Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PIOCHE ET LA TRUELLE

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LA FILLE DE QUELQU'UN.


Par une froide journée d'hiver, des jeunes filles au sortir de la pension, toutes rouges de plaisir et la chevelure agitée par la bise, glissaient ici et là sur la neige glacée. Elles riaient de bon cœur tant il y avait de chaleur dans leur esprit. Mais voici que dans la rue cheminait en tremblant une pauvre vieille femme; elle paraissait fort effrayée de tomber,

pauvre créature! personne ne lui offrait son bras pour lui aider.

Marguerite, qui avait dans son jeune cœur le vif désir de ressembler à Christ et qui était aimée de tous, s’arrêta pour regarder.

Voyez cette drôle de vieille, se dirent les fillettes en riant. — Que ce serait amusant si elle se laissait tomber? s’écria l’une d'elles, sans réfléchir.

Marguerite, sans dire un seul mot, traversa la rue; elle prit le panier de la vieille et lui dit très gentiment:

Je vais vous aider à traverser la rue, si vous le voulez? Prenez mon bras de peur que vous ne glissiez.

Merci, ma chère, dit la vieille reconnaissante quand elle eut traversé en sûreté. Dieu vous bénisse! ajouta-t-elle de sa voix tremblante.


Marguerite rejoignit en courant ses compagnes.

Pourquoi as-tu aidé cette vieille? lui demanda-t-on.

Pourquoi! mais parce qu'elle est vieille et pauvre. — Et avec un léger tremblement dans sa voix elle ajouta: Elle est la mère de quelqu'un, j'imagine. Peut-être qu'un jour ma chère mère aura besoin d'être soutenue quand je ne serai plus là, alors qu’elle sera faible et vieille avec des cheveux blancs?...

Les fillettes marchèrent en silence, et l'une appuya son bras avec affection sur celui de Marguerite, ce qui avait son langage aussi...

Ce soir-là, dans une petite chambre, la mère de quelqu’un priait. La tête grise se penchait sur des mains amaigries, et des larmes tombaient sur la chaise de cuir si usée.

Dieu bénisse cette fille de quelque mère! disait la vieille femme, celle qui a été si bonne et qui a pris soin de moi aujourd'hui. Que Dieu la garde de tout mal, et qu'elle n’ait jamais besoin d’une main pour lui aider.

Cette requête prit son vol ce soir-là vers Dieu et nous ne savons quelles riches bénédictions descendirent en réponse.


Jeunes filles, dites de bonnes paroles, faites des actes de bonté surtout aux vieillards. Le cœur devient singulièrement sensitif à mesure que l’âge assombrit la vie; ceux-là ont besoin de plus d'amour, de tendresse et de soins que ce que vous croyez.

Vous avez peut-être une mère dont chaque aspiration a été une prière en votre faveur; elle a souvent renoncé à son plaisir ou à son sommeil pour votre bien.

Souvenez-vous que vous êtes la fille de quelqu'un, d’une bonne mère dévouée. Et lorsque la mère de quelque autre, vieille et usée, réclamera vos soins ou quelque acte de bonté, ne l’en privez pas, mais pour l’amour de Jésus rendez-lui de bons services, et vous aurez des: «DIEU VOUS BÉNISSE!» qui environneront votre existence.

Du Journal de la Jeune Fille

M. I.

La pioche et la truelle N° 38 (1891?)


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