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REGARD: Bibliothèque chrétienneonline

EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 JANVIER

 

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1 JANVIER.

 

Voici, je vais faire toutes choses nouvelles. (Apoc. XXI,5.)

Ce jour est celui des visites, des corvées, de l'étiquette et des souhaits de tout genre. Pour l'homme religieux, c'est le jour des grandes résolutions. Mais quand l'un aura fait ses visites et que l'autre aura pris ses résolutions, qu'arrivera-t-il? Les rapports et la nature de l'homme restant les mêmes, la vie sera ce qu'elle a été. Il faut donc s'y prendre autrement. Dieu seul est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin ; et la moelle de Dieu est dans sa Parole. C'est lui qui fera toutes choses nouvelles. C'est de lui à vous, et non pas de vous à lui qu'il faut aller. C'est lui qui appelle les choses qui ne sont point, comme si elles étaient. Ce qu'il fait dans la nature, il le fait aussi dans le monde des esprits. Ses yeux vous ont vu lorsque vous étiez comme un peloton; et comme il vous a aimé le premier, il vous a aussi appelé par une vocation sainte, non selon vos oeuvres, mais selon qu'il avait résolu, et selon la grâce qui vous a été donnée en Jésus-Christ avant tous les siècles. C'est encore lui qui sanctifiera parfaitement voire esprit, votre âme et votre corps, et qui vous affermira aussi jusqu'à la fin, pour être irrépréhensible, au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. Ouvrez votre âme tout entière à cet amour et à la puissance de ces promesses. Vous sentirez alors une confiance qui vous fera aller à la rencontre de votre Dieu, et qui vous fera marcher dans l'intégrité avec lui. Il ne demande pas davantage; il se charge du reste. Vous verrez cette année bien des choses, mais la plus belle de toutes sera la fidélité de votre Dieu. Il est le potier,. soyez en ses mains l'argile, et il fera toutes choses nouvelles. Ces paroles sont véritables et certaines ; la foi les saisit, et croire c'est avoir.

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2 JANVIER.

 

Garde ton coeur plus que toute autre chose qu'on garde, car c'est de lui que procèdent les sources de la vie. (Prov. IV, 23.)

 

La force qui vous est le plus nécessaire, c'est l'empire sur vous-même. L'homme qui ne peut pas retenir son esprit est comme une ville où il y a une brèche, ou qui est sans murailles. C'est du coeur que part la direction de la vie, et c'est des affections que vous laissez dominer dans votre coeur que dépendra tout ce que votre vie aura de doux ou d'amer. Une affection mauvaise, quand elle prend le dessus, devient bientôt une chaîne qui nous ôte toute liberté de même, une sainte affection, bien suivie, nous fraie le chemin à une série de bénédictions. Voulez-vous arriver à vous posséder? Donnez-vous d'abord au vrai Maître. L'empire que vous aurez sur vous-même croîtra avec l'empire que vous laisserez prendre au Seigneur. Je suis Roi, dit Jésus-Christ; laissez-le donc régner sur vos affections naissantes; accordez-lui tous les jours plus d'autorité sur vous, et il vous affranchira toujours plus de l'esclavage de votre nature. Il vous signalera vos penchants dominants, et c'est de ce côté qu'il dirigera tout premièrement votre vigilance. Rangez votre coeur à suivre la voix du Seigneur, et vos ennemis ne triompheront point de vous. Cette première victoire, parce qu'elle est capitale, sera suivie de beaucoup d'autres. En gardant votre coeur plus que toute autre chose qu'on garde, vous raterez maître des sources de la vie.

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3 JANVIER.

 

Suis-je réveillé? Je suis encore avec toi. (Ps. CXXXIX,18.)

 

Dans quelle disposition vous réveillez-vous habituellement la matin ? Il y a trois réveils possibles. Vous pouvez vous sentir, en ouvrant les yeux, dans un affadissement complet ; ou bien vos premiers moments peuvent être un mélange de ténèbres et de lumière ; ou bien encore vous mettant sans effort en face du Seigneur, vous pouvez lui dire : Suis-je réveillé ? Je suis encore avec toi. Endormez-vous avec le Seigneur, et vous vous réveillerez avec lui. La fin répond au commencement. Ce qui est placé entre un bon commencement et une bonne fin ne peut être qu'un bon milieu. 'Toutefois, ne vous appuyez pas sur les bonnes dispositions avec lesquelles vous commencez votre journée. ,On peut la commencer avec mille misères, et les voir promptement se dissiper comme le brouillard sous les rayons du soleil. On peut aussi se réjouir dès le matin, et être mort et misérable avant le soir. Votre force est dans l'assurance que le Seigneur veille pour vous. Celui qui garde Israël ne sommeille point et ne s'endort point. Si vous êtes pur et droit, certainement il se réveillera pour vous, et il fiera régner la paix dans l'habitation de votre justice. Commencez votre journée en lui demandant que l'intégrité et la droiture vous gardent, et à travers tout ce qui pourra vous arriver, vous entendrez une voix vous dire : Je suis encore avec toi.

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4 JANVIER.

 

Une seule chose est nécessaire. (Luc X, 42.)

 

Il est un besoin qui domine notre vie naturelle aussi bien que notre vie religieuse, c'est celui de l'unité.

Un ouvrage littéraire qui manque d'unité est un ouvrage manqué. On ne peut être à l'aise au milieu d'une famille dont les membres ne sont pas unis; il est difficile aussi de se lier d'amitié avec un homme dont le caractère est sans unité.

Si cela est vrai pour la vie ordinaire, cela est encore plus vrai pour la vie spirituelle. Notre âme ne serait qu'un carrefour, si, au milieu des mille et mille mouvements qui s'y croisent, nous n'avions pour refuge quelque rocher, quelque haute retraite. Nous concevons. ce cri du Psalmiste : Oh ! qui me donnerait des ailes de colombe! je m'envolerais et je me poserais en quelque lieu. Avez-vous un aplomb spirituel? Vous ne le trouverez qu'aux pieds de Jésus. Donnez-vous à lui, il est la seule chose nécessaire, la bonne part qui ne vous sera point ôtée. L'unité qui vous manque, si pourtant elle vous manque, est une unité vivante, une personne. Dieu a réuni toutes choses en Christ, tant ce qui est dans les cieux que ce qui est sur la terre. C'est dans l'union avec lui que s'effacent les péchés, les soucis et les craintes. Ceux qui sont unis au Seigneur et qui sont devenus un même esprit avec lui, possèdent le vrai repos. Dans toutes leurs complications avec le monde, ils sont maîtres des choses, maîtres d'eux-mêmes; leur coeur est là où est leur ,trésor.

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5 JANVIER.

 

Sondez les Écritures. (Jean V, 39.)

 

Sonder, c'est aller au fond, c'est approfondir. Examinez les intentions de Dieu à votre égard; l'Écriture vous les fera connaître une à une. Ne lisez point machinalement, vous ne seriez qu'un Pharisien. Puisque l'homme doit vivre de toute parole sortie de la bouche de Dieu, arrêtez votre esprit devant cette parole sainte, pour laisser arriver à votre âme son sens applicatif. Vous trouverez partout quelque chose qui servira à - vous enseigner, à vous convaincre, à vous corriger ou à vous instruire dans la justice. N'épluchez pas seulement les promesses et les consolations, lisez avec :suite, afin d'habiter dans la maison de l'Éternel, de contempler sa beauté et de visiter soigneusement son palais. Ne vous arrêtez pas avec trop d'inquiétude à ce que vous ne comprenez pas : Dieu vous donnera sa lumière ligne après ligne. Si vous recevez la semence dans un coeur honnête et bon, l'Esprit de Dieu vous enseignera tous les jours quelque chose de plus, car il donne à celui qui a déjà, afin qu'il ait encore ,davantage. De tout temps la lumière s'est levée dans ,les ténèbres pour ceux qui sont droits; mais ceux qui retiennent la vérité captive faussent leur intelligence> après avoir endurci leur coeur et leur volonté.

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6 JANVIER.

 

Soyez fervents d'esprit. (Rom. XII, 11.)

 

La ferveur est la chaleur vitale de l'âme dans ses rapports avec Dieu. Être fervent d'esprit, c'est être rempli de vie spirituelle. Les pratiques religieuses ne sont rien, si l'esprit qui nous anime n'est pas l'Esprit de Dieu. Ne confondez point la ferveur avec un simple échauffement de sentiment. Être fervent n'est pas toujours bouillonner. On ne comprend la ferveur que quand on vit sous l'influence de l'Esprit de Dieu, quand, par sa lumière, on juge tout autre esprit qui veut envahir l'âme, et qu'on s'abandonne avec droiture aux impressions de la Parole sainte. C'est ce qu'on ne fait pas toujours. On est pieux à des heures fixes, mais en dehors de ces heures on est flottant et emporté par toutes sortes de vents. On n'aime pas un esprit trop discipliné la fausse indépendance est le pire des esclavages. Quand la ferveur s'éteint en nous, elle donner entrée à la mollesse charnelle, au calme plat, à un christianisme de tête, et souvent à la mauvaise humeur. Surveillez-vous donc dans vos rapports avec Dieu, et rappelez-vous qu'il ne veut que des adorateurs en esprit et en vérité. Demandez sans cesse l'onction d'en Haut; qu'elle découle sur votre tête et jusque sur le bord de vos vêtements. Pensez tous les jours à votre mort, à votre éternité, à l'importance des choses divines, et la source de la vie sera avec vous. Vous souffrirez quand vous vous surprendrez dans un autre esprit que celui qui veut demeurer éternellement avec vous, et qui est aussi le grand Consolateur.

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7 JANVIER.

 

Les sacrifices de Dieu sont l'esprit froissé ô Dieu, tu ne méprises point le coeur froissé et brisé. (PS. LI, 17.)

 

On est souvent froissé, mais de quoi? D'une conduite qui nous blesse; ce qui alors est froissé en nous, c'est notre susceptibilité. Quand on est sous le poids d'une épreuve, ou qu'on est accablé de fatigue, rempli de découragement, on peut même être brisé. Mais le froissement, le brisement dont parle ici David est d'une autre nature. C'est celui d'un coeur serré en regardant à lui-même. Ce qui brise à salut, ce sont les souffrances qui nous viennent de nos péchés et de nos continuelles rechutes. Cette sainte tristesse n'est point de l'abattement. Il y a dans un esprit froissé et dans un coeur brisé mille soupirs de prières vers le Dieu qui ne brise point le roseau froissé et qui n'éteint point le lumignon qui fume encore. Quelque misérable que vous soyez, n'abandonnez donc point votre confiance qui doit avoir une si grande récompense. Abstenez-vous des lamentations qui ne font qu'amollir, mais humiliez-vous soies la main toute-puissante de Dieu et Il vous élèvera. Une âme bien brisée est aussi une âme bien gardée et bien préservée; le sang de Christ, dans ces moments, plaide votre cause. Il la rendra victorieuse, eussiez-vous sur la conscience les péchés du monde entier.

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8 JANVIER.

 

Recherchons nos voies, et les sondons, et retournons jusqu'à l'Éternel. (Lament. III, 40.)

 

Sur le fronton d'un temple, célèbre dans toute l'antiquité païenne, on lisait cette inscription : Connais-toi toi-même. L'Écriture nous répète cet appel à chacune de ses pages. C'est de la connaissance de vous-même que dépend la rectitude de vos jugements et la croissance de votre vie religieuse. Recherchez vos voies comme un voyageur qui se retourne vers le chemin qu'il vient de parcourir. Faites ces retours sur vous-même dans le silence du cabinet et dans le recueillement de l'âme. Sondez votre vraie personne, et pour cela retournez jusqu'à l'Éternel. C'est lui qui fait luire votre lampe; l'Éternel, votre Dieu, éclairera aussi vos ténèbres. On se voit avec d'autres yeux que les siens propres quand on se recherche et qu'on se sonde devant ce Dieu qui est lumière et en qui il n'y a point de ténèbres. Il sait de quoi vous êtes fait, vous ne le savez pas. Si la prière ne vous apprend rien sur vous-même, consultez sa Parole. Comparez ce que vous avez été dans les mêmes situations et dans vos rapports avec les mêmes personnes. Observez-vous surtout quand on attaque vos côtés sensibles ou quand vous avez affaire à des caractères contrariants. Les mouvements brusques qui sortent alors de l'âme vous montreront sans erreur la vérité de votre état intérieur. Faites cet examen non pour tirer vanité d'un esprit d'analyse, mais pour faire gagner du terrain à la vérité, et dans le désir qu'elle vous affranchisse.

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9 JANVIER.

 

C'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent, toi qui es le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que tu as envoyé. (Jean XVII, 3.)

 

Connaître Dieu est autre chose que d'avoir une idée juste de Dieu. La connaissance de Dieu est la vie éternelle. Celui qui connaît Dieu est en communication avec lui, et reçoit de sa plénitude grâce sur grâce.

Les idées ne donnent aucune force; une connaissance théorique ne produit qu'un christianisme de tête. La connaissance spirituelle est seule une puissance du siècle à venir, un pain vivant, un miel qui découle du rocher. Dieu nous a envoyé son Fils, pour que ce Fils nous unisse de nouveau au Père, et nous rende participants de toutes les richesses de Dieu. Jésus-Christ est le chemin et la porte; nul ne vient au Père que par lui; quiconque nie le Fils n'a point le Père; mais celui qui confesse le Fils a aussi le Père. S'il y a des chrétiens qui retirent si peu de force de leur connaissance chrétienne, cela vient toujours de leurs rapports vagues avec Jésus-Christ. Qui m'a vu, dit Jésus, a vu mon Père; et voir Jésus-Christ, c'est le chercher, c'est s'attacher à lui par la foi; c'est goûter et voir combien le Seigneur est doux. Approchez-vous de lui, et il s'approchera de vous, pour communiquer tout ce qui regarde la vie et la piété. Le Père et le Fils feront leur demeure chez vous, si vous désirez la vraie connaissance, et que vous la laissiez opérer en vous pour votre conversion et votre salut.'

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10 JANVIER.

 

Vous n'avez point reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu l'esprit d'adoption par lequel nous crions : Abba, c'est-à-dire Père. (Rom. VIII, 15.)

 

C'est l'esprit qui dirige la vie et qui donne à la volonté ses impulsions. Primitivement, notre esprit était l'Esprit de Dieu. Ce lien spirituel entretenait entre le Créateur et la créature une parfaite, harmonie. Mais le péché ayant fait irruption dans le monde, a changé notre esprit normal. Nos rapports avec Dieu sont devenus des rapports forcés. On sent qu'on a besoin de

Dieu, on ne veut pas rompre entièrement avec lui, mais l'esprit dans lequel on le sert est un esprit de servitude. Nous ne sommes plus des enfants, nous sommes devenus des mercenaires. Notre culte, nos pratiques, notre christianisme nous coûtent des efforts pénibles. Si nous sondons notre coeur pour connaître la cause de cette résistance, nous trouvons qu'elle est dans un principe d'inimitié contre Dieu, dans un mauvais vouloir, qui a pour suite la sécheresse et la fatigue. Dans la conversion, l'esprit est de nouveau tourné vers Dieu : il est dominé par un nouveau principe de vie qui est l'amour. On a reçu le témoignage qu'en Jésus-Christ on a été adopté pour rentrer en possession des privilèges que le péché nous avait ravis. Cette foi dispose le coeur à s'approcher de Dieu dans un esprit filial; elle apprend à l'appeler Abba, c'est-à-dire Père. Convertissez-vous, et vous verrez la différence qu'il y a entre l'esprit de servitude et l'esprit d'adoption. Le premier est le plus grand supplice de l'âme, le second la remplit de confiance et d'amour; c'est lui qui rend l'homme de Dieu accompli et parfaitement propre pour toute bonne oeuvre.

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11 JANVIER.

 

Ta malice te châtiera, et tes infidélités te reprendront, afin que tu saches et que tu voies que c'est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l'Éternel ton Dieu, et que ma crainte ne soit pas en toi, dit le Seigneur l'Éternel des armées. (Jér. 11, 19.)

 

Les personnes les plus sérieuses dans leur conversion sont celles qui ont senti plus que d'autres les amertumes du péché. Il n'y a que les amertumes du péché qui détachent du péché. L'enfant prodigue ne serait pas retourné dans la maison de son père, s'il ne s'était pas senti misérable au point d'envier même la nourriture des pourceaux. On peut avoir la persuasion que le péché rend malheureux, qu'il ne donne pas ce qu'il promet, sans trouver dans cette persuasion une sauvegarde contre lui; ce n'est qu'une argumentation de bon sens, et le bon sens ne convertit personne. On a beau vous prédire ce qui vous arrivera quand vous laissez agir vos convoitises, les raisonnements sont impuissants, l'entraînement du coeur J'emporte sur les plus belles paroles. C'est une autre volonté qu'il nous faut, et elle ne nous viendra que quand notre malice nous aura suffisamment châtiés, quand nos infidélités nous auront repris de toutes manières, et que nous aurons senti, à notre préjudice, que c'est une chose mauvaise et amère d'avoir abandonné l'Éternel notre Dieu. Alors la crainte de Dieu nous reviendra; nous sentirons que le péché est aussi la souveraine folie, et quand il viendra nous tenter, nous pourrons dire : Comment ferais-je un si grand mal, et pécherais-je contre mon Dieu?

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12 JANVIER.

 

l'Éternel t'ouvrira son bon trésor. (Deut. XXVIII. 12.)

 

Le bon trésor de l'Éternel, ce sont ses promesses. Il vous en fera sentir la force et l'efficace, quand vous vous sentirez malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu. Satan a aussi un trésor, mais il consiste en iniquités et en mensonges. Le coeur naturel a également un trésor rempli de convoitises qui séduisent. Les richesses du bon trésor de Dieu sont bien différentes. Une seule de ses promesses, bien goûtée, console d'une vie d'amertumes. Dieu se communique lui-même dans chacune d'elles comme celui qui est amour.

C'est toujours le même amour, mais variant ses dons selon nos besoins, et ne s'épuisant jamais, ni dans le temps, ni dans l'éternité. L'expérience d'une promesse conduit à celle d'une autre ; c'est comme si Dieu vous conduisait par la main pour vous montrer ses trésors cachés et ouvrir ses richesses les plus secrètement gardées. L'Éternel seul, il est vrai, a la clef de ce bon trésor. Lui seul donne accès par la foi à cette infinité de forces et de consolations. Pour bien des chrétiens, les promesses de Dieu semblent être derrière des portes d'airain et derrière des barres de fer; l'impénitence, l'amour du monde ou l'incrédulité séparent aussi bien des âmes du bon trésor de l'Éternel. Demandez que ces obstacles soient renversés, et Dieu les mettra en pièces. Priez au nom de Jésus-Christ, en qui toutes les promesses de Dieu sont oui et amen, et le sanctuaire intime de Dieu vous sera ouvert. 'Vous connaîtrez le Père qui, dans la personne de son Fils, vient à votre rencontre plein de grâce et de vérité.

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13 JANVIER.

 

Quiconque aura observé toute la loi, s'il vient à pécher contre un seul commandement, il est coupable comme s'il les avait tous violés. (Jacq. II, 10.)

 

Une des ruses les plus ordinaires du coeur, c'est de transiger avec Dieu . On se rend sur neuf articles, pour être dispensé du dixième; on ferait des oeuvres surérogatoires, pour avoir, dans d'autres cas, des dispenses. Mais que 'vous refusiez à Dieu votre vie, ou que vous ne lui refusiez qu'un cheveu, il voit en vous un ennemi; celui qui a dit: Tu ne commettras point d'adultère, a dit aussi : Tu ne tueras point. La loi de Dieu est une. Ce ne sont point les actes qui font l'obéissance, c'est l'esprit d'obéissance. Dieu veut un peuple plein de franche volonté. Ne demandons-nous pas nous-mêmes à nos enfants oui à nos serviteurs, que le bien qu'ils font ne soit pas forcé, mais volontaire? S'il y a tant de chrétiens malades, c'est qu'on ne se fait point assez un chemin droit, afin que ce qui cloche ne se dévoie pas tout à fait, mais que plutôt il se rétablisse. Que gagnez-vous par vos transactions? Vous n'avez point de paix, il y a de l'interdit sur votre prière, la Parole de Dieu n'agit pas, cette racine d'amertume, poussant en haut, vous trouble, et peut-être plusieurs en seront infectés. Rentrez dans l'ordre et jugez ce qui, en vous, veut se soustraire à Dieu. La loi de Dieu est aussi la loi de la liberté elle vous affranchira si vous, la laissez régner sur vous. N'hésitez point, et vous retrouverez l'harmonie avec Dieu, l'équilibre des forces vitales, et une paix qui surpasse toute intelligence.

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14 JANVIER.

 

La crainte du Seigneur est la vraie sagesse, et l'intelligence consiste à se détourner du mal. (Job XXVIII. 28.)

 

Il y a crainte et crainte. Celle qui est nommée, ici est appelée ailleurs le commencement de la sagesse et une bienheureuse frayeur. Vous la sentirez en marchant sous la discipline du Saint-Esprit, et en vous rendant à ses avertissements. Cette crainte préserve du mal et de la confiance propre. C'est d'elle que parle saint Pierre, quand il dit : Conduisez-vous avec crainte durant votre séjour sur la terre. C'est le saint respect d'un enfant pour son père, et le meilleur préservatif de toute chute et de toute folie. Craignez seulement l'Éternel et servez-le en vérité de tout votre coeur; vous

verrez quelles choses magnifiques il fera en votre faveur. L'Écriture revient toujours à cette crainte, et ne se lasse point de la recommander. Sur vous qui craignez son nom, dit l'Eternel, se lèvera le soleil de justice, et la santé sera dans ses rayons. La crainte de Dieu entretient le libre exercice des forces de l'âme. Aussi longtemps que vous craindrez Dieu, vous serez maître de vous-même. Sans doute, Dieu n'a rien à gagner si vous le craignez, mais vous avez tout à gagner en vous détournant du mal.

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15 JANVIER.

 

Ne crains point, crois seulement. (Marc V, 36.)

 

Le diable est la caricature de Dieu, et la loi du diable est la contrefaçon de la loi divine. Les mots restent les mêmes, mais leur sens est changé. Cela est vrai aussi de la crainte qu'inspire le diable. Dans l'homme déchu, elle remplace la direction du Saint-Esprit. Adam pécheur craignait de paraître devant Dieu. La crainte qui vient du diable est celle qui nous retient loin de Dieu et qui détruit l'amour. Sous la malfaisante influence de l'ennemi, l'affection devient de l'aversion; la confiance se change en méfiance et, en incrédulité l'obéissance spontanée est remplacée par une obéissance servile; le fond est sacrifié à la forme, et la vérité à l'apparence. Rien ne rend misérable comme un tel état, et c'est pourtant par cette chaîne que le diable nous tient tous avant l'heure de la conversion. Mais le Fils de Dieu est venu pour détruire les oeuvres du diable Il dit à l'âme opprimée : Ne crains point, crois seulement. C'est une épée qui entre dans les forteresses de Satan et qui fraie le chemin à la confiance. Recevez Jésus-Christ comme celui qui est venu au monde pour sauver les pécheurs, et il vous donnera le droit d'être fait enfant de Dieu par la foi en son nom. Un enfant n'est plus un esclave; Jésus-Christ délivre tous ceux qui, par la crainte, étaient toute leur vie assujettis à la servitude. Là où l'amour est rétabli, la confiance renaît bientôt. Or, le parfait amour bannit la crainte.

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16 JANVIER.

 

Jésus-Christ nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice, sanctification et rédemption. (1 Cor. I, 30.)

 

Il y a bien des hommes qui ne savent point ce que Jésus-Christ leur a été fait de la part de Dieu. Les quatre mots que vous venez de lire résument en eux l'ordre de la grâce. Rejetez vos préjugés, vos illusions et vos opinions personnelles; ce sont de mauvais guides et de mauvaises lumières : Jésus-Christ seul est le chemin et la lumière du monde. C'est lui, ce n'est point vous qu'il faut écouter. Laissez arriver à vous sa parole, et Jésus-Christ vous sera fait de la part de Dieu sagesse. En lisant la Parole sainte, en la sondant, vous apprendrez à connaître les plaies incurables de votre coeur. Votre propre justice vous apparaîtra comme le linge le plus souillé, et après avoir vainement travaillé sur votre nature pour la refaire, vous serez à votre tour amené à vous écrier : Misérable que je suis! qui me délivrera de ce corps de mort? C'est l'heure où Jésus-Christ pourra vous être fait, de la part de Dieu, justice. Il vous enseignera que ce qui vous était impossible, Dieu l'a fait en envoyant son Fils dans le monde. Si vous le croyez, la justice du Christ couvrira toutes vos injustices, et sa vie répondra pour votre vie perdue. Vous serez sauvé par grâce, par un don de Dieu, par une justice qui ne sera pas celle de vos oeuvres, la justice de Dieu qui s'obtient gratuitement, par le moyen de la foi en son Bien-Aimé. L'assurance de ce salut sera bientôt en vous un levain de joie et de vie qui ne vous permettra, ni de demeurer dans le péché, ni de rester oisif et stérile dans la possession de la grâce. Votre bonheur désormais sera de faire route avec Jésus-Christ, et c'est ainsi qu'il vous sera fait, par la grâce de Dieu, sanctification. Alors, ce ne sera plus vous qui vivrez, un autre vivra et travaillera en vous. Vous éprouverez que ce ne sont point vos propres forces qui vous sanctifient, mais que Dieu, qui accomplit tout en vous, fait lui-même en vous ce qui lui est agréable, par Jésus-Christ. Ce travail se poursuivra au milieu de beaucoup de combats, il vous restera encore bien des misères ; les racines du péché vous accompagneront jusqu'à la mort; mais vous aurez dès maintenant devant vous la perspective d'un avenir où ce qui était auparavant sera passé, et où Jésus-Christ vous sera fait, de la part de Dieu, rédemption. L'oeuvre de Christ continue jusqu'à la délivrance du corps et jusqu'à votre glorification céleste. Alors seulement cette grande oeuvre de rachat sera consommée et couronnée. Commencée au sein de la misère, elle s'achèvera dans la gloire et à la droite de Dieu.

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17 JANVIER.

 

L'exercice corporel est utile à peu de chose; mais la piété est utile à toutes choses, ayant les promesses de la vie présente et de celle qui est à venir. (1 Tim. IV, 8.)

 

Il y a des chrétiens qui sont très scrupuleux à « faire leurs dévotions. » Ils appellent ainsi certains actes pieux, mais qui, une fois accomplis, ne laissent aucune trace. C'est une simple toilette spirituelle, et chacun

sait (lue nos habits de gala ne sont pas notre costume habituel. A quoi servent ces jours de jeûne et de prière, ces préparations à la communion, cette rigidité dans l'observation du dimanche, cette gravité pendant les heures du culte, ces lectures imposées aux enfants, et tout ce bagage religieux qui ne change pas l'esprit général ? On coule les moucherons et l'on avale les chameaux. Les exercices corporels ne font que des Pharisiens. Dieu regarde au coeur et à une piété qui soit utile à toutes choses. Voulez-vous savoir qui sont les hommes pieux, ceux qui feront des progrès? Ce sont ceux qui ont soif du Dieu fort et vivant, ceux qui crient à lui comme le cerf brame après les eaux courantes; ceux. qui regardent toutes les autres choses comme une perte, en comparaison de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ; ceux qui ont pris pour devise : Je suis à mon Bien-Aimé, et son désir tend à moi. Soyez ainsi disposés ; ensuite, jeûnez ou ne jeûnez pas, allez vous promener le dimanche ou restez dans vos maisons, chantez des cantiques ou lisez la Case de l'Oncle Tom, si les prémices sont saintes, la masse le sera aussi. Mais la masse de vos exercices ne vous fera pas avancer de la largeur d'un cheveu si votre âme n'est pas pénétrée et heureuse, à toute heure et à tout instant, par une piété qui assaisonne votre vie présente, et qui fera les délices de votre vie à venir.

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18 JANVIER.

 

La mort agit en nous, et la vie en vous. (2 Cor. IV, 12.)

 

Saint Paul, pour agir sur les Corinthiens, meurt à lui-même. L'action de cette mort eut une force vivifiante. Quand nous voyons, en effet, un coeur qui se détache des choses visibles et qui se met humblement

sous la croix, nous nous écrions : La vérité est là car la vérité est une vie, une vie qui meurt et une autre qui parait. Voulez-vous avoir de l'action spirituelle? Usez de peu de paroles ; il y a assez de convertisseurs ennuyeux. Montrez, pour ce qui vous concerne, que vous êtes dominé par une puissance qui agit en vous, et qui étant allée au coeur de votre vieille vie, a fait de vous une nouvelle créature; faites voir que, tandis que Nos pieds marchent encore ici-bas, votre coeur est déjà où est son trésor. Cela fera réfléchir. Cette mort, en agissant en vous, sera un levain de vie pour votre maison, pour toute l'Église : elle en convaincra d'autres que la Bible est quelque chose de vivant, que le Fils de Dieu est un don ineffable et qu'on peut arriver à ne plus vouloir savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.

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19 JANVIER.

 

Heureux ceux qui sont intègres dans leurs voies, et qui marchent en la loi de l'Eternel ( Ps CXIX, 1.)

 

Un homme intègre est un homme qui est tout entier à son Dieu. Les victimes, sous l'Ancien Testament, devaient être sans défaut et sans tache; la vraie victime, maintenant, c'est le corps, offert en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. On n'est heureux que quand on est intègre. L'Esprit de Dieu ne vous laissera aucun repos, tarit que vous ne serez pas devenu chrétien entier. Le moindre élément vicieux qu'on garde sciemment est une chaîne; et de même qu'on ne marche point à l'aise avec une robe traînante, de même aussi on n'a point le coeur libre quand on traîne avec soi quelque reste du vieil homme. La loi de l'Éternel est un ensemble; pour être heureux, il faut marcher dans cette loi. Nous aimons à voir des hommes qui sont tout entiers à leur besogne, et qui font de coeur et d'âme ce qu'ils ont à faire. Le mercenaire travaille avec, ennui, ,son esprit servile est son propre tourment. Voulez-vous vous épargner ce tourment? Soyez intègre dans vos rapports avec Dieu; la fidélité a aussi son bonheur. 'L'esprit de calcul, tout en vous desséchant, vous fera faire de mauvaise besogne. Dieu s'est donné tout entier à vous, il ne vous a point épargné son Fils unique. Vous pouvez dire : 0 Dieu, tu es mon Dieu et mon partage à toujours quelle richesse! Irez-vous, après cela, dire à l'Éternel 0 Dieu, je suis à toi, mais pas tout à fait; je marcherai dans ta loi, mais avec quelques réserves? Donnez-vous pleinement, et vous aurez le coeur au large. Vous serez libre dans vos allures. Vous aurez la véritable indépendance.

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20 JANVIER.

 

Sois tranquille, en regardant l'Eternel, et attends-le. (Ps. XXVII, 7.)

 

Les époques les plus solennelles de la vie chrétienne sont les temps d'attente. Il y a de ces intérims où l'on est placé entre une crainte et une espérance, ou entre une détresse et un secours ; c'est dans ces crises que le travail de la foi peut acquérir sa vraie maturité ; mais dans ces situations, il faut se dire bien des fois . Sois tranquille, mon âme, en regardant à l'Éternel, et attends-le. Ce n'est pas à l'Éternel qu'on regarde ordinairement, c'est à la tournure des circonstances ; le temps des miracles, pense-t-on, est passé. Il ne faut pas s'étonner alors qu'on ne sorte pas de l'agitation. Les choses visibles sur lesquelles nous nous fondons nous trompent les unes après les autres; l'homme marche

parmi ce qui n'a que l'apparence. Il n'y a qu'un seul fondement ferme : c'est ]a fidélité de Dieu. Les pensées de Dieu à votre égard sont des pensées de paix et non d'adversité quand on croit cela, on peut attendre. Ne perdez pas le bénéfice du moment présent, en volant trop au-devant de l'avenir, par vos pensées et vos désirs. Ce que vous avez en main vaut plus que ce que vous attendez. Dieu n'est-il pas votre Dieu ? Que sont les autres biens à côté de ce bien suprême? Plus vos jours d'attente se prolongeront, plus vous serez, exercé à vous tenir en repos et en assurance; c'est ainsi que vous deviendrez une âme véritablement fondée. L'attente est aussi un bien réel, puisqu'il est bon d'attendre en repos la délivrance de l'Éternel.

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21 JANVIER.

 

Et Jésus leur dit : Je suis le pain de vie; celui qui vient à moi n'aura point de faim; et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. (Jean VI, 35.)

 

Les rapports journaliers de l'âme avec Jésus-Christ sont pour elle une alimentation spirituelle. Il nous communique la vie par le moyen de sa Parole, et cette communication avec l'Esprit vivifiant produit la croissance de l'homme intérieur. Nos langueurs viennent toutes de notre éloignement du Seigneur, ou de notre peu de goût à nous approcher de lui. Le coeur est plein de désirs, mais ils ne sont pas tous pour le Seigneur. Il y a des amorces qui viennent du monde, d'autres qui nous viennent de la chair; cette nourriture n'est pas un pain de vie. Le jeune riche, malgré ses biens, avait en lui un fonds de tristesse, et le Seigneur dit à la Samaritaine qui retournait tous les jours au puits de Jacob : Quiconque boit de cette eau aura encore soir. Il n'en est pas de même quand l'objet de nos recherches est le Seigneur. Celui qui vient à lui n'aura point de faim ; et celui qui croit en lui n'aura jamais soif. Le vide immense qui est au coeur de notre nature n'est pas une déception. C'est un besoin qui correspond en nous à ce pain de vie, destiné à le satisfaire. 0 vous tous qui êtes altérés, venez ! Pourquoi employez-vous l'argent pour ce qui ne nourrit point, et votre travail pour ce qui ne rassasie point? Écoutez-moi attentivement, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme jouira avec plaisir de ce qu'il y a de meilleur. Une âme (lui arrive est aussi une âme qui trouve, et une âme qui croit est aussi une âme qui est nourrie.

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22 JANVIER.

 

Alors Jésus, prenant la parole, dit : Tous les dix n'ont-ils pas été guéris? Et les neuf autres, où sont-ils ? (Luc XVII, 17.)

 

Sur dix lépreux guéris, neuf sont ingrats; un seul retourne sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix. Les ingrats sont partout, les coeurs reconnaissants sont rares. Sur dix bienfaits, on en oublie aussitôt neuf; aussi n'est-ce pas sans raison que David s'excitait à la reconnaissance : Mon âme, disait-il, bénis l'Éternel, et n'oublie pas un de ses bienfaits. Et nous sommes ingrats à nos propres dépens. L'ingratitude produit l'avarice, le mécontentement, l'envie et la jalousie. Ce péché en entraîne une foule d'autres à sa suite; la reconnaissance, au contraire, est l'assaisonnement des .grâces de Dieu; elle les vivifie, elle en prolonge la jouissance, elle est la source de l'humilité, du dévouement et de la charité universelle. Plus on sait rendre grâces, mieux on voit l'immensité des bienfaits qu'on avait reçus sans les voir; on devient capable d'être béni de nouveau. L'ingrat, en engraissant son coeur, se prive d'avance de tout nouveau bienfait. Jésus-Christ avait nettoyé les dix lépreux, un seul y fut attentif. La souveraine ingratitude n'est-elle pas d'oublier la purification par le sang du Seigneur? Quand on finit par regarder le pardon des péchés comme une grâce tout ordinaire, quand on s'y habitue au lieu d'en être toujours plus touché, on ne peut bientôt plus se jeter aux pieds de Jésus, le visage contre terre; l'adoration s'en va, la joie, l'amour, tout ce qu'il y a d'intime s'affaiblit et s'efface peu à peu.

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23 JANVIER.

 

En Jésus-Christ sont renfermés tous les trésors de la sagesse et de la science. (Col. 11, 3.)

 

Il y a, dans la vie chrétienne, bien des perplexités. Souvent il faut s'écrier : Éternel! fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers. On obtiendrait de bien plus grandes lumières, si l'on exploitait mieux les trésors de sagesse et de science qui sont en Jésus-Christ. Il est la lumière du monde, et il est venu pour que ceux qui ne voient point voient. Il révèle aux enfants les choses qui sont cachées aux sages et aux intelligents. Mais un enfant qui vit avec son père finit par deviner sa pensée. Notre lourdeur spirituelle vient de ce que nous n' entourons pas habituellement le Seigneur, de ce que nous n'écoutons pas sa Parole, de ce que nous attristons à tout instant son Esprit. Si nous redressions tous les jours notre christianisme aux pieds de Jésus, nous croîtrions tous les jours dans sa connaissance et dans sa grâce. Les hommes, les meilleurs directeurs spirituels mêmes, ne sont pas la vraie lumière; aussi, si vous vous accoutumez à trop consulter les hommes, vous tomberez dans la paresse spirituelle, et vous serez pris au dépourvu, lorsque vous serez réduit à vous-même. Le vrai chrétien est enseigné de Dieu; le Seigneur, l'Éternel, l'excite à l'attention tous les matins; il lui touche l'oreille, afin qu'il écoute, comme on écoute les maîtres. Le témoignage de l'Éternel est assuré, et donne la sagesse aux plus simples. Quand la Parole (le Christ habitera abondamment en nous, les expériences chrétiennes abonderont aussi avec toute sorte de sagesse. Celui qui me suit, dit Jésus-Christ, aura la lumière de la 'vie. Mais c'est précisément ce qu'on ne veut pas. Suivre le Seigneur, ce serait renoncer à soi-même ; c'est un chemin trop étroit, un conseil trop gênant.

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24 JANVIER.

 

Étant plantés dans la maison de 1'Eternel, ils fleuriront dans les parvis de notre Dieu. (Ps. XCII, 13.)

 

Gardez-vous de la routine religieuse. Il y a souvent tant de poussière sur l'orthodoxie! Soufflez-la tous les jours, et ne vous laissez pas gagner par le formalisme. Fleurissez-vous dans les parvis de voire Dieu, ou vous y desséchez-vous? Êtes-vous un parfum de vie, ou une odeur de mort? L'arbre fleurit quand il est planté près des ruisseaux d'eaux courantes; de bonnes racines et une bonne sève, voilà ce qu'il faut aussi à la vie chrétienne. Avant de fleurir dans les parvis de votre Dieu, il faut que vous soyez planté dans sa maison. Y a-t-il en vous un travail de la grâce, quelque chose de commencé ? Et y a tant de christianismes vaporeux, sans fondement divin ! Comment, dans un tel état, peut-on fleurir? Mais il y a aussi tant de réveils surannés et décrépits, de vies sans croissance, si toutefois ce sont des vies ! Pourquoi cela? C'est que la racine n'est point arrosée, la sève n'est point nourrie, l'homme caché du coeur n'est point entretenu, il y a eu du relâchement, des formes qui ont remplacé le fond, des paroles qui ont fait place à la discipline de ]'Esprit. Demandez que la charrue de Dieu creuse plus avant dans votre âme, que le jardinier mette de l'engrais autour de votre arbre, que votre prière prenne un autre caractère, que les impressions de la Parole de Dieu deviennent plus vives, plus soutenues, qu'il vous vienne enfin quelques-unes de ces bonnes larmes qui vous remettront en communication avec Dieu, et qui referont de vous un adorateur en esprit et en .

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25 JANVIER.

 

J'ai été avec les faibles comme si j'eusse été faible, afin de gagner les faibles; je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver au moins quelques-uns. (1 Cor. IX, 22.)

 

Cela ne veut pas dire que nous devons être mondains avec les mondains, et nous accommoder à toutes les erreurs pour faire un prosélyte. Il est ici question d'autre chose. L'Évangile demande seulement que nous prenions les hommes comme ils sont, que nous ne demandions pas autant à un faible qu'à un fort, ni à un homme qui a été négligé dans son éducation ce que nous demandons à celui qui a été entouré de secours et de ressources spirituelles. La qualité que saint Paul réclame et dont il nous a donné l'exemple, c'est la flexibilité chrétienne. Nous avons besoin de cette vertu dans le maniement des caractères. La délicatesse naturelle a déjà un grand charme; combien plus un chrétien qui sait se faire tout à tous, afin d'en sauver au moins quelques-uns, n'aura-t-il pas une action plus grande encore sur les âmes et sur les consciences ! Il y a des chrétiens qui ne peuvent pas se plier à une autre direction que celle qu'ils ont adoptée. Ils trépignent d'impatience quand il leur vient une visite malencontreuse, ou quand ils sont obligés de sacrifier une heure à des hommes dont le caractère ne leur convient pas. Voyez Jésus-Christ. on le trouve assis avec des Pharisiens aussi bien qu'avec des péagers. Il avait du temps pour tous, de l'amour pour tous; il était avec les faibles comme s'il eût été faible. Ne le pourriez-vous pas aussi pour en sauver aie moins quelques-uns?

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26 JANVIER.

Que la charité soit sincère. (Rom. XII. 9.)

 

Il y a donc une charité qui n'est pas sincère, autrement cette recommandation serait inutile. Il y a une charité qui n'est qu'un manteau sous lequel on cache toutes sortes d'hypocrisies et toutes sortes de passions. Votre charité est-elle autre chose que de la politesse et du savoir-vivre? Est-elle plus qu'une spéculation pour obtenir de la reconnaissance, ou qu'une affaire de point d'honneur, quand, par exemple, on vous présente une liste de souscription ? Est-elle plus qu'un engouement, qu'une charité de tempérament et qu'une bonté naturelle? Est-elle une affaire d'heures fixes, ou le sentiment dominant de votre vie? Est-il vrai que les préférences que vous donnez à l'un ne vous rendent pas capricieux, injuste peut-être, à l'égard d'un autre? Aimez-vous comme Jésus-Christ? Tout est là. Nous avons connu ce que c'est que la charité, en ce que Jésus-Christ a mis sa vie pour nous. Combien pouvez-vous donner de votre vie? Quand même, dit saint Paul, je distribuerais tout mon bien pour la nourriture des pauvres, et que même je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai point la charité, cela ne me sert de rien. La charité n'est pas un acte, c'est une vie. Croyez d'abord que vous êtes aimé de Dieu, qu'il n'a rien épargné pour vous; et, en recevant un coeur selon Dieu, vous aurez une vie nouvelle à donner.

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27 JANVIER.

Priez par le Saint-Esprit. (Jude, verset 20.)

 

On prie souvent sans avoir l'esprit de prière. Ce qui fait la prière, ce ne sont point les mots, c'est la disposition dans laquelle on s'approche de Dieu. Vous approcher de Dieu, est-ce tout votre bien? Votre âme a-t-elle soif de Dieu? Le souhaitez-vous comme une, terre desséchée appelle les eaux des cieux ? Défiez-vous de votre esprit terrestre, esprit pesant et éloigné de Dieu. Ce n'est point dans cet esprit que vous pouvez prier. On ne prie véritablement que par le Saint-Esprit. Demandez l'affection spirituelle avant de demander des grâces particulières, et n'attendez pas pour cela le moment de la prière. Vous avez autant besoin du Saint-Esprit pour bien vivre que pour bien prier. Jugez d'abord votre coeur mondain. La prière doit sortir de l'ensemble de la vie et n'en pas être une oeuvre détachée. Telle qu'est la vie, telle sera la prière. Tournez davantage votre coeur vers Dieu. Tenez vos pensées plus recueillies près de lui. Marchez avec lui et considérez-le dans toutes vos voies, et vous serez bientôt alors un homme de prière. Vos moments de cabinet ne jureront plus avec vos heures de travail, votre vie aura de l'égalité et le même esprit animera toute cette vie; vos yeux seront continuellement vers L'Éternel, comme vers le rocher de votre coeur. Il sera votre partage, votre partage à toujours.

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28 JANVIER.

Marthe était distraite par divers soins. (Luc X, 40.)

 

C'est une femme chrétienne qui est distraite quand le Seigneur voudrait lui parler. N'êtes-vous point souvent distrait dans vos prières et ailleurs ? Combien der moments pouvez-vous vous soutenir en prière devant Dieu? Rien ne prouve notre état de chute comme nos distractions. Tout ce que nous préférons au Seigneur, quoi que ce soit, c'est de la vanité. Ne vous détournez point de l'Éternel, car ce serait vous détourner après, des choses de néant, qui ne vous apporteraient aucun profit, et qui ne vous délivreraient point, parce que ce sont des choses de néant. Ces choses de néant sont ici appelées divers soins. Les divers soins de Marthe étaient des soins chrétiens. On a souvent tant de choses à faire pour le Seigneur, qu'on le perd de vue. Mais que dit Jésus à Marthe? Une seule chose est nécessaire. Travaillez, mais sous le regard de Christ; ne vous égarez pas dans Ie vague; le vague , c'est la vanité et Jésus-Christ a dit : Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Rangez tous ces intérêts divers sous l'intérêt suprême; et quand le Seigneur vous dominera, vous, dominerez à votre tour les divers soins de votre vie, sans tomber dans l'agitation, et sans perdre ce calme précieux qui est l'expression de la présence de Dieu.

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29 JANVIER.

 

Etant fortifiés en toutes manières par sa force glorieuse , pour soutenir tout avec patience, avec douceur et avec joie. (Col. I, 11.)

 

La force glorieuse de Dieu, ce sont les travaux victorieux de Dieu dans le coeur des pécheurs. Plus votre propre force sera petite et humiliée à vos propres yeux, plus la force glorieuse de Dieu pourra s'accomplir dans votre faiblesse. N'avez-vous pas la promesse d'être fortifié en toutes manières, non seulement en telle ou telle occasion, mais toujours? Il n'en coûte pas plus à Dieu de vous donner beaucoup et toujours que de vous donner peu et rarement. Le signe qu'on a été divinement fortifié, c'est de pouvoir tout soutenir avec patience, avec ,douceur et avec joie. Remarquez la gradation de ces trois mots. La douceur est plus que la patience, et la joie est plus que la douceur. La patience est une force intérieure; la douceur est l'expression de cette force sur le visage et dans nos rapports avec les hommes; la joie enfin ajoute à l'expression de cette force un sentiment de bonheur. Un homme qui soutient tout avec patience nous apparaît comme un héros; un homme qui soutient tout avec douceur nous paraît être un ange; mais celui qui soutient tout avec joie nous fait l'effet, d'un être idéal. De tels êtres se trouvent sur la terre; il y en eut parmi les martyrs; n'ont-ils pas chanté des cantiques même au milieu des flammes? Celui qui donne la patience donne aussi la douceur; et celui qui donne la douceur donne aussi la joie. Commencez par la patience, il nous en faut tous les jours. La force glorieuse de Dieu est à votre disposition; seulement soyez fidèle dans les petites choses, et vous irez de force en force; ne demandez point : Comment ces choses se peuvent-elles faire? Dieu n'est-il pas riche pour tous ceux qui l'invoquent, et ceux qui s'attendent à lui ont-ils jamais été confus?

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30 JANVIER.

 

Quand j'attendais le bien, le mal m'est arrivé, et quand j'espérais la clarté, les ténèbres sont venues. (Job XXX, 26.)

 

Les choses semblent souvent aller à rebours, plus nous attendons et plus nous prions. Vous attendez une délivrance, et c'est une nouvelle détresse qui vous vient; vous gémissez sur un péché dont vous ne pouvez être maître, et vous y retombez malgré vos prières. Les autres chrétiens vous semblent plus heureux que vous ; vos voies ne sont à vos yeux qu'un tissu de misères. Mais que dit le Seigneur? Heureux ceux qui ne se scandaliseront pas de moi. Quelle fut l'issue de la vie de Job? L'Éternel bénit le dernier état de Job plus que le premier. Quelle promesse le peuple juif reçut-il quand toutes ses espérances semblaient tomber en ruines ? Je vous ferai du bien plus que vous n'en avez eu même au commencement, et vous saurez que je suis l'Éternel. C'est pourquoi, pauvre âme, espère continuellement en ton Dieu. Tu marches dans des liens d'amour, laisse-toi mener. Celui qui t'a créé te répète ne crains point, car je t'ai racheté je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi. Des détresses prolongées valent mieux que des bonheurs prolongés, et ces combats avec le péché, tout pénibles qu'ils sont, valent mieux que le calme plat de la vie ordinaire. Ne vous aigrissez pas, ne vous découragez pas; celui qui a compté vos cheveux a aussi recueilli vos larmes et vos prières; elles sont toutes dans son registre. Quoi qu'il en soit, vous avez un Père, un Sauveur, un Consolateur; vous êtes le temple du Dieu vivant, et ce qui vous oppresse aujourd'hui sera surtout ce qui vous tournera à louange, à honneur et à gloire, lorsque Jésus-Christ paraîtra .

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31 JANVIER.

 

Éternel des armées, que tes tabernacles sont aimables 1 (PS. LXXXIV, 1.)

 

Où sont les tabernacles de l'Éternel? Partout où l'Eternel vous donne le sentiment de sa présence, partout où il est venu et revenu à vous, pour vous donner des heures de rafraîchissement. Ce sont ces coins retirés où nous prions, où le monde ne nous voit pas; ces lieux qui nous rappellent des bénédictions passées, mais qui ont eu des suites pendant toute notre vie. Les tabernacles de l'Éternel peuvent être dans un désert, vous le voyez dans l'histoire d'Israël. Le lieu où vous vivez est aussi peut-être un désert. Vous n'avez peut-être près de vous ni pasteur, ni temple, ni frères. Il y a quelque chose qui peut vous tenir lieu de tout cela : ce sont les tabernacles de l'Éternel. Recherchez l'Éternel et sa force; cherchez continuellement sa face. Sa face est un rassasiement de joie; il y a des plaisirs à sa droite pour jamais. Vous n'êtes point seul, le Père est avec vous. Si quelqu'un m'aime, dit Jésus-Christ, s'il garde ma Parole, mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Qu'est-ce qui fait le bonheur? Est-ce un certain lieu, de certains hommes, ou les bancs d'un temple ? Oh! non, c'est l'Éternel quand il lève sur nous la clarté de sa face. Or, il est près de tous ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent en vérité.