment de sa faiblesse, pousse le cri de douleur: «QUI ME DÉLIVRERA?» il court le relever, et lui fait dire: «Je puis tout par Christ qui me fortifie.»

Quand un malheureux, accablé sous l'épreuve pense au Consolateur et le réclame, il arrive, et l'inonde de la joie surabondante du S. Esprit.


* * *


HEUREUX L’HOMME QUI EST REMPLI DU S. ESPRIT! Celui-là accomplira sûrement sa destinée; la vie entière sera la glorification de Dieu.

Non seulement il réduira tous ses ennemis à l’impuissance, mais il les contraindra à devenir ses auxiliaires, à combattre en sa faveur, à l’aider à remplir sa vocation. Il sera non seulement vainqueur, mais plus que vainqueur.

Les hommes, plus ils voudront nous entraîner au mal, plus ils manifesteront la force de résistance que Dieu donne à ses enfants;

plus ils nous mépriseront ou persécuteront, plus ils feront éclater la patience, la constance, l’amour pardonnant que nous inspire Celui qui, le premier, a prié pour ses bourreaux.

Tant que le monde restera pêcheur, nous aurons l’occasion de déployer notre zèle pour lui et pour Dieu dans la prédication de l’Évangile. Quand il sera converti, il nous aidera encore à glorifier Dieu par la fidélité de tous ses enfants.


Les choses, je veux dire LES ÉPREUVES, au lieu de nous accabler, ACHÈVERONT DE NOUS DÉTACHER DES CHOSES VISIBLES ET PASSAGÈRES; elles nous apprendront la soumission, la patience, la sympathie pour tous les souffrants.

Les épines du chemin nous empêchent de nous y attarder, et hâtent nos pas vers la maison paternelle.

Quant à nous-mêmes, n'est-ce pas la suprême gloire, le suprême triomphe de Dieu qu'un orgueil dompté, qu’un égoïsme changé en amour, qu’un esclave du péché participant à la liberté glorieuse des enfants de Dieu?

Voilà la couronne de victoire ambitionnée par notre Sauveur, voilà les saints lauriers dont il aime surtout à parer son front.

En présence de ces miracles de transformation opérés dans notre vie par la vertu de l'Esprit de Dieu, ne disons-nous pas avec S. Paul:

«Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de l'amour de Dieu! Toutes choses viennent de lui, elles sont par lui et pour lui! À lui soit la gloire au siècle des siècles.»

Ph. Vincent

La pioche et la truelle N° 36 (1891?)


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