.

REGARD: Bibliothèque chrétienneonline

EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 MAI

.

1 MAI.

 

Voici, l'hiver est passé, la pluie est passée et s'en est allée; les fleurs paraissent sur la terre, le temps des chansons est venu, et la voix de la tourterelle a déjà été ouïe dans notre contrée. (Cant. des Cant. II, 11, 12.)

 

Le renouvellement de la nature épanouit le coeur et nous dispose à la gratitude; mais suffit-il pour nous donner de la joie? Une belle contrée peut, il est vrai, faire que nous nous oubliions un instant nous-mêmes; elle peut donner à nos espérances plus de vivacité mais elle peut souvent aussi produire un effet contraire, car une belle nature et un coeur triste sont deux choses qui peuvent être réunies. Cette résurrection des choses extérieures, ce concert de la création peuvent aussi renouveler le deuil de nos coeurs et faire couler nos larmes, si ceux que nous aimons ne sont plus là pour en jouir, si notre âme est serrée par la douleur. Il n'y a qu'un seul réveil qui rende heureux d'une manière permanente. Ce n'est pas celui de la nature, c'est celui d'une âme qui passe de la mort à la vie. La grâce se, fait souvent attendre; et il y a des âmes qui combattent et gémissent longtemps avant d'être éclairées de la lumière des vivants. On peut être sous le glaive de la loi pendant des mois, des années, sans que ce douloureux enfantement aboutisse à la nouvelle naissance. Mais il y a une saison pour la grâce, comme il y a un printemps pour la nature. Quand une âme travaillée et chargée goûte enfin la paix, quand enfin elle peut saisir le pardon et marcher devant Dieu dans l'amour, elle peut alors s'approprier ces paroles et dire: L'hiver est passé, les fleurs paraissent sur la terre, et la voix de la tourterelle se fait ouïr dans la contrée.

.

2 MAI.

 

Les fruits de l'Esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, la douceur, la bonté, la fidélité, la bénignité, la tempérance. (Gal. V; 22.)

 

Quel est le meilleur signe de la croissance spirituelle? C'est quand les fruits de l'Esprit poussent tous à la fois. Il y a des hommes qui aujourd'hui s'exercent à la patience, demain à la bonté, après-demain à la fidélité ce système de sanctification n'est point l'oeuvre du Saint-Esprit. Voyez ce qui se passe au mois de mai. La nature fait pénétrer la sève dans toutes les plantes à la fois. Dans le monde spirituel, c'est la même chose. Si la source de la vie est renouvelée, toutes les vertus en sortent comme d'une même tige. Mais là où il y a encore de l'aversion pour une partie de la loi, la vraie croissance ne se manifeste point. Croître, c'est goûter que la volonté de Dieu, de quelque manière qu'elle se présente, est bonne, agréable et parfaite. On ne choisit plus, on aime un commandement autant que l'autre; tous sont plus précieux que l'or, plus doux que le miel; on sort de cet état de fatigue qui vient du morcellement des devoirs, on court dans la voie des commandements, parce que Dieu a mis le coeur au large.

 

.

3 MAI.

 

Mon âme, bénis l'Éternel! ô Éternel, mon Dieu 1 tu es merveilleusement grand; tu es revêtu de majesté et de magnificence. (Ps. CIV, 1.)

 

Lisez le psaume en entier sur le haut d'une montagne, ou en face des merveilles de la nature; c'est le moyen de le goûter. Le Psalmiste voit l'Éternel dans chaque brin d'herbe, il lit dans les grandes choses, comme dans les petites, la magnificence de notre Dieu. En effet, la présence de l'Éternel vivifie tout. La destination des cieux et de la terre est de raconter la gloire du Dieu fort, et de donner à connaître l'ouvrage de ses mains. On se sent partout à l'aise quand on se rappelle que la terre et tout ce qui y est appartient à l'Éternel, la terre habitable et ceux qui y habitent. L'enfant de Dieu se sent partout sous le toit paternel; il n'est seul nulle part; Dieu lui est un père de près, aussi bien qu'un père de loin. David disait : Il connaît quand je m'assieds et quand je me lève; il découvre de loin ma pensée. Il m'environne, soit que je marche, soit que je m'arrête; il a une parfaite connaissance de toutes mes voies. Comparez avec un chrétien, qui est partout à son aise, ces mille et mille personnes qui, même chez elles, sont toujours mécontentes. Elles sont entourées de toutes les aisances de la vie, on les porte sur les mains, et le bonheur les fait. C'est qu'elles ne peuvent pas dire : 0 Dieu! tu es mon père; quoique les biens abondent à quelqu'un, il n'a pas la vie par ces biens. Saül se trouvait mal sur un trône, David était à son aise dans une caverne; pourquoi? C'est que l'un était sous le pouvoir d'un mauvais esprit, et que l'autre s'était proposé l'Éternel devant lui. Demandez donc une chose et recherchez-la : c'est d'habiter dans la maison de l'Éternel tous les jours de votre vie, afin de contempler la beauté de l'Éternel, et de visiter soigneusement son palais.

 

.

4 MAI

 

Dieu n'est point un Dieu de confusion, mais un Dieu de paix. (1 Cor. XIV, 33.)

 

Où il y a confusion, il n'y a point de paix; et où il y a confusion dans les choses extérieures, il y a aussi ordinairement confusion dans l'âme et dans les rapports avec Dieu. On peut souvent juger de l'état spirituel de quelqu'un, en entrant chez lui, et en voyant l'ordre ou le désordre de son appartement. Jésus-Christ a aimé l'ordre jusque dans le tombeau ; car, avant de sortir de la tombe, il plia les linges qui lui avaient servi de suaire, mettant à part celui dont on avait enveloppé sa tête (Jean XX, 7). Cette circonstance n'est pas indigne de celui qui avait dit : Ramassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde. Le bonheur domestique dépend souvent de l'amour de l'ordre. L'ordre est un des éléments du repos et du bien-être, et, jusqu'à un certain point, de la fidélité. Régions d'abord nos voies avec Dieu, et la moindre confusion nous fera souffrir. Sachons sur quel pied nous sommes avec lui, soyons au clair sur le pardon de nos péchés. On se jette souvent dans le désordre. parce qu'on veut échapper à la conscience. On ne veut point s'humilier , on veut s'oublier; c'est-à-dire : on veut que Dieu oublie et qu'il passe par-dessus le mal. De telles manières ne conduisent point à la paix. Marchons dans l'intégrité avec Dieu, et l'intégrité et la droiture nous préserveront du désordre. Quand nous saurons où nous en sommes avec l'Eternel, nous saurons aussi où nous en sommes dans nos affaires, dans nos finances. Notre vie sera une vie réglée, car notre Dieu n'est pas un Dieu de confusion, mais un Dieu de paix.

.

5 MAI.

 

0 Dieu! la louange t'attend en silence dans Sion, et le voeu te sera rendu. (Ps. LXV, 1.)

 

Il y a dans le silence de la nature quelque chose de religieux. Quand le soir est venu et que les voix du monde se taisent, le calme de la terre et des cieux semble louer l'Éternel. Toutefois la vraie louange attend l'Éternel dans Sion. Mon âme disait David, retourne en ton repos, car l'Éternel t'a fait du bien. Le silence de l'âme est déjà une louange qui monte de Sion. Quand le Seigneur a repris sur nous son empire, les mouvements tumultueux de l'âme s'apaisent; elle semble dire : Nul n'est semblable à Lui! Il y a des Te Deum qui ne sont que des pompes humaines et qui jettent l'âme dans le tumulte, au lieu de l'aider à rendre à l'Éternel ses voeux. On ne le loue jamais mieux que quand ou peut le louer en silence et qu'on sent que ce, voeu est reçu. L'avez-vous aussi loué dans les larmes ? c'est la plus belle manière de le faire. Quand nos bonheurs terrestres nous échappent, quand nos soutiens se brisent et que l'âme, frappée jusque dans ses profondeurs, mais se consolant dans la possession des richesses incompréhensibles de Christ, petit dire : 0 Dieu ! la louange t'attend en silence dans Sion, le voeu te sera rendu! elle remporte la victoire sur le monde; quoique affligée, elle est pourtant joyeuse; quoique pauvre, elle pourrait en enrichir plusieurs, et ne possédant plus rien, semble-t-il, elle possède cependant toutes choses.

.

6 MAI.

 

Nous sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour obtenir le salut. (1 Pierre 1, 5.)

 

Le corps s'use finalement, n'est-il pas étonnant que l'âme ne s'use pas aussi? Qu'est-ce qui use comme le péché? Sans parler des incrédules et des gens du monde, n'est-il pas étonnant qu'après tous les péchés que nous ajoutons journellement à ceux que nous avons déjà commis, nous n'arrivions point à la tombe avec une âme vermoulue et incapable d'être sauvée ? Admirons la puissance de Dieu qui garde jusqu'à la fin de pauvres pécheurs qui jamais n'auraient pu se garder eux-mêmes. Tout misérables que nous sommes, Dieu garde en nous son oeuvre, et cette oeuvre est immortelle comme Lui. S'il nous laisse le sentiment de notre misère, si même il le rend plus profond à mesure que nous avançons, ce sentiment n'empêche pas que nous ne soyons gardés par la foi. C'est elle qui est la puissance de Dieu, qui préserve l'âme de la ruine et du découragement. Après les millions de péchés qu'on à derrière soi, au lieu d'être usé, on est tout à coup frais, renouvelé on peut croire plus fermement que jamais à l'amour de Dieu; on se sent porté, purifié par cet amour; le sang de Jésus-Christ a une puissance éternelle, et de misère en misère, comme de victoire en victoire, on arrive enfin au but pour obtenir le salut.

.

7 MAI.

 

Et toute la multitude tâchait de le toucher, parce qu'il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous. (Luc VI, 19.)

 

Il y aurait bien des changements spirituels, si nos rapports avec le Seigneur étaient plus clairs et plus véritables. Que faut-il faire pour le toucher? Il faut arriver jusqu'à lui, ne point rester à moitié chemin, puis recevoir de lui les vertus qui guérissent. Mais les uns ne s'approchent pas du tout du Seigneur, d'autres s'égarent dans des rêveries en le cherchant , d'autres enfin ne croient pas aux vertus qui sortent de lui. Ce qui empêche donc le véritable contact avec Jésus, c'est tantôt l'indécision de la volonté, tantôt l'amour caché du monde ou l'incrédulité. Quant aux âmes qui Font touché, elles sentent, bien qu'il sort de lui une vertu surnaturelle qui frappe la conscience, qui fléchit la volonté, qui satisfait les besoins, et qui fait croître dans la sanctification. Un commerce habituel avec le Seigneur donne au coeur un aplomb et à la vie chrétienne une fermeté que ne donnent point les vertus humaines. Il est facile de discerner ce qui est divin de ce qui est humain. Moins on montre aux yeux les opérations de la grâce, plus elles sont marquées. Cette vie cachée avec Christ paraît involontairement , elle rayonne. Heureuse est la multitude qui a touché le Seigneur et qui a retiré de lui la vertu merveilleuse de sortir de l'esprit naturel et de revêtir les dispositions que donne l'évangile de paix!

.

8 MAI.

 

Convertissez-vous à moi de tout votre coeur. (Joël II, 12.)

 

La conversion est le miracle des miracles. Se convertir, c'est se détourner de la vanité et de la mort pour se tourner vers la vérité et vers la vie. Tous les efforts humains sont perdus, quand il s'agit de changer un coeur. Preuves, démonstrations, larmes, exemple chrétien, rien n'est utile jusqu'à ce que la grâce d'en haut vienne féconder ces moyens naturels. Mais un rien suffit à Dieu pour changer notre existence. Il incline les coeurs comme des ruisseaux d'eau. Une parole qui tombe dans le coeur, un passage de l'Écriture, un mauvais moment, peut-être un souvenir qui devient vivant, une prédication merveilleusement directe sont, entre mille moyens, ceux qui ouvrent quelquefois les yeux d'un pêcheur sur lui-même et le jettent dans les bras de son Dieu. S'il y a des conversions brusques, miraculeuses, et où nous ne discernerons point l'oeuvre préparatoire de la grâce, il y a aussi des. préparations qui se prolongent indéfiniment, de bons symptômes qui n'aboutissent jamais à la conversion. C'est que le vent souffle où il veut et comme il veut. Il Y a aussi des conversions où l'on ne se rappelle ni le jour ni l'heure, ni même l'époque ou la circonstance qui ont amené la grande révolution d'esprit, et qui n'en sont pas moins des conversions. Mais toujours faut-il qu'on puisse dire : Si je ne sais pas ce qui s'est passé en moi, je sais bien une chose, c'est que j'étais aveugle et que maintenant je vois. Dès que la conscience est frappée et qu'elle soupire après Jésus, il y a conversion. Le reste viendra après, mais le premier pas est fait.

9 MAI.

 

L'Éternel marche parmi les tourbillons; et les tempêtes et les nuées sont la poudre de ses pieds. (Nahum 1, 3.)

 

La vie chrétienne résiste à bien des bouleversements. Au milieu du tourbillon des affaires, des bouleversements de position, des tempêtes domestiques, des soufflets de Satan, n'ayons point de peur, nous sortirons de tout cela. L'Éternel marche parmi ces tourbillons, ce n'est là que la poudre de ses pieds. On peut en venir jusqu'à perdre conscience de soi-même, jusqu'à ne plus retrouver en soi une étincelle de Nie, jusqu'à enfoncer dans un abîme de maux; on peut tomber dans les plus douloureux écarts, et pourtant être gardé. Celui qui a dit à la mer : Tu viendras jusque-là et tu ne passeras point plus avant! a aussi réglé les plus petits détails de notre vie. Il ne nous livrera point entre les mains de nos ennemis, mais il mettra nos pieds au large. Ces crises violentes tourneront plus tard à sa gloire et à l'affermissement de notre foi. L'Éternel qui brise les ,cèdres peut briser tout ce qui vient de nous; il peut nous suspendre sur le néant et nous obliger à vivre de grâce et de miséricorde. L'homme naturel se croit capable de tout; le chrétien, tout humilié qu'il est, se croit encore capable de quelque chose; mais quand tout à coup le bras de l'Éternel tombe sur nos échafaudages et que nous sommes comme un homme renversé par un coup de foudre, nous apprenons à nous anéantir tout autrement, en voyant sortir de ce que nous appelions notre conversion tout un monde de justice propre, d'illusions sur nous-mêmes et d'orgueil spirituel.

.

10 MAI.

 

Ne te vante point du jour du lendemain, car tu ne sais pas ce que ce jour enfantera. (Prov XXVII, 1.)

 

On vit de projets, de calculs, de combinaisons; on se construit un interminable avenir, et l'on compte toujours sans Dieu et sans le grand envoyé de Dieu, sans la mort. Voulez-vous vivre sagement? vivez comme si chaque jour était votre dernier jour. Ne remettez pas au lendemain ce que vous pouvez faire aujourd'hui; ne perdez pas le profit de l'heure qui sonne, en vous égarant dans les lointaines espérances. Les plus robustes sont les plus vite enlevés, car qu'est-ce que votre vie ? Ce n'est qu'une vapeur qui parait pour un peu de temps et qui s'évanouit ensuite. Si vous voulez vous vanter du lendemain, faites-le d'une autre manière. Placez le Dieu vivant dans votre lendemain, et vous ne serez point confondu. Quand le soir est venu, vous dites : Il fera beau temps demain, car le ciel est rouge. Eh bien ! quand le soir est venu, dites aussi : J'aurai une bonne journée demain, car les biens et la miséricorde m'accompagneront tours les jours de ma vie; Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui, éternellement. Ce que nous appelons temps, circonstances, tournure des événements, hausses et baisses de la fortune, s'efface devant l'invariabilité du Seigneur. EL pour qui est-il invariable? est-ce pour lui? Non, c'est pour nous, pour nous qui craignons, pour nous hommes de peu de foi. Le lendemain aura soin de ce qui le regarde. Ces jours qui viennent et qui s'annoncent d'une manière si sombre, sont un gain tout pur. Croyez-le, et vous le verrez. Manquez-vous de pain ou manquez-vous de courage ? Le Tout-Puissant sera votre or et votre argent, il vous donnera des forces. Vous trouverez vos délices dans le Tout-Puissant, et vous élèverez votre visage vers Dieu. Le jour enfantera ce que vous cherchez, mais laissez arriver le jour. Lancez-vous' ainsi dans votre avenir, et tout ira bien.

.

11 MAI.

 

La force et la joie sont au lieu où il habite. (1 Chron. XVI, 27.)

 

Le fond de notre âme déchue est l'incapacité et la tristesse même. Nous traînons avec nous une nature stérile d'où nous ne pouvons tirer ni une bonne pensée, ni un sentiment d'amour, ni une seule détermination qui soit pour Dieu. Le fonds de tristesse qui nous accompagne est augmenté par nos joies elles-mêmes, dont le caractère est si décevant. Asseyez-vous aux banquets du monde ou à votre table de famille ; choisissez-vous une surprise, un de ces agréables bonheurs qui semblent couronner nos voeux, ou faites le philanthrope, semez à pleines mains sur votre route les oeuvres et les vertus; Dieu viendra avec la lumière, et vous dira de nouveau : Tu es un homme sans force et sans joie. Mais cette âme creuse et dénuée, Dieu veut la remplir au lieu où il habite. Cherchez ce lieu dans la prière, dans la Parole sainte ou dans vos situations; quand le terrain de l'Éternel sera trouvé, la force et la joie y abonderont. Vous regarderez votre existence d'une .autre manière. Quel prodige d'amour, que nous soyons des créatures qui puissent recevoir et contenir la force ,et la joie de l'Éternel ! Ce qui fait la vie, c'est la force ,et la joie, et c'est cela même que nous pouvons recueillir à pleines mains au lieu où il habite, lui qui nous a créés. Cette nature délabrée est encore le temple Au Dieu vivant; les promesses de force et de joie sont pour les plus pauvres et les plus misérables; faites valoir ces promesses, montrez à Dieu son Fils, par ce moyen vous serez rendu participant de la nature divine; mais fuyez la corruption qui règne dans le monde par la convoitise.

.

12 MAI.

 

Pendant les jours qu'il rechercha l'Eternel, Dieu le fit prospérer. (2 Chron. XXVI, 5.)

 

Il est ici question du roi Hozias. Rien n'est aussi souvent recommandé dans l'Écriture que de chercher l'Éternel; toute prospérité dépend de là. Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve; invoquez-le tandis qu'il est près. Recherchez l'Éternel et sa force, cherchez ,continuellement sa race. Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous. Nos plus mauvais jours sont ceux où nous ne nous approchons point de Dieu. En revanche, quand nous nous sommes vraiment approchés de lui, quand nous l'avons sérieusement cherché, nous pouvons dire : J'ai cherché l'Éternel et il m'a répondu, il m'a délivre de toutes mes frayeurs. Que le coeur de ceux qui cherchent l'Éternel se réjouisse. Votre coeur vivra, ô vous qui cherchez Dieu. Mais. jamais nous ne chercherions l'Eternel, s'il ne commençait par nous chercher lui-même. Ce n'est pas nous qui l'avons choisi, c'est lui qui nous a choisis. Je t'ai appelé par ton nom, et je t'ai désigné, bien que tu ne me connusses point. Ayons la conviction que le Seigneur nous cherche, et nous le chercherons. Croyons à. notre appel, à notre élection en Jésus-Christ avant la fondation du monde, et nous sentirons une merveilleuse ardeur de rechercher l'Éternel notre Dieu pour prospérer. Croyons que nous sommes aimés, et nous aimerons celui qui est connu de Dieu et recherche Dieu. L'aiguille cherche l'aimant, et l'enfant cherche sa mère; l'un a été créé pour l'autre, et la vie et la prospérité ne commencent qu'avec le besoin de rechercher l'Éternel, de se donner à lui et de demeurer en lui. C'est dans cette recherche que sont renfermées toutes les autres; c'est celle aussi qui les sanctifie toutes.

.

13 MAI.

 

il les mena ensuite hors de la ville, jusqu'à Béthanie; puis, élevant.. ses mains, il les bénit. Et il arriva, comme il les bénissait, qu'il se sépara d'avec eux et fut élevé au ciel. Luc, XXIV, 50, 51.)

 

L'ascension de Jésus-Christ mit la dernière pierre à, l'édifice de notre salut. Le Sauveur monta au ciel d'où il était venu; son histoire ne pouvait finir autrement S'il eût disparu subitement après sa résurrection, l'Église eût été dans la crainte ou dans le vague sur la réalité de la résurrection de son chef. L'ascension confirme d'une manière permanente le triomphe du Seigneur sur la mort et le sépulcre. Nous savons désormais où chercher celui qui nous a aimés. Son oeuvre ici-bas est finie, il peut la faire valoir devant son Père. C'est comme l'héritier de toutes choses et le dispensateur des biens célestes, qu'il est désormais assis à la droite du Père, dans l'intérêt de l'Église. Les mains qu'il avait étendues sur les disciples en les quittant, sont encore étendues sur nous. C'est la bénédiction sous laquelle nous vivons et sous laquelle nous combattons, 'jusqu'au moment de notre propre glorification. Une âme qui a l'assurance qu'elle est à Christ, et que Christ a commencé son oeuvre en elle, est une âme gardée par la puissance de son Rédempteur. Où est le chef, là sont aussi, en espérance, les membres : leur place est dans la maison du Père, leur ascension est accomplie d'avance dans celle de leur avant-coureur. Il est impossible que nos ennemis actuels nous arrachent des mains de Celui qui est au ciel. Nous possédons notre héritage par la foi, nous en avons les arrhes dans l'Esprit d'adoption, et nous l'aurons d'une manière complète quand, aujourd'hui ou demain, nous monterons du désert appuyés sur le bras de notre bien-aimé.

.

14 MAI.

 

Je ne vous laisserai point orphelins, je viendrai à vous. (Jean XIV, 18.)

 

La vie humaine, sans Jésus-Christ, est celle d'un orphelin. Cela est vrai dans le sens le plus étendu du mot. Nos biens, notre santé, nos affections domestiques, tout nous quitte; et plus nous avançons en âge, plus les rangs s'éclaircissent. Il. y a même des hommes qui, au milieu de leurs biens, de leur prospérité matérielle et de leurs nombreuses relations, sont seuls et éloignés du vrai bonheur. Il y a plus de ces orphelins que nous ne l'imaginons, et si nous regardons à l'Église de Christ, à son abandon au milieu du monde et dans des siècles de luttes et de persécutions, nous verrons encore mieux ce que nous sommes sans le Seigneur. Mais toute pauvre âme vit de la promesse : Je ne vous laisserai point orphelin, je viendrai à vous, Christ est vivant, et depuis qu'il est monté au ciel sous une forme visible, il peut revenir à nous dans sa puissance invisible, par l'efficace de son Saint-Esprit. C'est de cette vie intime qu'il remplit nos vides, nos heures d'isolement, et ce coeur qui est détaché forcément des choses de ce monde, s'il ne veut pas s'en détacher volontairement. C'est dans l'intérêt des orphelins que Jésus-Christ est monté au ciel. Nous avons désormais un ami, un compagnon de route, un guide et un protecteur qui se tient à nos côtés, et qui sera éternellement en nous. Ce que Jésus-Christ est pour le plus abandonné des pécheurs, il l'est pour toute son Église. Il viendra à elle quand elle sera seule à combattre et que toutes les vagues et les flots la couvriront. Ne crains point, petit troupeau, car il a plu au Père de te donner le royaume. Nous sommes pressés, dit saint Paul, de toutes les manières mais nous ne sommes pas réduits à l'extrémité nous sommes en perplexité, mais nous ne sommes pas sans espérance; nous sommes persécutés, mais nous ne sommes pas abandonnés; nous sommes abattus, mais nous ne sommes pas entièrement perdus; nous portons toujours, partout, dans notre corps, la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps.

 

.

15 MAI .

 

Tu es monté en haut, tu as mené captifs les prisonniers, tu as pris des dons pour les distribuer entre les hommes, et même entre les rebelles. (PS. LXVIII, 18.)

 

L'ascension de Jésus-Christ fat un triomphe complet sur tous nos ennemis. Il les a emmenés captifs; il a brisé leurs forces et leur a enlevé leur armure. Si donc étant ressuscités avec lui, nous sommes aussi montés avec lui ; si nous avons mis le trésor de nos coeurs là où il est assis, nous n'avons plus rien à craindre ; notre triomphe sera aussi complet que celui du Fils de Dieu. Jésus-Christ est notre représentant, et la gloire de son ascension est celle que Dieu nous a gratuitement accordée en son Fils bien-aimé. Le Sauveur aurait pu, le même jour, élever avec lui son Église dans la gloire; mais il est monté au ciel pour nous préparer le lieu. Après s'en être allé, après nous avoir préparé le lieu, il reviendra et nous prendra avec lui, afin que là où il sera nous y soyons aussi. En attendant, il a pris des dons pour les distribuer aux hommes, et même aux rebelles. Ce sont les dons du Saint-Esprit, ceux qui ouvrent l'intelligence, qui fléchissent la volonté, qui amènent captives les pensées et font entrer nos pas dans le chemin de la paix. Ces grâces sont même faites aux rebelles. Il y a quelque chose de plus fort que nos résistances, ce sont les puissances du siècle à venir. Jésus-Christ, triomphant de nos ennemis, est entouré de ces puissances, il les répand à pleines mains, libéralement et sans rien reprocher. Montrez vos chaînes, et il les fera tomber. Saul de Tarse devient un apôtre; ce n'est pas le seul ennemi qui soit devenu un ami, mais il n'a point regimbé contre l'aiguillon .Rendons-nous comme lui si nous voulons recevoir comme lui les dons nécessaires pour persévérer jusqu'à la fin.

.

16 MAI.

 

Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus, mais vous me verrez. parce que je vis, vous vivrez aussi. (Jean XIV. 19.)

 

Le monde vit de ce qui est visible, le chrétien de ce qui est invisible. Jésus-Christ a disparu aux yeux du monde, mais depuis qu'il est absent, sa face n'a cessé de briller sur les siens. Il avait dit à Marie-Magdeleine : Ne me touche point, car je ne suis pas encore allé vers mon Père; désormais nous pouvons le toucher, car il est monté vers son Père. Vous me verrez, avait-il dit à ses disciples. Comment l'ont-ils vu? Dans la puissance de cette vie qui ne doit point finir. Un ami du Sauveur douterait plutôt de la lumière du soleil (lue de la présence de son maître. Examinez-vous vous-mêmes, dit saint Paul aux Corinthiens; ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous? Parce qu'il vit, vous vivrons aussi. La vie se répand du chef dans les membres. Il y a un chemin nouveau qui mène à cette vie. L'ascension de Jésus-Christ et son entrée dans la gloire nous mettent en communication avec la plénitude des dons de Dieu. .11 nous a donné la gloire que le Père lui a donnée, et soit désir est que là où il est, ceux que le Père lui a donnés y soient aussi avec lui. Défendre à un chrétien, pour un jour seulement, tout rapport avec Jésus-Christ, c'est lui fermer la source de la vie. Quand il nous arrive, au milieu de la multiplicité des affaires de ce monde, de n'avoir pu trouver un moment pour vaquer à la prière, ne sentons-nous pas le besoin de nous trouver seuls avec le Seigneur? notre âme n'est-elle pas altérée des eaux vives? Aurions-nous ce besoin s'il n'y avait rien qui y répondît? Et quand la prière nous soulage et nous place comme dans un lieu de rafraîchissement n'est-ce pas comme si le Sauveur nous disait personnellement : Parce que je vis, vous vivrez?

.

17 MAI.

 

Si nous avons connu Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus de cette manière. (2 Cor. V, 16.)

 

Saint Paul avait-il connu Christ personnellement avant son ascension? On pourrait le croire d'après cette parole adressée aux. Corinthiens. Mais connaître Christ selon la chair, c'est aussi connaître Christ avec des yeux charnels, se méprendre à son sujet, le connaître mal et dans l'état naturel. C'est ainsi que la plupart de ses contemporains l'avaient connu. Une connaissance extérieure n'est pas la connaissance qui sauve; celle-ci vient de la puissance de Dieu pour sauver tous ceux qui croient. Si Jésus-Christ nous a retiré sa présence corporelle, c'est que la chair ne sert de rien, c'est l'Esprit qui vivifie. Nous aurions fait du corps de Jésus-Christ une idole; nous aurions fait des pèlerinages pour chercher au loin ce que nous pouvons trouver aujourd'hui tout près. L'ascension du Seigneur nous a tous mis à égale distance de lui. Il nous assure qu'il est avec nous tous les jours, Jusqu'à la fin du monde, et si nous le cherchons soigneusement, nous pouvons comme le toucher de la main et le trouver, car il n'est pas loin de chacun de nous. Il ne faut que nous mettre dans la situation d'un pauvre pécheur, pour avoir Jésus-Christ à nos côtés. Ouvrons les yeux sur notre état de chute, et quand nous en aurons assez souffert, nous saurons que le Fils de Dieu est venu et qu'il nous a donné l'intelligence pour connaître le vrai Dieu; nous serons en ce vrai Dieu par son Fils Jésus-Christ. C'est lui qui est le vrai Dieu et la vie éternelle.

.

18 MAI.

 

Faites à vos pieds un chemin droit, afin que ce qui cloche ne se dévoie pas tout à fait, mais que plutôt il se rétablisse. (Hébr. XII, 13.)

 

Une chose qu'on néglige malheureusement trop, c'est la repentance journalière. A côté de ceux qui n'ont jamais rien à se reprocher, et de ceux qui ont été fortement frappés dans leur conscience, à l'heure du réveil, se trouve la classe nombreuse de ceux qui s'habituent à certains défauts et qui, pour être infidèles dans les petites choses, craignent de grandir dans la connaissance d'eux-mêmes. Ils ont été autrefois touchés de la grâce, mais ils ne se sont pas mis sérieusement sous la discipline du Saint-Esprit, et entre un réveil mal entretenu et la vie simple du monde il n'y a finalement plus guère de différence.. Certains chrétiens pourtant se connaissent mieux que nous ne le pensons; mais ce qui leur manque, c'est la volonté de changer. Ils remplacent la repentance journalière par (les lamentations sur leurs misères, et ils finissent par s'habituer à ces lamentations comme à tout le reste. Cet état conduit à une indolence spirituelle où le péché cesse d'être péché, où la conscience est à moitié tuée, et où l'on n'a plus que la réputation de vivre quand en réalité on est mort. Ne soyons pas si tendre pour notre chair ; épluchons mieux notre journée, et cherchons chaque soir quelques bons moments de sérieux examen. Christ est la lumière du monde; il allumera pour nous la vraie chandelle; mais faisons en sorte qu'on ne puisse pas dire de nous : la lumière a lui dans les ténèbres, mais les ténèbres ne Vont point reçue. Si nous la repoussions, notre chemin ne serait point droit; au lieu d'avancer nous clocherions, et il serait à craindre que ce qui cloche ne se dévoyat tout à fait. Il faut rétablir sans délai ce qui peut devenir une mauvaise pente; travaillons-y par la prière. Si nous sommes sérieux dans la prière, nous serons sérieux dans la repentance, et toute notre vie chrétienne y gagnera.

.

19 MAI.

 

Tu m'environnes, soit que je marche soit que je m'arrête, et tu as une parfaite connaissance de toutes mes voies. (Ps. CXXXIX, 3.)

 

C'est une vérité bien reconnue que Dieu est partout, pourquoi donc le sentiment de la présence de Dieu nous domine-t-il si peu? Ce qui nous domine naturellement, c'est la vanité ou l'incrédulité. Les impressions divines de la présence de Dieu ne nous viennent qu'avec le réveil de l'âme, et même il faut vivre bien longtemps .dans la vérité avant de pouvoir dire : Tu m'environnes, soit que je marche, soit que je m'arrête. La domination du monde visible pèse encore sur tant de christianismes! David, dans sa vie si remplie d'adversités, avait fini par trouver Dieu partout. Il se sentait continuellement en sa présence. La vie devient tout autre chose quand ta présence du Seigneur la domine. Puisque nous n'avons personne d'autre que lui dans le ciel, ne prenons plaisir sur la terre qu'en lui. C'est par nos besoins spirituels, par nos misères, que même la proximité de Dieu nous devient sensible et vivante. C'est déjà un bien grand bonheur de savoir que Dieu prend intérêt à toutes nos positions, qu'il a une parfaite connaissance de toutes nos voies; mais qu'il est doux surtout de le sentir à ses côtés, dans ces moments où le péché semble revivre, où l'or) en est presque surmonté et où les forces naturelles ne suffisent plus pour le vaincre! Alors, plus que jamais, il faut croire que le Seigneur nous environne, et que quelque désespéré que soit notre état, quelque obstinée que soit notre nature déchue, nous sommes gardés à vue d'oeil, un bras tout-puissant est étendu sur nous. Les humiliations par lesquelles nous passerons alors donneront une nouvelle vie à notre foi et seront un nouveau lien entre notre âme et le Dieu invisible qui est plus près de nous que toutes les choses visibles.

.

20 MAI.

 

Aimez-vous réciproquement d'une affection tendre et fraternelle; prévenez-vous les uns les autres par honneur. (Rom. XII 16.)

 

Il y a entre gens du monde une manière de vivre cérémonielle qui n'est point de l'affection, mais une convention mutuelle de ne pas exiger autre chose que des paroles affectueuses, et de ne point être obligé non plus de donner davantage. Entre chrétiens, les relations qui ont le caractère tendre et fraternel de l'affection sont même une chose bien rare. Quand une relation chrétienne se prolonge, elle se refroidit facilement, si elle n'est pas soigneusement entretenue par la prière et par de nouvelles mesures de l'amour de Dieu. Il peut se passer entre frères tant de choses propres à diminuer la sincérité de l'affection et à ôter aux rapports mutuels ce qu'ils avaient de tendre et de fraternel. Cela arrive surtout quand on se voit fréquemment et de très près, quand on a des affaires d'intérêt à traiter ensemble ; la susceptibilité, l'esprit de prétention et les passions du coeur peuvent alors diviser deux amis chrétiens, comme ils divisent les amis mondains. La seule manière de vivre bien ensemble et de conserver à l'affection fraternelle sa fraîcheur et sa tendresse, c'est de s'assujettir l'un à l'autre dans la crainte de Dieu, de se prévenir l'un l'autre, non à la façon du monde, mais en se regardant mutuellement comme des rachetés du Seigneur, et qui, à ce titre, ont droit à l'amour, au support et à la condescendance.

 

.

21 MAI.

 

Celui qui m'écoutera, habitera en sûreté, et sera tranquille, sans être effrayé d'aucun mal. (Prov. 1, 33.)

 

C'est la souveraine sagesse, celle qui crie hautement au dehors et qui fait retentir sa voix dans les rues, qui parle ainsi. Elle a pour principe la crainte de l'Éternel. Là où elle dirige la vie, elle fait habiter en sûreté, et elle rend tranquille dans les positions où d'autres sont effrayés de toutes sortes de maux. Le calme chrétien est bien autrement profond que le calme philosophique. Il y a entre ces deux états la même différence qu'entre la sagesse du monde et la sagesse de Dieu. La première enfle, la seconde fait marcher dans l'humilité avec le Seigneur. Si nous écoutons les sages de ce monde, nous n'habiterons point en sûreté nous flotterons entre la vérité et l'erreur, entre la confiance et l'inquiétude, car les systèmes et les vues diverses sont innombrables. Si nous écoutons la sagesse de Dieu, en conformant notre vie à sa Parole et aux directions de son Esprit, nous aurons une lampe à nos pieds, une haute retraite dans les jours difficiles, une tranquillité de coeur qui ne nous sera point ôtée; car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? La crainte de l'Éternel sera notre trésor ; notre oreille restera ouverte à la sagesse, et nous inclinerons notre coeur à l'intelligence. C'est la seule vie heureuse. Après cela, soyez connu ou inconnu, n'importe ; l'Éternel connaît la voie des justes. Sa connaissance communique la sagesse, la sagesse est la vie, elle en a les promesses pour le temps présent et pour l'éternité.

.

22 MAI.

 

Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait ta vie éternelle. (Jean III, 16.)

 

L'homme aime ce qui est piquant, ce qui est original. Ce qui n'est plus neuf est promptement mis au rebut ; et, en politique comme en littérature, nous voyons sans cesse l'un monter sur les épaules des autres. Les noms les plus illustres ne seront plus demain que des étoiles tombées. L'Évangile seul ne vieillit point. On ne se blase point d'être heureux, et l'Évangile donne le bonheur. Dieu a tout réuni en son Fils, tant ce qui est dans les cieux que ce qui est sur la terre. Il y a dans ce monde déchu un amour qui est éternellement jeune et qui étonne tous les jours davantage. Dieu s'est donné à connaître par un acte d'amour. Il a offert en sacrifice pour ses ennemis sa propre personne dans celle de son Fils. C'est cet amour qui nous rend la paix, qui nous renouvelle dans notre nature intime, et qui nous ouvre une éternité de gloire. Il ne s'agit que de le recevoir, et le recevoir, c'est ce que l'Écriture appelle : Croire sous la croix; c'est l'unique moyen de ne point périr, c'est être scellé pour la vie éternelle. Mais croire qu'au moment où l'on n'avait plus à attendre que la condamnation, Dieu nous a fait don de la vie, est-ce si facile à admettre, et qui donc est capable d'y ajouter foi? Qui? Le pécheur. Lui seul comprend ; les autres entendent, lui seul reçoit. Il reçoit comme une vie, et comme une vie éternelle, le témoignage que Dieu nous a donné la vie, et qu'il a mis cette vie en son Fils. En vieillissant, le croyant lui-même se blase sur bien des choses; mais A en est une qui est toujours nouvelle pour lui : c'est l'amour de Dieu. Après cent ans de péchés, cet amour est encore le même; que dis-je, cent ans? il faut l'éternité pour le sonder. Dieu et son amour, Christ et sa croix, le Saint-Esprit et son Évangile, voilà de quoi nous abaisser dans la poussière, de quoi dilater toute la capacité de notre âme et remplir toute notre éternité.

.

23 MAI.

 

La colère de l'homme n'accomplit point la justice de Dieu. (Jacq. 1, 20.)

 

Il y a des tempéraments qui prennent feu pour la moindre bagatelle, et ceux-là même qui sont doux comme des agneaux ont en eux plus de colère qu'ils ne se l'imaginent. Hommes ou femmes, enfants ou vieillards, si on touche leurs côtés faibles, s'emportent et s'entre-tueraient, si Dieu les laissait faire. Le naturel le plus timide peut bouillonner de rage; s'il ne le fait pas, c'est que les occasions lui manquent. Mais experts en feintes et en dissimulations comme nous le sommes, nous savons parfaitement cacher nos colères et nos haines. Il y a des baisers de Judas dans une foule de caresses, un venin d'aspic sous les paroles les plus mielleuses, une aversion profonde sous une foule de démonstrations d'amitié, un monde de colère sous la tranquillité la plus apparente. Qu'est-ce que la colère? C'est l'idolâtrie de nous-mêmes qui tout à coup déborde, rompt ses digues, et qui écraserait Dieu, si Dieu ne savait l'écraser. Rien ne rend plus malheureux que la colère. Je parle de la colère à tous les degrés. C'est le péché le plus remuant, une vraie locomotive de Satan, roulant avec elle tout un convoi de maux. Quand vous vous êtes livré à un accès de cette colère qui n'accomplit pas la justice de Dieu, quel effet, je vous prie, vous faites-vous à vous-même, lorsque vous vous voyez assis sur les bancs d'une église, un livre de cantiques à la main, écoutant dévotement un sermon, et passant pour un modèle de sainteté?

.

24 MAI.

 

Quand il les a fait marcher dans les déserts, ils n'ont point eu soif; il leur a fait couler l'eau du rocher ; même il leur a fendu le rocher, et les eaux en sont découlées. (Esaïe XLVIII, 21.)

 

Le passage d'Israël par le désert est un type des combats du peuple de Dieu dans un monde plongé dans le mal, et qu'il faut traverser jusqu'au terme. Que serait devenu Israël sans la colonne de nuée et sans la colonne de feu ? Qui lui aurait fendu le rocher, pour en faire jaillir les eaux? Nous voyons que toute notre force est dans l'attachement à notre guide. Ce monde est un désert, il ne nous donne pas ce que nous y cherchons: c'est une raison de plus de suivre ce Rédempteur qui veut nous paître et nous faire reposer dans des parcs herbeux ; ceux qui cherchent l'Éternel n'auront faute d'aucun bien. Dans les déserts du monde, il y a bien des rochers, mais il n'y en a point de plus dur que notre propre coeur. Le désespoir du chrétien, c'est de ne pouvoir briser son coeur ; si le Seigneur ne fendait ce rocher, les eaux n'en découleraient point. Mais il le fait. Il l'a fait extérieurement par Moïse, pour le peuple d'Israël; il le fera aussi en nous, par sa grâce, si nous sommes de son peuple, du troupeau de, sa pâture. Jésus-Christ donne le pardon; c'est lui aussi que Dieu a élevé à sa droite, pour être le Prince et le Sauveur, afin de donner la repentance, aussi bien .que la rémission des péchés. Réclamons-nous de cette promesse. Bien qu'il nous soit impossible de produire la repentance dans nos coeurs, lorsque Dieu nous voit soupirer après elle, il fend le rocher au moment où nous nous y attendons le moins, et les eaux en découlent. Espérons donc continuellement en notre Dieu. S'il frappe les consciences qui ne demandent point à .être frappées, que ne fera-t-il pas pour les coeurs qui souffrent de leur dureté, et qui demandent à être brisés, pour devenir capables d'aimer et d'être heureux?

.

25 MAI.

 

La loi de l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort. (Rom. VIII, 2.)

 

La Pentecôte est la fête du Saint-Esprit. C'est lui qui nous met en possession de toute l'oeuvre de Jésus-Christ. Il remplace nos efforts humains par une force divine, à laquelle rien ne résiste et qui, de degré en degré, nous rend conformes à l'image du Fils de Dieu. L'oeuvre du Saint-Esprit est d'abord une oeuvre d'affranchissement. Notre nature déchue nous a mis sous la loi ou sous la domination du péché, qui est la - cause de la mort. Le bouleversement moral dans lequel nous nous trouvons vient du mauvais esprit, qui a remplacé l'Esprit de Dieu. C'est l'esprit de la convoitise, l'esprit du monde, l'esprit d'inimitié contre Dieu qui nous tient enchaînés, et qui donne à tous nos rapports avec lui un caractère forcé et servile. C'est de cette servilité intérieure que le Saint-Esprit veut nous, affranchir. Le péché, par sa domination, est devenu une loi, une loi de Satan; la vie de Jésus-Christ est aussi une loi, mais de liberté et d'amour. C'est le Saint-Esprit qui nous la fait connaître et qui nous fait sentir son influence. La vraie Pentecôte est la fête d'une transformation d'esprit. Pierre, prêchant aux trois mille, n'est plus le même homme que celui qui tremblait à la voix d'une servante. Il a maintenant le courage de confesser son maître, il a été affranchi de la crainte humaine; une autre loi, une autre vie le gouverne. Notre parole n'a de la force que lorsqu'elle est, devenue une démonstration d'esprit et de puissance, et nous ne sommes heureux que quand nous avons été affranchis de la loi du péché et de la mort, et que la loi de l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ est devenue le régulateur de notre propre vie.

.

26 MAI.

 

je m'en irai, et je reviendrai en mon lieu, jusqu'à ce qu'ils se reconnaissent coupables et qu'ils cherchent ma face. Ils me chercheront de grand matin dans leur angoisse. (Osée V, 15.)

 

Le Saint-Esprit est seul capable d'attaquer notre nature pécheresse. Aucune force humaine ne peut faire qu'un homme se reconnaisse coupable devant Dieu; le Saint-Esprit seul fait la brèche par laquelle Jésus-Christ veut entrer. Quand la conscience est convaincue de péché, elle cherche d'elle-même; il n'est plus besoin, de lui dire : Cherche la face de ton Dieu. C'est donc une bonne chose que ce premier trouble que le Saint-Esprit jette dans l'âme, mais c'est bien mieux encore quand il devient une angoisse. Les premiers mouvements de la repentance peuvent se perdre, si par malheur l'esprit de dissipation reprend le dessus; mais quand un homme cherche son Dieu de grand matin, ,dans un état d'angoisse, c'est qu'il est entré en pleine voie de conversion. Il s'aperçoit qu'il a vécu jusqu'alors sans Dieu dans le monde. Ce sentiment de séparation d'avec Dieu, quand c'est le Saint-Esprit qui nous le donne, déchire l'âme et la pousse à chercher à renouer avec l'Éternel ses relations interrompues. Le Saint-Esprit l'ait donc la plaie, mais c'est aussi lui qui la guérit; à une bonne repentance, il fait succéder une foi solide en Jésus-Christ, et il le glorifie en nous comme la justice du pécheur.

.

27 MAI.

 

La paix sera l'effet de la justice, et le labourage de la justice produira le repos et la sûreté à toujours. Et mon peuple habitera dans une habitation paisible, dans des pavillons de sûreté, et dans un repos fort tranquille. (Esaïe XXXII, 17, 18.)

 

La paix est l'effet de la justice de Jésus-Christ; mais nous ne pouvons nous appliquer cette justice que par un miracle du Saint-Esprit. La théorie de la justification par la foi, quand elle n'est pas vivifiée par le Saint-Esprit, est perdue pour nous. Ce n'est plus qu'une page de catéchisme. Le Saint-Esprit seul nous rend ,capables de nous approprier le labourage de la justice de Christ. La croix du Calvaire, où le Fils de Dieu fut labouré et frappé de Dieu, est un mystère de piété. Le Saint-Esprit seul a la clef de ce sanctuaire. Il ne suffit pas que notre esprit le comprenne, il faut que notre coeur le reçoive. L'intelligence que donne le Saint-Esprit est le repos et la sûreté à toujours. Une âme qui n'a pas encore de repos, qui n'a pas encore l'assurance de son pardon, n'a pas encore compris; la vraie Pentecôte est celle qui fait habiter dans une habitation paisible, dans des pavillons de sûreté et dans un repos fort tranquille. C'est cette fermeté qui rend sûr que, quand les montagnes se remueraient et que les coteaux s'ébranleraient, il y a une bonté qui ne se retirera point de nous, et une alliance de paix qui ne sera jamais ébranlée. Rien de si surprenant que l'évidence que donne le Saint-Esprit! La science humaine nous donne des démonstrations, le Saint-Esprit produit en nous un repos et une sûreté à toujours. Lequel des. deux vaut le mieux?

.

28 MAI.

 

Personne ne peut dire que Jésus est le Seigneur, si ce n'est par le Saint-Esprit. (1 Cor. XI, 3.)

 

Dire que Jésus est le Seigneur, n'est point difficile ; mais le règne de Dieu ne consiste point en paroles, il nous faut des vertus. Le dire du Saint-Esprit est une force vitale; quand le Saint-Esprit nous prêche Jésus-Christ, il nous unit à lui et nous transmet l'efficace de sa croix et de sa résurrection. Jésus-Christ devient tout. autre chose, quand on peut croire en lui par la puissance du Saint-Esprit. La foi nominale ne sert de rien, et c'est de celle-ci que se contentent la plupart des hommes. Il faut que Dieu dise : Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces morts, et qu'ils revivent. Jésus dit lui-même : Quand l'esprit de vérité.sera venu, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera point par lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et vous annoncera les choses à. venir. C'est lui qui me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et qu'il vous l'annoncera De quelle manière croyez-vous en Jésus-Christ et que produit habituellement votre foi? Vous unit-elle à Jésus-Christ? vous transforme-t-elle en son image? Vous communique-t-elle les mêmes sentiments qu'il a eus? vous apprend-elle à renoncer à vous-même, à porter votre croix et à suivre le Seigneur ? Est-ce ainsi que vous croyez? Qu'y a-t-il sous toutes vos paroles, sous toutes vos invocations du nom de Christ, sous toutes vos pratiques religieuses ? Est-ce le vrai Jésus-Christ, celui qui est la puissance et la sagesse de Dieu? Y a-t-il en vous une puissance nouvelle, une sagesse nouvelle, et ce principe intérieur renouvelle-t-il votre conduite? Personne ne peut dire que Jésus est le Seigneur, si ce n'est par le Saint-Esprit.

.

29 MAI.

 

Je prierai mon Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous. (Jean XIV, 16.)

 

Le Saint-Esprit est un agent personnel; il n'est pas seulement une force infuse. Peut-on dire d'une force quelle soit un consolateur ? L'Écriture attribue au Saint-Esprit toutes les qualités qu'elle attribue au Père et au Fils, et le nom spécial du Saint-Esprit, c'est celui de Consolateur. Le monde nous console en essuyant nos larmes; le Saint-Esprit peut nous consoler en nous laissant dans les larmes. Les consolés du Saint-Esprit sont des affligés qui sont toujours dans la joie. Un affligé du Saint-Esprit n'est point un affligé du monde, et ce n'est que ceux qu'il afflige lui-même que le Saint-Esprit console. Ce sont les âmes sans paix. Les affligés du monde, ce sont les victimes du monde et qui continuent à l'aimer. De telles âmes ne sont pas à consoler. Elles s'enfoncent dans le souvenir de leurs pertes, et plus elles s'y enfoncent, moins elles en sortent. Elles peuvent s'oublier, se distraire un instant, car les grandes tristesses mêmes ne tourmentent pas toujours à un égal degré, mais les affligés du monde n'ont pas de Consolateur qui demeure éternellement avec eux. Comment le Saint-Esprit console-t-il les siens? C'est en leur confirmant la possession d'un bien permanent. Qui a Jésus-Christ par le Saint-Esprit, a tout; qui a tout, hormis Jésus-Christ, par le Saint-Esprit, n'a rien. Tous nos biens sont dans un bien unique, et le Saint-Esprit nous met en communication avec ce bien, et le glorifie en nous comme la bonne part qui ne nous sera point ôtée. De cette manière nos pertes deviennent un gain; les biens périssables font place à des biens impérissables; des afflictions légères approchent de nous le poids éternel. d'une gloire infiniment excellente, et nous disposent à ne plus regarder aux choses visibles qui ne sont que pour un temps, mais aux invisibles qui sont éternelles.

.

30 MAI.

 

Chacun sera salé de feu, et toute oblation sera salée de sel. (Marc IX, 47.)

 

Le Saint-Esprit attaque tout ce qui est insipide, les paroles déshonnêtes, les bouffonneries, les plaisanteries, les choses malséantes; il attaque aussi ce qui cloche, ce qui s'en va mourir: c'est qu'il est un sel. Il attaque surtout ce christianisme sans esprit et sans vérité, qui, par de belles formes, essaye de couvrir un pauvre fonds; le Saint-Esprit veut de la vie, et non pas des apparences. Le même Esprit est aussi un feu, un feu qui tombe du ciel et qui embrase notre coeur froid, pour le rendre fervent d'esprit et pour lui donner la vraie prière. C'est lui qui produit ces soupirs ineffables, lorsque nous ne savons ni comment il faut prier ni ce qu'il faut demander pour prier comme il faut. Quand notre esprit est dans un calme plat, il produit dans l'âme des mouvements de vie, il verse de l'huile dans nos lampes de l'encens sur notre brasier. Avez-vous déjà été baptisé de feu et d'esprit? Dieu nous jette souvent dans le feu de l'épreuve, pour faire sortir de cette fournaise le vrai feu de la prière. Mais le feu de la prière nous est nécessaire pour tout, comme le sel est nécessaire à tout aliment. Tout chrétien est un homme salé de feu une oblation salée. Le Saint-Esprit ranime ceux qui se relâchent et qui s'endorment; il veut que nous n'ayons ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais que nous soyons saints et irrépréhensibles. Si nous voulions nous arrêter en deçà de cette ligne, il ne nous laisserait point tranquilles et, par son travail, il s'efforcerait de nous dépouiller de notre conduite précédente, de ce vieil homme qui se corrompt par les convoitises qui séduisent; il nous renouvellerait foncièrement pour rétablir en nous l'image pure et intacte de Dieu. Soumettons-nous à cette discipline, et nous serons salés de feu toutes nos oblations seront salées.

.

31 MAI.

 

N'attristez point le Saint-Esprit. (Ephés. IV, 30.)

 

On peut attrister le Saint-Esprit, on peut même éteindre l'Esprit. Les vierges folles laissèrent éteindre leurs lampes; il est dit de Saül que l'Esprit de Dieu se retira de lui, et David, connaissant la valeur de cet Esprit, s'écrie : Ne m'ôte pas l'Esprit de ta sainteté! On attriste le Saint-Esprit en refoulant les bons mouvements qu'il produit. Ne retenez point la vérité captive,

si elle arrive à vous comme la vérité. Nous savons souvent très bien ce que Dieu nous demande, ce que nous avons à faire dans tel cas ou envers telle personne, mais nous comprimons ces voix qui nous conseillent, et c'est ce mauvais vouloir du coeur qui ôte aux avertissements de l'Esprit leur autorité ces voix s'affaiblissent et bientôt elles ne parleront plus. Voilà l'histoire des consciences mortes ou à moitié étouffées. Ces manoeuvres de la mauvaise volonté vont plus loin encore. D'abord on attriste le Saint-Esprit, puis on le falsifie. On se persuade qu'on a eu, en telle occasion, la conscience trop délicate, qu'on a coulé des moucherons, que telle chose, était bien permise, que telle démarche n'était pas si nécessaire; on invente sophismes sur sophismes, si bien qu'on les substitue aux voix de Dieu. Le coeur endurci obscurcit de ténèbres l'esprit et l'intelligence; on finit par ne plus comprendre, après avoir commencé par ne pas vouloir. Et voilà la cause de la condamnation: c'est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Le Saint-Esprit est le don souverain de Dieu, qui moins que tout autre se laisse changer en dissolution. Il y a une impénitence finale et un péché irrémissible que préparent les manques de droiture. Laissez-vous donc ouvrir l'oreille; le Seigneur vous excite à l'attention tous les matins; ne soyez point rebelle, ne vous retirez point en arrière, écoutez l'Esprit comme on écoute les maîtres.