Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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NOTRE ALLIANCE AVEC DIEU


Je me prends à trembler en pensant que l’alliance conclue entre Dieu et nous par Jésus-Christ, alliance où tous les avantages: pardon, régénération, vie paisible et utile, mort dans la foi, résurrection dans la gloire, sont pour nous seuls, peut être rompue par notre faute.

Voyez le peuple de Dieu dans le désert. Il avait reçu tous les avantages de l’alliance: la délivrance du joug d’un peuple cruel, le passage de la mer Rouge, le pain quotidien, la loi du Sinaï: fort du secours de Dieu, il s’avançait majestueusement et à grandes journées vers le pays découlant de lait et de miel:

Qu’elles sont belles, tes tentes, ô Jacob! Tes demeures, ô Israël! Elles s’étendent comme des vallées, Comme des jardins près d’un fleuve, Comme des aloès que l’Éternel a plantés, Comme des cèdres le long des eaux. (Nombr. 24, 5-6; V. S.)

Ils avaient toutes les faveurs et toutes les promesses; mais, les insensés, ILS ROMPENT L’ALLIANCE, ils commettent péché sur péché, révolte sur révolte. Et voilà que tout à coup le malheur fond sur eux: les serpents brûlants, les ennemis, l’ange exterminateur.

Ce peuple n’est plus qu’un troupeau confus de fugitifs; ils se traînent languissamment dans le désert, ils laissent partout leurs cadavres, les bêtes féroces et les oiseaux de proie se repaissent de leur chair; et pendant quarante ans ils vont et viennent dans leur immense prison: tous succombent les uns après les autres, EXCEPTÉ DEUX QUI N’AVAIENT POINT ROMPU L’ALLIANCE, et qui purent entrer dans la terre promise.

Tel est le terrible châtiment qui surprit les Israélites; et pourtant leur alliance était inférieure à la nôtre.

Leur alliance ne leur promettait que la possession d’un canton de ce bas monde; mais:


NOTRE ALLIANCE À NOUS NOUS PROMET

LA POSSESSION DU CIEL, DE LA DEMEURE MÊME DE DIEU.


Leur alliance n’avait été scellée que par le sang de l'agneau pascal; avant leur départ d’Égypte, chaque famille avait pris un agneau d’un an, l’avait égorgé, avait teint de sang le haut de leur porte, avait fait cuire l’agneau, et, les reins ceints, les souliers aux pieds, le bâton à la main, prêts à partir, ils avaient fait de cet agneau un dernier repas.

Le sang de cet agneau, sang offert par l’homme, REÇU PAR DIEU, avait scellé l’alliance entre Dieu et l’homme.

Mais ce sang n’était que le sang d’une bête, d’une créature chétive et inférieure.


Pour sceller son alliance éternelle avec l’humanité entière; où Dieu trouvera-t-il une victime assez noble, assez pure?

Sans s’arrêter à ses anges ou à ses archanges, ses yeux se dirigent vers son propre trône, et s'arrêtent sur son propre Fils.

Il calcule tout le déchirement qu’un tel sacrifice va lui coûter. mais son amour pour nous l’emporte: «Mon Fils, va, tu seras le souffrant, le châtié, le maudit, l’homme de douleurs; mais ton sang purifiera la terre où il coulera.»

«Quand les temps furent accomplis, Dieu envoya son Fils né d’une femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui sont sous la loi.» (Gal. 4. 4.)

Et maintenant, après trente ans. Voyez-le sur sa croix, le Fils de Dieu. |

Au lieu de la félicité sans bornes du séjour de tous les bonheurs, la souffrance, la cuisante souffrance.

Au lieu de l’adoration des anges, les blasphèmes des hommes.

Au lieu de l'amour du Père, sa malédiction.

Au lieu de sa couronne céleste de Roi des Rois, une couronne d’épines qui lui laboure le front.

Cette robe blanche et flottante que vit un jour le prophète Isaïe, et dont les plis majestueux couvraient entièrement le parvis du sanctuaire, est changée en un haillon collé sur ses flancs par le sang de ses blessures.

Il était autrefois la source de vie; du haut de son trône et par la vertu de sa seule parole il portait au loin l’existence jusque dans les êtres les plus infimes de la création; et maintenant la Mort, ce spectre hideux, la Mort, fille du péché, et TOUTE NOTRE DE SOUILLURES, VIENT S’ABATTRE SUR LUI et le fouette de ses ailes.

Mais surtout, voyez le sang partout, sur ce corps auguste;

le sang coule de son dos sillonné par la flagellation;

le sang coule de sa tête couronnée d’épines;

le sang coule de ses pieds percés;

le sang coule de ses mains clouées;

et bientôt encore le sang coule de son côté frappé par un soldat féroce qui vient insulter son cadavre.


CE QUI SORT PAR TOUTES CES PLAIES,

C’EST LE SANG DE L’ALLIANCE.


Oui, le voilà, le sang de l'alliance qui a coulé sur notre pauvre terre pour la purifier. Ce sang a coulé sur la terre, et il y est resté; le corps de Jésus-Christ n'est plus parmi nous, mais ce sang, d'où vient le salut du monde, est encore parmi nous.

Le corps du Sauveur, sorti du tombeau, a été porté au ciel sur une blanche nuée, mais son sang est encore dans le jardin des Oliviers et sur le chemin de Golgotha, et sur le Calvaire. C’est le sang de l’alliance!

Eh bien, ce sang de l’alliance, dont le dépôt sacré a été confié à notre pauvre monde, que voulez-vous en faire?

Voulez-vous observer l’alliance, et honorer ce sang qui la garantit?

Ou bien voulez-vous rompre l’alliance, mépriser le sang de l’alliance, fouler aux pieds le sang de l’alliance?

Fouler aux pieds le sang de l’alliance!

Fouler aux pieds le sang du Rédempteur du monde!

Et quel sera votre espoir de salut quand vous aurez foulé aux pieds le seul moyen de salut?

Ah! tremblez, pécheurs impies, qui refusez de vous convertir, qui rendez vaine la mort du Sauveur, et foulez à vos pieds son sang précieux!

Tremblez, chrétiens infidèles, qui par vos péchés journaliers, crucifiez de nouveau le Sauveur de gloire!

Tremblez, car au jour du jugement, c’est vous qui serez les plus châtiés de tous les hommes.

Je ne sais quel sera le châtiment des pécheurs du monde qui vivent sans Dieu et sans conscience, mais je sais que LEUR CHÂTIMENT SERA PLUS SUPPORTABLE QUE CELUI DES PÉCHEURS DE L’ÉGLISE.

Je ne sais quel sera le châtiment de Tyr et de Sidon, ces villes idolâtres qui adoraient leurs grossières divinités par des débauches innombrables et leur sacrifiaient des enfants, mais je sais que LEUR CHÂTIMENT SERA PLUS SUPPORTABLE QUE CELUI DES VIOLATEURS DE L’ALLIANCE, de ceux qui auront foulé aux pieds le sang de Jésus Christ.

Je ne sais quel sera, au jour du jugement, le châtiment de Sodome et de Gomorrhe, ces villes abominables qui amoncelèrent leurs péchés jusqu’au ciel, et pour qui la colère de Dieu ne put attendre; mais je sais que LEUR CHÂTIMENT SERA PLUS SUPPORTABLE QUE LE VÔTRE SI VOUS VIOLEZ L’ALLIANCE ET FOULEZ À VOS PIEDS LE SANG DU RÉDEMPTEUR.

Ah! c'est vous qui vous écrierez en vous tournant vers les montagnes:

«Tombez sur nous, couvrez-nous, et cachez-nous de sa colère!»

Je n’ai plus rien à ajouter, et cependant je ne puis finir sur des paroles si tristes.

Hélas, je n'ai plus rien à dire pour vous décider au service de Dieu. Je ne puis plus que vous supplier.


Si la parole d'un homme qui vous aime, et qui a compassion de tous ses compagnons de péché peut faire impression sur vous;

Je vous en conjure, au nom des intérêts éternels, au nom de Dieu qui vous tend les bras, au nom de Jésus-Christ qui vous montre ses mains et ses pieds percés:


convertissez-vous,

obéissez à Dieu,

vivez chrétiennement,

GARDEZ L’ALLIANCE.


Exrait d’un sermon prêché en 1889
 par Ph. Vincent.

La pioche et la truelle N° 38 (1891?)


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