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EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 FÉVRIER

 

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1 FÉVRIER.

 

Prenez-nous les renards et les petits renards qui gâtent les vignes, depuis que nos vignes ont des grappes. (Cant. des cant. II, 15.)

 

Ces petits renards, qui gâtaient les vignes de Salomon, ne sont-ils pas une image des petits péchés qui rongent la vie chrétienne? Pourquoi y a-t-il tant de langueur parmi les chrétiens? C'est qu'on ne juge pas tous ces petits péchés qui attaquent l'esprit général. Quel mal ne se fait-on pas en se laissant aller à de petites négligences, à de petits mensonges, à de petits caprices, à de petites fraudes et à tant d'autres mauvais mouvements qui émoussent la conscience et affadissent le sel de l'Esprit! Toutes les misères spirituelles ont commencé par des riens, mais ce peu de levain a fait lever toute la pâte. Une mouche morte suffit pour faire puer le parfum du parfumeur. Le relâchement dans lequel on tombe en se laissant aller aux petits péchés se fait surtout sentir au moment de la prière. La prière est l'oeuvre la plus spirituelle, et comment voulez-vous prier quand vous détruisez vous-même votre spiritualité ? Veillez sur l'onction de l'Esprit. Ayez l'oreille ouverte à tous les avertissements qu'il vous donne dans vos mauvais moments. Faites-vous un coeur bien discipliné, et les

grappes de vos vignes ne souffriront pas. Plus nous serons dociles à écouter celui qui nous parle, et plus sa voix deviendra claire, bienfaisante, victorieuse. Alors les choses qui occuperont nos pensées seront des choses véritables, honnêtes, justes, pitres, aimables, de bonne réputation, et dignes de louange.

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2 FÉVRIER.

 

Vous avez beaucoup semé, mais vous avez peu recueilli; vous avez mangé, mais vous n'avez point été rassasiés : vous avez bu, mais non jusqu'à la joie; vous avez été vêtus, mais vous n'avez point été réchauffés; et celui qui se loue, se loue pour mettre son salaire dans un sac percé. (Aggée I, 6.)

 

La vie du monde est une vie de déception. On espère beaucoup et l'on recueille peu. La mondanité est une sorte de fièvre. Plus un fiévreux boit, plus il aura soif. Que sera, à l'heure dernière, la vie mondaine la plus remplie? Une déception finale, après des déceptions de tous les jours! Un chrétien qui n'aurait pour lui que ses oeuvres risquerait bien aussi d'être un homme déçu. Supposons le chrétien le plus actif, supposons-lui un siècle de vie, que verra-t-il quand il examinera son activité chrétienne, au moment d'être rappelé? Hélas! quels pauvres grains de semence à côté de l'immense moisson du Maître! Que de lacunes dans cette vie si pleine d'oeuvres; quel vide profond dans ce coeur en apparence si saint! Entouré de souvenirs qui l'accusent, il n'aperçoit plus le bien qu'il a fait. À côté d'une oeuvre accomplie, il en voit dix qu'il a négligées et vingt qu'il a gâtées! Pauvre mondain, pauvre chrétien, qu'êtes-vous, réduit à vous-mêmes! Nous savons par coeur que nous sommes sauvés par grâce, mais attendons d'être sur notre lit de mort, et ce sera bientôt. Alors la grâce nous paraîtra enfin la grâce, parce que notre néant nous paraîtra enfin le néant.

 

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3 FÉVRIER.

 

Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, parce que lui-même a soin de vous. (1 Pierre V, 7.)

 

Avez-vous une place pour décharger vos soucis? Tout le monde a des soucis, mais tout le monde n'a pas une place où les mettre. On voit des hommes qui sont toujours mécontents et dont l'esprit est accablé un jour comme l'autre. D'autres se déchargent mal. Ils espèrent du temps, ils comptent sur les hommes, mais le temps n'est pas à nous, et les hommes changent. L'énergie que nous nous faisons à nous-mêmes est fatigante et ingrate. Je ne parle pas de l'injure que nous faisons ait Seigneur en l'estimant si peu, et en espérant si peu de ses soulagements. Il est mort pour nous sur la croix, et nous n'osons nous fier à lui quand il nous dit : Viens à moi, âme chargée et travaillée! Quelques soucis à enlever de notre esprit, qu'est-ce après la condamnation que le Seigneur a ôtée de dessus notre âme? N'a-t-il pas le droit de dire encore : 0 race incrédule et perverse, jusqu'à quand vous supporterai-je? Lui qui a porté les péchés de tout son peuple, ne portera-t-il pas aussi ces bagatelles que vous appelez vos soucis? Déchargez-vous donc sur lui, et pour cela commencez par croire qu'il a soin de vous. C'est lui qui dirige votre vie, qui vous porte dans ses bras comme son racheté, et qui fait concourir à votre bien tout ce qui vous arriva Ayez enfin cette confiance pleine et parfaite, qui est déjà un soulagement. Approchez-vous dans cet esprit de votre Ami céleste, et il aura soin de vous. Le Seigneur nous deviendrait inutile du moment où nous n'aurions plus à nous décharger de rien. Il a été envoyé pour les coeurs chargés et travaillés; répandez donc vos soucis en sa présence, et il vous attirera sur son sein. Votre vrai joug, c'est votre incrédulité ceux qui croient entrent dans le repos. Quand vous vous serez soulagé par la prière, vous sentirez que son joug est aisé, que son fardeau est léger.

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4 FÉVRIER.

 

Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. (1 Pierre V, 5.)

 

Orgueil de naissance, orgueil d'argent, orgueil de position, orgueil de talents, orgueil spirituel, c'est toujours la même idolâtrie de nous-mêmes et la même usurpation de la gloire de Dieu. Il est naturel que Dieu résiste aux orgueilleux, qu'il bouche leur chemin avec des épines, et qu'il leur fasse une cloison de pierres, tellement qu'ils ne trouvent point leurs sentiers. La vie de l'orgueilleux est pleine de vexations. Jamais on ne l'a apprécié comme il voudrait l'être, et c'est là ce qui le fait souffrir. Il semble que Dieu ait fait un orgueilleux pour l'opposer à un autre, pour qu'ils se heurtent, qu'ils se résistent l'un à l'autre, et qu'ils deviennent ainsi, sans le savoir, les champions de la gloire de Dieu. L'homme humble est celui qui a le sentiment de sa petitesse, et qui regarde les autres comme plus excellents que soi-même. L'humilité est le plus grand gain, car elle nous rend participants de la grâce de Dieu. Le coeur humble est un terrain où tous les dons de Dieu fructifient. Assurance du pardon, paix profonde, saveur de la Parole divine, esprit de prière, fermeté dans les afflictions, secours de toute espèce, toutes ces choses sont pour les humbles, à tout instant et gratuitement. Mais la véritable humilité est celle qu n'a point conscience d'elle-même. L'humilité chrétienne est le revêtement d'une seconde nature; un homme qui aimerait à regarder à ses habits serait encore un orgueilleux.

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5 FEVRIER.

 

Enseigne-nous; à tellement compter nos jours, que nous en puissions avoir un coeur sage. (Ps. XC. 12.)

 

Moins on a de temps, plus on fait. On rachète le temps quand on en a peu. Plus on est pressé, plus les minutes deviennent précieuses. C'est une sagesse que de compter les jours, et de ne point remettre au lendemain ce qu'on peut faire aujourd'hui. Sème ta semence dès le matin, et ne laisse pas reposer ta main le soir. Va, paresseux, vers la fourmi, regarde ses voies, et deviens sage. Profitez du moment présent, exploitez-le pour Dieu et pour le bien de vos frères. Aujourd'hui, .si vous entendez sa voix, n'endurcissez point votre coeur ; le lendemain aura soin de ce qui le regarde. Nous vivons trop dans le passé ou trop dans l'avenir. Cela nous fait perdre le bénéfice du temps qui seul est réellement à nous, c'est-à-dire l'heure qui vient de sonner. Compter les moments n'est pas la même chose que travailler avec précipitation. Il y a des hommes qui ont toujours un air affairé ; on peut faire tout autant d'ouvrage et le faire avec calme, quand on sait pour qui l'on travaille. Avez conscience que vous n'êtes point à vous-même, que vous avez été racheté à grand prix. Travailler revient alors à glorifier Dieu en son corps et en son esprit, qui appartiennent à Dieu. Un crucifié de Christ décuplera son talent, et saura tellement compter ses jours, qu'il en aura un coeur sage.

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6 FÉVRIER.

 

Moïse demeura ferme, comme voyant Celui qui est invisible. (Héb. XI, 27.)

 

Le plus grand bien ici-bas, c'est un coeur ferme. Quand enfin y arriverons-nous? Dieu, qui sait que nous sommes aisément semblables au flot de la mer qui est agité et poussé çà et là par le vent, nous répète sans cesse: Fortifiez-vous et encouragez-vous. Jésus-Christ disait à ses disciples : Que votre coeur ne se trouble point, ne craignez point. Ce que les apôtres demandaient le plus fréquemment pour leurs troupeaux, c'était leur affermissement. Cette fermeté est tout autre que celle qui nous vient de certains principes philosophiques ou d'un stoïcisme naturel. Quand nous serons faibles, alors seulement nous serons forts. Moïse, à la tête de ses six cent mille Juifs, sentit plus que jamais sa faiblesse, au moment où il eut devant lui la mer Rouge et derrière lui les chariots de Pharaon. On devient fort quand les forces propres sont brisées et qu'il faut croire. Ne pouvant plus vivre du visible, il faut vivre de l'invisible. On brûle alors ses vaisseaux et l'on apprend à marcher sur les eaux pour aller à Jésus. Vous verrez Celui qui est invisible, car vous sentirez sa présence, et vous saurez qu'il est plus grand que votre coeur. Quand vous serez comme un homme qui tombe, laissez-vous tomber ; deux bras invisibles vous attendent, vous ferez la plus heureuse des chutes. Mais alors, soyez reconnaissant; demeurez ferme, et conservez jusqu'à la fin ce qui vous a soutenu dès le commencement. Votre rocher est le Rocher des siècles. Prenez pied sur ce rocher, et vous aurez un coeur ferme, quand vous marcherez comme voyant Celui qui est invisible.

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7 FÉVRIER.

 

Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclairera. (Éphés. V, 14.)

 

Qu'est-ce qui endurcit ? qu'est-ce qui rend incrédule? C'est l'habitude. On ne veut pas changer, on est trop vieux pour cela on craint par-dessus tout un christianisme qui dérange. Or, l'habitude, en ce cas, c'est la mort. Vivre, d'après l'Écriture, c'est se réveiller, c'est se relever d'entre les morts. L'Esprit de Dieu a-t-il soufflé sur vos os ? Avez-vous enfin ouvert les yeux sur vous-même ? Avez-vous reçu les premiers ébranlements ,de la vie? Si cela est, le Saint-Esprit rendra témoignage à votre esprit. Un homme qui se réveille est un homme ,qui devient capable de maîtriser ses habitudes, de secouer cette vieille poussière de la vieille nature, parce qu'il a reçu la lumière de la vie. Christ s'est révélé à son âme comme celui qui est vivant et qui seul vivifie. Avez-vous la vraie vie? Regardez à votre affection dominante : qu'est-ce qui maîtrise votre nature ? Sont-ce les choses d'en Haut ou les choses de la terre ? Un homme qui vit pour ce monde seulement n'est qu'un animal parlant. Réveillez-vous, et vous comprendrez votre destination. Vous serez élevé au-dessus de cette atmosphère pesante, et Dieu vous fera passer comme à ,cheval _par-dessus les lieux haut élevés de la terre. Le réveil est le plus grand des miracles. Il y a des christianismes qui semblent s'hériter de père en fils ; ce sont autant de morts qui enterrent des morts. Nous nous effrayerions de voir danser autour de nous des squelettes; mais n'est-ce pas chose bien plus effrayante, de - voir des générations entières ne pas vouloir se regarder de près, avoir en horreur un changement vital, et rouler dans l'abîme par leur obstination à rester jusqu'à la fin ce qu'elles ont été dès le commencement?

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8 FÉVRIER.

 

Éternel ! souviens-toi de tes compassions et de tes bontés, car elles sont de tout temps. (Ps. XXV, 6.)

 

Chaque moment est une parcelle de la bonté de l'Éternel. Comme la vie serait facile, si nous étions pénétrés de cela! Dieu ne peut pas se renoncer lui-même ; en lui il n'y a aucune variation ni aucune ombre de changement ; il est bon, car il est amour. Ses voies ne sont pas nos voies, mais toutes les voies de l'Éternel ne sont que bonté pour ceux qui gardent son alliance et ses témoignages. David, dans une vie d'agitations et de combats, reconnaît que les bontés de l'Éternel sont de tout temps. Le jour viendra où Dieu fera passer toute sa bonté devant vos yeux. En attendant, croyez, acceptez, adorez! Il vous sera plus facile de croire à la bonté de l'Éternel, quand vous aurez. senti ses compassions. C'est une forme particulière de sa bonté c'est celle qui entre dans le sentiment de vos péchés, qui en adoucit l'amertume, et qui vous fait croire à son pardon. Quand vous aurez été amené à la connaissance de vous-même, et que vous aurez appris à crier des lieux profonds, c'est alors que vous pourrez, dire : 0 Dieu, que ta bonté est précieuse! aussi les fils des hommes se retirent sous l'ombre de tes ailes. Il faut souvent lutter avec Dieu, pour que le souvenir de sa bonté vous revienne. David sait que Dieu est exalté en ayant pitié de nous ; de là ce cri : Éternel! souviens-toi de tes compassions et de tes bontés, car elles sont de tout temps. Dieu aime qu'on lui rappelle ce qu'il est. Ces combats de la prière sont

une oeuvre de foi, et la foi est le bras qui saisit toutes les bontés de l'Éternel.

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9 FÉVRIER.

 

J'oublie les choses qui sont derrière, et je m'avance vers celles qui sont devant moi. (Phil. III, 14.)

 

Saint Paul oublie et jette loin de lui sa religion d'autrefois. Ce qui l'attire, depuis que Jésus-Christ l'a, pris à lui, ce sont ces biens célestes que Dieu donne gratuitement à celui qui croit. Quand Jésus-Christ vit en nous, on se détache de la terre et de la propre justice. Mais plus on marche avec Jésus-Christ, plus on aspire à posséder autre chose que ce qu'on a déjà. Les grâces que l'on a reçues semblent n'être rien à côté de celles qui manquent encore. On est transformé de gloire en gloire, et la gloire d'aujourd'hui ne sera demain qu'une ombre si vraiment la vie s'augmente. Il y a des chrétiens qui, une fois arrivés à un certain point, semblent croire qu'ils sont des chrétiens parfaits. Ils n'avancent plus. D'autres, comme les vieillards, prônent sans cesse le bon vieux temps. Autrefois, au temps de leur réveil, ils avaient plus de feu, plus d'amour; ils se seraient arraché les yeux pour les donner au Seigneur; mais cet heureux état a cessé, et ils semblent croire qu'ils n'ont pas à faire effort pour y revenir. Voilà ce qui arrive quand, au lieu d'oublier ce qui est derrière nous pour nous avancer vers ce qui est devant nous, nous vivons dans la contemplation de nous-mêmes et de nos pauvres commencements. Il y a des mines d'or qui ne nous ont point encore été ouvertes. Ces quelques expériences de la grâce ne sont que les arrhes de l'Esprit; le Seigneur nous réserve infiniment davantage. Courez, comme saint Paul, vers le prix de votre

vocation céleste, et votre horizon s'élargira. Vos besoins croîtront à l'infini, et vous saurez que l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, remplit aussi de toute la plénitude des dons de Dieu.

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10 FÉVRIER.

 

Quand j'étais dans ma prospérité, je disais : Je ne serai jamais ébranlé. (Ps. XXX 6.)

 

Il y a une prospérité matérielle et une prospérité spirituelle. Tantôt nos affaires vont bien, tantôt c'est notre christianisme. Il y a des positions qui paraissent tellement stables et où l'on est tellement à l'aise, qu'on se dit: Je ne serai jamais ébranlé. Il y a de même dans la vie chrétienne des heures où l'on se sent tellement près du Seigneur, et où la foi devient tellement la victoire sur le monde, qu'on ne conçoit plus une autre disposition. Il faut souvent si peu pour nous détromper ! Qu'est-ce qui est stable, de nos jours surtout? Où est le coeur qui soit sûr de lui-même? La figure de ce monde passe, et celui qui se confie en son coeur est un insensé. Le vent brise les cèdres : notre héroïsme chrétien n'est pas fait pour résister davantage. Ce qui avait soutenu David, ce n'était pas sa montagne, ce n'était pas lui. Notre force est dans la faveur de l'Éternel, mais sitôt qu'il cache sa race, nous devenons tout éperdus. Ce sont nos humiliations qui nous font rechercher la vraie prospérité. On n'est heureux que quand on peut dire : Éternel! me retirer vers toi, c'est tout mon bien. Confiez-vous en l'Éternel à perpétuité, car le rocher des siècles est en l'Éternel, notre Dieu.

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11 FÉVRIER.

 

Jésus leur répondit: Ma doctrine n'est pas de moi, mais elle est de Celui qui m'a envoyé. Si quelqu'un veut faire la volonté de Dieu, il reconnaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef. (Jean VII, 16, 17.)

 

On a écrit des volumes sur la divinité de Jésus-Christ sur l'inspiration des Écritures, et sur toutes les vérités du christianisme. Mais a-t-on converti quelqu'un par des preuves ou par une argumentation? La seule chose qui convertisse, c'est l'expérience personnelle. Celui qui sent qu'il a passé de la mort à la vie ne demande pas d'autres preuves. Un homme que le soleil réchauffe et pénètre de ses rayons n'a pas besoin qu'on lui prouve la vertu des rayons du soleil, et celui 'qui s'est repu de la moelle du froment ne demande pas qu'on lui démontre la vertu du pain. Or, comment voulez-vous faire l'expérience de votre salut ? Faites l'essai de la doctrine de Jésus-Christ sur vous-même. Sondez les Écritures, approchez-vous du Seigneur, il. ne met point dehors ceux qui viennent à lui. Il vaut mieux aller à la source, que de boire dans une citerne crevassée. Vous feriez des essais de chimie, de physique, quand il s'agirait de votre santé ou de votre commerce; feriez-vous moins quand il s'agit de votre âme et du fondement de votre paix ? Venez apprendre que la vérité de Dieu est assez forte pour se démontrer par elle-même,; venez avec un esprit droit, avec un coeur affamé, et bientôt vous comprendrez, car vous recevrez l'intelligence des Écritures et la foi en Jésus-Christ, et par elle un libre accès à la vie éternelle.

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12 FÉVRIER.

 

Que votre douceur soit connue de tous les hommes. (Phil. IV, 5.)

 

Il y a loin de la douceur naturelle à la douceur et à la débonnaireté chrétienne. La douceur du monde se réduit souvent à des manières courtoises ; si elle est quelque chose de plus, c'est une vertu de tempérament, si elle s'élève plus haut encore, alors c'est une affabilité ou une condescendance de caractère. Le côté faible de cette douceur, sous quelque forme qu'elle se présente, est qu'elle ne se prodigue pas à tous les hommes. L'homme naturel, quand il est doux, sait très bien envers qui il est doux. Dans ses rapports avec certaines personnes, vous trouveriez ce même homme rude et violent. Vous le prenez pour un agneau, mais quelquefois aussi c'est un loup. La douceur chrétienne a une autre source et de meilleures garanties. Elle est issue de la pauvreté en esprit et de la connaissance de nous-mêmes. Un pauvre pécheur qui a beaucoup vécu en présence de lui-même, et qui sent qu'il ne vit que de grâce et de pardon, se montrera doux envers tous les hommes. Il verra dans le dernier des pécheurs son propre portrait; il reconnaîtra en eux les mêmes racines de péché qui sont en lui; quel droit aurait-il de s'élever? Qu'a-t-il qu'il n'ait reçu ? Mais il voit aussi dans le dernier des pécheurs une âme pour qui fut versé le sang du Sauveur. Pourrait-il ne pas être doux pour celui pour qui Christ est mort, et qu'il a appelé à la même gloire éternelle? La douceur chrétienne a toujours quelque chose de brisé et d'humble. On distingue facilement un visage qui porte l'empreinte des souffrances de l'âme et le sceau de la miséricorde du Seigneur d'un autre visage qui n'a que des traits aimables et qui peuvent cacher bien des passions et une vie religieuse bien superficielle.

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13 FÉVRIER.

 

Il aura encore compassion de nous; il mettra sous ses pieds nos iniquités, et il jettera tous nos péchés au profond de la mer. (Michée IV , 19.)

 

Quand Noé sortit de l'arche, Dieu lui dit : Je mettrai mon arc en la nuée, et il sera pour signe de l'alliance entre moi et la terre. Dieu se souvient toujours de cette alliance; il l'a depuis magnifiquement confirmée par le sang de son Fils. Il y a quelque chose qui marche devant vous, quelles que soient vos ténèbres et vos misères: c'est la miséricorde de votre Dieu. Que de fois on croit qu'on a épuisé les compassions du Seigneur ! On n'ose plus croire, on n'ose plus espérer; mais la même voix répond : Il aura encore compassion de toi, il a jeté tous tes péchés au profond de la mer. Cette promesse avance avec la vie ; elle est comme une colonne de nuée qui nous conduit le jour, et une colonne de feu qui nous éclaire la nuit. Nous arrivons au terme de toutes choses, mais la miséricorde du Seigneur dure éternellement. Si vous pouvez rompre l'alliance de l'Éternel touchant le jour et la nuit, tellement que le jour et la nuit ne soient plus en leur temps, dit l'Eternel, mon alliance avec David, mon serviteur, sera aussi rompue; et le plus faible sera comme David; l'Éternel a fondé Sion, et les affligés de son peuple se retireront vers elle. Il a une puissance qui surpasse notre intelligence ; c'est celle qui peut toujours aimer, qui peut toujours avoir compassion, qui peut jeter tous nos péchés au profond de la mer.

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14 FÉVRIER.

 

Aussitôt que tu reprends quelqu'un, et que tu le châties à cause de son péché, tu consumes, comme la teigne, son excellence. (Ps. XXXIX, 11.)

 

Il y a des hommes dont tout le monde est content, et qui ont peut-être tout ce qu'ils désirent ; une seule chose leur manque : la paix. Il y a un ver qui consume cette excellence, Dieu les reprend et les châtie à cause de leur péché. Tant qu'il en est ainsi, à quoi servirait-il de gagner tout le monde? Ce sont des âmes attaquées que personne ne peut consoler, que personne ne peut guérir. On n'a jamais tant besoin de Dieu que quand on manque de l'assurance que nos péchés nous sont pardonnés. On rencontre quelquefois des riches qui ne peuvent jouir de leurs richesses; un homme prôné et qui souffre de tous ces éloges ; un homme qui distribuerait tout son bien pour la nourriture des pauvres, pour pouvoir se réconcilier avec sa conscience : c'est un homme consumé de craintes, parce que Dieu le reprend; il nourrit en lui un ver qui ne veut point mourir, un feu qui ne veut point s'éteindre. Humiliez-vous sous la main toute-puissante de Dieu; reconnaissez que tous vos avantages, sans la paix du coeur, ne sont qu'une perte; mais croyez aussi que Celui qui fait la plaie est le même qui la bande; ces jours sans paix vous seront utiles plus tard; ils vous feront comprendre la voix qui crie : Oh ! si tu eusses été attentif ,à mes commandements, ta paix eût été comme un fleuve, et ta justice comme les flots de la mer ! Israël ! attends-toi donc à l'Éternel, car la miséricorde est avec lui, et la rédemption se trouve en abondance auprès de lui.

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15 FÉVRIER.

 

Il m'est permis d'user de toutes choses, mais il n'est pas toujours bon de le faire; il m'est permis d'user de toutes choses, mais tout n'édifie pas. (2 Cor. X, 23.)

 

Il y a une fausse étroitesse et une fausse largeur. Si votre coeur est véritablement acquis à Dieu, il n'est pas besoin de vous énumérer ce qui est permis, ce qui est défendu dans tel ou tel cas ; l'amour vous guidera, et l'amour est la souveraine sagesse. Mais la liberté dans, laquelle Christ vous a mis a ses réserves. On peut tomber dans un latitudinarisme qui devient un achoppement pour les faibles et un danger pour soi-même. Ne prenez pas d'une manière trop superbe la liberté que Christ vous a acquise par son sang. Que celui qui se tient debout prenne garde qu'il ne tombe. Il y en a eu de plus forts que vous qui sont tombés, et cruellement. Ceux qui coulent les moucherons et qui avalent les chameaux sont dans l'étroitesse; ceux qui se donnent l'air d'avoir une maturité qu'ils n'ont pas sont dans la fausse largeur; ils veulent user de toutes choses, mais c'est pour cela qu'ils n'édifient pas, et qu'après avoir commencé par l'esprit, ils finissent par la chair.

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16 FÉVRIER.

 

Eternel, rends-moi la vie? (PS. CXLIII, 11)

 

C'est un cri qui revient souvent dans les Psaumes. Est-il déjà sorti de votre propre âme ? On ne vit point quand la vraie vie est comme éteinte, quand les impressions spirituelles ne se font plus sentir, et que l'âme est comme dans une terre déserte, où elle est altérée et sans eau. Heureux encore celui qui peut alors crier : Éternel, rends-moi la vie 1 Il est surtout trois situations où l'on peut être amené à pousser ce cri. On peut se trouver sous le poids d'un souci ou d'une épreuve qui ne laisse aucun repos à l'âme, qui la remplit de confusion et paralyse en elle l'esprit de prière; ou bien, si nos affaires extérieures vont bien, si ce n'est pas notre vie matérielle qui souffre, on peut, fatigué de la monotonie des choses de ce monde, avoir un sentiment renouvelé de son état de chute, une sécheresse qui va jusqu'au malaise, qui nous fait souffrir dans tous nos rapports avec Dieu, et qui nous porte à crier : Éternel, rends-moi la vie ! Ou bien enfin l'ennemi poursuit notre âme; nous luttons contre une misère qui ne nous est point enlevée; telle direction malheureuse de notre coeur revient toujours et nous fait souffrir; c'est une chaîne, peut-être un interdit ; fatigué de ces luttes, de ces efforts stériles, nous tombons aux pieds du Seigneur, en nous écriant : Éternel, rends-moi la vie! Soyez tranquille, il vous la rendra. Attendez son heure, et tenez l'oeil bien ouvert sur vous-même, car l'ennemi profite souvent de cet état de langueur pour nous jeter dans une foule de péchés. Vos profonds soupirs sont vos meilleures armes. David, dans ses moments, attendait le Seigneur plus ardemment que le guet n'attend le matin. Il y a une parole qui est très ferme et en qui il vous faut mettre votre espérance, et c'est celle-ci : De même qu'une mère ne peut point oublier l'enfant qu'elle allaite, le Seigneur non plus ne peut pas délaisser le misérable qui crie à lui, et qui languit après la vie. Quoi qu'il en soit, espérez continuellement en Dieu : les canaux des cieux se rouvriront, un fleuve d'eau vive, clair comme du cristal, sortira de nouveau du trône de Dieu et de l'Agneau, et vous saurez que le Seigneur est le même, hier, aujourd'hui, éternellement.

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17 FÉVRIER.

 

Demeurez en moi, et moi, je demeurerai en vous. (Jean XV, 4.)

 

Nous lisons tant, nous écoutons tant, et nous retenons si peu! Cependant le Seigneur veut que nous demeurions en lui. Il veut que le sentiment de sa présence soit notre sentiment habituel, et que les grâces spirituelles se fixent, prennent racine et croissent en nous. Comment cela est-il possible ? Il faut veiller d'abord sur l'esprit qui nous anime. Le véritable esprit est celui qui tient en harmonie les forces vitales. Si nous nous égarons loin du Seigneur, cela vient de ce que nous ne maintenons pas notre âme dans ce saint équilibre. Ne nous laissons point envahir par quelque chose de passionné, restons maîtres de nous-mêmes, soyons sûrs que l'Esprit de Dieu nous facilitera ce travail. Écoutons ces voix qui nous parlent, qui nous avertissent et nous ramènent, comme la houlette du berger ramène les brebis qui s'éloignent trop du troupeau. Ménageons-nous, en second lieu, des moments solitaires pour nous remettre journellement devant la Parole sainte. Entretenons avec soin cette communication avec la Parole de vie; l'affection spirituelle est nourrie par l'action de la Parole. Lisez peu à la fois, mais ayez soin que ce lait spirituel et pur s'infiltre dans les pensées et dans les intentions de votre coeur; vous croîtrez par ce moyen. Veillez, en troisième lieu, sur la disposition dans laquelle vous priez; placez-vous bien près du Seigneur; prenez une pose ferme et solide; la fixité spirituelle dépend en grande partie de la manière dont nous nous approchons habituellement de Dieu. Il faut nous orienter dans le monde de la prière, comme nous ferions dans une ville étrangère, avec laquelle nous aurions à échanger notre lieu natal. Après cela, soyez sûr que le Seigneur vous enverra assez de secousses, d'humiliations, ou de croix domestiques, pour que vous soyez réduit à lui seul, et que vous n'ayez plus d'autre forteresse. Suivez toutes les voies par où il vous mène, et vous reconnaîtrez clairement que toute sa discipline est en ce peu de mots : Demeurez en moi, et moi, je demeurerai en vous.

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18 FÉVRIER.

 

.Cette parole est certaine et digne d'être reçue avec une entière croyance : c'est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. (I Tim. I, 15.)

 

Un pauvre pécheur est l'être le plus malheureux ou le plus heureux, selon qu'il a reçu ou qu'il n'a pas reçu cette parole qui est le résumé de l'Évangile. Y a-t-il une existence plus malheureuse que celle d'un homme qui n'a point de paix ? Séparé de Dieu, que sera-t-il ? Lisez l'histoire de l'enfant prodigue, vous le saurez. La paix est la vie de l'âme, et où la paix se retire, l'enfer a déjà commencé. Vous le saurez à ces heures où la conscience se réveille, et où vous ne direz plus : Paix, paix, quand il n'y a point de paix. A côté de ce pécheur irréconcilié avec Dieu, mettez-en un autre qui a reçu la sainte et bienheureuse Parole de la venue de Jésus-Christ pour le salut des pécheurs. Vous verrez en lui une nouvelle créature. La grâce surabonde pardessus son offense, sa conscience possède une paix qui surpasse toute intelligence et qui fait taire toute accusation. Il a le coeur touché. Jésus vivant se glorifie dans cette âme qui l'a reçu. Dieu nous donne tout et gratuitement, en nous donnant son Fils ; Dieu donne, mais c'est à nous de recevoir. Et qu'est-ce que recevoir? C'est nous approcher de Dieu, c'est voir clair enfin en nous même, c'est sentir les malédictions du péché jusque dans les jointures et dans les moelles, c'est rompre avec les convoitises qui séduisent; avec cette vaine manière de vivre qui ronge notre nature intime; c'est enfin avoir faim et soif de grâce et de justice. 0 vous qui avez mai cherché, cherchez ainsi et vous recevrez; et vous qui avez trouvé, tenez-vous fermement attaché à la Parole qui vous nourrit aujourd'hui, qui vous nourrira aussi demain, après-demain, éternellement! Il y a quelque chose sur quoi l'on ne se blase point : c'est la paix profonde avec Dieu. L'Évangile la donne et l'Évangile l'entretient. Vous ne vous lasserez jamais d'être heureux; et le plus heureux c'est celui qui a pu recevoir cette Parole certaine comme le dernier des pécheurs. Aspirez à descendre, et l'Évangile restera toujours nouveau pour vous. Vous serez cet affligé qui est toujours dans la joie, cet homme qui n'a rien et qui cependant possède toutes choses.

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19 FÉVRIER.

 

Noé fut un homme juste et plein d'intégrité en son temps, marchant avec Dieu. (Genèse VI, 9.)

 

Quand est-on juste? quand est-on plein d'intégrité? C'est quand on marche avec Dieu. Adorer Dieu ne suffit pas; il faut marcher avec lui. Il faut sentir votre main prise par une main invisible, il faut trouver en Dieu un vrai compagnon de route pour pouvoir, quand les rangs se dégarnissent ou que les eaux du déluge grondent, dire à votre âme : L'Éternel est ton berger, tu n'auras point de disette. Marcher ainsi, c'est rencontrer partout des parcs herbeux et des eaux tranquilles. C'est la seule vie heureuse, le seul état permanent. Regardez à vos années qui s'envolent et à ces tombeaux entre lesquels vous marchez il y aune main qui vous cherche et une voix qui vous répète : Mon enfant, donne-moi ton, coeur, et que tes yeux prennent garde à mes voies. Les voies de l'Éternel ne sont que bonté et que vérité, mais marchez-y; sortez de vos propres, voies et de vos propres désirs. Vos destinées seront mieux entre les mains du Dieu d'amour qu'entre vos propres mains. Inclinez vers l'Éternel vos pensées et votre existence, et vous marcherez comme Noé, juste, intègre et heureux, en votre temps. Vous serez une lumière pour les autres.

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20 FÉVRIER.

 

Et Agrippa répondit à Paul :Il s'en faut peu que tu ne me persuades d'être chrétien. (Actes XXVI, 28. )

 

Être sur le point de se convertir et ne se convertir jamais, n'est-ce pas là le caractère de la plupart d'entre nous? Qu'est-ce qui nous ruine et nous tient éternellement loin de Dieu ? Ce sont nos à peu près. On veut et l'on ne veut pas, on se rend et l'on ne se rend pas, et ces renvois à demain sont autant de chaînes que nous ajoutons à celles que nous portons déjà. Demandez à toutes les consciences usées, à tous les coeurs émoussés, ce qui les a jetés dans cette incurable misère. C'est qu'ils ont été, comme Agrippa, à peu près persuadés d'être chrétiens. Dieu frappe à toutes les portes; et malheur à qui entend et n'ouvre pas! Retenir la vérité captive, c'est lui ôter la force d'agir. Agrippa, c'est tout homme qui sent l'aiguillon et qui lutte contre l'aiguillon. Aujourd'hui, non point demain; prenez cela pour devise. Rompre à l'instant même , c'est vous ouvrir la prison, c'est recevoir, avec la volonté, l'accomplissement. Chaque voix est un appel; être chrétien, c'est écouter. Dieu veut le coeur. Il a horreur des à peu près. Décidez-vous; ce n'est pas un bourreau qui vous appelle, c'est un père, c'est une éternité de gloire. Heureux ceux qui peuvent dire : Éternel! tu m'as attiré et j'ai été attiré, tu as été plus fort que moi, et tu as prévalu.

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21 FÉVRIER.

 

Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi de même; car c'est là la loi et les prophètes. (Matth. VII, 28.)

 

Cette maxime d'or est le miroir qui plus que tout autre nous fait voir notre état de renversement. Quand le fondement est renversé, tout n'est-il pas renversé avec lui? Par notre chute, Dieu et le prochain ont été détrônés; et qu'est-ce qui les a remplacés? C'est l'idolâtrie de nous-mêmes. Examinez ce moi superbe, qui a envahi tous les recoins de l'âme, et vous verrez que votre Dieu, c'est vous ; que votre prochain, c'est encore vous. L'égoïsme traduit ainsi : Toutes les choses que je voudrais qu'on me fît, qu'on me les fasse; à cette condition j'accorderai aussi quelque chose. Il demande : Qui est mon prochain? au lieu de demander : De qui suis-je le prochain? Il s'envisage comme un centre rayonnant, il veut que les autres se réjouissent à cette lumière. L'égoïste sait, à un atome près, ce que les autres lui doivent; quand saura-t-il que la vie normale est celle qui se dépouille ? Le dépouillement effraye, mais en nous gardant nous-mêmes, que gagnons-nous ? Un souverain ennui. L'égoïsme. est la plus terrible charge et la plus folle des déceptions. Après avoir dévoré un monde, sa faim n'en serait que plus cruelle. Jusqu'à quand vivrons-nous ainsi? Allons à la racine du mal, convertissons-nous. Efforçons-nous d'aimer, puisque nous sommes nés pour aimer. Demandons-nous: Que puis-je faire pour Dieu? que puis-je être pour les autres? Donnons, et on nous donnera une mesure pressée et entassée; nos prétentions tomberont, nos sacrifices abonderont, et en élargissant notre coeur, nous élargirons aussi le vase que Dieu veut bénir et remplir de ses bienfaits.

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22 FÉVRIER.

 

Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous. (Jacq. IV, 8.)

 

Nous sommes tantôt trop passifs et tantôt trop actifs dans nos rapports avec Dieu. L'un ne veut rien faire, un autre ne laisse rien faire à Dieu. Cela arrive quand la confiance devient de l'inertie, et quand l'activité redevient de la propre justice. L'Écriture veut qu'il y ait rencontre entre l'homme et Dieu ; laissez parler vos besoins, et vous ne resterez point figés sur vos lies, tout en sentant que tout est grâce dans la grande oeuvre, du salut. Vous vous approcherez de Dieu , et il s'approchera de vous. L'Esprit de Dieu vous répétera : Recherchez l'Éternel et sa force; efforcez-vous d'entrer par la porte étroite; combats le bon combat de la foi; saisis la vie éternelle ; cours vers le but; sois fidèle jusqu'à la mort; - mais le même Esprit vous dira : Cela ne vient ni de celui qui veut, ni de celui qui court; c'est un don de Dieu; c'est en vain que vous vous levez matin et que vous vous couchez tard, Dieu donne le repos à celui qu'il aime; il a aimé Jacob et il a haï Esaü il fait miséricorde à celui à qui il fait miséricorde, et il endurcit celui qu'il veut. Le monde vous dira qu'il y a contradiction entre ces deux sortes, de passages, mais ce n'est pas aux raisonnements du monde, c'est à votre propre expérience qu'il faut croire.

Essayez de croiser les bras et de tout attendre de Dieu, jamais de cette manière Dieu ne s'approchera de vous. En revanche, essayez d'imiter Marthe et de faire de la vie chrétienne une fièvre. Votre activité ne vous donnera point de paix, et ne vous sauvera pas plus que la fausse confiance ne sauvera l'autre. Entrez dans ,le sein de Dieu, mais comme un homme en qui tout est à faire et à qui tout est à donner. Les contradictions humaines sont l'harmonie de Dieu; quiconque est pour la vérité écoute sa voix.

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23 FÉVRIER.

 

Il vaut mieux se retirer vers l'Eternel que de s'assurer sur l'homme. (Ps. CXVIII, 8.)

 

On peut rapidement se faire des amis; on peut plus rapidement encore les perdre. Le vent souffle où il veut, la faveur aussi. Elle élève l'un, elle abaisse l'autre; le public est un être si capricieux! Retirez-vous vers l'Éternel, et ne vous assurez pas sur l'homme. Le même peuple qui avait crié: Hosanna! criait la même semaine encore : ôte-le, crucifie-le! Rien de si peu sûr que la vogue; il y a des mondains prônés, comme il y a des chrétiens prônés, et ici comme là il y a des étoiles tombées. Il faut si peu pour déplaire soit aux mondains, soit aux chrétiens! Aujourd'hui vous êtes le héros du jour; demeurez trois ans au même endroit, on ne parlera plus de vous, vous serez passé de mode, ceux qui vous cherchaient autrefois s'enfuiront loin de vous. Heureusement, il y a une faveur plus précieuse en laquelle on ne s'assure point en vain. Dieu seul est fidèle. Recherchez donc la gloire qui vient de lui, ne cherchez point celle qui vient des hommes. Ne bravez personne, ne narguez personne, mais retirez-vous vers l'Éternel, il n'y a point d'autre rocher que lui. Les esprits bienheureux jettent leurs couronnes devant le trône en disant: Seigneur, tu es digne de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance. Le bonheur du ciel peut devenir aussi le bonheur de la terre, quand le coeur, bien persuadé que toute chair est comme l'herbe, et toute la faveur de l'homme comme la fleur de l'herbe, peut dire avec une affection filiale : Pour moi, m'approcher de Dieu, c'est tout mon bien. J'ai assis ma retraite sur le Seigneur, l'Éternel, afin de raconter tous ses ouvrages.

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24 FÉVRIER.

 

Prenez garde que personne ne se prive de la grâce de Dieu, et que quelque racine d'amertume poussant en haut ne vous trouble, et que plusieurs n'en soient infectés. (Hébr, XII, 15.)

 

L'Écriture appelle racine un sentiment quelconque qui devient un goût ou une habitude. Il est question ici des racines amères, de celles qui 'sont les germes de nos tristesses. Le coeur déchu est un abîme de tristesse;. pourquoi? Parce que nous laissons régner en nous de mauvais sentiments, et que rien ne se fixe plus vite dans le coeur que le mal. Ce n'est pas sans raison que nous confessons tous les dimanches que nous sommes enclins au mal. La vie, telle que le péché l'a faite, est une mauvaise pente. Le propre de ces racines amères est qu'elles nous troublent. Elles jettent le désordre dans l'âme. Ce désordre croit à mesure que nos racines poussent en haut. Le mal a une force progressive qui nous envahit de plus en plus. Longtemps cachée, elle éclate enfin, malgré nous, dans notre conduite et dans nos rapports avec le prochain. Une autre propriété funeste que possèdent ces racines amères, c'est qu'elles sont contagieuses : plusieurs en sont infectés. Elles nous font devenir une odeur de mort, au lieu d'être pour nos alentours un parfum de vie. Certaines gens disent: Calomniez, il en restera toujours quelque chose. Cela est vrai de toutes les racines amères que nous laissons pousser en haut, dans notre coeur d'abord, puis dans nos paroles, dans nos procédés. Nous infectons la société, et nous laissons après nous des traces maudites au lieu d'un souvenir béni. Prenons donc garde de ne pas nous priver de la grâce de Dieu, en laissant germer en nous de mauvaises racines. Si nous perdons la grâce de Dieu, que nous restera-t-il? Dans notre propre intérêt, prenons-y garde.

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25 FÉVRIER.

 

L'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin que personne vous instruise; mais comme cette même onction vous enseigne toutes choses, et qu'elle est véritable et exempte de mensonge, vous demeurez eu lui, selon qu'elle vous a enseigné (1 Jean II, 27.)

 

L'onction est l'empreinte de vie qui nous vient de l'Esprit du Seigneur. C'est le rayonnement spirituel de notre vie chrétienne, comme le visage des rois, des prophètes et des souverains sacrificateurs rayonnait, quand l'huile sacrée était répandue sur leur tête et descendait sur leur barbe, et même jusqu'au bord de leur vêtement. Sans onction la vie chrétienne est quelque chose de décousu , car son vrai caractère ne consiste pas dans une suite d'oeuvres, mais dans la teneur générale de la vie. L'onction est ce qui demeure en nous, ce qui donne à notre vie spirituelle sa continuité et son état permanent. Quand nous aurons reçu l'onction d'en Haut, nous n'aurons plus besoin que personne nous instruise. Il ne sera plus besoin de venir

à nous avec un catalogue de prescriptions et de défenses; nous aurons en nous un tact spirituel qui ne nous trompera pas parce qu'il est exempt de mensonge. Le Saint-Esprit, qui est l'Esprit de discernement, nous fera vivre dans le vrai. Demeurer en cet Esprit, c'est demeurer sur le terrain de la vérité, c'est croître en toutes choses dans celui qui est le cher, savoir Christ. Pour obtenir cette onction, voyez ce qu'il y a, dans votre manière d'être, de disparate ou de double. Soyez chrétien jusque dans vos jointures, mais que ces jointures ne crient point comme les gonds d'une porte. Ne logez point deux esprits en vous; un seul est le véritable, c'est celui qui veut demeurer en vous et vous enseigner toutes choses, pour vous faire parvenir à l'état d'homme fait, et à la mesure de la stature parfaite de Christ.

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26 FÉVRIER.

 

Si je n'ai point la charité, je ne suis que comme l'airain qui résonne, ou comme la cymbale qui retentit. (l Cor. XIII, 1.)

 

La charité est la vie de Dieu, et l'on ne vit point si l'on n'est point pénétré de Dieu; on n'est que comme l'airain froid qui résonne, ou comme la cymbale creuse qui retentit. Pourquoi, au lieu de cette vie intime et divine, trouve-t-on si souvent autre chose dans le monde chrétien? Tantôt c'est une pompe de mots ou une phraséologie sacrée, mais sans vraie nourriture spirituelle et sans levain édifiant. Tantôt c'est une fausse gravité, un christianisme de manières qui s'efforce de dissimuler la pauvreté du fonds. On se donne l'apparence de la vie, mais on en dément la force. Ailleurs encore, c'est une repentance forcée qui revient à des jours fixes, par exemple les jours de jeûne et de prière; ce sont des larmes qu'on pourrait aussi faire répandre à des statues. Tout ce qui est haute convenance, fantasmagorie religieuse, affaire de chair et de sang, est un airain qui résonne, une cymbale qui retentit. C'est de la charité qu'il faut, cette vie qui rend souverainement heureux, et qui seule fait avancer. Demandez-la à deux genoux, et que votre coeur en soit enfin pénétré. Aimez-vous dans le monde ce qui est creux, ce qui est froid, ce qui ne donne que des tintements d'oreille et qui se tait après? Ce que vous n'aimez pas dans le monde, comment l'aimeriez-vous dans le siège de la vie, où Dieu seul veut régner?

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27 FÉVRIER.

 

Il a délivré tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude. (Hébr. II, 15.)

 

Le dénuement dans lequel nous jette la mort semble être un gouffre sans fond. Avant de passer par la mort nous sommes poursuivis par la crainte de la mort, de sorte que, depuis que par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, l'horreur de la mort nous tient assujettis sous une servitude qui est notre véritable état tant que Dieu ne nous a pas affranchis. Cette horreur peut ne pas se faire sentir en tous temps, mais elle n'en règne pas moins au fond de Pâme. Elle se décèle tantôt par une horreur pour l'acte de mourir, tantôt par l'appréhension du réveil dans l'éternité, tantôt par la crainte du jugement. Heureusement que Jésus-Christ, en portant sur lui toutes nos craintes, a délivré tous ceux qui par la crainte de la mort étaient toute leur vie assujettis a la servitude. Son agonie est entrée d'avance dans la nôtre, le Seigneur a pourvu à tout, et jusqu'à nos derniers moments. Le réveil dans l'éternité est pour ceux qui sont en Christ une manifestation de la vie, car ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Enfin, le jugement que nous redoutons n'existe plus; Christ, condamné devant le juge inique, a racheté les siens de la condamnation qui les attendait devant le tribunal du juste Juge. En vérité, dit Jésus-Christ, en vérité, je vous dis que celui qui écoute ma parole et qui croit à Celui qui m'a envoyé a la vie éternelle, et il ne sera point sujet à la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie. Qui a le Fils a la vie; non seulement il l'aura, mais il l'a. Ce qui lui reste à traverser n'est plus que l'ombre de la mort et non la mort elle-même. Mais qu'est-ce qu'une ombre? Ce n'est rien , c'est quelque chose qui n'a point de corps, point de réalité.

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28 FEVRlER.

 

Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité et la vie; personne ne vient au Père que par moi. (Jean XIV, 6.)

 

Qui n'a point Jésus-Christ et n'est point uni à lui par le lien de l'Esprit n'a point le chemin; il erre dans de fausses routes, dans de fausses directions ; il a des opinions trompeuses, il est dans un labyrinthe sans issue. Qui n'a point Jésus-Christ n'a point non plus la vérité la vérité c'est la réalité, et les biens du monde ou un christianisme qu'on se fait soi-même ne sont point la réalité. Jésus-Christ seul est le bien réel; tout ce qui est en lui sont des choses désirables. Qui n'a point Jésus-Christ n'a point enfin la vie; la vie naturelle n'est qu une mort prolongée, un long état de sommeil et de tristesse. Celui qui n'a d'espérance que pour cette vie seulement est la plus misérable d'entre les créatures. Mais celui qui trouve Jésus-Christ trouve tout réuni en lui, car toute la plénitude de la divinité habite corporellement en Christ. Si vous cherchiez encore quelque chose en dehors de la plénitude de Christ, ce serait un signe que le Christ que vous possédez n'est point le vrai, et que votre existence a été jusqu'ici une existence manquée.

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29 FÉVRIER.

 

Oh! si tu avais reconnu, au moins en ce jour qui test donné, les choses qui regardent ta paix! (Luc XIX, 42.)

 

Les jours où les appels du Seigneur sont plus directs que jamais, et où ils prennent en quelque sorte corps et vie, sont des jours qui reviennent rarement. Cette exclamation de Jésus sur une ville aussi favorisée que Jérusalem, qui eût pu, en ce jour-là, toucher de ses mains et recevoir à salut le Prince de la vie et de la paix, cette exclamation, il la répète encore du haut du ciel, quand il voit une âme méconnaître une de ces occasions décisives. Jésus-Christ a pour les âmes, telles qu'il les voit, une sainte douleur et un saint amour; recevoir Jésus-Christ, ou croire en lui, c'est être touché des deux manières, par la douleur et par l'amour du Seigneur. Si vous ne sentez point sa douleur, vous ne sentirez point son amour; si vous parlez de son amour, sans avoir passé par sa douleur, vous ne connaissez point le véritable amour, celui qui est répandu dans le coeur par le Saint-Esprit. La profondeur de la vie vient de la croix de Christ; nulle part les souffrances et l'amour ne sont unis comme elles le sont là. La conversion réelle est dans une âme qui a été faite une même plante avec Christ par la conformité à sa mort, pour l'être aussi, dans un saint amour, par la conformité à sa résurrection.