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(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 AVRIL

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1 AVRIL.

 

Pilate fit aussi faire un écriteau, et le fit mettre au-dessus de la croix; et on y avait écrit : Jésus de Nazareth, roi des Juifs. (Jean XIX, 19.)

 

C'est le juge de Jésus-Christ qui proclame au monde la royauté du Sauveur. Les ennemis de Christ, à leur insu, travaillent donc pour lui; ils n'ont aucune puissance contre la vérité, ils n'en ont que pour la vérité. Tuez, persécutez le Seigneur dans la personne de ses disciples, vous servirez sa cause plus que si vous entouriez ses ministres de tous les soldats du pape. Un martyr en fait naître dix autres. C'est un grain de froment qui, en mourant, ne demeure point seul, mais qui en rapporte trente, soixante ou cent peut-être. La mesure la plus impolitique des souverains pour se défaire de la vérité, c'est de la persécuter. Bien des personnes n'auraient point pensé à la Bible, si elles n'avaient vu brûler des Bibles. On donne l'éveil chaque fois qu'on veut empêcher quelque chose avec violence. Nous voyons aussi que les ennemis de Jésus ne restent pas longtemps en bonne harmonie. Pilate avait consenti à permettre aux Juifs de crucifier Jésus-Christ ; mais l'écriteau qu'il fit mettre au-dessus de la croix révolta le clergé d'Israël. L'État et l'Église ne font pas toujours bon ménage ensemble. Quand le bras de l'État a servi aux prêtres, ils ne se soucient guère d'être reconnaissants ; et quand les prêtres ont servi la cause des souverains pour consolider un pouvoir nouveau, on les considère bientôt comme un marchepied qu'on foule sans scrupule.

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2 AVRIL.

 

Les soldats prirent aussi la robe; mais la robe était sans couture depuis le haut jusqu'en bas. (Jean XIX, 23.)

 

Les soldats admirèrent cette robe et trouvèrent dommage de la mettre en pièces. Elle était le type de la justice de Christ, qui est aussi d'une seule pièce. Un incrédule qui nierait tous les miracles de Jésus-Christ ne pourrait pas nier le plus grand des miracles, sa vie sainte et juste. Cette justice réparatrice restera toujours intacte. On n'y peut rien ajouter, on n'en peut rien retrancher. Ce qui affermit la conscience, quand les jugements du péché se réveillent, c'est que Jésus-Christ est un Sauveur parfait; sa justice a tout couvert, comme son sang a tout effacé. Armez le monde contre un pauvre pécheur revêtu de Christ comme d'un vêtement de justice, le monde, ni les puissances de l'enfer ne prévaudront point contre cette robe. Mais souvent ce ne sont point les ennemis de Jésus, ce sont ses amis qui veulent mettre sa robe en pièces. On veut se sauver moitié par Jésus-Christ, moitié par soi-même, et c'est ce partage qui rend les coeurs si languissants. Il n'y a de ferme que l'oeuvre du Seigneur. Le manque de paix vient toujours d'un reste de justice propre. Un chrétien qui s'accuse n'est pas pour cela un chrétien dépouillé. Souvent, d'une seule haleine on s'accuse et l'on se justifie. Quand viendra votre dernière heure, rien ne vous restera pour appui que, la justice de Christ. Pourquoi ne pas faire dès à présent le fondement de vos espérances éternelles de ce qui sera la seule force de vos derniers moments?

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3 AVRIL.

 

Jésus donc, voyant sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: Femme, voilà ton fils! Puis il dit au disciple : Voilà ta mère! Et dès cette heure-là ce disciple la prit chez lui. (Jean XIX, 26, 27.)

 

Jésus-Christ, du haut de sa croix, légua Marie à Jean, et Jean à Marie. Ne nous aurait-il légué personne? Nos affections prennent un autre caractère quand le sang de Christ nous parle véritablement. Il crée un lien bien autrement fort que nos liens naturels. Toutes choses ne subsistent qu'en Christ. Il y a des parents et des enfants qui sont en mésintelligence les uns avec les autres ; cela ne serait pas s'ils se regardaient les uns les autres comme un legs du Seigneur. Un pauvre pécheur est le légataire universel du Fils de Dieu. En possession d'un amour si immense, ne le répandrons-nous pas autour de nous dans les âmes qui nous sont confiées ? Ce qui donne la constance à nos relations terrestres, c'est l'amour qui part de la croix. Puisque le Seigneur se cache dans le plus humble de nos frères, il faut ajouter à tous nos amours un supplément divin. L'amour ordinaire n'est que de l'égoïsme à deux. Ce qui s'unit sous la croix est seul véritablement uni. Quand on a compris le mandat qu'on a reçu du Seigneur, on ne connaît plus personne selon ta chair, et le moins aimable peut devenir le plus aimé.

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4 AVRIL.

 

Et quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et baissant la tête, il rendit l'esprit. (Jean XIX, 30.)

 

Après avoir bu le fiel d'une vie d'expiation, le Sauveur put dire : Tout est accompli. Tout pour lui, tout pour nous. La rançon venait d'être payée, et le Sauveur du monde allait entrer dans le lieu très-saint, non avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, nous ayant obtenu une rédemption éternelle. La vie est un combat, mais ce qui rend victorieux du monde, c'est l'assurance que Jésus mourant a tout accompli. Combattons sur ce fondement, et nous reprendrons de nouvelles forces; les ailes nous reviendront comme aux aigles; nous courrons et nous ne nous fatiguerons point; nous marcherons et nous ne nous lasserons point. L'homme du monde, quand il a fini une besogne, dit aussi: Tout est accompli. L'ambitieux, quand il a atteint son but, dit aussi : Tout est accompli. Quand l'honnête homme, selon le monde, a lait son bilan moral et qu'il y a trouvé plus d'oeuvres bonnes que de mauvaises, il s'applaudit aussi d'avoir tout accompli. Mais vient une heure où tout cet échafaudage croule. C'est en nous plaçant sur le seuil de l'éternité qu'il faut nous demander: Tout est-il accompli? Chaque jour nous précipite vers le moment où nous baisserons la tête et où nous rendrons l'esprit. Que notre unique consolation dans la vie et dans la mort soit cette pierre angulaire et précieuse, cet unique fondement solide qui a été posé par Dieu. Celui qui y croira ne sera point confus. Cherchons donc le Seigneur pendant qu'il se trouve; invoquons-le tandis qu'il est près.

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5 AVRIL.

 

Et les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus, ayant suivi Joseph, remarquèrent où était le sépulcre, et comment le corps de Jésus y avait été mis. (Luc XXIII, 55.)

Nous lisons dans le Symbole des apôtres : Il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli. L'ensevelissement de Jésus-Christ a ravi au sépulcre sa victoire. Le Sauveur, après avoir passé par les angoisses de nos derniers moments, a aussi sanctifié notre dernière demeure. Quand nous serons ensevelis six pieds sous terre, mis en oubli dans le coeur des hommes et couchés sur une couche de vers, notre corps corruptible ne sera point oublié. Suivons Jésus, comme le firent les saintes femmes, remarquons où est son sépulcre. En tout lieu où le Seigneur a mis la mémoire de son nom, il viendra à nous et nous délivrera. Que voyons-nous dans la tombe du Seigneur? La victoire sur le dernier de nos ennemis; Dieu n'a point abandonné son Fils dans le sépulcre, et n'a point permis que son Saint sentit la corruption. Mais cette tombe est la nôtre ; le destructeur des obstacles y est descendu avant nous. Dieu a dit à son peuple : Va, mon peuple, entre dans tes cabinets, et ferme ta porte sur toi; cache-toi un petit moment, car ceux que j'aurai fait mourir vivront; ce corps mort se relèvera. Réjouissez-vous avec chant de triomphe, vous, habitants de la poussière; car ta rosée est comme la rosée qui tombe sur les herbes, et la terre jettera dehors les trépassés. Sommes-nous membres du peuple de Dieu? Si nous disons oui, voici notre condition : Soit que nous vivions, nous vivons pour le Seigneur; soit que nous mourions, nous mourons pour le Seigneur; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur.

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6 AVRIL.

 

Je suis vivant; j'ai été mort, mais maintenant je suis vivant aux siècles des siècles, amen ; et je tiens les clefs de l'enfer et de la mort, (Apoc. 1, 18.)

 

La résurrection n'est plus douteuse, elle n'est plus même une espérance. C'est un fait accompli. Il existe un ressuscité qui est la vérité même et qui ne meurt plus; la mort n'a plus de pouvoir sur lui; car s'il est mort, il est mort une fois pour le péché mais maintenant qu'il est vivant, il est vivant pour Dieu. Toute puissance désormais lui est donnée dans le ciel et sur la terre; Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout autre nom; afin, qu'au nom de Jésus tout ce qui est dans les cieux, et sur la terre, et sous la terre, fléchisse le genou, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Mais il ne suffit pas de contempler Jésus-Christ pour que sa résurrection vienne à notre secours; il faut être un avec la personne du Sauveur, car lorsque notre médiateur ressuscita, ce l'ut notre nature humaine qui ressuscita avec lui. Ceux que Dieu avait auparavant connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né entre plusieurs frères. Examinons-nous nous-mêmes, voyons si Jésus-Christ est en nous; si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en nous, nous avons déjà les arrhes de notre résurrection, et nous avons reçu le droit de dire : Je suis vivant aux siècles des siècles, et je tiens les clefs de l'enfer et de la mort. Jésus-Christ ressuscité est un avec les siens; je leur ai donné, dit-il, la gloire que le Père m'a donnée.

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7 AVRIL.

 

Jésus-Christ a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa résurrection d'entre les morts. (Rom. 1, 4.)

 

Ce n'est point sur la croix que Jésus-Christ a été déclaré Fils de Dieu avec puissance. Jésus-Christ en croix était pour le monde un malfaiteur; ses disciples mêmes, en l'y voyant cloué, eurent un moment d'incertitude, un doute sur son origine. Mais au matin du jour de Pâques, Dieu rendit à la divinité de son Fils et à la vérité de l'Évangile le plus éclatant témoignage. La pierre qui fermait le sépulcre fut lancée au loin; les gardes furent renversés, des anges de lumière vinrent remplir de vie le séjour de la mort, et l'homme de douleur s'élança de sa tombe revêtu de gloire et d'immortalité. Déclaré ainsi avec puissance Fils de Dieu, par sa résurrection d'entre les morts, Jésus-Christ vit son honneur sauvé sa personne brille désormais comme celle du roi de l'Église, et la pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée est devenue la principale de l'angle. Ceci a été fait par l'Éternel, et a été une chose merveilleuse devant nos yeux. Quand les apôtres partirent pour annoncer l'Évangile aux nations, ils étaient en possession de ce fait; il était le fondement de leur doctrine; ils ne venaient pas annoncer un système avec les discours éloquents de la sagesse humaine; ils venaient dire : La vie a été manifestée, et nous l'avons vue, et nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle qui était avec le Père, et qui s'est manifestée à nous. Qui a le Fils, a la vie; qui n'a point le Fils, n'a point la vie, et la colère de Dieu demeure sur lui.

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8 AVRIL.

 

Il leur montra ses mains et son côté. Les disciples donc voyant le Seigneur, eurent une grande joie. (Jean XX, 20.)

 

Ce n'est plus du sang qui ruisselle de ses mains percées et de son côté ouvert, ce sont des rayons de lumière qui partent maintenant de ses plaies et de son coeur ouvert pour nous. Le Sauveur gardera éternellement ces marques glorieuses de la rédemption. C'est ,comme Fils de l'homme, comme notre Frère aîné qu'il est assis à la droite de Dieu; c'est afin qu'en le voyant ainsi, nous ayons une grande joie. Notre nature déchue est remise en honneur dans sa personne : c'est un des nôtres qui gouverne le monde, qui exercera le jugement et qui est le dispensateur des biens célestes. Nous avons un avocat auprès du Père, savoir Jésus-Christ le juste. Malgré son élévation, Jésus n'a point honte de nous appeler ses frères. Voici, il nous a gravés sur la paume de ses mains, et il nous dit cela afin que nous ayons la paix en lui, et que notre joie soit accomplie. Les plaies de ses mains et de son côté nous donnent droit, comme bourgeois des cieux, à cet héritage qui ne se peut corrompre, ni souiller, ni flétrir, et qui est réservé dans les cieux pour nous. Si nous voulons y avoir part, fuyons la corruption qui règne dans le monde par la convoitise, et affectionnons-nous aux choses qui sont en haut et non à celles qui sont sur la terre. Unissons-nous au Seigneur en devenant un même esprit avec lui, et quand notre vie sera ainsi cachée avec Christ en Dieu, à l'heure où Christ, qui est notre vie, apparaîtra, alors nous paraîtrons aussi avec lui dans la gloire.

 

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9 AVRIL.

 

Comme nous avons porté l'image de l'homme terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste. ( 1 Cor. XV, 39.)

 

Le fait de la résurrection de Christ est bien autre chose que la simple admission d'une immortalité de l'âme. Les philosophes païens admettaient aussi l'immortalité de l'âme, mais quelle immortalité? On serait embarrassé de dire si elle eût rendu l'homme heureux ou malheureux. La fiction du Tartare effrayait-elle véritablement le coupable, et celle des Champs-Élysées faisait-elle tressaillir de joie sur son lit de mort le juste selon le monde? Une fable n'est jamais qu'une fable,. et la vérité qui n'est que pressentie petit causer de terribles angoisses au moment où il faudrait pouvoir s'assurer en elle. Il nous faut du positif sur ce qui nous attend au-delà de ce monde. Ces mots : l'homme céleste, nous en disent plus (lue tous les ouvrages des philosophes. Ils nous enseignent que l'esprit, l'âme et le corps ont un état permanent. Nous ne voltigerons donc pas dans le vide comme les âmes d'Homère, nous serons en possession d'un bien-être complet. Notre âme aura un organe corporel pour servir Dieu et pour agir; Dieu ne laissera point notre âme dénuée. Il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel. Le corps glorifié de Christ est le miroir du nôtre. Il n'est plus besoin maintenant que quelqu'un des morts vienne vers nous pour nous parler de notre destinée future; Christ suffit. Regardons-le et nous saurons que si notre demeure terrestre dans cette tente est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui vient de Dieu, une maison éternelle qui n'a point été faite par la main des hommes. Mais cet homme céleste est aussi celui à qui Dieu a donné l'autorité d'exercer le jugement. il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu'il aura fait étant dans son corps.

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10 AVRIL.

 

Et ceux-ci s'en iront aux peines éternelles, mais les justes s'en iront à la vie éternelle. (Matth. XXV, 46.)

 

Comprenez les peines éternelles comme vous voudrez, vous ne les abolirez jamais. L'Ancien et le Nouveau Testament disent tous deux que ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, ,les uns pour la vie éternelle, les autres pour des' ,opprobres et une infamie éternelle. Raccourcir les peines éternelles, c'est aussi raccourcir la vie éternelle, si nous sommes conséquents. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est .d'un plus grand poids. Il y a une sensibilité maladive qui n'est qu'une connivence avec le mal. Mais la sainteté de Dieu et l'inviolabilité de sa Parole sont au-dessus des insinuations de notre nature déchue. Or, elle parle de vie ou de mort, de bénédiction éternelle ,on de malédiction éternelle; elle n'enseigne pas qu'il y ait rien au milieu. Jésus, avant même de sortir du tombeau, l'avait annoncé. Il y a, disait-il, deux routes, deux races d'hommes, deux avenirs, ni plus, ni moins. Le mauvais riche vit un grand abîme, et non pas un purgatoire, entre les âmes sauvées et les âmes damnées. Ceux qui, comme lui, auraient voulu passer ,,du lieu où il était au lieu où était Lazare ne le pouvaient. - Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut. Si nous rejetons .absolument les peines éternelles, notre coeur n'a plus qu'une espérance languissante et notre conscience s'émousse. Si nous objectons que notre salut ne serait point le salut si nous pouvions voir souffrir éternellement un des nôtres, c'est que nous ignorons qu'au-delà de la tombe, ce qui fera notre bonheur ou notre malheur, ce ne sera plus nos affections terrestres, mais le saint intérêt de la cause de Dieu et de son éternelle gloire.

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11 AVRIL.

 

Je sais que mon Rédempteur est vivant. (Job XIX, 25.)

 

On trouve souvent ce passage gravé sur les tombes en guise d'épitaphe. Job prononça ces paroles au sein de ses souffrances, dans un rapide éclair de joie causée en lui par la comparaison de sa délivrance éternelle avec sa misère présente. Dès lors la piété a fait de ces mots l'expression de la joie ineffable qui attend ceux qui partent de ce monde, et qui console ceux qui y restent après eux. 0 mon âme, celui qui t'a rachetée est vivant. Rends sans regret à la terre ce qui est à la terre, Dieu a pourvu quelque chose de meilleur pour toi. Entre avec courage dans ces ténèbres où tu ne vois point d'issue. Tu n'es point seule; un guide invisible marche auprès de toi. Il n'y a aucune proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui doit être manifestée. Que t'a donné le monde? Que t'ont donné les créatures? Un coeur toujours vide et des joies toujours mêlées de larmes. Tu soupires avec toutes les créatures et tu es en travail jusqu'à maintenant. Ce qui te manque, c'est l'adoption, c'est la rédemption de ton corps. Tu l'auras, le temps vole; oublie ce qui est derrière toi et avance vers ce qui est devant toi, puisque tu sais que ton Rédempteur est vivant. Les pleurs logent le soir, et le chant du triomphe survient le matin ; combats comme un bon soldat de Christ, les yeux levés sur ta couronne; ton Bien-Aimé est à toi et tu es à lui, et nul ne te ravira de sa main.

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12 AVRIL.

 

Mais Abraham lui répondit: Mon fils, souviens-toi que tu as eu tes biens pendant ta vie, et Lazare y a eu des maux; et maintenant, il est consolé et tu es dans les tourments. (Luc XVI, 25.)

 

Cette parole peut faire croire que quiconque a eu des maux pendant cette vie sera consolé et récompensé dans l'autre. L'Écriture n'établit nulle part cette doctrine. Pour interpréter sainement le passage qui nous occupe, il ne faut pas l'isoler, le séparer de son contexte, mais le rapprocher de l'ensemble des Écritures et de l'ensemble des versets où il est placé. Abraham dit au mauvais riche : Souviens-toi que tu as eu tes biens pendant la vie. Chacun a ses biens, des biens qui sont l'objet de ses désirs et dans lesquels il met son coeur et sa vie. Les biens du mauvais riche étaient en harmonie avec la vanité de son coeur et avec sa vie éloignée de Dieu. Il avait vécu pour ses biens, et ces biens l'avaient trompé et perdu. Lazare, au contraire, avait eu des maux, mais des maux qui, en profitant à son âme, étaient devenus de vrais biens. C'est dans ce creuset que cet homme pauvre avait senti sa vraie pauvreté, qu'il avait appris à prier et à se tourner vers le Sauveur. A la confiance décevante du riche le Seigneur oppose le fruit paisible de justice que Lazare a retiré de ses épreuves. Ce n'est ni la richesse en elle-même qui condamne, ni la pauvreté en elle-même qui sauve; c'est l'affection du coeur. Prenons donc garde à ce que nous appelons nos biens ou nos maux, car c'est de cela que dépend notre avenir, de l'abondance du coeur que la vie parle. Mon âme, quel est ton intérêt suprême? Pour qui auras-tu vécu quand. tu comparaîtras devant le tribunal de Christ?

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13 AVRIL.

 

Jésus-Christ a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Évangile (2 Tim. 1, 10.)

 

La vie du Saint-Esprit est une vie de résurrection, et le Saint-Esprit vivifie par la parole qu'il a inspirée. C'est par l'Évangile que Jésus-Christ a mis en évidence cette vie divine qui est celle de la résurrection; il n'y manque plus rien pour être complète que la rédemption du corps. En l'attendant, nous devons garder par le Saint-Esprit le bon dépôt qui habite en nous. Là où il y a une oeuvre commencée par le Saint-Esprit, il y a aussi une fête de Pâques commencée. C'est par l'Esprit de sainteté que Jésus-Christ a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa résurrection d'entre les morts, et c'est aussi par son Esprit qui habite en nous que Dieu rendra la vie à nos corps mortels. Assurons-nous bien de l'esprit qui nous anime, et nous saurons si nous sommes de ceux qui auront part à la résurrection des justes. En vérité, dit Jésus-Christ, en vérité, je vous dis que celui qui écoute ma parole et qui croit à Celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle, et il ne sera point sujet à la condamnation ; mais il est passe de la mort a la vie. Là où le Saint-Esprit et la Parole du Seigneur ont trouvé leur entrée. la résurrection y trouvera la sienne plus tard. Avons-nous été engendrés par la parole de la vérité? Celle parole est-elle plantée au dedans de nous, la recevons-nous avec douceur? Assurons-nous en, car ce sont ceux qui ont été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la Parole de Dieu, qui vit et qui demeure éternellement, qui sont aussi ceux pour qui Jésus-Christ a détruit la mort, et pour qui il a mis en évidence la vie et l'immortalité.

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14 AVRIL.

 

Si nous avons été faits une même plante avec lui, parla conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection. (Rom. VI, 5.)

 

Il y a des chrétiens qui passent trop vite de Jésus-Christ crucifié à Jésus-Christ glorifié. Ils acceptent la conformité à sa résurrection avant d'avoir été faits véritablement une même plante avec lui par la conformité à sa mort. Cependant on ne peut arriver aux joies du ciel que par une porte étroite; ceux qui veulent y monter par un autre endroit sont des larrons et des voleurs. De même que Jésus-Christ a vécu de notre vie et a été fait une même plante avec nous, si l'on en excepte le péché, nous ne pouvons être sauvés qu'en nous rendant conformes à sa vie, et en traversant ce monde avec les mêmes sentiments que Jésus-Christ a eus. Le disciple n'est pas plus grand que le maître, et s'il est dit du maître : Il s'est anéanti lui-même, il est venu, non pour faire sa volonté, mais pour faire la volonté de Celui qui l'a envoyé, il est aussi dit pour nous : Si nous ne mourons pour lui et avec lui, nous ne vivrons, noies ne régnerons point avec lui. Il y a un Gethsémané et un Golgotha pour nous, comme il y en a eu un pour le Sauveur. Si nous ne voulons pas renoncer à nous-mêmes et porter notre croix, nous ne pourrons être ses disciples. Plus les racines d'un arbre sont profondes, plus il devient haut et fort. De même, plus le dépouillement de nous-mêmes sera vrai et complet, plus la vie divine de Jésus-Christ pourra agir et nous faire parvenir à la résurrection des justes. C'est en connaissant d'abord Jésus-Christ crucifié, et la communion de ses souffrances, c'est en nous rendant conformes à lui dans sa mort, qu'il faut venir à Jésus-Christ glorifié pour avoir part à l'efficace de sa résurrection. Ne changeons point l'ordre établi de Dieu.. S'il y a tant de christianismes malades, c'est que la sève de la vie n'est point nourrie. On veut jouir, on veut s'envoler au ciel, mais on ne, connaît point la vraie croix de Jésus-Christ, celle par laquelle le monde est crucifié à notre égard, par laquelle nous aussi nous sommes crucifiés au monde.

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15 AVRIL.

 

Mon désir est de partir de ce monde et d'être avec Christ, ce qui me serait beaucoup meilleur. (Phil. 1, 23.)

 

Le monde est plein de gens qui voudraient mourir, non que leur désir soit de partir de ce monde pour être avec Christ; ce n'est point la charité de Christ qui les presse, c'est l'envie de jeter leurs croix et de déserter leur poste comme de mauvais soldats. Ils croient que mourir, c'est nécessairement améliorer son sort, comme ceux qui partent pour la Californie ou qui émigrent au hasard croient que partout ils seront mieux que dans leur ville ou dans leur village. La somnambule qui marche sur un toit ne sait pas quelle épouvantable chute elle peut faire, et l'homme qui ne se connaît pas lui-même ne sait pas non plus que l'avenir au-devant duquel il se jette, en sortant de cette vie, est une éternité de larmes. Mais sans parler des incrédules et des gens du monde, il y a aussi une lâcheté chrétienne que l'on prend souvent pour le désir de partir de ce monde afin d'être avec Christ. Il est permis peut-être à des hommes comme Élie, comme saint Paul, à ceux qui ont beaucoup souffert pour le Seigneur, de soupirer de temps en temps après leur délogement; mais saint Paul lui-même, après avoir exprimé ce désir, ajoute : Toutefois, il est plus nécessaire pour vous que je demeure dans ce corps. Voici le principe qui dirigeait la vie (le l'apôtre : C'était de s'efforcer d'être agréable à Dieu , soit qu'il demeurât dans ce corps, soit qu'il en sortit. Où est le ciel et où, est l'enfer? En nous-mêmes premièrement, selon nos rapports avec le Seigneur. Si nous sommes un avec lui, notre possession nous écherra toujours dans les lieux agréables, soit que nous soyons en ce corps, soit que nous en sortons. C'est un beau lot de glorifier Christ, soit par la vie, soit par la mort. Quand nous serons mûrs pour lui, soyons sûrs qu'il ne nous oubliera pas.

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16 AVRIL.

 

Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. (Col. III, 1.)

 

Il nous est permis, dans notre corps de mort, de nous regarder déjà comme des ressuscités. Que votre coeur, dit Jésus-Christ, soit où est son trésor; or, notre trésor est Christ, lui qui est l'espérance de la gloire. La résurrection commence avec la recherche des choses qui sont en haut, et aspirer à ces choses, ce n'est point s'égarer voluptueusement dans les joies du siècle à venir, et prendre le dégoût des choses terrestres; c'est premièrement aspirer à Christ, à. sa vie, à sa plénitude, pour être transformés en la même image, de gloire en gloire, par l'Esprit du Seigneur. Cette faim et cette soif des choses d'en haut, parce qu'elles sont avant tout une communion avec Celui qui est assis à la droite de Dieu, ne paralysent point l'homme et ne le rendent point impropre aux choses de ce monde. Le meilleur chrétien sera aussi le meilleur homme d'affaires, seulement il considérera toutes choses au point de vue de l'éternité. Nous gagnerions tous, si nous faisions nos transactions terrestres comme des bourgeois des cieux. La piété est utile à toutes choses, elle a les promesses de la vie présente et de celle qui est a venir. D'où viennent, dit saint Jacques, parmi vous les dissensions et les querelles ? N'est-ce pas de ceci, savoir, de vos désirs déréglés qui combattent dans vos membres? Et ces désirs déréglés, à leur tour, d'où viennent-ils ? N'est-ce point de ce que nous tenons désespérément à la terre, et que nous ne vivons point comme des ressuscités de Christ? Cherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes les autres choses nous seront données par-dessus; mais n'intervertissons pas les termes de cette promesse. Les banqueroutes ne viennent pas d'un excès de zèle pour les choses de Dieu, mais d'une passion immodérée pour les choses de ce monde.

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17 AVRIL.

 

Le soir de ce même jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où les disciples étaient assemblés étant fermées, parce qu'ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et il fut là au milieu d'eux, et leur dit: 1a paix soit avec vous! (Jean XX, 19.)

 

C'est ici une réalisation de cette promesse : Je vous dis que, si deux d'entre-vous s'accordent sur la terre pour demander quelque chose, tout ce qu'ils demanderont leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Car où il y a deux ou trois personnes assemblées en mon nom j'y suis au milieu d'elles. Nous pouvons avoir la même bénédiction que les disciples. La présence du Seigneur, demandée en commun, petit s'obtenir indépendamment de sa forme visible; la présence de Christ est dans le souffle de sa paix. Les réunions où cette présence est le mieux sentie sont celles qui sont - entourées d'entraves. Les portes du lieu où les disciples étaient assemblés étaient fermées, parce qu'ils craignaient les Juifs. Mais les Juifs ne pouvaient leur nuire, car le Seigneur campait autour de sa maison; il lui était comme une muraille de feu tout autour, afin de se glorifier au milieu d'elle. N'avaient-ils pas pour eux cette promesse :Qui vous touche, touche la prunelle de mon oeil. Il est le Saint et il habite au milieu d'Israël qui célèbre ses louanges. Il y a telle réunion religieuse où la paix de Jésus ne se fait pas sentir, où la vie languit, où l'on dépérit ensemble plutôt qu'on ne s'édifie mutuellement. C'e_st que ces réunions sont devenues un simple passe-temps, et que les exhortations qu'on y entend ne sont, à vrai dire, que du bavardage chrétien. On y vient parce que chacun, ayant la liberté de prendre la parole, on veut se donner le plaisir de s'entendre prier ou prêcher. Tous y sont docteurs, et personne ne reçoit rien. Quand les choses en sont là, il est bon que le Seigneur ferme les portes de ces réunions pour mieux ouvrir les coeurs de ceux qui y assistent. Ce ne sont point les réunions qui manquent; ce sont plutôt les baptêmes d'esprit et de feu. Rendons grâces au Seigneur quand, pour changer ces causeries en combats de prières, il permet qu'elles soient entravées par quelques persécutions. Cette manière de visiter son peuple est aussi une manière de lui dire : La paix soit avec toi.

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18 AVRIL.

 

Jésus lui dit. Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu ? (Jean XX, 15.)

 

Chercher le Seigneur, est déjà un gage qu'on le trouvera; le chercher en pleurant, rapproche infiniment plus de lui; le chercher dans sa tombe ouverte, c'est le mettre à nos côtés. C'est l'expérience que fit Marie Madeleine : elle crut qu'on avait enlevé son Seigneur, et Jésus n'eut qu'à dire un mot pour se faire reconnaître à elle comme le prince de la vie et de la résurrection. Nos douleurs ne sont pas toujours semblables à celle de Marie, aussi y a-t-il des âmes qui ne sont point en ,état, d'être consolées. Ce sont celles qui sont seules avec elles-mêmes et qui s'enfoncent dans les souvenirs de ce qu'elles ont perdu. La douleur souveraine du chrétien, c'est de ne point trouver le Seigneur. Se retirer vers lui, c'est tout son bien; s'il lui cache sa face, sa chair et son coeur défaillent, et le monde entier n'est plus qu'une solitude. Mais dans ces moments ne cherchons point de consolation en nous-mêmes. Le véritable lieu où est Jésus, ce ne sont ni nos souvenirs, ni nos impressions, ni nos craintes; c'est à sa tombe ouverte qu'il faut aller. Il est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Le fait de la résurrection et non pas le sentiment de la résurrection, voilà ce qui console. Partons de cet événement certain, car il a des conséquences éternelles. Jésus nous a dit une fois pour toujours : .Ne crains point, car je t'ai racheté je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi.

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19 AVRIL.

 

Sanctifiez dans vos coeurs le Seigneur votre Dieu. (1 Pierre 11, 15.)

 

Dans une eau trouble, l'image du soleil perd son éclat. Il en est de même des impressions de vie qui nous viennent du Seigneur. Elles s'affaiblissent et s'effacent si nous ne leur accordons point le pouvoir qu'elles veulent avoir. Veillons sur notre manière d'être, et ne nous laissons point gagner par les influences du mal.

Réveillons nos besoins intimes, et laissons-nous nettoyer de toutes les souillures de la chair et de l'esprit, afin d'être rendus capables d'achever notre sanctification dans la crainte de Dieu. Sanctifier le Seigneur, c'est le recevoir comme la sainteté vivante, et le laisser agir comme celui qui veut nous transformer à sa propre image. C'est dans le coeur, dans le foyer de la vie, que la sanctification s'opère. Il y a souvent un triste contraste entre nos pratiques et notre vie véritable. Nos prières sortent si souvent d'un esprit vide et ne sont que des paroles. Nous entendons la Parole sainte sans l'écouter et sans la recevoir. Nous marchons dans un état qui n'est ni la vie ni la mort, et ce malaise finit par ne plus être une souffrance. C'est que nous ne sanctifions point dans nos coeurs le Seigneur notre Dieu. Nous tombons dans le mécanisme, au lieu de demeurer en Celui qui veut demeurer en nous. Élevons chaque matin les yeux vers les montagnes d'où vient le secours. Cherchons à bien connaître nos vides et nos lacunes, et désirons avec ardeur le lait spirituel et pur, afin de croître par son moyen. Plus nous aurons goûté combien le Seigneur est doux, plus nous serons empressés à le faire, car la sanctification croît avec le besoin d'être sanctifié.

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20 AVRIL.

 

L'Eternel des armées est avec nous; le Dieu de Jacob est notre haute retraite. (PS. XLVI, 11.)

 

Le Dieu qui a conduit les patriarches est encore vivant. Il faut qu'on nous le répète quand nous nous croyons seuls ou abandonnés. Suivez la vie de Jacob; elle est toute pleine de son Dieu. Les patriarches se tenaient devant l'Éternel; ils marchaient avec lui., ils se fortifiaient dans leur Dieu et recherchaient continuellement sa face. Dieu descendait avec eux aux détails de la vie, il était leur haute retraite. Leurs rapports avec lui sont clairs et soutenus, ils ne se perdent point dans le vague. L'Éternel des armées n'est-il plus avec nous? Si nous avions la confiance des patriarches, nous le trouverions comme eux, et il ne nous ferait point défaut. Qu'on ne dise point : Nos complications avec le monde sont plus nombreuses que celles de ces pâtres d'Israël; ce n'est point le monde qui nous empêche de croire , c'est notre coeur incrédule. Aujourd'hui nous plaçons Dieu trop haut, demain nous le plaçons trop bas, et c'est ainsi qu'il se perd dans les nues ou qu'il est sacrifié à de mauvais soutiens. Soyons plus simples, et croyons enfin que tous nos cheveux sont comptés. Jésus-Christ nous le dit, et quand il a repris la vie, c'était pour être avec nous tous les jours jusqu'à la fin du monde. Nous pouvons l'avoir ainsi pour notre haute retraite. Approchons-nous de lui et il s'approchera de nous; suivons les directions qu'il nous donne, vivons de foi, et il nous donnera la victoire sur les choses hautes, sur les choses basses et sur le monde.

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21 AVRIL.

 

Oh! qu'heureux est l'homme auquel l'Eternel n'impute point l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude ! (Ps. XXXII, 2.)

 

Il n'y a de bonheur que dans le pardon de Dieu, et ce pardon nous pouvons l'avoir gratuitement. Or, d'où vient que pourtant d'âmes le pardon se fasse attendre? C'est que l'Éternel ne peut quitter ta trangression qu'à ceux dans l'esprit desquels il n'y a point de fraude. Les uns ne reconnaissent point leurs péchés, d'autres ne les avouent point, d'autres encore ne voient pas ce qu'il faudrait voir, et s'accusent sur autre chose. Il y a tant d'espèces d'impénitences! La paix n'est promise qu'aux esprits droits. David attendit près d'une année avant de s'humilier de son crime. Ses os se consumaient, sa vigueur se changeait en une sécheresse d'été et malgré cela, il ne se repentait point. La chose la plus rare sur la terre, c'est un coeur qui se rend et qui se brise. On essaye de tous les moyens pour échapper à la souveraineté de Dieu, et nulle part la souveraineté de Dieu n'est plus absolue que clans l'acte du pardon. Nos raisonnements, les consolations des hommes, les ruses du coeur pour mitiger la loi de Dieu, sont une monnaie qui n'a pas cours, un travail qui ne rassasie point. L'absolution ne vient que de Dieu, il ne la laisse prononcer à personne d'autre qu'à lui-même. Le Saint-Esprit nous l'applique quand nous rompons avec l'esprit de fraude. Tout se réduit à pouvoir dire sincèrement : J'ai péché. Quand la brèche est faite, la paix se répand bientôt comme un fleuve. Si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché.

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22 AVRIL.

 

Vous couriez bien; qui vous a arrêtes. pour vous empêcher d'obéir à la vérité? (Gal. V. 7.)

 

Nous faisons beaucoup de mal à la bonne cause par les inégalités de notre humeur. Souvent, quoique en bon chemin, un rien suffit pour nous prendre tout notre christianisme. An lieu d'obéir à la vérité, nous n'obéissons qu'à notre humeur; notre humeur change aussi souvent que le vent. Si dans nos mauvais moments nous nous mettions bien en présence de nous-mêmes, nous ne nous reconnaîtrions plus, et nous serions forcé de nous dire : Suis-je bien le même homme? Les hommes les plus désagréables sont ceux qui sont les esclaves de leur humeur. Leurs caprices sont autant de chaînes qui les empêchent d'obéir à la vérité. On ne peut se fier à de tels caractères; ils n'offrent aucune garantie, on n'ose se lier avec eux, ni croire à leurs paroles. Ce n'est point des gens du monde que je veux parler ici, c'est des chrétiens. Je parle de ces caractères fantasques qui cependant ont reçu des convictions. Ce n'est pas toujours par un état nerveux qu'on peut justifier ces inégalités. Il manque à ces chrétiens un fondement plus solide et une plus grande profondeur de vie. Le Seigneur n'a point encore gagné le fond de leur existence; les souffrances que Christ a endurées pour nous ne leur ont point encore parlé comme leur éternelle rançon Il faut que la charrue de Dieu repasse dans les sillons et qu'elle les approfondisse. Alors ils ne seront plus tes esclaves du moment, ils auront honte de leur susceptibilité, et ils deviendront capables d'imiter ceux qui, par la foi et la patience, sont devenus les héritiers des promesses.

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23 AVRIL.

 

Le nom de l'Eternel est une forte tour; le juste y courra; et il y sera dans une haute retraite. (Prov. XXIII, 19.)

 

Le nom de l'Éternel est le contenu des exploits de l'Éternel. Le nom est plus que la pensée; la pensée peut s'égarer on se tromper; le nom rend ce qui est, c'est la réalité qui vient au jour. Ce n'est pas sans raison que le nom de l'Éternel joue un si grand rôle dans les Livres saints. Le peuple de Dieu n'a point un Dieu inconnu, ni un Dieu fictif Il ne ferait pas bon se fier à un Dieu qui ne se fût pas donné à connaître; mais l''Éternel, qui a fait les cieux et la terre, a un nom et une histoire. Le nom de l'Éternel, c'est l'éclat de sa puissance, la série de ses délivrances, le témoignage de ce qu'il a fait pour ceux qui ont invoqué son nom. Ce nom est une forte tour; le juste y courra et y sera dans une haute retraite. Ce que l'Éternel est pour nous dans le passé, il le sera aussi dans l'avenir. Comme nous pouvons nous retrancher dans nos souvenirs , nous pouvons nous aussi nous retrancher dans nos espérances. Il y a dans le nom de l' _Eternel une force pour le pauvre, une force pour le misérable en sa détresse, un refuge contre le débordement, un ombrage contre le hâle. Notre force dépend de notre manière d'invoquer le nom de l'Éternel. Que se passe-t-il en nous et dans quel esprit nous trouvons-nous quand nos lèvres disent : 0 Dieu, tu es mon Dieu, je m'attends à toi tout le jour! Si cette invocation n'est qu'une formule dans notre bouche, nous sommes bien à plaindre; mais si nous la prononçons en esprit et en vérité, nous attirons à nous les puissances du siècle à venir, nous établissons notre âme dans une forteresse, >et; le Dieu trois fois saint vient s'unir à notre néant.

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24 AVRIL.

 

La foi est une vive représentation des choses qu'on espère, et une démonstration de celles qu'on ne voit point. (Hébr. XI, 1.)

 

Tout ce chapitre ne vous fait-il pas l'effet d'une grande galerie de tableaux" Il y avait dans les anciens donjons une salle où étaient suspendus les portraits des, aïeux. Le chrétien a aussi ses aïeux, vous en voyez ici toute une série. Ce sont des figures fort diverses l'une de l'autre; Noé n'est point le même homme qu'Abraham, et Abraham a un autre caractère de figure que Moïse, Il n'y a pas là deux croyants qui se ressemblent pour les nuances de leur individualité. Mais s'il y a variété entre eux, il y a aussi unité, et le trait commun de tous les héros de ce onzième chapitre des Hébreux, c'est la toi. Ce sont des hommes détachés des choses visibles et attachés aux invisibles, car la foi n'est pas autre chose. Elle est une vive représentation des choses qu'on espère, et une démonstration de celles qu'on ne voit point. L'imagination peut aussi nous représenter vivement les choses absentes, et il n'y a pas de sot qui ne prenne souvent pour démontré ce qu'il ne voit pas, parce qu'il l'espère. Mais la foi est une oeuvre de Dieu, et la force de la foi vient du siècle à venir. C'est une chose touchante de voir comment ces hommes de l'ancienne alliance ont sacrifié leurs attachements terrestres à ce que leur oeil n'avait point vu. Tous sont morts dans la foi, sans avoir reçu les choses qui leur avaient été promises, mais les ayant vues de loin, ils les ont crues et embrassées; ils ont fait profession d'être étrangers et voyageurs sur la terre. C'est une belle chose qu'une âme détachée du monde! ce n'est qu'à ce prix qu'on peut dire : Je crois. Qu'est-ce qui nous domine, et jusqu'où va la puissance de notre foi? Dieu peut demander plus encore à un enfant de la nouvelle alliance qu'à un enfant de l'ancienne. Jésus-Christ est l'accomplissement des promesses; attachons-nous à lui pour le suivre, et ce monde visible sera vaincu.

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25 AVRIL.

 

La source de la vie est avec toi, et c'est par ta lumière que nous sommes éclairés. (Ps. XXXVI, 9.)

 

Le don de Dieu, C'est la vie éternelle par Jésus-Christ notre Seigneur. Où il y a foi, il y a vie, vie éternelle. Mais cette vie n'est jamais autre chose qu'un don de Dieu. Elle est un miracle de grâce dans son commencement, dans sa continuation; elle le sera même dans l'autre monde, quand elle ne sera plus mélangée de péché. Nous ne vivons que de grâce, et la plus grande ,grâce c'est la vie éternelle. Nous ne pouvons point la produire nous-mêmes, ni par nos prières, ni par nos lectures pieuses, ni par aucun des travaux de notre charité. Dieu peut diminuer en nous la vie au point de nous faire croire que nous sommes redevenus morts ,dans nos fautes et dans nos transgressions. Aussi ne devons-nous point vivre de nos progrès. De même que chaque pulsation de notre coeur est un miracle, chaque mouvement de la vie divine est un miracle aussi. Cette vie est la lumière de Dieu, celle par laquelle il nous éclaire et nous transmet toute connaissance. Les lumières qui ne sont point des sources de vie ne sont que des connaissances mortes et ne nous viennent point de Dieu. La science humaine peut dessécher le coeur, mais quand Dieu lève sur nous la clarté de sa race, sa face est un rassasiement de joie et un arrosement à .nos os. Examinons la source de la vie qui est en nous, et la lumière par laquelle nous sommes éclairés: est-elle divine ou humaine? Discernons-nous ce qui est grâce de ce qui est nature, et montrons-nous au monde que la vraie grâce est celle dans laquelle on demeure ferme ?

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26 AVRIL.

 

Jusqu'à quand boiterez-vous des deux côtés? (1 Rois XVIII, 21.)

 

on peut boiter des deux côtés pour la doctrine et.. pour la vie. Le rationalisme vulgaire a fait son temps, mais la maladie de notre époque c'_est de louvoyer. Les convictions saines, fermes et bibliques, font place à un mélange de foi et d'incrédulité. La parole vivante et, inspirée de Dieu ne règne point comme elle devrait, régner, et n'a point l'autorité qu'elle veut avoir. La grâce pleine et entière par le sang de Christ, sans la coopération de l'homme, est voilée de toutes sortes de manières et remplacée par des systèmes humains sur la rédemption. On ne nie point, on cloche, et cette manière de croire décolore la vie, autant qu'elle affaiblit la vérité. Le manque de convictions fermes donne à la. vie chrétienne ce caractère indécis qui lui ôte toute fraîcheur et toute force victorieuse. Revenez à l'Évangile des apôtres; nourrissez-vous-en, et ne subtilisez. point. Amenez vos pensées captives, non comme le font ceux à qui l'on a imposé l'autorité du pape, mais, comme savent le faire les âmes que remplit la sève d'une nouvelle vie. Que votre foi devienne une puissance, qu'elle cesse d'être une maladie de langueur. Quand votre âme sera croyante et bien appuyée, vous marcherez sans boiter; on se sentira à l'aise sous votre toit, et ceux qui vous verront servir l'Éternel avec allégresse pourront croire alors que vous ne servez plus deux maîtres, et que vous êtes tout entier à Celui qui vous a aimé.

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27 AVRIL.

 

N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde; si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui. (1 Jean II, 15.)

 

Le monde, c'est la défection loin de Dieu. La séparation du monde, c'est la séparation de l'esprit qui nous mondanise. Les choses qui nous entourent peuvent, selon qu'elles nous subjuguent ou qu'elles nous montrent comme à l'oeil les perfections invisibles de Dieu, servir d'escalier à Satan, ou nous conduire à Christ. Lorsque saint Jean nous dit de ne point aimer le monde, il ne parle pas des choses du monde en elles-mêmes, mais de l'amour illégitime que notre coeur déchu attache à la vanité. Le monde est une défection intérieure, un assujettissement à la vanité dont il faut sortir. Le monde extérieur a perdu son empire quand le coeur est gagné pour le monde éternel. Si quelqu'un aime le Père, l'amour du monde n'est plus en lui. Le coeur détaché de Dieu est comme la feuille qui sèche quand elle est séparée de l'arbre : la vraie vie s'est écoulée; ce qui reste, c'est la mort. La convoitise du monde n'est qu'une mort prolongée, c'est un goût qui tue la vérité, la vie et la joie. N'est-ce pas une folie de se condamner à une telle existence, quand on peut jouir de la puissance d'une vie qui ne doit point finir? Rompons avec notre esprit terrestre, et nous sortirons de l'inimitié contre Dieu. Affectionnons-nous aux choses qui sont où est Christ, l'espérance de la gloire. Il nous ramènera au Père, et une fois que nous serons entrés dans le chemin étroit, les biens et la miséricorde nous accompagneront tous les jours de notre vie, et notre habitation sera dans la maison de l'Éternel pour toujours.

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28 AVRIL.

 

Pourquoi suis-je venu, et il ne s'est trouvé personne? J'ai crié, et il n'y a personne qui ait répondu. (Esaïe 1, 2.)

 

Nous perdons mille occasions d'entendre la voix de Dieu, parce que nous ne l'écoutons pas. Que faisons-nous dans nos moments de loisir? Nous en avons tous les jours quelques-uns; c'est de ces moments que le Seigneur parle, quand il dit : Pourquoi suis-je venu, et il ne s'est trouvé personne? Et les moments que nous perdons pour Dieu, à qui les consacrons-nous? A nos rêveries, au vague, au vide que nous voudrions en vain appeler le repos. Souvent Dieu ne se borne pas à venir, il crie, et il n'y a personne qui lui réponde. L'âme a des besoins qui crient, et c'est Dieu qui crie dans ces besoins. Souvent aussi nous consacrons aux soucis et à des déceptions nouvelles les moments que nous ôtons à Dieu. De tous les contrastes, le plus inouï, c'est de voir Dieu cherchant l'homme, et l'homme échappant à Dieu. Dieu étend ses mains pendant tout le jour vers un peuple rebelle, vers ceux qui marchent dans le mauvais chemin, après leurs pensées. Et que fait l'homme? Il rend son coeur dur comme le diamant; il ne veut point entendre, il tire l'épaule en arrière, et il appesantit ses oreilles, pour ne point écouter. Plaignons-nous alors de n'être point heureux !

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29 AVRIL

 

Je vous ferai du bien, plus que vous n'avez même eu au commencement, et vous saurez que je suis l'Éternel. (Ezéch. XXXVI, 11.)

 

Plus on vit avec les promesses de Dieu, plus elles se multiplient et deviennent vivantes. Le bien que Dieu nous a fait, si nous le repassons dans notre vie, est déjà le sujet d'un éternel cantique de louanges; mais avançons fidèlement, appuyés sur la main de Dieu, et la bonté qui est derrière nous ne sera rien en comparaison du bien qui nous attend, sans parler de la vie éternelle. Les canaux célestes s'ouvriront et épuiseront sur nous la bénédiction, en sorte que nous n'y pourrons suffire. Il y a souvent des chrétiens qui, lorsque Dieu leur reprend quelque chose, croient aussitôt que tout est perdu ; d'autres, ayant à combattre tous les jours contre leur nature intraitable, s'imaginent que jamais ils ne changeront. C'est pour ces heures d'épreuves que Dieu nous a fait cette promesse : Je vous ferai du bien, plus que vous n'avez même eu au commencement, et vous saurez que je suis l'Éternel. Donnons à cette promesse l'entrée de notre coeur, et elle nous sera un pain vivant; si notre christianisme est si maigre, c'est que nous ne mangeons point ce qui est bon, et que notre âme ne jouit point avec plaisir de ce qu'il y a de meilleur. Croire, c'est recevoir; n'écoutons point les voix du coeur, et ne regardons point aux choses visibles. Une âme croyante va de force en force, et l'Éternel bénit son dernier état plus que le premier. Si Dieu engage sa parole, il ne sera pas trouvé menteur. Il l'a dit, et il fera que la chose arrive; il en a formé le dessein, et il l'exécutera. Écoutez David : Il est toute ma délivrance et tout mon plaisir, ne fera-t-il pas fleurir ma maison ?

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30 AVRIL.

 

Quoique l'esprit soit dans les hommes, c'est l'inspiration du Tout-Puissant qui les rend intelligents. (Job XXXII, 8.)

 

Il y a de profondes folies, comme il y a de profondes pensées et une profonde sagesse. Plus les sages de ce monde rêvent sur les choses divines, plus leur esprit les trompe. Il n'y a que l'inspiration du Tout-Puissant qui rende intelligent. La finesse de l'esprit nature[ ne nous sert pas plus, dans nos rapports avec Dieu, qu'une grande échelle ne nous servirait pour arriver au soleil. Un pauvre en esprit a plus de perspicacité que tous les sages et que tous les intelligents : c'est qu'il a l'esprit de prière, et c'est le seul qui éclaire, quand nous nous mettons en rapport avec Dieu. Entre l'esprit (le l'homme et l'inspiration du Tout-Puissant, il y aura toujours la même distance qu'il y a entre le ciel et la terre. L'artiste a aussi ses inspirations; le poète passe aussi par-dessus les lieux haut élevés de la terre, mais le monde est toujours le monde, et si Dieu ne descend jusqu'à nous, nous ne monterons jamais jusqu'à lui. Ce n'est point notre esprit, c'est le témoignage de l'Éternel qui est assuré et qui donne la sagesse aux plus simples. L'inspiration de la prière est la meilleure des inspirations; elle ouvre l'âme pour Dieu, pour la Parole sainte, pour le monde éternel Il y a une intelligence spirituelle, pour connaître le vrai Dieu ; quand nous aimerons, nous connaîtrons. Que Dieu. nous enseigne à faire sa volonté, et que son bon Esprit nous conduise dans le droit chemin!