Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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UNE BONNE MANIÈRE D’HONORER L’ÉTERNEL


Honore l'Éternel de ton bien et des prémices de tout ton revenu. (Prov. III. 9).

Parmi les âmes que l’Évangile a éclairées et qui ont trouvé le salut en Jésus-Christ, c’est-à-dire la vie éternelle, il en est qui apprécient si imparfaitement leurs privilèges, qu’elles jouissent à peine de ce grand bienfait.

Malgré leur titre D’ENFANTS DE DIEU, de rachetés de Jésus et de futurs possesseurs du ciel, elles conservent leur tristesse et leur mélancolie habituelles, comme si les diverses promesses qui les concernent étaient vaines, et leur héritage céleste une chose de néant.

Au lieu d’élever leurs cœurs vers le ciel, de bénir Dieu, de chanter ses louanges, de travailler à leur propre sanctification et de dire avec David: «Mon âme, bénis l’Éternel, et n’oublie pas un de ses bienfaits», leurs regards se tournent vers la terre et ses misères, et elles ne laissent entendre que des plaintes et des gémissements.

Quand elles devraient sonder la valeur de l'inestimable trésor que Dieu leur a confié et se réjouir, ELLES SEMBLENT NE VOIR QUE CE QUI MANQUE À LEUR BONHEUR ICI-BAS, et elles oublient de remercier leur Sauveur!

Ces âmes ressemblent à ces petits barons qui, trop jeunes encore pour apprécier leur fortune et leur héritage, pleurent, et sont inconsolables pour un jouet cassé ou perdu, comme s’il était impossible de le remplacer.

De tels chrétiens honorent peu le christianisme, Jésus et son Évangile. N’attendez d’eux que de légers sacrifices; ils ne peuvent faire que fort peu de bien. Plaignez-les, éclairez-les et priez pour eux.


Il est d'autres âmes, au contraire, qui jouissent pleinement de leur bonheur et qui sont vraiment heureuses d’avoir trouvé «la perle de grand prix» et de posséder «la bonne part qui ne leur sera point ôtée».

Parfois même, ces âmes témoignent leur amour et leur reconnaissance à celui dont le Saint-Esprit s’est servi pour les conduire au Sauveur. Elles voudraient qu’il y eût partout des pasteurs, des évangélistes, des colporteurs, pour annoncer le salut aux pécheurs qui périssent.

Elles demandent que le nombre de ces ouvriers du Seigneur soit doublé, triplé, quadruplé. Seigneur, disent-elles, envoie des laboureurs dans ta vigne. C’est très bien, mais ce n'est pas assez.


Un riche fermier, un soir d'hiver, à son culte domestique, alors que la neige tombait, disait dans sa prière:

«Seigneur, aie pitié des pauvres; donne-leur du pain!»

Lorsqu'il se fut relevé, sa petite fille, un enfant de sept ans, lui dit:

Papa, je voudrais bien avoir tout ton blé!

Et qu’en ferais-tu, mon enfant?

Eh bien! j'exaucerais ta prière, je le donnerais aux pauvres!»

Quelle leçon!


CE N’EST PAS ASSEZ DE PRIER:

IL FAUT AGIR!


Tous les chrétiens, pauvres et riches, doivent se demander quel est le ressort qui fait mouvoir les ouvriers de l’Évangile.

D’où tirent-ils leur subsistance?

Quelle est l'intendance qui a pourvu et qui pourvoira à leurs besoins?

Les apôtres avaient une «bourse» commune; ce que l’on y mettait servait à tous. Les diverses Sociétés de chrétiens qui s’occupent d’évangélisation ont aussi une «caisse» destinée à pourvoir au pain des ouvriers du Seigneur; mais hélas! cette caisse est presque toujours si insuffisamment pourvue, qu’on est forcé de limiter le nombre des messagers de la bonne nouvelle, et qu’on ne peut enrôler de nouveaux combattants.

Quelqu’un dira: Pourquoi les chrétiens riches ne se consacrent-ils pas au service du Seigneur?

- D’abord, parce que souvent ils se trouvent à la tête d’une famille, d’une maison de commerce qu’ils croient ne pouvoir quitter.

- Ensuite, parce qu’ils pensent faire du bien dans la situation où ils se trouvent.

- D’autres fois, ils croient manquer d'aptitudes et craindraient de ne pouvoir remplir qu’imparfaitement leurs devoirs.

Je respecte leurs scrupules que je suis fort loin d’approuver. Du reste, pour travailler à cette œuvre, il ne suffit pas d’être riche, il faut que la charité du Christ «presse», il faut brûler d’amour pour le Sauveur et de charité pour les pécheurs.

Il y a bien un certain nombre de chrétiens que Dieu a doublement favorisés, des biens de la terre et du ciel, qui travaillent à l’évangélisation avec leurs propres ressources; mais comme la tâche est ardue, difficile, qu'une certaine préparation est nécessaire, et que le plus souvent on n’obtient pour toute récompense terrestre qu'opprobre et ingratitude, ces chrétiens dévoués sont, hélas! peu nombreux; il n'y a que les âmes d'élite qui se donnent ainsi.

Le plus souvent, ceux qui se dévouent à l’évangélisation de la France, sont presque aussi pauvres que l’était leur Maître; c'est pourquoi il est tout à fait indispensable de pourvoir à leurs besoins. 


Vous chrétiens, qui appréciez votre inestimable trésor, et dont les cœurs débordent de reconnaissance et d'amour;

Vous qui désirez si ardemment que l’Évangile soit prêché et que les âmes soient sauvées:



voyez ce que vous avez fait et ce que vous devez faire

pour soutenir les ouvriers du Seigneur,

surtout ceux qui travaillent parmi vous!


Considérez le grand sacrifice de votre Sauveur et vous voudrez y proportionner le vôtre. Pensez au bonheur dont vous jouissez déjà et à celui qui vous est promis, et vous voudrez imiter la veuve de l'Écriture (Marc XII, 43).


Une chère sœur d'outre-mer, malade et privée de ressources nécessaires pour revenir en France, m’envoyait, il y a quelques mois, un témoignage de patriotisme et de vie chrétienne en ces termes:

«Monsieur, ayant toujours désiré le progrès de l’Évangile dans mon pays, et prévoyant une mort prochaine, je me hâte de vous envoyer pour le Seigneur quinze francs dont j’aurais besoin, mais qu’il me rendra.»

Peu après, cette chère sœur m'apprenait que nos prières pour elles avaient été entendues et qu'elle était guérie.


ALLEZ ET FAITES DE MÊME.


Vincent.

La pioche et la truelle N° 37 (1891?)


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