Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LE PRÊTRE ET LA MOURANTE


Une jeune fille de 18 ans, Sara Ménet, de Wiers (Belgique), s’en allait mourir d'une maladie de poitrine. La mort se faisait cruellement attendre, ses souffrances étaient horribles, mais sa foi en Jésus, le Garant des pécheurs, la rendait profondément heureuse.

Je puis dire, en toute sincérité, que jamais je ne l’ai visitée sans recevoir beaucoup de bien auprès d’elle. Sa foi et sa paix, dans ses derniers jours, étaient telles que l'écho en parvint aux oreilles du curé.

Ce dernier, légitimement inquiet de l’influence qu’elle pouvait avoir sur son entourage, lui fit demander l'autorisation de la voir. La jeune fille accepta. Il profita d'un jour où ses parents s'étaient absentés, et pour écarter les oreilles indiscrètes, il insista pour qu’on le laissât seul avec elle, alléguant qu’il faut toujours fermer les portes quand un prêtre est auprès d’un malade.

La jeune fille s’y opposa formellement, et répondit au curé: Monsieur, si vous avez de bonnes choses à me dire, mieux vaut que tout le monde les entende, je refuse d’être enfermée avec vous, elle obtînt que deux de ses jeunes sœurs assistassent à l'entrevue.


Le prêtre, s’approchant du lit, dit à la malade:

«Eh! bien, ma fille, comment allez-vous?

Grâce à Dieu, répondit-elle, cela va bien; je vais bientôt mourir, mais JE SUIS EN PAIX, JE SUIS SAUVÉE:

Jésus a payé pour moi, et par sa mort le ciel m’est ouvert; car vous le savez, monsieur, ce n’est ni par nos mérites, ni à prix d'argent que nous sommes sauvés, mais par le précieux sang de Jésus.

C’est vrai, ma fille, dit le prêtre.

Si vous savez cela, M. le curé, pourquoi ne l'enseignez-vous pas à vos paroissiens? Et pourquoi consentez-vous à ce qu'ils vous apportent de l’argent pour des messes?

Oh! ma fille, dit le curé, tout le monde, n'a pas le bonheur d'avoir une foi comme la vôtre.

Monsieur, reprit-elle. Saint Paul enseigne que «la foi vient de ce que l’on entend... de la parole de Dieu, et il ajoute: Essayez toute chose et retenez ce qui est bon

Oui, parfaitement, dit le prêtre, mais comme tous ne comprennent pas ce qui est bon, il est préférable que tous ne lisent pas l’Évangile.

Comment, Monsieur, s'écria-t-elle, émue d'une sainte indignation, voudriez-vous dire qu’il y a quelque chose de mauvais dans la parole de Dieu? Vous me glacez! Retirez-vous, M. le curé, vous blasphémez contre le Saint-Esprit.


À cette violente répartie, le curé changea de couleur, il baissa les yeux et dit:

Non, mon enfant, ce n'est pas cela que je veux dire, vous ne me comprenez pas; mais je vois que vous souffrez beaucoup, il serait bon que vous vous reposassiez un moment; au reste, je reviendrai vous voir.

M. le curé, dit-elle, accordez-moi cinq minutes de repos, j'ai encore quelque chose à vous dire.


Le prêtre, relevant les yeux, vit, accroché à la muraille, la loi, le Décalogue donné à Moïse, sur le mont Sinaï.

Ah! vous avez les commandements de Dieu?

Oui, dit la plus jeune des sœurs, âgée d’environ quinze ans; vous, M. le curé, vous ne les avez pas.

Comment, c’est une erreur, si, chère petite, nous les avons.

Vous les avez? Puis, montant sur une chaise et lui indiquant le deuxième commandement, celui-là, M. le curé, vous ne l’avez pas? Il défend de faire des images taillées, et de se prosterner devant elles; or, votre église en est pleine.

Ah! mes chers enfants, vous ne comprenez pas, dit-il, il est défendu de les adorer, sachez-le, nous n’adorons ni les images ni les saints, nous les servons seulement.

M. le curé, dit la malade, d’après l’Écriture, se prosterner devant quelqu’un ou quelque chose, pour lui offrir un culte, c'est l'adorer. VOUS CHANGEZ LE SENS DE LA PAROLE DE DIEU.

Au reste, prenez votre livre de messe, dans l'Évangile du premier dimanche de Carême, vous verrez que Jésus a dit: «Il est écrit: VOUS ADOREREZ LE SEIGNEUR VOTRE DIEU ET VOUS LE SERVIREZ LUI SEUL»

Mes chers enfants, dit le curé, vous comprenez que si la sainte Vierge, qui est la mère de Jésus, lui demande quelque chose, il le lui accordera de préférence à tout autre!

Monsieur, vous ne répondez pas à ma question touchant le service religieux qui appartient à Dieu seul. De plus L'ÉVANGILE NE DIT NULLE PART QUE MARIE INTERCÈDE AU CIEL POUR LES PÉCHEURS AUPRÈS DE SON FILS. Au contraire, il est écrit:

«Il y a un seul Dieu et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes» (I Tim.II, 5), et notre Sauveur a dit: «Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père QUE PAR MOI» (Jean XIV, 6)

Prenez garde, M. le curé, de vous croire plus sage que Dieu, car vous feriez fausse route!

Ma fille reprit celui-ci, je vois que vous avez besoin de repos.

Oui, M. le curé, je souffre beaucoup, mais je n’ai pas à me plaindre, car quoique je ne sois qu'une pauvre pécheresse, je suis sur un lit, tandis que Jésus, le Fils de Dieu, a été cloué sur une croix. Je suis entourée des soins de mes parents et Jésus n’avait que des bourreaux pour l’abreuver d’ironies et d’outrages. J’ai un oreiller sous ma tête, et mon Sauveur n’avait qu’une couronne d'épines, et tout cela pour me sauver.


Alors, fondant en larmes, les mains levées et les yeux fixés au ciel: Seigneur Jésus, s’écria-t-elle d’une voix forte, viens chercher la pauvre pécheresse que tu as sauvée!

Le prêtre, devenu blême, se retira en murmurant:

Persévérez, ma fille, vous êtes dans la bonne voie.

M. le curé, répondit-elle, si je suis dans la bonne voie, vous vous êtes dans la mauvaise, c'est pourquoi, je vous en supplie, préparez-vous à la rencontre de Dieu» (Amos. IV, 12).

Sara Ménet était en paix, elle pouvait mourir tranquille; toi, lecteur ES-TU PRÊT?

Capon, colporteur à Denain.

La pioche et la truelle N° 37 (1891?)


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