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EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 JUIN

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1 JUIN.

 

Le Seigneur ouvrit le coeur à Lydie, pour faire attention aux choses que Paul disait. (Actes XVI, 14.)

 

L'homme naturel ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui paraissent une folie, et il ne peut les entendre, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. Il faut que l'homme reçoive un nouvel organe pour que la Parole de Dieu devienne vivante et efficace en lui. Le Seigneur crée cet organe en nous par la vertu du Saint-Esprit. Il ouvrit le coeur à Lydie, comme il ouvrit l'esprit aux disciples, pour leur faire entendre les Écritures. C'est une des merveilles de la grâce que de faire prendre racine à la Parole sainte dans une âme qu'elle transforme en un arbre, planté près des ruisseaux d'eaux courantes, qui rend son fruit en sa saison et dont le feuillage ne se flétrit jamais. Un christianisme qui n'a pas sa racine dans la Parole sainte est bien vaporeux. Mais il ne suffit pas de lire ou de citer la Parole de Dieu, il faut de plus être attiré vers les choses qu'elle contient. C'est encore la fonction du Saint-Esprit de rendre témoignage à la Parole, en nous donnant conscience qu'il y a en nous quelque chose qui répond à ce qu'elle enseigne. La vie et la force qu'on puise chaque jour dans ces Écritures qui rendent témoignage à Jésus, et par lesquelles nous espérons avoir la vie éternelle, deviennent en nous une évidence plus convaincante de leur divinité que la discussion du pour et du contre des preuves qui établissent leur inspiration.

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2 JUIN.

 

Je répandrai des eaux sur celui qui est altéré, et des rivières sur la terre sèche ; je répandrai mon Esprit sur ta postérité, et ma bénédiction sur ceux qui sortiront de toi. (Esaïe XLIV, 3.)

 

Le Saint-Esprit crée les besoins religieux et les nourrit aussi. De même qu'avant' d'arroser la terre, Dieu fait souvent survenir une sécheresse; de même aussi, avant de nous rafraîchir spirituellement, il nous fait souvent longtemps languir. Cette soit de vie est aussi une des opérations du Saint-Esprit. C'est par elle qu'il prépare le terrain à recevoir ses forces et ses consolations. Celui qui est rassasié foule aux pieds les rayons de miel; mais celui qui a faim trouve doux même ce qui est amer. Trop de douceurs spirituelles rendent friand. Le Seigneur, pour mieux nous faire apprécier ce qui vient de lui, nous change souvent en une terre sèche et altérée, puis il répand ensuite des eaux sur nos ossements desséchés. Il y a des Pentecôtes pour le cabinet comme il y en a pour l'Église. Ne perdons donc pas confiance quand nous nous trouvons bien bas et bien sec. Attendons que les canaux des cieux se rouvrent, que Dieu arrose ses sillons et amollisse sa terre par la pluie menue. Appuyons-nous sur cette promesse : Je leur communiquerai de mon Esprit en abondance, et je leur ferai comprendre mes paroles. Ils y seront allés en pleurant, mais je les ferai revenir par ma miséricorde, et je les conduirai aux torrents des eaux, et Par un droit chemin. auquel ils ne broncheront point. Celui qui a fait les promesses est fidèle; attachez-vous à lui et non à votre stérilité, et vous vous en trouverez bien.

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3 JUIN.

 

C'est ce même Esprit qui rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. (Rom. VIII, 16.)

 

Un enfant n'a pas l'idée de demander des preuves que son père est son père. Le lien qui existe entre son père et lui est la meilleure preuve qu'ils s'appartiennent l'un à l'autre. Il en est de même de ceux qui sont nés de Dieu. Ils ont dans l'Esprit filial qu'ils ont reçu un témoignage intérieur de leur adoption. Le Saint-Esprit se prouve par lui-même, comme le soleil se prouve par sa clarté et par sa chaleur. Cela n'empêche pas qu'il n'y ait des chrétiens qui doutent de leur adoption, et qui prétendent n'avoir point le témoignage intérieur qu'ils sont nés de Dieu. Que ceux qui ont cette crainte vérifient d'une autre manière la réalité de leur adoption, car il en existe plus d'une preuve. Haïssez-vous le mal? Etes-vous humiliés sous la main toute-puissante de Dieu ? L'oeuvre, de Christ existe-t-elle en vous? Votre disposition dominante est-elle l'affection des choses d'en haut? Goûtez-vous la bonne Parole de Dieu, et ne semez-vous plus parmi les épines? Examinez-vous sur ces quelques points. Celui qui veut connaître l'état de son âme et qui serait en doute sur un passage isolé, trouvera dans la Parole de Dieu mille indications propres à l'éclairer. Remarquez qu'il n'est pas dit que le témoignage que le Saint-Esprit rend à notre esprit soit une illumination mystique. L'Esprit de Dieu se rend sensible par ses effets. Y a-t-il en vous un commencement de charité, de paix, de patience, de douceur, de bonté, de fidélité, de bénignité, de tempérance? Avez-vous le besoin de croître? Le Saint-Esprit vous aidera à discerner toutes ces choses; car, quoique ce soit toujours le même Esprit et toujours le même témoignage, il l'exprime de bien des manières et sous plus d'une forme.

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4 JUIN.

 

Vous n'êtes point dans la chair, mais vous êtes dans l'esprit, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu'un n'a point l'Esprit de Christ, il n'est point à lui. (Rom. VIII, 9.)

 

Qui est-ce qui est dans la chair et qui est-ce qui est dans l'esprit? La chair n'est pas toujours la sensualité grossière, la chair peut aussi se spiritualiser. Saint Paul, parmi les désirs de la chair, nomme les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions. La chair, c'est l'état général de notre nature déchue. Voulons-nous savoir si nous sommes dans la chair? Suivons en silence la propension de notre nature, les premiers mouvements de notre coeur, la direction habituelle de notre volonté. Si tout cela nous éloigne de Dieu au lieu de tendre vers lui, si l'action des choses terrestres est plus forte en nous que celle des choses divines, si le centre de notre existence est notre moi et que ce ne soit point Celui qui nous a aimés, si nous n'avons nul regret de vivre ainsi, nous sommes dans la chair, et il n'est pas vrai que l'Esprit de Dieu habite en nous. Voulons-nous savoir au contraire si nous sommes dans l'esprit et si nous appartenons à Christ? Écoutons les nombreuses voix qui nous parlent: en distinguons - nous une qui domine les autres et qui a plus de poids pour nous que toutes les autres? Parmi les intérêts nombreux qui partagent notre vie, y a-t-il un intérêt suprême, un élément céleste qui ait pris racine en nous? Jésus-Christ est-il autre chose pour nous qu'un nom? Habite-t-il dans notre coeur par le roi? a-t-il ébranlé nos mauvais principes? est-il devenu notre chemin, notre vérité, notre vie? S'il en est ainsi, il y a du nouveau en nous. Suivons l'Esprit qui est venu à notre secours, cherchons-le dans la Parole sainte. D'un homme charnel il fera un héritier du ciel; car ce que Dieu commence, il le continue, et ce qu'il continue, il l'achèvera glorieusement.

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5 JUIN

 

Dieu ne nous a point donné un esprit de timidité, mais il nous a donné un esprit de force, de charité et de prudence. (2 Tim. I, 7.)

 

Nous serions infiniment plus forts, plus joyeux et plus sages, si nous connaissions mieux ce que Dieu nous a donné, et quelle est la valeur du bon dépôt qui habite en nous par le Saint-Esprit. Nous possédons déjà souvent ce que nous demandons à Dieu de nous accorder, il ne s'agirait que d'en faire usage. Nous sommes bien plus riche que nous ne nous l'imaginons; je parle, il va sans dire, de ceux en qui le Saint-Esprit a commencé son oeuvre. Si nous sommes le temple dit Dieu vivant, si Dieu est en nous, toutes les vertus divines sont aussi et par cela même en nous. La foi les saisit; en croyant on les possède. Êtes-vous faible, par exemple, croyez qu'il y a en vous le dépôt d'une force qui renverse les forteresses; seulement ne soyez point timide, revêtez-vous des armes de Dieu, et vous serez plus que vainqueur. Manquez-vous de charité? Vous en avez plus que vous ne pensez; utilisez d'abord celle que Christ a mise en vous. Ne dites pas : Qu'est-ce que cela pour tant de gens? Aimez comme vous le pouvez actuellement, et vous aimerez bientôt davantage. Êtes-vous dans une perplexité d'esprit? vous avez plus de prudence que vous ne pensez; celui qui craint Dieu sort de tout. 'Vous avez la lumière du monde, elle vous rendra intelligent en toutes choses, elle vous enseignera le chemin par lequel vous aurez à marcher; son oeil vous guidera. Il y a tant de christianismes larmoyants qui seraient tout autre chose s'ils s'appuyaient sur ce que Dieu nous a donné! Mais au lieu de recourir avec reconnaissance à ce qu'on a déjà, on s'approche de Dieu en hésitant. Me donnera-t-il oui ne me donnera-t-il pas? voilà le fond de la plupart de vos prières. priez autrement. Soyez sûr que Dieu, qui vous a donné son Fils, vous a aussi donné toutes les autres choses avec lui. Demandez seulement à Dieu de vous montrer le coin où vous devez prendre ce qu'il a déposé en vous. Sachez à qui vous croyez, et soyez persuadé qu'il a la puissance de garder votre dépôt jusqu'au grand jour.

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6 JUIN.

 

0 Dieu ! crée en moi un coeur net, et renouvelle au dedans de moi un esprit droit. Ne me rejette pas de devant ta face, et ne m'ôte pas l'Esprit de ta sainteté. (Ps. LI, 10, 11.)

 

C'est du coeur que procèdent les sources de la vie; si le coeur est malheureux, toute la vie l'est aussi. Le péché est la cause cachée, la seule cause de toutes nos infortunes. Ah! si seulement on voulait se t'avouer 1 Mais, comme David, on manque d'un esprit droit. Il se sentait misérable de toutes manières, mais son impénitence était plus grande encore que ses tourments de conscience. Il faut souvent bien du temps pour briser un coeur. On chemine avec un péché habituel; personne ne s'en doute, nul ne le devine, et l'on refuse de se juger soi-même. L'orgueil du coeur l'emporte sur tous les avertissements de Dieu. Nos jours les plus malheureux sont ceux où nous gardons en nous un interdit. Dieu, dans ces moments d'endurcissement, pourrait nous rejeter loin de sa face et nous ôter l'Esprit de sa sainteté. S'il ne le fait pas, c'est afin de nous convier à la repentance par les richesses de sa bonté, de sa patience et (le son long support. N'est-ce pas une folie de vivre ainsi sous le joug du péché? Ah! plutôt, jetons ce cri que Dieu attend : 0 Dieu! crée en moi un coeur net, et renouvelle au-dedans de moi un esprit droit. Le pardon et la paix reviendront bientôt visiter l'âme où ce désir est prononcé. Mais souvenons-nous que c'est Dieu qui crée le coeur net. De toutes ses créations, c'est la plus merveilleuse. Changer un pécheur endurci, l'amener à se rendre, tourner ce mauvais esprit, qui ne ferait que se corrompre, vers la vérité, vers l'humanité et l'amour, c'est bien là le travail d'un Dieu ; aucun effort humain ne le pourrait produire. Puis donc que Dieu donne la repentance à quiconque la demande, faites de cette demande votre prière capitale; sentez que c'est là ce qui vous manque le plus, que tous vos enfers de conscience viennent de votre endurcissement, et le miracle de la création d'un coeur nouveau s'accomplira en vous.

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7 JUIN.

 

Mes bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour savoir s'ils viennent de Dieu. (1 Jean IV, 1.)

 

Ne vous fiez pas aux dispositions du moment, à cet esprit qui vous presse souvent de faire ou de dire quel que chose avec précipitation; un esprit hâtif ou passionné est rarement un bon esprit. Nos dispositions changent si vite! une lettre que nous avons écrite le soir ne nous plaît plus quand nous la relisons au matin. C'est un exemple entre mille qui montre que nous ne pouvons pas nous fier à l'esprit du moment. Que faut-il donc faire? Éprouver les esprits, dit saint Jean. Mais comment ? En faisant tout avec prière. Notre disposition actuelle se soutient-elle devant Dieu ? le Seigneur peut-il faire cause commune avec nous ? Cette épreuve tranche bien des questions. Mais voici un second critère. Voudrions-nous, quand nous serons sur notre lit de mort, avoir agi comme nous sommes sur le point d'agir? Mettons notre esprit en rapport avec notre mort et avec notre éternité c'est le moyen de rectifier bien des jugements, et de nous épargner bien des regrets. Voici enfin un troisième signe. Voudrions-nous qu'on nous fît ce que nous allons faire? Si nous ne craignons pas la réciproque, nous sommes dans l'esprit de charité qui est toujours le bon esprit qui vous conduit dans le droit chemin. Cette vérification de l'esprit qui nous anime est nécessaire dans la vie ordinaire aussi bien que dans la vie religieuse. Il y a eu des prophètes qui parlaient aussi au nom de l'Éternel, et auxquels l'Éternel. n'avait rien commandé. Combien de faux prophètes parlent en nous! Puisqu'il y a des inspirations terrestres, sensuelles et diaboliques, éprouvons donc les esprits afin de savoir si celui qui nous parle vient de Dieu. La sagesse qui vient d'en haut est premièrement pure, puis paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits; elle n'est point difficultueuse ni dissimulée. Voilà encore de quoi servir à vérifier d'où vient la voix qui nous parle.

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8 JUIN.

 

Ne devenez point esclaves des hommes. (1 Cor. VII, 23.)

 

On devient esclave des hommes de trois manières. Premièrement, en adoptant leur genre de vie, leur langage, leur manière de voir, souvent même leur christianisme. En agissant ainsi, on n'est plus vrai, car on n'est plus soi. Soyez ce que vous voudrez, mais soyez d'abord vous, quitte à voir ensuite si vous pouvez rester ce que vous êtes. Une seconde manière d'être esclave des hommes, c'est de rechercher leur approbation. Ce qui régit le monde, ce n'est point Dieu, ce n'est point sa Parole, ce sont les qu'en dira-t-on. Voix Au peuple, voix de Dieu : c'est d'après ce dicton qu'on vit. Quelque chose qu'on fasse en paroles, ou en actions, on ne vise qu'à plaire, on brigue des suffrages faillibles, on court après des couronnes corruptibles, sans se soucier de la vérité de Dieu, seule couronne incorruptible. Enfin, on devient encore esclave des hommes en se désolant quand on ne parvient point à leur plaire. Un poète qui voit tomber sa pièce, un subalterne qui ne sait point capter la faveur de son chef, un philanthrope qui gémit de ne faire que des ingrats, sont des hommes dont le chagrin nous montre que nous ne devons point devenir esclaves des hommes. Les hommes ne nous donneront rien à notre dernière heure; travaillons donc pour Dieu, vivons pour Dieu. Ne faussons point notre individualité, mais sanctifions-la. Il n'est pas facile d'entrer dans un habit qui n'est pas fait pour nous, mais chacun peut revêtir le Seigneur Jésus-Christ, en se rendant respectable aux autres et en gagnant personnellement beaucoup. Ceux qui auront bien servi, acquerront un degré honorable et une grande liberté dans la foi qui est en Jésus-Christ. C'est le seul moyen d'avoir une allure libre, et d'être vrai et vivant. Tenez-vous donc fermes dans la liberté, dans laquelle Jésus vous a mis, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de la servitude.

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9 JUIN.

 

Considérez bien celui qui a souffert une si grande contradiction de la part des pécheurs. (Hébr. XII, 3.)

 

L'esprit de contradiction est une des choses qui nous scandalisent le plus souvent. Il y a, en effet, des caractères contredisants pour lesquels nous avons une véritable répugnance, parce qu'on ne peut jamais tomber d'accord avec eux. Mais avant de regarder aux autres, regardons à nous-mêmes; ne serions-nous pas peut-être un de ces caractères-là? Supportons-nous tranquillement qu'on nous contredise? Sommes-nous du nombre de ces gens qui ont toujours raison, qui ont toujours le dernier mot, qui croient avoir la science infuse? S'il en est ainsi, de quoi nous plaignons-nous ? Quand nous trouvons de la difficulté à vivre avec des caractères contredisants, considérons bien celui qui a souffert une si grande contradiction de la part des pécheurs, étudions son exemple, afin de suivre ses traces. Attaque-t-on sa personne, ou repousse-t-on sa parole? Il ne crie point, il n'élève point sa voix, il ne la fait point entendre dans les rues. Apprenons de lui, car il est doux et humble de coeur, et nous trouverons le repos de nos dîmes. Prenez deux hommes toujours en guerre l'un avec l'autre, par exemple deux journalistes hargneux, quel gain résultera-t-il de leurs querelles pour la cause de la vérité ? Aucun. Car partout où il y a ce zèle amer et cet esprit de contention, il y a du trouble et toutes sortes de mauvaises actions. Ce n'est pas qu'il ne faille redresser ceux qui errent, mais il faut que ceux qui sont spirituels le fassent avec un esprit de douceur, et en prenant garde à eux-mêmes, de peur d'être aussi tentés. Jésus-Christ conservait son calme et sa majesté paisible au milieu d'un monde d'ennemis. C'est là ce qui peut faire tomber les armes de leurs mains; c'est en ce sens que les débonnaires hériteront la terre. On dit du mal de nous, disait saint Paul, et nous bénissons; nous sommes persécutés et nous le souffrons, on nous dit des injures, et nous prions; nous sommes jusqu'à présent ,comme les balayures du monde, et comme le rebut ,de toute la terre. Demandons que Christ habite dans nos coeurs par la roi; soyons enracinés et fondés dans ,la charité, et nous souffrirons beaucoup moins, quand il faudra souffrir de nouvelles contradictions de la ,part des pécheurs.

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10 JUIN.

 

Veillez, demeurez fermes dans la foi, agissez courageusement, fortifiez-vous. (1 Cor. XVI, 13.)

 

Pour demeurer ferme dans la foi, il faut veiller, et pour agir courageusement, il faut demeurer ferme dans la foi; il y a gradation entre ces choses, comme vous voyez. Mais pour être capable de faire tout cela, ,il faut nous fortifier. Nous arrosons nos fleurs, nous demandons la pluie pour nos champs, pourquoi ne demanderions-nous pas aussi à être puissamment fortifiés par l'esprit dans l'homme intérieur? Devenons ouvriers avec Dieu. Fortifions-nous dans la vigilance; ,ayons les yeux mieux ou verts sur nous-mêmes; modérons-nous davantage, gouvernons mieux nos pensées, nos paroles et notre conduite ; en un mot, vivons plus habituellement &dans la présence de Dieu. C'est le moyen de devenir intérieurement ferme, de ne pas perdre la présence d'esprit dans les cas imprévus, et de planer en quelque sorte sur les événements. L'Éternel notre Dieu sera avec nous partout où nous irons, Est-ce là notre attitude intérieure? Veillons-nous? Demeurons-nous fermes dans la foi? Si cela est, nous. agirons courageusement quand il faudra agir. Notre activité aura l'onction d'en haut; nous ne ferons pas des coups de tête et notre courage sera autre chose qu'une hardiesse naturelle. On verra que nous marchons dans la force de l'Éternel, notre Dieu. Mais pour grandir ainsi la vie spirituelle, fortifions-nous. Le plus beau don, c'est de savoir se fortifier. Comment un général fortifie-t-il une place qu'il doit défendre? Il relève ce qui était tombé, il répare les brèches et redresse les ruines. Faisons-en de même. Plaçons-nous tout entiers. dans la lumière. Apprenons à nous recueillir, à nous, retirer vers l'Éternel, à sonder notre coeur, à considérer nos discours; ménageons-nous des moments de silence, ou, si nous ne le pouvons pas, faisons-nous du silence dans le bruit même. On est toujours seul quand. on se cramponne à Dieu; et l'on est fortifié en toutes manières, quand on ouvre l'âme tout entière à la force glorieuse qui se répand dans la faiblesse des, faibles et dans les plaies des misérables.

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11 JUIN.

 

Il sait ce que c'est que la langueur. (Esaïe LIII, 3.)

 

Jésus-Christ connaît nos âmes, il en connaît aussi les langueurs. La langueur est un état qui fait souffrir le chrétien; heureux encore celui pour qui elle demeure une souffrance, car les langueurs finissent souvent par endormir toutes les forces vitales et par nous faire perdre la conscience de nous-mêmes, au point que nous ne nous sentons pas plus malheureux. Cet état est premièrement le résultat naturel de la chute; mais dans la conversion même, cet éloignement passager de Dieu et de la source des eaux vives ne se l'ait que trop souvent sentir. La langueur vient aussi d'un relâchement dans la prière et dans la vigilance. Nous nous mondanisons si facilement 1 et dans l'atmosphère du monde l'âme ne trouve qu'un air pesant qui la fait languir. Souvent aussi les langueurs sont la suite d'un péché particulier. Nos rechutes nous jettent dans un état d'affaiblissement spirituel qui peut durer même après l'obtention du pardon. Il suffit souvent d'une vie chrétienne trop facile, trop peu traversée de combats et d'épreuves, pour rendre l'âme languissante; il y a bien d'autres langueurs encore que nous ne connaissons pas; mais Jésus-Christ sait ce que c'est que la langueur. Il nous la fait sentir, il tourne vers lui nos pensées et nos désirs pour raviver nos forces défaillantes. Lui seul peut intervenir et nous faire reprendre confiance. Il ne languit point, quand nous languissons. Il est à son peuple comme une rosée, il le fait fleurir de nouveau comme des lis, il lui fait jeter ses racines comme les arbres du Liban. Languissants ou non, demeurons donc en Lui, et il demeurera en nous.

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12 JUIN.

 

La lettre tue, mais l'esprit donne la vie. (2 Cor. III, 5.)

 

Voici un de ces passages dont on a cruellement abusé. On a voulu en déduire la non-valeur de l'Ancien Testament, et même de l'Écriture entière comme Parole écrite. Le monde parle souvent d'une lettre morte et d'un esprit qui vivifie. Mais saint Paul ne parle point d'une lettre morte, il parle d'une lettre qui tue, ce qui n'est pas la même chose. Il s'agit ici de la loi de Dieu et de sa puissance de condamnation. Dieu a tracé cette loi en toutes lettres, dans le Décalogue et dans les autres ordonnances qu'il a fait écrire pour son peuple. Cette loi maudit le pécheur, en lui révélant son état de chute et de rébellion contre Dieu. Elle tue tout ce que nous pourrions lui présenter dans le but de nous justifier ou de nous sauver par nous-mêmes. Elle nous demande mille choses sans nous communiquer aucune force pour nous faire arriver à l'amour et à l'obéissance que Dieu réclame. Pour que des créatures, mortes dans leurs péchés et renfermées sous la condamnation , soient capables de courir dans la voie des commandements et d'avoir le coeur au large, il faut qu'elles reçoivent avec un esprit nouveau une nouvelle vie. Cette transformation s'opère en nous par la foi en Celui qui justifie le pécheur et qui est l'accomplissement personnel de la loi. Ce qui était impossible à la loi, parce qu'elle était faible dans la chair, Dieu l'a fait lui-même en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle des hommes pécheurs. Qui a le Fils, a la vie, et l'Esprit qui donne la vie. Mais le Fils abolit-il la lettre ? Anéantit-il la loi par la foi? Au contraire, il établit la loi. Je vous dis, en vérité, que, jusqu'à ce que le ciel et la terre passent, il n'y aura rien dans la loi qui ne s'accomplisse, jusqu'à un seul iota, et à un seul trait de lettre.

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13 JUIN.

 

Abraham dressa un autel à l'Éternel, et invoqua le nom de l'Éternel. (Genèse XII, 8.)

 

Le culte de famille remonte jusqu'à Abraham. Avez-vous un culte de famille dans votre maison? a-t-il le caractère patriarcal que tout culte domestique doit avoir? Regardez à Abraham, votre père, et rappelez-vous que toute famille chrétienne est un peuple de Dieu en miniature. Dieu veut trouver sous chaque toit une race élue, des sacrificateurs et des rois, une nation sainte, un peuple acquis, afin que tous annoncent les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. C'est autour de l'autel domestique que cette vie commune doit se réchauffer et s'affermir. La prière commune est l'éternel lien qui unit les âmes et qui attire la faveur de l'Éternel. Une maison où l'on commence et où l'on finit la journée sans prier et sans rompre ensemble le pain de la Parole, n'est qu'un assemblage fortuit de personnes qui pourraient tout aussi bien vivre séparées que réunies. C'est une fourmilière où chacun court de son côté, où l'on se rencontre sans avoir conscience d'être membres du même corps et héritiers des mêmes espérances. Qu'il est doux alors de rencontrer des Abraham ! Un culte de famille bien nourri est une muraille de feu tout autour de la maison C'est là que l'Éternel a établi la bénédiction et la vie à toujours; ceux qui entrent sous ce toit disent que c'est un lieu vénérable, une maison de Dieu, une porte des cieux.

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14 JUIN.

 

Que vos prières ne soient point troublées. (1 Pierre, III, 7.)

 

Il est ici question des rapports des époux entre eux et de leur communion pour la prière. Vous qui êtes unis pour la vie, priez-vous ensemble? Le culte de famille ne peut pas vous suffire; ce culte est pour votre maison, mais l'intimité conjugale a besoin d'un lien plus, étroit encore. Quand un mari et une femme ne prient pas ensemble, l'ennemi a bientôt prise sur eux. Il peut arriver que dans un ménage, d'ailleurs bien réglé, la communion de prière de deux époux soit subitement troublée ou rompue par un interdit sur lequel on laisse le soleil se coucher. Soyez attentif à cette attaque de l'ennemi contre le sanctuaire intérieur. Il sait fort bien que la paix de deux époux dépend de la manière dont chacun d'eux marche devant l'Éternel; c'est pourquoi il cherche à jeter de l'ivraie dans leurs prières.

Deux âmes qui vivent ensemble, dans le lien du mariage, acquièrent peu à peu à l'égard l'une de l'autre une extrême délicatesse, et si quelque chose se glisse entre elles, ne fût-ce qu'un atome, leurs prières sont troublées. En pareil cas, demandez ardemment, chacun de votre côté et l'un pour l'autre, que votre communion soit promptement rétablie. Deux époux chrétiens qui ne prient point ensemble sont dans un état de divorce moral. Par amour pour la paix de votre intérieur, surmontez le misérable orgueil qui vous tient désunis. Il y a sans doute des torts des deux côtés, vous avez péché tous deux; raison de plus pour ne pas différer de se tendre la main, pour ne pas prolonger d'une minute une séparation toujours douloureuse. C'est devant Dieu que vous avez rompu, unissez-vous de nouveau devant Dieu pour être véritablement unis. Les mariages sont inscrits au ciel; ne séparez donc pas ce que Dieu a uni.

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15 JUIN.

 

Tu as fait un chemin dans les lieux les plus profonds de la mer, afin que les rachetés y passassent. (Esaïe LI, 10.)

 

Le peuple de Dieu a passé à sec par la mer Rouge;, David a été soutenu dans les lieux profonds; Daniel a eu son Dieu près de lui dans la fosse aux lions; Pierre, enchaîné dans un sombre cachot, a vu à ses côtés un ange, - et toi aussi, racheté (le ]'Éternel, ne crains point, crois seulement. Il y a (les profondeurs de souffrances dans lesquelles nos amis ne peuvent point descendre, mais Celui qui nous a aimés et qui a fait un chemin dans les lieux les plus profonds de la mer y descendra avec nous. Les fleuves ne nous noieront point, la flamme ne nous brûlera point. Que celui qui marche donc dans les ténèbres et qui n'a point de lumière, ait sa confiance au nom de l'Éternel, et qu'il s'appuie sur son Dieu. Laissons-nous briser, laissons-nous ensevelir, nous ne tomberons que mieux dans les bras de notre Dieu. Sommes-nous dans le deuil pour nous-mêmes ou pour d'autres? Il en résultera de nouveaux liens d'amour. Qui n'a point de croix n'aura point de couronne. Puisque le chemin de Dieu est par la mer, et que ses sentiers sont dans les grosses eaux, ses traces ne sont pas toujours connues. Notre sûreté est donc de le suivre : quels que soient ces abîmes, les rachetés peuvent y passer. Nous ne sommes points seuls, un guide est là pour nous rassurer. Il aura compassion de nous, aujourd'hui et demain encore, car sa miséricorde dure éternellement. Ni les profondeurs, ni les hauteurs, ni la vie, ni la mort, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur.

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16 JUIN.

 

Il fut le maître en luttant avec Dieu. (Osée XII, 4.)

 

Les violents, dit Jésus-Christ, enlèvent le royaume des cieux. Jacob fut un de ces violents; il lutta avec Dieu, et prévalut. Qu'est-ce donc que lutter avec Dieu ? Ce n'est pas lui extorquer des grâces, en arrivant à lui dans un esprit volontaire, car prévaloir de cette manière, ce serait recevoir, non des grâces, mais des Jugements. Lutter avec Dieu, comme Jacob, c'est lui présenter ses promesses et les faire valoir dans l'intérêt de sa fidélité. Portons-lui ces promesses par la prière, appuyons-nous sur elles de toute notre force, et quelles que puissent être les circonstances, quoi qu'en dise notre coeur, croyons. Il nous sera fait selon notre foi; si quelques-uns n'ont pas cru, leur incrédulité anéantit-elle la fidélité de Dieu? Souvent, lutter et pleurer est la même chose. Il est dit de Jacob : Il fut le maître en luttant avec l'ange, et il fut le plus fort; lui pleura et il demanda grâce. Il y a des moments d'accablement où nous ne nous rappelons plus même les promesses de Dieu, elles sont comme effacées. Les larmes remplacent alors ces souvenirs de la Parole, et une âme anéantie devant Dieu est encore une âme qui lutte et qui croit. Aller à Dieu en pleurant, c'est marcher dans la voie de Dieu, car c'est avoir confiance en lui. Il y a une foi incomprise, qui est aussi de la foi et l'oeuvre du Saint-Esprit. Que nous ayons ou que nous n'ayons pas des paroles pour exprimer nos besoins, restons, malgré cela, aux pieds du Seigneur. Il verra en nous une âme qui lutte, qui n'a plus que son Dieu, et qui attend l'effet de ses promesses. Lutter marque un état qui dure; Dieu peut prolonger nos accablements, mais ses promesses sont d'une plus grande étendue. Elles agiront si nous ne les laissons point, si nous ne les abandonnons point. Ne nous relâchons donc point, mais imitons ceux qui par la foi et la patience sont devenus les héritiers des promesses.

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17 JUIN.

 

Quand tu te laverais avec du nitre et que tu emploierais à cela beaucoup de savon, ton iniquité demeurerait encore marquée devant moi, dit le Seigneur l'Eternel. (Jér. II, 22.)

 

Depuis Adam, l'homme tombé se justifie quand il peut et comme il peut. Il emploie à cela beaucoup de discours; les feuilles de figuier abondent encore, mais notre nudité n'en est point couverte aux yeux de Celui auquel nous avons à rendre compte. Dieu a du nitre et du savon qui brûlent jusqu'à la moelle des os. Il y a de profonds malaises qui sont plus forts que tout ce que nous employons pour nous blanchir. David, par exemple, était courbé et abattu au dernier point; ses reins étaient pleins d'inflammation; il n'y avait rien d'entier dans son corps. Nous sommes dans le même état quand nos iniquités demeurent marquées devant l'Éternel, notre Dieu. Nous les couvrons, nous les mitigeons, mais Dieu les écrit avec un burin de fer et une pointe de diamant, et ce qu'il grave sur la table de notre coeur, nous ne l'effacerons point. Mais sitôt que nous passons condamnation sur nous-mêmes, il est prompt à nous montrer sa grâce avec la même plénitude qu'il nous a montré ses jugements. Nous saurons alors que, quand nos péchés seraient comme le cramoisi, Dieu les blanchira comme la neige. Le sang de Jésus-Christ a une efficace éternelle; il a paru pour ôter nos péchés; ce sont des montagnes que lui seul enlève. Rien n'est si merveilleux que ce qu'éprouve le coeur quand la grâce, surabondant pardessus son offense, le rend tout à coup libre. Ce qui s'est passé entre Dieu et nous existe encore dans notre souvenir, mais Dieu l'a effacé du sien. Je ne me souviendrai plus de leurs péchés, dit l'Eternel. Il a mis, sous ses pieds nos iniquités, il a jeté tous nos péchés au profond de la mer. Quand Dieu absout, personne ne condamne; quand Dieu condamne, personne n'absout.

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18 JUIN.

 

Veillons et soyons sobres. (1 Thess. V, 6.)

 

La sobriété spirituelle est un fruit de la vigilance. À quoi voyons-nous qu'un chrétien est sobre? A la sainte égalité de sa vie chrétienne. Nous sommes sobres, quand nous savons nous maîtriser nous-mêmes, et quand il n'y a plus ni hauteur, ni profondeur qui puisse nous séparer de l'amour que Dieu nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur. Nous lisons dans un Psaume : Ils montent aux cieux, ils descendent aux abîmes; leur âme. se fond d'angoisse; ils branlent et chancellent comme un homme ivre, et toute leur sagesse leur manque. N'est-ce point là aussi un tableau de nos inégalités chrétiennes? Tant qu'une partie de notre vie jure avec l'autre, nous ne sommes point sobres; nous ne le serons que quand nous ne nous rendrons plus esclaves de rien. Pour cela, veillons donnons au Seigneur tout empire sur nous. Qu'il .soit la seule chose nécessaire à notre coeur qu'il domine notre vie, qu'il règle notre intérieur, qu'il dispose de nous en toute situation. Alors, nous serons les maîtres de nos joies et de nos tristesses, de nos hausses et de nos baisses, nous serons toujours les mêmes, veillants et sobres. Ne confondons pas la sobriété religieuse avec le flegme naturel. Il y a hors de l'influence du christianisme des caractères qui sont toujours les mêmes et que personne ne peut faire sortir de leur assiette; c'est l'effet du sang-froid naturel, et souvent d'une simple pesanteur d'esprit. Mais l'homme le plus apathique peut, si l'on touche le point sensible de son âme, devenir tout à coup passionné. C'est dans ces explosions soudaines que se manifestent les choses cachées du coeur. Quant à la sobriété chrétienne, elle est la réalisation et le vivant commentaire de cette parole : Toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir; toutes choses sont à vous, car vous êtes à Christ, comme Christ est à Dieu.

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19 JUIN.

 

Repais-toi de vérité. (Ps. XXXVII, 3.)

 

L'âme se repaît donc de vérité. La vérité est la vie de Dieu, et l'homme a été créé à son image. La vérité est la réalité, et la réalité est ce qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir. Une âme qui n'aime pas la vérité et qui lui préfère la vanité, est une âme mal nourrie et par là même malheureuse. L'écriture parle de personnes qui mangent, mais qui ne sont point rassasiées; qui boivent, mais non jusqu'à la joie; qui sont vêtues, mais qui n'en sont point réchauffées; de personnes qui crient de la douleur qu'elles ont dans le coeur et qui hurlent à cause de l'amertume de leur esprit. C'est qu'elles n'aiment pas la vérité et qu'elles la retiennent captive. Cette aversion s'explique, car la vérité attaque nos vanités, nos mensonges, et le péché qui se loge dans nos pensées et dans les intentions de notre coeur. C'est une épée qui fait mal quand elle pénètre en nous, mais quiconque est pour la vérité, écoute malgré cela sa voix. Plus nous nous ouvrirons à la vérité, plus elle nous repaîtra. Nous nous trouverons faits, organisés pour elle; nous l'accepterons de quelque côté qu'elle nous vienne, de la Bible ou d'un prédicateur, d'un supérieur ou d'un inférieur. Nous nous appliquerons à la voie de l'intégrité. Se repaître ainsi, c'est faire route avec Dieu, au milieu de parcs herbeux et d'eaux tranquilles. La vérité est souvent humiliante, mais elle redresse, et être redressé, c'est prendre de nouvelles forces. Un homme qui se repaît de vérité, est un homme que le Dieu de toute grâce perfectionne, affermit, fortifie et rend inébranlable. Soyons vrais et laissons-nous gagner par la vérité, c'est l'unique moyen de croître, de vaincre et d'être heureux.

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20 JUIN.

 

Lève-toi, bise, et viens, vent du Midi; souffle par mon jardin, afin que ses drogues aromatiques distillent. (Cant. des Cant. IV, 16. .)

 

Le jardin de Dieu est partout où il y a une oeuvre de Dieu. Dans les grandes comme dans les petites choses, en tout lieu où les choses divines tendent à se substituer aux choses humaines, où l'incorruptibilité combat la corruption, là se trouve un jardin de Dieu et une partie de son règne. Mais pour faire distiller ses drogues, pour les rendre aromatiques, Dieu fait souffler son vent; aujourd'hui c'est la bise, demain le vent du Midi, c'est-à-dire des mouvements de l'Esprit qui agissent en sens opposé et qui, en se croisant dans l'âme y entretiennent la vie et l'empêchent de tombe( dans la langueur. L'Église, les familles, les individus ont besoin de ces mouvements alternatifs. Accueillons donc le vent de Dieu de quelque côté qu'il souffle, et si les mouvements de la vie se ralentissent en nous, crions à l'Esprit qu'il souffle des quatre vents, et qu'il nous ranime. C'est pendant les époques orageuses surtout, que la foi paraît une puissance de Dieu et la victoire sur le monde. Heureux ceux que l'Éternel ne laisse pas languir et à qui il ne permet pas de se figer sur leurs lies! Nous aimons naturellement ce qui est tranquille; une vie calme, un avenir assuré nous plaisent. L'Éternel aime les tourbillons et les tempêtes; les nuées sont la poudre de ses pieds. La bise renverse, le vent du Midi dessèche; mais Dieu s'en sert pour préserver nos âmes d'un repos trompeur. Un jardin dont le sol est fertile, mais dont la culture est négligée, est déplaisant à voir, et nous qui sommes le champ que Dieu cultive, sommes-nous plus agréables à ses yeux quand nous sommes des drogues sans parfum ou des sources sans eau? Sommes-nous heureux quand notre esprit est dans un calme plat, et que notre christianisme devient une routine, une apparence de piété sans vérité, sans vie? Ah! lorsque nous en sommes là, répétons aussi le cri de l'épouse : Lève-toi, bise, et viens, vent du Midi; souffle par mon jardin, afin que ses drogues aromatiques distillent!

 

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21 JUIN.

 

Tu es perdu, ô Israël ! mais ton secours est en moi. (Osée XIII, 19.)

 

Les maladies de l'âme les plus difficiles à guérir sont celles qui sont invétérées. D'anciens préjugés, de vieilles rancunes, ou l'une de ces racines profondes comme l'orgueil, l'avarice, la sensualité ou la paresse, nous montrent à quel point notre nature est perdue et comment le péché a gagné jusqu'aux fondements de notre être. Le chrétien le plus avancé retrouve encore en lui de ces racines invétérées qui autrefois avaient dominé toute son existence, et que les tentations extérieures font souvent reparaître quand il croyait être délivré depuis longtemps de ses anciens ennemis. Un seul péché, bien étudié dans ses racines et dans ses conséquences, nous fait sentir que notre nature est ruinée. Mais notre secours est en Christ. Notre vraie personne n'est plus notre vieil homme; notre vraie personne est celle de notre Médiateur. Dieu nous a gratuitement accordé sa grâce en son Fils bien-aimé. Si les influences du péché nous tourmentent et que nous nous sentions poursuivis par une maladie invétérée qui semble être une maladie à vie, ne perdons pas courage pour cela ; Christ est l'homme parfait devant Dieu ; devant Dieu, cet homme parfait, c'est nous. Ne cherchons jamais notre guérison en nous-mêmes, mais rappelons-nous cette parole : Ton secours est en moi. Ce secours, c'est la personne de Christ, la justice de Christ, l'éternel salut en Christ. Ce secours nous reste acquis et fait route avec nous jusque devant le trône de Dieu. Nous arracherions plutôt une étoile du firmament que nous n'effacerions notre nom du livre de vie. Comme nous avons porté l'image de l'homme terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste. Mais pour qui est cette promesse? Est-elle pour tout le monde? Non, elle n'est que pour ceux qui se sentent .perdus et qui ont trouvé le secours qui est en Christ.

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22 JUIN.

 

Et on lui amena un homme sourd, qui avait la parole empêchée; et on le pria de lui imposer les mains. Et l'ayant tiré de la foule à part, il lui mit les doigts dans les oreilles ; et ayant pris de sa salive, il lui en toucha la langue. (Marc VII, 32, 33.)

 

Le Seigneur, pour guérir ce sourd-muet, commence par toucher du doigt ses organes malades. Il touche du doigt ses oreilles et sa langue, comme pour lui dire : C'est ici que tu souffres et qu'est le siège de ton mal. Le Seigneur, encore aujourd'hui, commence de la même manière ses guérisons spirituelles. Il met le doigt sur la plaie et nous signale quelque chose de particulier qui met toute notre vie en interdit. Au lieu de nous dire d'une manière générale que nous sommes pécheurs, il attaque tel côté de notre nature, quelque chose de spécial par où il veut que nous commencions notre conversion. Ordinairement ce sont les côtés que nous ne voulons pas voir, ou sur lesquels nous ne voulons pas porter le couteau. C'est donc toujours un bon signe quand nous sommes travaillés dans notre conscience au sujet d'un péché particulier qui devient enfin péché à nos yeux et qui ne nous laisse plus de repos. Le Seigneur appuie quelquefois tellement le doigt sur notre plaie, que toutes les échappatoires deviennent impossibles et qu'il faut en venir à un changement radical. Aussi longtemps qu'on traîne avec soi quelque chose qui tient du vieil homme et qu'on ne veut ni reconnaître ni abandonner, la vie chrétienne ressemble à un état de consomption. Mais Dieu nous tire à l'écart, il met le doigt sur notre difformité, il nous place dans l'alternative de briser avec l'interdit qui nous perd ou de passer, en le gardant, une vie empoisonnée, de regrets et de remords.

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23 JUIN.

 

Tel répand son bien, qui l'augmentera encore davantage; et tel le resserre plus qu'il ne faut, qui sera dans la disette. (Prov. XI, 24.)

 

Ce que nous faisons pour le règne de Dieu tourne finalement à notre profit personnel. Si nous faisons de la cause de Dieu la nôtre, Dieu fera de notre cause la sienne. Donner aux. pauvres, c'est prêter à l'Éternel, et la banque de l'Éternel est la seule qui soit finalement solide. Donnez, et l'on vous donnera; on vous donnera dans le sein une bonne mesure, pressée et entassée, et qui se répandra par-dessus; car on vous mesurera de la même mesure dont vous vous servez envers les autres. Il y a tant à faire pour le règne de Dieu! Vous ne pouvez pas tout faire, dites-vous, cela est vrai; mais ne pouvez-vous pas faire plus et toujours plus que vous ne faites et que vous n'avez fait jusqu'ici? 'Vous n'avez qu'un modeste revenu, vous avez des enfants, il faut songer à l'avenir, on ne peut pas se dépouiller entièrement. Mais peut-être n'en êtes-vous pas encore là. Il y a bien des chrétiens qui, devant une bonne table, pensent qu'un jour ils pourraient bien mourir de faim. Ils calculent, ils resserrent leur coeur, puis ensuite leur bourse, et parce qu'ils ont fait l'un, ils se croient autorisés à faire l'autre. Mais si vous vous resserrez plus qu'il ne faut, soyez assurés que vous serez plus sûrement dans la disette que si vous semiez gaiement et abondamment. Jette ton pain sur la surface des eaux, est-il écrit, après plusieurs jours tu le retrouveras. J'ai été jeune, dit David, et j'ai aussi ,atteint la vieillesse, mais je n'ai point vu le juste ,abandonné, ni sa postérité mendiant son pain. Que Si vous n'avez plus d'argent à donner, n'avez-vous donc plus de mains, plus de larmes, plus de moments de reste? Quand on le veut bien, il y a toujours dans la cruche un peu de farine de reste, et dans la fiole ,un peu d'huile.

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24 JUIN.

 

Lui qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ? (Rom. VIII, 31.)

 

Notre richesse consiste dans l'assurance que Dieu nous a donné quelque chose. Son don précède souvent la possession de ce qu'il nous a donné ; car un acte de donation est déjà un don. L'Éternel avait donné le pays >de; Canaan à Abraham et à sa descendance, avant qu'Abraham eût vu et qu'il eût possédé un pouce de terre dans ce pays qui lui était donné. N'importe, dès ,que Dieu a donné, nous possédons. Voulons-nous juger de la valeur des dons de Dieu ? Commençons par recevoir le plus excellent de tous, le don de son Fils. ,Ce n'est plus un don en espérance, il est réel, authentique, historique. Recevoir Jésus-Christ, c'est lui faire place en nous. Vidons notre coeur de tout ce qui le remplit illégitimement, et Jésus-Christ se révélera à Dons comme le don suprême. Il a plu à Dieu que toute plénitude habitât corporellement en lui, et nous avons tout pleinement en lui, qui est le chef de ,toutes les puissances. Jésus-Christ est aussi la clef de toutes les autres richesses. Unissons-nous à lui, et tout Se changera en gain. Nous verrons toutes choses concourir à notre bien. Notre vie sera dominée par la pensée que Celui qui n'a point épargné son propre Fils, nous donnera aussi toutes choses avec lui. Dieu l'a couronné de gloire et de magnificence; celte gloire céleste est à nous, si nous sommes à lui; le dernier des pécheurs est mis sur la même ligne que Jésus-Christ, puisqu'il est cohéritier avec lui. Avons-nous reçu Jésus-Christ? Règne-t-il sur notre coeur? Lui avons-nous cédé la direction de notre existence? Pour être riche, heureux, indépendant, il faut commencer par là. Notre pauvre et fugitive vie deviendra une mine d'or dès que, élevant les yeux comme les disciples sur le mont Thabor, nous ne verrons plus que Jésus seul.

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25 JUIN.

 

Nous sommes jusqu'à présent comme les balayures du monde, et comme le rebut de la terre. (1 Cor. IV, 13.)

 

Nous aimons tant à passer pour martyrs! Sitôt que nous avons rencontré un peu d'opprobre, un peu de résistance de la part des hommes, un peu de fatigue pour le règne de Dieu, nous nous prenons pour des chrétiens d'un ordre supérieur. Souvent même il suffit que nous, nous soyons brouillés avec d'anciens amis, ou que, dans telle circonstance, nous ayons été mis de côté, parce que nous ne convenions pas, pour nous faire croire que, nous sommes de ceux dont le monde n'est pas digne nous nous présentons alors à Dieu comme les balayures du monde et comme le rebut de toute la terre. Si nous parlions ainsi de notre sot orgueil, de notre inguérissable vanité, de notre monstrueux égoïsme, nous aurions certainement raison. En ce sens toute notre vie n'est qu'un rebut, qui fait infiniment plus souffrir Dieu que les autres ne nous font souffrir. On rencontre des, hommes qui rompent avec tout le monde et qui se retirant seuls, avec leurs dépits rentrés, prétendent se suffire à eux-mêmes et appellent cette idolâtrie de leur personne : une vie cachée avec Christ en Dieu. Pauvre coeur 1 Placé entre l'orgueil du monde derrière toi et les montagnes plus hautes encore de l'orgueil spirituel devant toi, n'apprendras-tu pas enfin à t'humilier et à te laisser balayer toi-même, avant de prétendre être les balayures du monde? Tu n'as pas encore souffert comme saint Paul; s'il lui fut permis de parler ainsi, tu n'en as pas encore le droit. Sors de ta cellule, rentre dans le monde, et rais premièrement à autrui ce que tu voudrais qu'on te fit; persévère dans cette voie, et tu auras bientôt tant à faire avec toi-même que tu ne penseras plus ni aux injustices ni aux ingrats.

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26 JUIN.

 

Jésus lui répondit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? (Jean XI, 40.)

 

Ah! si seulement nous pouvions croire! Nous verrions la gloire de Dieu où nous ne voyons que des sujets de soucis, des impossibilités ou des occasions de larmes. On pourrait écrire un gros volume sur l'histoire de nos incrédulités. Dieu ne se lasse pas de nous secourir, et nous ne nous lassons pas de nous méfier de lui. Que dirions-nous si l'on faisait de notre parole le cas que nous faisons de la parole et des promesses de Dieu ? Il n'y a point de menteur sur la terre qui soit autant traité en menteur que le Dieu de vérité. C'est quand il s'agit de faire l'application de notre foi que nous voyons surtout combien elle est mélangée d'incrédulité. Jésus-Christ, en qui Dieu a paru sur la terre, a fait bien des miracles pour gagner notre confiance; et qu'ont produit ces miracles ? Pour un croyant, ils ont fait au moins douze incrédules. Que cela montre bien à quel point le fond de notre nature a été ébranlé par le doute et par l'inimitié contre Dieu 1 C'est devant la tombe de Lazare que Jésus dit à Marthe : Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? C'est surtout quand le visible nous échappe, quand la tombe l'engloutit, que nous pourrions voir la gloire de Dieu, si nous avions la foi en lui. De quelle gloire s'agit-il ici? De la manifestation de sa puissance et de son amour. Toutes les pensées de Dieu à notre égard ne sont que des pensées de paix et non d'adversité soit que Dieu donne ou qu'il enlève, il est Père, il est amour; mais il n'y a qu'un esprit filial qui puisse l'aire cette expérience. 'Nos rapports avec Dieu sont quelquefois si raides et si déloyaux 1 C'est que nous tenons davantage au péché, au monde et à notre propre personne qu'à Celui qui seul nous aime et qui est l'élément intime de notre bonheur. Quand nous nous serons assez fait châtier, ne retournerons-nous pas à ce Père, à ce Sauveur, à ce Consolateur, pour nous attacher à lui de tout notre coeur. de toute notre âme, de toute notre pensée? Essayons dès aujourd'hui, nous nous en trouverons bien.

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27 JUIN.

 

Quoique les biens abondent à quelqu'un, il n'a pas la vie par ces biens. (Luc XII, 15.)

 

Il nous semble tout naturel qu'un homme qui possède la richesse ou les éléments du bonheur soit heureux. Nous ne pensons pas qu'il puisse y avoir un abîme entre le possesseur et la possession. Cependant, si nous sommes séparés de Dieu, nous sommes par cela même séparés du bonheur. Dieu est un bien qu'on ne peut remplacer par aucun autre bien. Sa bénédiction est la seule qui enrichit; mais celui qui n'est point uni à Dieu n'a point la bénédiction de Dieu. En vain couvririons-nous de tous les biens du monde notre rupture avec l'Éternel, nous n'aurions point la vie par ces biens. Nous aurions des distractions, des amis de table, des affaires à gérer; mais nous n'aurions point la vie, car la vie est en Dieu. La première chose à discerner, c'est notre état de chute. Ceci est une étude de chaque jour, car la profondeur de notre séparation de Dieu est loin de nous être connue au moment où nous commençons à en avoir la conviction. En faisant effort pour consacrer à Dieu tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, nous sentirons bientôt que notre Dieu, c'était nous-mêmes, et que l'abondance de nos biens était qu'une abondance d'égoïsme. Que gagnerons-nous en nous recherchant nous-mêmes? De la tristesse. Il y aura un interdit sur nos champs, sur nos affections de famille, sur toute notre existence. Ah! plutôt retournons à l'Eternel, convertissons-nous; quand nous serons riches en Dieu, nous serons aussi riches pour nous-mêmes. La richesse éternelle s'ajoutera à nos richesses temporelles ; nous aurons avec les biens que nous possédons la permission d'en jouir. Dieu renforcera les barres de tes portes; il bénira tes enfants au milieu de toi; il rendra paisibles tes contrées, et il te rassasiera de la moelle du froment.

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28 JUIN.

 

Alors Judas, qui l'avait trahi, voyant qu'il était condamné, se repentit et reporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs, disant : J'ai péché en trahissant le sang innocent. (Matth. XXVII, 3, 4)

 

Il y a donc une impénitence qui a toutes les couleurs du repentir, puisque Judas, voyant Jésus-Christ con

damné, se repentit. Il eut l'air de jeter loin de lui son péché en rejetant les trente pièces d'argent; il confessa même qu'il avait péché en trahissant le sang innocent. D'où vient que ce repentir n'ait pas en le même résultat que celui de l'enfant prodigue? C'est qu'il y avait dans le repentir de Judas quelque chose de sec qui ne le jetait pas aux pieds de son maître. Il ne vit que les conséquences de son péché ces conséquences le terrifièrent, mais au fond ne le rendirent pas meilleur. Il n'eut en Jésus-Christ ni plus de confiance, ni plus d'amour. Son coeur fut épouvanté, mais ne l'ut point brisé. Or, où il n'y a point de confiance, il y a encore incrédulité, et où il n'y a point de larmes d'amour, il y a encore froideur ou inimitié. La disposition de Judas se retrouve dans tous ces repentirs où l'on ne déplore le péché qu'à cause de ses suites fâcheuses, et où l'on ne pleure pas encore sous la croix. S'il était possible d'échapper aux conséquences d'une faute et de conserver aux yeux des hommes le même degré de considération, beaucoup de gens qui se montrent fort désolés de leurs péchés se rassureraient bien vite et ne changeraient rien dans leurs rapports avec Dieu. Notre coeur est d'une dureté dont nous n'avons aucune idée. La cause de Dieu est la dernière qui nous préoccupe, et il faut un sentiment chrétien bien profond pour ne plus s'affliger du péché que parce qu'il afflige le Seigneur. C'est pourtant en cela que consiste la tristesse qui est selon Dieu et qui produit une repentance dont on ne se repent jamais Avons-nous examiné nos repentirs à la lumière de Dieu? Nos angoisses de conscience nous ont-elles fait l'aire un retour réel, filial à la croix de Christ et par 1 lui a son Père? Avons-nous, en un mot, été tristes en vue de Dieu, ou en vue de notre honneur compromis?

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29 JUIN.

 

La Parole était au commencement, la Parole était avec Dieu, et cette Parole était Dieu. C'est en elle qu'était la vie, et la vie était la lumière des hommes. (Jean 1, 1, 4.)

 

La Parole est Jésus-Christ. Jésus-Christ est un avec son Père comme notre parole est une avec notre pensée. De même que nos paroles sont nos pensées révélées, Jésus-Christ est la lumière et la vie éternelle manifestées en chair. Ce qui est dit de la Parole personnifiée en Jésus peut aussi se dire de la Parole écrite, car les commandements de Dieu et ses promesses sont aussi éternels que son Fils. La Parole qui était au commencement est la vie, et c'est par la Parole écrite que nous espérons avoir la vie. La Parole qui était au commencement est la lumière, et la Parole écrite est la lumière de nos sentiers. Toute âme qui veut vivre d'une vie divine et progresser ne peut le faire que par la Parole, car c'est d'elle que jaillit la vie qu'elle cherche et la sève qui l'augmente. On trouve dans la morale humaine des notions du vrai, du juste, du bien, mais l'âme ne vit pas de notions, et la morale humaine, qui peut à quelques égards nous éclairer, ne peut en aucun cas nous vivifier. Cela n'appartient qu'à la Parole vivante et efficace de Dieu. La recevoir dans son coeur et vivre pour Dieu, est une seule et même chose. La lumière abonde où la vie abonde; notre jugement ne se rectifie, nos ténèbres ne s'éclairent, nos perplexités ne cessent que par nos communications avec la Parole sainte. Il faut marcher dans la vie pour être pleinement dans la vérité. A mesure que le coeur devient un avec Dieu, et que la résistance hostile qui le faisait se raidir contre sa souveraineté diminue et cesse peu à peu, les doutes qui nous rendaient incrédules, les obscurités mystérieuses qui nous choquaient s'expliquent ou se légitiment. La meilleure source de discernement est donc un coeur pénétré d'une affection filiale. C'est ainsi que sous l'influence de la Parole qui était au commencement, la vie et la lumière marchent de front, car Dieu les a faites pour aller ensemble et dans cet ordre : vie et lumière. N'essayons donc pas de séparer ce que Dieu a joint. Nous ne pouvons croître dans la vérité qu'en croissant dans la vie, et si nous sommes vivants à Dieu, nous ne pouvons par cela même demeurer dans les ténèbres.

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30 JUIN.

 

Tenez-vous sur les chemins, et regardez, et enquérez-vous touchant les sentiers des siècles passés, quel est le bon chemin, et marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes. (Jér. IV, 16.)

 

Repassons ce semestre, ne laissons pas notre vie s'écouler d'un vol trop rapide, regardons, enquérons-nous. En nous retournant vers le chemin que nous avons parcouru, nous verrons bien des choses, dans ces six mois seulement. Que sera-ce si, portant plus loin nos regards, nous embrassons l'ensemble de notre vie? Y a-t-il dans sa direction une sainte unité, une intention qui ait été toujours la même? Dieu nous a-t-il cherché, nous a-t-il conduit par (les liens d'amour? Nos montagnes et nos vallées, nos bons et nos mauvais jours nous ont-ils révélé Celui qui est invisible? l'ont-ils rendu visible? Que serait notre vie sans Dieu et sans l'harmonie que Dieu seul rend à une existence troublée? Son Esprit nous suit dans les assemblées du monde, dans les voies tortueuses du péché, dans nos erreurs et dans l'isolement. Le même amour nous sait partout, nous offrant partout ce qui nous manque : le repos de nos âmes. De même qu'un voyageur épuisé par la marche et couvert de poussière s'étend avec bonheur sous l'arbre qui lui donne ombrage, fraîcheur et repos, ainsi une âme flottante et malheureuse devient, après avoir trouvé le chemin, la vérité et la vie, la plus heureuse des voyageuses et des étrangères d'ici-bas. Enquérons-nous donc du sentier des siècles passés; nous 'verrons plus d'un voyageur qui, après avoir été cherché, sollicité, dirigé par un guide invisible, a enfin cherché, heurté et trouvé lui-même. Et celui qui trouve est aussi celui qui est gardé jusqu'à la fin. Un nouveau semestre s'ouvre devant nous. En verrons-nous latin? Il y en a un qui sera le dernier pour nous, mais si nous avons trouvé le repos de notre âme, si nous marchons dans le bon chemin, allons sans crainte et ne questionnons pas. Nos cheveux sont comptés, et nos temps sont dans la main de l'Éternel. Il n'y a plus de temps pour celui qui aime et qui est aimé son temps, c'est l'éternité c'est elle qui nous domine, si nous avons vaincu le monde. Reconnaissons-nous que Jésus-Christ est en nous, qu'il est notre délivrance et notre haute retraite? Nos pères ont espéré en lui; ils ont espéré, et il les a délivrés. Faisons-en de même, Christ est pour les siens l'espérance de la gloire, et il est avec eux tous les jours jusqu'à la fin du monde.