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EXAMINEZ TOUTES CHOSES; RETENEZ CE QUI EST BON !

(La Bible: 1Thessaloniciens 5:21)

 AOUT

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1 AOUT.

 

L'Esprit et l'Epouse disent: Viens. Que celui qui l'entend dise aussi viens. Que celui qui a soif vienne aussi, et que celui qui voudra (le l'eau vive en prenne gratuitement. (Apoc. XXII, 17.)

 

L'Apocalypse renferme de grandes difficultés au point de vue de la prophétie; elle en a moins au point de vue de l'édification. C'est le livre de l'Épouse ou de l'Église, de Christ; c'est là que sont nos combats, nos larmes, mais aussi nos voeux ardents et notre amour caché pour Celui qui nous a aimés le premier. Aucun livre ne nous fait, autant que l'Apocalypse, oublier ce qui est derrière nous, pour nous faire avancer vers ce qui est devant nous, vers le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. L'Apocalypse nous entretient dans une simple vigilance; elle verse de l'huile dans notre lampe et un nouvel encens dans nos prières; elle nous montre la brièveté de notre vie, l'avènement toujours plus prochain du Roi de l'Église, et la couronne de vie réservée à ceux qui restent fidèles jusqu'à la mort. L'Esprit, qui forme en nous les soupirs de la prière et la soit de la vie éternelle, nous montre à chaque page Celui qui vient sur les nuées, et nous fait dire : Viens! Il nous dispose à nous demander sans cesse : Ai-je le sceau de l'Agneau ? me suis-je retiré de l'iniquité? ai-je affermi le reste qui s'en va mourir? Il nous tient en haleine, il nous appelle aux eaux vives pour en prendre gratuitement, et la sainte jalousie de notre divin époux, au milieu des combats de l'Église, nous remplit de joie et de courage. Que les nations s'assemblent, que les princes consultent ensemble contre l'Éternel et contre son Oint, nous sommes fondés sur un rocher que les puissances de l'enfer ne renverseront point, et citoyens d'une cité qui a des fondements éternels.

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2 AOUT.

 

Je me condamne et je me repens sur la poudre et sur la cendre. (Job XLII, 6.)

 

La justice propre est partout ; elle était même dans l'âme probe et intègre de Job. Ce saint de l'Ancien 'Testament est une de ces âmes irréprochables aux yeux du monde; mais Dieu, qui sonde les desseins du ,coeur, manifeste, dans celui des hommes qui paraissent les plus pieux, des souillures cachées et des montagnes de misères. Job est un or qui est jeté d'un creuset dans un autre, et qui, se voyant toujours de plus près, reconnaît enfin que tout en lui le condamne et qu'il n'a, pour être sauvé, que la grâce libre de son Dieu. Son histoire est celle au dépouillement de nous-mêmes et du bénéfice que nous apportent les profondes visitations de Dieu. Dieu peut se servir de tout, de Satan même, pour nous révéler notre nudité absolue et pour faire de nous, à notre propre jugement, le dernier des pécheurs. Il est touchant de voir Job, après une vie de bonnes oeuvres, après une patience presque surhumaine, se condamner sur la poudre et sur la cendre et se repentir d'avoir voulu plaider sa cause devant Dieu. C'est toujours quelque chose de rare qu'un, homme qui se condamne et qui, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête, ne trouve rien d'entier en lui. Qui est capable de cela? Celui-là seul qui a poursuivi sa justice propre jusque dans ses derniers retranchements. Dieu lui a ouvert les yeux, peut-être dans une épreuve , dans une maladie, ou au milieu de la nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes; alors il ouvre l'oreille aux hommes, et il scelle son châtiment sur eux. Tous ne sont point appelés à souffrir comme Job, mais, qui que nous soyons, si nous ne passons condamnation sur nous-mêmes, nous sommes encore sous la loi, et quiconque est sous la loi est maudit de Dieu.

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3 AOUT.

 

0 Dieu ! tu es mon Dieu fort: je te cherche au point du jour; mon âme a soif de toi; ma chair te souhaite en cette terre déserte, où je suis altéré et sans eau (PS. LXIII, 1.)

 

C'est le cri qui sort de tous les Psaumes. Qu'est-ce que notre vie, si elle n'est pas à Dieu" Le Psalmiste, connaissait bien cette vie cachée et profonde qui s'exprime par la prière, qui se mêle à nos besoins, à nos joies, qui met le monde matériel en rapport avec le monde éternel, et dans laquelle le coeur de l'homme se guérit en se vivifiant sur le coeur de Dieu. Les Psaumes ne sont pas le livre d'une Église ni d'un siècle, c'est le livre de l'humanité. lis parlent à tous ceux qui souffrent, qui aiment, qui sont altérés et sans eau et qui, au point du jour, déjà sont réveillés pour rendre grâces et pour louer leur Dieu. Il y a dans la musique bien des modulations, dans la peinture bien des nuances, mais qui peut compter les cordes que sait toucher le Psalmiste, ou les nuances de cette vie intime qui se répand devant Dieu ? Quand notre coeur s'épaissit comme de la graisse, les Psaumes nous font sortir de notre mondanité. Quand notre justice est comme celle des ,scribes et des pharisiens, les Psaumes nous montrent que nous avons été formés dans l'iniquité, et que nos plaies sont puantes et corrompues, à cause de notre folie. Quand notre prière est comme un airain qui résonne, comme une cymbale qui retentit, le Psalmiste nous donne une âme qui a soir, des désirs qui se répandent ; aujourd'hui des gémissements, demain des chants de délivrance. Quand nous nous surprenons coupables d'ingratitude ou d'indifférence, le Psalmiste nous montre que tout notre bien est d'approcher de Dieu de célébrer chaque matin sa bonté, et sa fidélité chaque soir. Mais c'est surtout quand nous manquons de foi, quand notre lumière s'éteint et que notre coeur nous abandonne, qu'il faut lire les Psaumes. lis nous disposeront à attendre patiemment l'Éternel, fût-ce même dans les lieux profonds ou dans un bourbier fangeux. Ils nous feront sentir que, quoi qu'il en soit, l'Éternel est notre force, notre cantique, notre libérateur. Une voix de chant de triomphe et de ,délivrance retentira dans notre tabernacle : la droite de l'Éternel, dirons-nous, a fait vertu.

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4 AOUT.

 

Qui vous écoute, m'écoute; et qui vous rejette, me rejette; et qui me rejette, rejette Celui qui m'a envoyé. (Luc X; 16.)

 

Racontez comme les évangélistes, si vous pouvez. Montrez-moi un livre qui ait été lu tant de fois, tant de fois traduit, et auquel on revienne aussi souvent qu'aux quatre Évangiles. Le style en est simple, pas une réflexion n'accompagne les, faits ; ce ne sont ni des orateurs, ni des philosophes, ni de grands historiens qui nous parlent, ce sont des bouches illettrées, mais des, bouches qui sont au service de Dieu. Quelle que soit votre opinion sur l'inspiration de la Bible, vous n'empêcherez jamais les âmes qui ont soif de se nourrir des paroles des Évangiles. Si nous avons une oreille qui entend et un oeil qui voit, nous sentirons sous la parole de saint Matthieu, de saint Jean, la parole puissante de celui qui a dit : Sanctifie-les par ta vérité ta Parole est la vérité 1 Dans ces récits tout simples, nous trouverons la vérité et la vie. Les autres livres fatiguent,. les Évangiles reposent. Ailleurs, c'est le monde, c'est la sagesse humaine qui parle; ici, c'est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu, en Jésus-Christ, notre Seigneur. Soyons simples comme une colombe, et nous prendrons goût à la simplicité qui est en Christ; nous admirerons la sagesse de Dieu qui, pour anéantir la. science des intelligents, a fait écrire par quatre pauvres en esprit un livre qui fait germer une vie nouvelle dans l'homme de tous les âges, de tous les pays, et qui transforme le cannibale, comme il nous transformera. nous-mêmes quand nous croirons son témoignage.

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5 AOUT.

 

Paul, notre frère bien-aimé, vous a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. (2 Pierre III, 15.)

 

Écrivez des Épîtres comme saint Paul, si vous le, pouvez. Montrez-moi des Épîtres qui aient fait le tour du monde comme celles de saint Paul, et une théologie sous la même forme que la sienne. Quelle différence entre la vérité religieuse lorsqu'elle a pris corps et vie dans une âme, et tous ces squelettes de science qu'on emporte des bancs de l'école ! Saint Paul, en écrivain, se donne lui-même à ses lecteurs; avant de décrire les choses, il en est pénétré : malheur à lui s'il ne vous en parle ! On dirait d'un homme qui n'a plus qu'un jour à vivre et qui est pressé d'employer à nous instruire le peu de temps qui lui reste. Il le fait avec un amour qui a vaincu le monde et qui engendre de nouvelles créatures. C'est un prisonnier qui nous parle, mais qui ne donnerait pas ses chaînes pour tous les trésors du monde. Il ne vit plus pour lui-même, il est an service d'un autre : Christ est sa vie et celle de ses Épîtres. Elles ne contiennent pas une doctrine sèche, une terminologie aride, une division scolastique; elles sont l'expression d'un saint bonheur ou d'une sainte véhémence qui, comme un fleuve sortant du trône de Dieu, veut nous gagner et renverser notre résistance. Paul s'appelait lui-même un homme en Christ; quand on est cela, on peut écrire des Épîtres! Christ, qui donne le salut, donne aussi la plénitude des matières et l'abondance des mots. Il y a un tempérament qui vient de l'union de la douceur avec la force, de la hauteur des spéculations avec l'universalité dos applications; un enseignement de Dieu qui est esprit et vie, qui touche les choses et les mois, les amis et les ennemis, et qui, accepté ou rejeté, a toujours un résultat. Voilà la sagesse qui a été donnée à Paul, notre bien-aimé frère, celle à laquelle les apôtres ses contemporains rendaient témoignage. Le style, dit-on, c'est l'homme. Quel homme peint votre style? Repassez votre correspondance, et répondez-vous devant Dieu et en présence de Jésus-Christ.

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6 AOUT.

 

Élie était un homme sujet aux mêmes infirmités que nous. (Jacq. V, 17.)

 

On admire ces prophètes d'Israël qui, dans des temps de décadence et d'idolâtrie, étaient comme les colonnes de la vérité et entretenaient la connaissance du Dieu fort et vivant. Leur ministère avait un double but. Dieu se servait d'eux pour frapper les consciences, et pour annoncer ses jugements aux rebelles; mais à la prédication de la loi se rattachait aussi un ministère de grâce. La bonne nouvelle du pardon et tout un avenir de promesses suivait ces foudres du Sinaï, quand Dieu voyait une repentance sincère et un retour véritable à lui. Mais ces prophètes étaient des hommes sujets aux mêmes infirmités que nous. Cela est même dit d'Élie, dont les prières avaient fermé et rouvert le ciel, et qui, par sa foi, avait fait tomber le feu sur l'holocauste. Nous n'aurions pour ces prophètes qu'une admiration froide, si nous ne les voyions aussi sentir, souffrir et quelquefois pécher comme nous. Les plus hautes personnalités dans le règne de Dieu étaient des pécheurs comme nous, et ce qui les élève à nos yeux, c'est uniquement une grâce que nous pouvons avoir comme eux. Il y avait en eux comme en nous un coeur de pierre, un monde de résistances. Mais au jour où la Parole de Dieu leur fut adressée, ils l'écoutèrent. Elle fit brèche en eux, et par cette brèche pénétra dans leur coeur une vérité certaine et digne d'être reçue. Lisons les prophètes. Mettons notre cou raide sous le marteau de Dieu, laissons-le briser, et le Désiré des nations nous sera envoyé pour nous guérir et pour nous donner l'huile de joie au lieu de la cendre, et un manteau de louange au lieu d'un esprit affligé.

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7 AOUT.

 

Alors Jésus dit à ses disciples: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, et qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. (Matth. XVI, 24.)

 

Le renoncement chrétien n'est ni de l'austérité de moeurs, ni de la rigidité de caractère, ni même une affaire de principes, c'est la vie qui se manifeste sous une face nouvelle, quand Christ est enfin né en nous. Nous aurions beau nous abstenir de certaines choses, fuir les occasions et rompre avec d'anciennes habitudes, ces renoncements de détail ne constitueraient pas encore le renoncement. Aussi cette manière de renoncer à soi-même ne gagne point d'amis à l'Évangile. On nous plaindra, on nous admirera peut-être, quand on sera témoin des privations que nous nous imposons volontairement, mais on ne nous imitera pas. Le vrai renoncement est dans le revêtement de l'Esprit de Christ. Quand le Sauveur possède notre coeur, c'est-à-dire le centre de notre existence, il en change la direction tout entière. On ne se propose plus de renoncer an monde, parce qu'il serait impossible de vivre selon le monde: ce qui était autrefois un gain, est devenu une perte pour l'amour de Christ. On porte les croix que l'on rencontre, non parce qu'il faut les porter, mais parce qu'on veut les porter et qu'on ne voudrait pas un autre sort. Lorsque Christ cesse de dominer le coeur, il est pris d'un souverain malaise auquel il ne peut échapper qu'en renonçant à lui-même, en suivant le Seigneur dans le chemin étroit, et en se faisant une même plante avec lui, par la conformité à sa mort, pour l'être aussi par la conformité à sa résurrection. Le renoncement et l'accroissement de la vie sont ensemble. Quand la vie languit, c'est un signe que Christ n'a pas encore été reçu, de la vraie manière.

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8 AOUT.

 

Mets rarement le pied dans la maison (le ton prochain, de peur qu'étant dégoûté de toi, il ne te haïsse. (Prov. XXV, 17.)

 

on perd toujours beaucoup à être connu de près. Deux amis qui se voient tous les jours et dans toutes sortes de dispositions ; deux époux qui apprennent à se connaître toujours mieux, changent considérablement d'opinion l'un vis-à-vis de l'autre. Voulons-nous nous maintenir en crédit? Mettons rarement le pied dans la maison de notre prochain; on pourrait se dégoûter de nous plus tôt que nous ne le croyons. Cela ne veut pas dire que nous devons faire les pharisiens, et, cachant soigneusement l'intérieur de nos coupes et de nos plats, nous étudier à ne montrer que de beaux dehors. Le conseil de la Sagesse a une autre intention. Ce passage nous dit d'être défiants de nous-mêmes. Nous avons dans notre caractère de profondes misères. Ces misères peuvent éclater et nous humilier ouvertement. Si nous avons laissé quelque part une bonne impression, n'y comptons pas trop; on pourrait, en nous revoyant demain, ne plus trouver en nous le même homme. Il y a tant de mauvaises influences qui peuvent mettre à nu nos péchés ou nos inégalités. C'est pourquoi, veillons. Quoi que nous fassions, soyons aussi prudents envers tous. Étudions nos côtés défectueux et tout ce qui, en nous, pourrait heurter ce que nous voyons habituellement. Faisons hommage au Seigneur de la bonne opinion qu'on a de notre personne, et montrons-lui continuellement ce qui pourrait dégoûter de notre commerce. Ne nous répandons pas trop au dehors, cherchons avant tout une vie intérieure bien formée et le témoignage de Christ, plus précieux que l'approbation des hommes. Une seule faute peut nous déconsidérer au yeux du monde: rien de si changeant que l'opinion; mais si nous marchons ferme, le Seigneur à nos côtés, si c'est à lui que nous tenons à plaire, à lui seul, nous plairons aussi aux autres, et notre vie entière aura le cachet qu'elle doit avoir.

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9 AOUT.

 

Que celui qui croit être debout prenne garde qu'il ne tombe. (1 Cor. X; 12.)

 

Il ne faut pas de grandes tentations pour nous faire faire de grandes chutes ; et la plus grande tentation est notre sécurité. Nous pouvons ne voir aucun nuage dans notre ciel, et être enveloppé le même jour dans de gros orages. Pourquoi ? C'est que nous disions : paix ci sûreté, et cela suffit pour occasionner une chute. Tâtez votre nature, et vous trouverez plus d'un ennemi dont la retraite n'est souvent que simulée. Il est bon, à cause de cela, qu'à chaque jour suffise sa peine. Un calme plat nous expose à bien des dangers ; rendons grâces si quelque vent vide la surface de nos eaux. La vie la mieux gardée est celle que gardent les peines. On peut avoir des peines sans avoir des épreuves. Un coeur mal affermi, nue crainte qui nous traverse l'esprit, une difficulté qui nous attend, un penchant quelconque qui se réveille, moins que cela, peut-être, et c'est assez pour nous mettre en peine, mais aussi pour nous maintenir dans la vigilance. Une vive crainte vaut mieux qu'un morne repos; nos rapports avec Dieu sont, avant tout, un sentiment de dépendance, et tout ce qui pèse sur nous nous rappelle la main de Dieu. Mais si le Seigneur dit: Veillez, il ne dit pas : Soyez inquiets. La vigilance est un premier accueil qu'on fait au Seigneur ; l'inquiétude est une première incrédulité. Si nous sommes bien sous la main de Dieu - et toute pression nous y remet - avançons avec confiance. Nous sommes faibles, mais Dieu est fort; donnons-lui toute gloire, et nous serons vainqueurs.

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10 AOUT.

 

En vous tenant en repos et en assurance, vous serez délivrés; votre force sera de vous tenir en repos et en assurance. Es. XXX, 15.)

 

On n'a pas toujours le temps de prier ni de s'édifier ,convenablement, quand on est entraîné par le courant des affaires, ou quand le Seigneur nous arrange notre journée autrement que nous ne le voudrions. Il peut se faire que ces sortes de contrariétés nous jettent dans un trouble d'esprit qui nous donne le sentiment que nous sommes comme une ville sans murailles. Il est certain que, quand on n'a pas prié, ou qu'on a mal prié, il faut s'attendre à des assauts de l'ennemi. C'est pour ces moments-là qu'il nous est dit de nous tenir en repos et en assurance. Soyons à notre besogne, et le Seigneur sera avec nous. Ce n'est pas le nombre des minutes qui donne efficace à la prière, et ce n'est pas le tracas des affaires qui éloigne de nous le Seigneur. Désirons-nous sa présence? sommes-nous dans sa volonté ? Ses voies ne sont pas nos voies, mais faisons de ,ses voies les nôtres, il travaillera pour nous et nous laissera sa présence. C'est cette présence qui fait la prière. Une âme qui se donne au Seigneur au milieu du tumulte et des complications du monde, est une âme qui prie et dont la force est de se tenir en repos et en assurance. Un cabinet silencieux, où nous puissions prier et nous recueillir, est un bien que nous n'apprécions que quand il nous manque; mais quand le Seigneur nous fait sortir de notre régime ordinaire, c'est pour que nous ne nous figions pas sur nos lies, et que nous nous attachions à lui en tout lieu et avec la même confiance. Avec qui a-t-il promis d'être tous les jours jusqu'à la fin du monde? Avec ceux qui se tiennent en repos et en assurance, et qui font de cette attitude leur force dans la maison de Christ.

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11 AOUT.

 

La tristesse du monde produit la mort. (2 Cor. VII, 10)

 

La tristesse du monde est celle qui nous vient des convoitises ou des regrets du monde, soit à l'occasion d'une chose, soit à l'occasion d'une personne. Lorsqu'on continue à s'adonner à cette tristesse, on se détruit soi-même, en mourant de chagrin, en se suicidant ou en tombant dans cette mort lente que nous appelons la mélancolie. Il y a beaucoup de mélancoliques, et le traitement de ce mal si profond varie selon les. causes qui l'ont produit. Bien des choses se passent dans l'âme avant que la mélancolie y naisse, et le caractère propre à cette maladie morale est qu'on s'y livre voluptueusement et qu'on refuse d'en sortir. Il faut souvent remonter jusqu'à la première jeunesse et à la première éducation, pour trouver la source ou l'une des sources de la mélancolie. Un enfant à qui l'on rend la vie trop facile ne saura pas, plus tard, ce que c'est que de combattre contre des difficultés. La mélancolie vient ordinairement d'une défaillance des forces morales et d'un laisser-aller du coeur et de la volonté. A cela peut se joindre le malheureux pouvoir de l'imagination et l'aisance matérielle de la vie. Il y a certainement plus de mélancoliques dans la classe aisée que dans la classe pauvre: les soucis de la vie matérielle sont souvent un bon préservatif contre la mélancolie. Quelquefois aussi, aux causes que nous venons d'indiquer, se joint une ambition longtemps nourrie et cruellement déçue; l'orgueil de la vie donne la main aux convoitises de la chair, et la tristesse du monde reçoit une nouvelle pâture de tous ces dépits rentrés qui n'ont pu devenir des humiliations. L'âme, en proie à toutes ces humiliations auxquelles elle s'abandonne volontairement, ressemble à un voyageur qui aspire des vapeurs mortelles et qui s'endort peu à peu pour ne plus se réveiller. Dieu seul peut guérir un mélancolique en lui ouvrant le monde de la grâce et en lui montrant que sa vie, quelle qu'elle soit, est une vie rachetée et sauvée. Les autres remèdes ne sont que des palliatifs. Occupez un tel malade, faites-le sortir de lui-même, montrez-lui la plus tendre sympathie, racontez-lui l'effet qu'ont produit suit, vous, dans vos heures de tristesse, la prière et l'attachement aux promesses de la Parole ; parlez-lui des guérisons du Seigneur et de l'invariabilité de sa grâce ; ce sont des moyens qui peuvent ne pas être perdus, mais ce qu'il y a de plus puissant que tout cela, c'est l'intercession. Entrez bien avant dans la personne du Sauveur, afin de prier véritablement en son nom ; ouvrez Votre âme à toute l'énergie de la foi; une telle prière tic sera point perdue. Dites-vous aussi que, quel que soit votre amour pour votre malade, le Seigneur l'aime infiniment plus, et que Jésus-Christ peut toujours sauver ceux qui s'approchent ou qu'on approche de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux.

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12 AOUT.

 

Vous ne voulez point venir à moi pour avoir la vie. (Jean V; 40.)

 

On entend souvent dire : « Je ne puis pas croire ; je serais heureux de le pouvoir, mais je ne le puis pas. » Ce langage n'est pas vrai. Jésus indique ici la véritable impossibilité. Elle n'est pas dans le : « je ne puis pas, » mais dans le : Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. L'obstacle n'est pas dans la faiblesse de l'esprit, il est tout entier dans l'endurcissement de la volonté. Demandez à ceux qui se plaignent continuellement de ne pouvoir croire quels efforts sérieux ils ont faits pour arriver à la foi, vous verrez que ce grand désir n'est au fond qu'une manière de parler. Si ces hommes avaient à toucher un héritage de quelques millions, ils iraient le chercher jusqu'en Californie. La foi qui donne gratuitement accès à toute la gloire céleste, est-elle moins digne d'efforts que l'or périssable? Vous qui voudriez croire et qui ne le pouvez pas, dites-vous, donnez-nous des preuves de votre bonne volonté. Avez-vous cherché, prié, heurté? Montrez-nous vos efforts, votre persévérance, vos larmes; montrez vos sacrifices. Un seul suffirait: ce serait une bonne rupture avec vous-même. Mais c'est précisément à quoi vous ne pouvez vous résoudre. Vous voudriez croire, mais à condition de rester ce que vous êtes. Vous avez peur de l'affection spirituelle, et ce n'est pourtant qu'en vous en revêtant et en vous dépouillant de votre affection charnelle, que vous pourrez croire. Mais ce dépouillement serait la mort de votre sensualité, de votre volonté propre et de votre orgueil. A ce prix croira qui voudra, vous n'êtes plus du nombre. Soit, mais alors ne parlez plus de votre sincérité votre bonhomie n'est que celle d'un hypocrite. Jésus-Christ vous répète :

Vous ne voulez point venir à moi pour avoir la vie. Celui qui ne veut pas venir ne veut pas recevoir, et celui qui ne veut pas recevoir finira pas ne plus pouvoir ni désirer, ni recevoir.

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13 AOUT.

 

Pendant que les hommes dormaient, l'ennemi vint et sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. (Matth. XIII, 25.)

 

L'ivraie favorite de l'ennemi, c'est la désunion. Jeter le trouble dans les rapports humains, soit dans l'État, sait dans l'Église, soit dans les familles, voilà l'oeuvre par excellence de Satan. Il lui est facile de produire des dissensions et des querelles dans le monde, mais ce qu'il recherche le plus, ce sont les dissensions dans le sein de la famille de Dieu Dans une Église qui marchait bien, on voit tout à coup surgir une mauvaise tendance ; dans une maison chrétienne, voici tout à, coup un mauvais élément qui trouble deux époux; dans une âme déjà touchée par la grâce, voici un doute qui vient et qui gagne du terrain. L'ennemi tourne autour de nous comme un rôdeur; quand il voit une oeuvre de Dieu qui avance, il est vivement tenté d'y jeter son ivraie. C'est pendant que les hommes dorment qu'il le fait, c'est-à-dire quand personne ne s'attend à une désunion. Les racines du mal prennent si vite! On est enlacé en moins d'une heure. L'ennemi serait impuissant à faire brèche, si nous ne lui prêtions pas notre volonté. Mais parce qu'il nous en coûte dans nos rapports mutuels de nous assujettir l'un à l'autre dans la charité, de regarder tous les autres, par humilité, comme plus excellents que nous-mêmes, et de faire à autrui ce que nous voudrions qu'on nous fit, ,l'ennemi trouve en nous des instruments dociles pour accomplir ses desseins. Apprenons à être doux et humbles de coeur, à sacrifier nos convoitises et nos intérêts personnels à la gloire de Dieu et à la cause de la charité ; en marchant ainsi, nos désunions cesseront, nos doutes aussi, et l'ennemi ira tracasser ailleurs.

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14 AOUT.

 

Sachez que le Fils de l'homme est proche et à la porte. (Matth. XXIV, 33.)

 

Un caractère propre aux prophéties bibliques, c'est de nous mettre devant un premier événement qui est plus ou moins proche et que l'Esprit de Dieu signale d'abord, mais dont l'accomplissement n'épuise pas le sens de la prophétie. Derrière ce premier fait, il y en a ordinairement un autre un peu plus éloigné la même parole a une plus - grande portée que celle que nous lui attribuions 4 une première lecture. C'est ainsi que Jésus-Christ, lorsqu'il dit : Sachez que le Fils de l'homme est proche et à la porte, parle du jugement qui allait fondre sur Jérusalem, quand le sang de la croix serait redemandé à la génération contemporaine et à ses enfants. Mais cette parole traverse les siècles et ne s'arrête qu'au grand jour où le Seigneur Jésus viendra du ciel et paraîtra avec les anges de sa puissance pour exercer la vengeance, avec des flammes de feu, contre ceux qui ne connaissent point Dieu et qui n'obéissent pas à l'Évangile. Cet événement final est aussi proche et à la porte, car le jour du Seigneur viendra comme un larron qui vient la nuit. Les méchants seront surpris soudainement, et les justes ne mesureront plus tout l'intervalle de leurs peines. La prophétie est comme un éclair qui tombe à nos pieds, mais (lui frappe au loin avec la même vitesse. Les jugements de Dieu roulent comme un torrent, sa délivrance ne sommeille pas non plus, le temps est court, ne méprisons point les prophéties; considérons la bonté et la sévérité de Dieu, et que l'une et l'autre nous convient à la repentance.

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15 AOUT.

 

Ayant connu que ce n'est pas par les oeuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ que l'homme est justifié, nous avons nous-mêmes cru en Jésus-Christ afin d'être justifiés par la foi en Jésus-Christ et non par les oeuvres de la loi, parce que personne ne sera justifié par les oeuvres de la loi. (Gal. II, 16.)

 

Rien ne donne à l'âme une paix comparable à celle que fait naître l'assurance d'être justifié devant Dieu. Mais avant d'entrer dans les intentions de Dieu, chacun s'efforce de se justifier comme il peut, et chacun, tôt ou tard, finit par voir qu'il n'est pas justifié, puisqu'il n'a aucune paix réelle. Il y a en effet deux justices : l'une que nous tissons nous-mêmes, et L'autre que Dieu donne et qu'il applique par son Esprit-Saint. Mais si nous voulons recevoir la justice de Dieu, il faut absolument abandonner la nôtre. Apôtre ou non apôtre, nous ne sommes justifiés que par la foi en Jésus-Christ et non par ce qui vient de nous, que ce soit le produit de notre vie mondaine ou de notre vie chrétienne. Dieu cherche un pécheur nu, dépouillé de tout mérite, et qui se laisse sauver gratuitement. Admettre ce salut tel quel, ce n'est pas encore l'avoir; il faut passer par la porte étroite. Néant aujourd'hui, il faut que nous devenions néant demain ; et dussions-nous être le plus converti des hommes, ce n'est pas notre conversion qui nous sauve, c'est le seul sang de Jésus-Christ. Les uns se révoltent quand il faut se dépouiller ainsi et jusqu'au bout; d'autres, à force de savoir par coeur qu'il faut se dépouiller, n'y ont jamais sérieusement procédé, Je parle de ceux qui ne se réjouissent pas de la justice de Christ, et pour qui elle est sans force, parce qu'ils n'ont en elle qu'une foi nominale ou que leur coeur est partagé. La joie du salut vient d'un dépouillement entier ce qui nous manque, ce sont les ,expériences sur nous-mêmes, le sentiment de notre condamnation, la mort de notre amour-propre et le ,don de notre personne avec tout ce qui s'y rattache.

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16 AOUT.

 

Je déclare mon iniquité, et je suis en peine pour mon péché. (Ps. XXXVIII, 18.)

 

Notre plus grand malheur n'est pas de pécher, mais ,de refuser de déclarer nos iniquités, et de n'être point en peine pour nos péchés. Si nous confessions nos péchés, Dieu serait fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. Nous avons un Sauveur qui ne met point dehors ceux qui viennent à lui et qui est venu pour ôter nos péchés,;, mais il faut aller à lui comme une âme travaillée et chargée, si nous voulons qu'il nous soulage. Observons-nous bien au moment d'une chute; demandons, pour nous observer, une conscience délicate, et nous nous verrons en chute plus souvent que nous n'oserions le dire. Mais que fait-on dans ces moments-là? On laisse les iniquités s'accumuler; or, rien ne multiplie les chutes autant que cet éloignement dans lequel on se tient à l'égard du Seigneur, ou ce pied vague sur lequel on vit avec lui. Les uns se cachent, comme Adam, mais devant qui? Devant Celui dont les yeux sont comme des flammes de feu et à qui les ténèbres mêmes ne nous cacheront point. D'autres, frappés dans leur conscience, ne vont pas immédiatement au Sauveur. Ils attendent, et plus ils attendent, moins ils sentent le besoin d'aller à lui, parce que leur coeur s'endurcit. D'autres voudraient en quelque mesure ré.. parer leurs fautes, afin d'aller à Jésus moins confondus, et le coeur plus libre. Vaine tentative! Tant que le pécheur ne s'est pas approché de son Sauveur, non seulement toute justice est impossible pour lui, mais même toute préparation à une justice quelconque. D'autres, enfin, pèchent avec dureté de coeur. Ils ne veulent pas, demander pardon, car ils ne se repentent pas. Mais, d'où leur viendra la repentance ? Peuvent-ils se donner à eux-mêmes cette sainte tristesse qui leur manque, et attendent-ils de l'avoir pour aller à Jésus? Vous tous que le péché a surpris, allez à Christ tels que vous êtes, montrez-lui vos péchés récents et vos péchés passés ; montrez-lui votre âme, dans quelque situation qu'elle se trouve; ne vous cachez point, ne différez point, et le Seigneur opérera le reste.

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17 AOUT.

 

Tu tires le fondement de ta puissance de la bouche des petits enfants et de ceux qui tètent, à cause de tes adversaires. (Ps. VIII, 2.)

 

Un petit enfant a plus de pouvoir qu'il ne semble; il peut désarmer sans paroles un adversaire de Dieu. Un méchant qui regarde un petit enfant qui lui tend les bras, doit sentir un épouvantable malaise ; un père qui est repris par son enfant ou qui manifeste devant lui une disposition criminelle, doit souffrir comme un malfaiteur; un incrédule qui voit dormir un petit enfant, la paix sur la figure, ou qui l'entend prier, doit être ébranlé plus fortement par cette vue que par tous les arguments des savants. Dieu, pour nous montrer comme il lui faut peu de chose pour renverser notre sagesse et notre volonté opiniâtre, met devant nous un petit enfant pour en tirer le fondement de sa puissance. C'est pour que nous redevenions nous-mêmes de petits enfants, non en intelligence, mais à l'égard de la malice. Un petit enfant n'a point d'arrière-pensée, il ne discute pas avec son père, il croit; il se sent heureux d'être avec son père, car il l'aime; il ne s'inquiète pas du lendemain, il espère que son père sera encore son père; les jours se suivent et l'enfant est heureux ; la seule chose qui le fasse pleurer, c'est quand il est mal avec son père. N'est-ce point là une prédication pour les grands? Mêlez-vous souvent à des réunions d'enfants, laissez venir à vous l'un de ces petits et ne les empêchez point; ils vous diront bien des choses qui vous humilieront ou qui vous mettront le coeur au large, et vous croirez de nouveau entendre la parole du Sauveur : Je te loue, ô Père, Seigneur du ,ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants.

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18 AOUT.

 

,Quand il plut à Dieu, qui m'avait choisi dès ma naissance, et qui m'a appelé par sa grâce, de me faire connaître son Fils, afin que je l'annonçasse parmi les Gentils, je le fis aussitôt, sans consulter la chair et le sang. (Gal. I, 15, 16.)

 

Il est des cas où une première impression trompe, et ,où nous n'agirions pas sous l'influence de la vérité, si nous y cédions avec trop de précipitation. Il en est d'autres où une première impulsion est plus juste et plus généreuse que le fruit de nos réflexions et de notre consultation avec la chair et le sang. C'est le tact spirituel qui nous dit alors ce que nous avons à faire à en quel sens nous avons à nous déterminer. Dieu a promis de nous rendre intelligents en toutes choses, et Jésus nous envoie de la part du Père, et au moment où cela est nécessaire, l'Esprit de vérité, _pour nous enseigner toutes choses, et pour nous rappeler celles que le Seigneur nous a dites et que nous pourrions avoir oubliées. Dieu peut parler aussi clairement, à chacun de nous qu'il a parlé à saint Paul, quand il lui a fait connaître Jésus-Christ et qu'il lui a conféré l'apostolat. Quand Dieu appelle, il faut agir, il faut. aller; quand Dieu n'appelle pas, il ne faut rien entreprendre. Gardons-nous des appels qui viennent de la chair et du sang; voici un signe qui peut nous aider à les discerner. Si notre premier mouvement vient de notre imagination, du feu de notre tempérament, d'un simple plaisir d'agir, d'un élan de courage dont nous. n'avons point mesuré la portée, c'est une direction trompeuse; n'agissons pas sous son influence, attendons que nous soyons plus calme. Mais si, dans une affaire de Dieu, il nous vient de ces éclairs qui sont des appels d'en haut; si la voix que nous entendons, est d'accord avec la charité de Christ, avec le sentiment d'un devoir qui nous est clair à l'instant même;: si nous voyons de suite que nous avons un sacrifice à faire, une croix à recevoir, une tâche pénible à entreprendre, ne consultons ni la chair ni le sang; l'égoïsme et la paresse pourraient bientôt affaiblir ces premières. lumières et nous les faire prendre pour de fausses inspirations. On trouve toujours des raisons plausibles, pour éloigner de soi ce qui coûte; mais c'est en retenant ainsi la vérité captive, pour complaire à la chair et au sang, qu'on éloigne Dieu et qu'on refuse de le ,laisser régner sur soi.

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19 AOUT.

 

Le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne l'esprit de sagesse et de révélation par sa connaissance. (Éph. I, 17.)

 

Le Saint-Esprit nous donne la connaissance de Dieu en réveillant nos besoins spirituels et en détournant notre coeur de la vanité pour l'incliner vers la vérité et la vie. L'une et l'autre sont en Dieu, et nous croissons dans sa connaissance, en nous rapprochant journellement de lui dans la prière et par sa Parole. La connaissance vivante de Dieu est aussi la source de la sagesse et de la révélation. Il y a dans la vie des situations bien difficiles et des perplexités bien compliquées; mais avec un coeur ouvert à Dieu, on les juge plus sainement que ne pourrait faire la raison la plus éclairée ou l'ami le mieux intentionné. La sagesse de Dieu débrouille toutes choses pour nous montrer le profit que nous pouvons en retirer pour Dieu et pour notre sanctification. La révélation que donne la connaissance de Dieu n'a pas toujours le caractère d'une illumination surnaturelle qui transporte l'âme au ciel; il y a des révélations qui nous laissent sur la terre et qui tirent simplement le voile qui couvrait certaines choses et nous empêchait de sentir leur destination et les rapports qu'elles avaient entre elles et pour nous. Dans une journée tout ordinaire, nous pouvons avoir des révélations, quand la connaissance de Dieu fructifie en nous, qu'elle étend la sphère de nos idées, qu'elle donne plus d'étendue à nos devoirs, qu'elle nous montre des négligences et des ruses cachées, ou qu'elle nous encourage, en nous ouvrant les yeux sur les bénédictions que Dieu par notre entremise peut transmettre à des âmes que le Saint-Esprit nous rappelle tout à coup et dont il nous montre les besoins et la situation particulière.

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20 AOUT.

 

Ils lui amenèrent donc; et dès qu'il vit Jésus, l'esprit l'agita avec violence, et il tomba par terre et se roulait en écumant. (Marc XI, 20.)

 

Il s'agit ici d'un démoniaque qu'on avait amené à Jésus et que Jésus va guérir. Le mauvais esprit avait tourmenté cet homme de bien des manières et depuis bien longtemps. Les disciples, auxquels le père du possédé s'était adressé, n'avaient pas eu assez de foi pour chasser l'esprit malin; alors Jésus entreprend lui-même cette guérison; mais, au moment où il s'approche du malade, une attaque nouvelle et plus violente que jamais saisit ce malheureux. L'esprit infernal, craignant de perdre sa proie, l'agite avec fureur, le jette par terre où il se roule en écumant. Mais l'heure de la délivrance était venue. Jésus reprend sévèrement l'esprit immonde et lui commande de sortir du jeune homme et de ne plus jamais rentrer en lui. Puis, ayant pris le malade par la main, il le rendit à son père parfaitement guéri. Tel est le pouvoir du Sauveur. Quand la violence du mal est arrivée à son comble, c'est souvent un signe que sa grâce va triompher. Satan peut nous tenir enchaînés; les serviteurs de Christ peuvent, en pareils cas et à cause de l'insuffisance de leur foi, ne nous être d'aucun secours; il peut même nous sembler que la puissance du mal est plus forte que l'ardeur de nos prières, qu'il augmente à mesure que nous nous approchons de Dieu, que nos péchés se multiplient, que notre état empire enfin. Mais c'est un signe que notre délivrance approche. Donnons-nous tels que nous sommes, avec toutes nos convulsions, à Celui qui a toute puissance dans le ciel et sur la terre. Plus notre misère abonde, plus la grâce approche et surabondera. La rage de Satan ne vient que de son impuissance finale; ses derniers soufflets sont les plus violents, mais ils nous annoncent notre guérison. Quand le péché sera enfin péché à nos propres yeux, Jésus-Christ nous montrera sa puissance. Nous sentirons tout à coup une confiance nouvelle et une volonté nouvelle. Croyons avec larmes, mais croyons avec foi; l'horreur du péché est la rupture avec le péché, et ce qui nous était impossible, Dieu le fait par son Fils pour le plus enchaîné des pécheurs.

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21 AOUT.

 

La colère est cruelle, et la fureur est comme une inondation; mais qui pourra subsister devant la jalousie? (Prov. XXVII, 4.)

 

Parmi les tourments de l'âme se trouve aussi la jalousie. L'enfant sur le sein de sa mère est déjà jaloux; il pleure quand on caresse devant lui un autre enfant. Plus les années avancent, plus la jalousie augmente. L'écolier est jaloux de celui de ses condisciples qui a plus de succès et qui remporte plus de prix que lui. Plus tard viennent les jalousies de métier. Il est triste de dire que ce qui se passe à cet égard dans le monde se retrouve aussi dans l'enceinte de l'Église. Les disciples de Christ sont jaloux des fils de Zébédée qui demandent une place d'honneur dans le royaume des cieux. Qu'est-ce qui fait du mariage un enfer ? N'est-ce pas la jalousie? Qui pourra subsister devant une femme jalouse ou devant un mari jaloux? Voyez les populations méridionales et comptez les crimes qu'y produit la jalousie! Cette passion est une de celles qu' on s'avoue le moins; on la porte longtemps en soi, comme un feu couvert, mais quand ce feu éclate, Il faut bien qu'on le voie. D'où vient la jalousie? De l'idolâtrie de nous-mêmes et d'un ressentiment profond contre qui ne nous rend pas le culte que nous réclamons. Il n'y a qu'un remède à ce mal qui peut ronger toute une existence : c'est, au lieu d'être jaloux pour nous, de l'être pour Dieu. Devenons les champions de sa gloire, comme nous sommes ceux de notre chair et de notre sang. Gagnons-lui des âmes, apportons-lui nos couronnes, faisons de ses joies les nôtres et de ses déplaisirs nos douleurs. Plus nous entrerons dans ce chemin, plus nous serons affranchis de ce tyran qui est plus cruel que la colère, plus furieux qu'une inondation. D'ailleurs, les intérêts de Dieu sont aussi les nôtres, et, en définitive, l'âme la plus foncièrement guérie est celle qui a le plus habituellement pour règle: Non point à nous, Seigneur, mais à ton nom donne gloire !

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22 AOUT

 

Si l'Éternel des armées ne nous eut réservé quelque petit reste, nous aurions été comme Sodome, et nous serions devenus semblables à Gomorrhe. (Ésaïe 1, 9.)

 

Le peuple de Dieu, comparé à l'humanité entière, est un petit reste, et c'est la continuité de ce petit reste qui est l'assurance de l'Église. Dans les siècles les plus pervertis, l'Éternel s'était réservé ses sept mille hommes qui n'avaient point fléchi leurs genoux devant Bahal et dont la bouche ne l'avait point baisé. Il eût été impossible à l'homme de découvrir et de rassembler ces élus de Dieu, mais Dieu les connaissait. Qu'il nous suffise de faire de la continuité de ce petit reste une affaire de foi et non une affaire de vue. Mais chacun de nous a aussi dans sa vie individuelle un petit reste réservé. C'est ce petit reste de grâce qui ne nous abandonne jamais, pas même dans les lieux profonds. Il y a des époques où l'on se croit entièrement mort, entièrement délaissé. Tout est combat au dehors et craintes au dedans. Mais ayons bon courage, il reste un petit résidu, tout n'est pas perdu pour nous. Notre vie ne tient plus qu'à un fil, mais ce fil est entre les mains de l'Eternel, et la grâce qui nous fait vivre est plus ferme que le ciel et la terre. Si mal qu'aillent les choses, les montagnes ne se remuent pas, les coteaux ne s'ébranlent pas de leur place, mais quand même cela serait, ma bonté, dit l'Éternel, ne se retirera point de toi, et l'alliance de ma paix ne sera jamais ébranlée. Espérons continuellement en notre Dieu. Il en tombera mille à nos côtés et dix mille à notre droite, mais la destruction n'approchera point de nous. La grâce qui nous a été faite ne sera pas plus faible dans l'avenir qu'elle ne l'a été dans le passé : grande ou petite, elle suffira. Saisissons-la, et elle agira. Sodome a péri dans les flammes, et notre coeur, enclin au mal, est souvent comme une Gomorrhe, mais il y a un bras qui n'est point raccourci et des oreilles qui ne sont pas devenues pesantes. Avance, pauvre âme, ta cause est gagnée; tu seras plus que vainqueur par celui qui t'a aimée.

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23 AOUT.

 

Heureux l'homme qui ne marche point suivant le conseil des méchants. (Ps. I, 1.)

 

L'honnête homme, le bon chrétien selon le monde, se révolterait si on le rangeait dans la classe des méchants. Ce ne sont ni les jurements ni les coups de couteau qui font les méchants. L'Écriture dit : c'est le conseil du coeur. Nous sommes méchants, si nous marchons suivant les conseils de notre coeur déchu. Les inspirations qui nous viennent de nous-mêmes sortent d'une nature foncièrement ennemie de Dieu, séparée de lui et méchante par ce seul fait. Nous nettoyons le dehors de la coupe et du plat, mais que serait-ce si l'on voyait nos souillures intérieures? Si Dieu nous abandonnait jusqu'à demain à notre pente naturelle, nous deviendrions un démon. Rendons grâces de n'avoir pas eu jusqu'ici l'occasion de devenir ravisseurs, ou injustes, ou adultères. Le conseil du coeur peut nous mener à tout cela. Ève a commencé par un doute et a fini par une chute totale. Le méchant est partout où Dieu n'est pas, où il ne règne pas, où il n'est pas tout. Faut-il s'étonner alors qu'il y ait si peu. d'heureux ici-bas? On n'est heureux que quand on ne marche pas suivant le conseil des méchants; mais pour cela, il faut une réforme générale. Faisons donc accueil à l'Esprit de Dieu, à la volonté de Dieu, à la personne de Dieu, comme à notre bien suprême, et restons sourds aux insinuations de notre propre esprit. Redoutons notre volonté propre, crucifions notre moi dans nos pensées et dans les intentions du coeur, c'est l'unique moyen de chasser le méchant, d'atteindre le bonheur, de marcher avec Dieu.

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24 AOUT.

 

Et Moïse dit au peuple: Ne craignez point, arrêtez-vous, et voyez la délivrance de l'Éternel, qu'il vous accordera aujourd'hui, car pour les Égyptiens que vous avez vus aujourd'hui, vous ne les verrez jamais plus. L'Eternel combattra pour vous, et vous demeurerez dans le silence. Or, l'Éternel avait dit à. Moïse Que cries-tu à moi ? Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur qu'ils marchent (Exode XIV, 13, 14, 15.)

 

Notre vie extérieure est souvent toute autre que notre vie intérieure. Nous passons pour des héros de foi, et nous sommes à beaucoup d'égards de grands incrédules. Pendant que Moïse parlait avec tant d'assurance aux enfants d'Israël, il criait en silence à son Dieu et tremblait. Tandis qu'Israël admirait sa fermeté, l'Éternel s'indignait de son incrédulité. Le monde ne sait pas ce qui se passe sous l'habit d'un ministre de Christ ou sous celui de ceux que l'on regarde comme des saints. Ces démonstrations d'esprit et de puissance qu'admire tout un auditoire viennent souvent d'un abîme de misères que Dieu seul connaît. Tout vrai croyant vous dira la même chose. Il est obligé de crier, de lutter, de revenir sans cesse à la source pour avoir un peu de foi, un peu d'amour, un peu d'espérance. Le monde croit qu'un homme qui parle si bien et qui est si vaillant à voir, n'a plus de combats, et qu'il ne lui manque qu'un chariot de feu pour monter au ciel. Hélas, si l'intérieur de ces hommes pouvait vous être connu, vous verriez en eux les mêmes infirmités que celles que vous découvrez en vous. Ils sont ce qu'ils sont par un effet de la bonté de Dieu, et afin que la grande puissance qu'ils possèdent soit attribuée à Dieu, et non pas à eux. Ce sont des vases de terre, que remplit, selon son bon plaisir, Celui qui accomplit tout en tous. De peur qu'ils ne s'élèvent trop, à cause de l'excellence de leurs révélations, Dieu les a environnés d'échardes, anges de Satan dont les soufflets leur sont plus nécessaires qu'un séjour prolongé sur le Thabor. Le cri de Moïse dura quarante ans. Quand on a six cent mille hommes à commander, et des hommes comme ces Juifs, on apprend à prier, à. croire, et à ne vivre que de miracles. Dans le domaine de l'âme, il y a souvent aussi mille et mille voix qui parlent et qui ne veulent pas obéir. Nous crions, et Dieu dit : Marche. Le monde ne voit que celui qui marche et ne voit pas celui qui crie. Cela est bon, bon dans l'intérêt de Dieu et dans le nôtre. La vie est un combat où l'Éternel combat pour nous; apprenons à demeurer dans le silence.

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25 AOUT.

 

Tu as fait ces choses-là, et je me suis tu, et tu as cru que j'étais véritablement comme toi. Je t'en reprendrai, et j'exposerai tout en ta présence. (Ps. L, 21.)

 

Dieu se tait longtemps ; sa patience est de toutes ses perfections la plus étonnante; mais à la longue il parle, et quand il parle, il agit. A une longue et fatale sécurité il fait succéder le remords et ses tourments. Ce que l'homme a semé, il le moissonne alors. Dieu interrompt notre sécurité par des appels, et des appels redoublés. En général, ce n'est pas la connaissance qui nous manque, c'est la volonté de détruire tout ce qui en nous s'élève contre la connaissance de Dieu. il y a des vies qui ne sont qu'un long endurcissement; il y en a d'autres où il y a lutte, lutte continuelle; mais ces luttes, suivies de rechutes, usent la conscience et finissent par une défaite générale. Toutefois, nous ne sommes jamais rejetés de Dieu, tant que nous pouvons croire. Fussions-nous mille fois plus misérables, la grâce de Dieu est mille fois plus puissante que nous. Réunissez tous les pécheurs et tous les péchés, totalisez ces malédictions sur une même personne, et supposez que cette personne soit vous ; le sang de Jésus-Christ est plus puissant que tous ces enfers réunis. C'est pourquoi jetons-nous dans les bras du Sauveur, ne nous lassons pas de nous y jeter. Peu importe que notre vie soit déplorable à. beaucoup d'égards, que notre volonté soit rebelle ! Croyons, et il nous sera fait selon notre roi. Croyons en dépit de Satan, en dépit de nous-mêmes. Chargeons de l'oeuvre de notre foi celui qui en est le Cher et le Consommateur. Tous ceux qui actuellement sont convertis à l'Évangile étaient des gens perdus; mettons-nous dans cette classe, et croyons fermement que nous sommes aimés. Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu; le gémissement des prisonniers vient jusqu'en sa présence; il conserve par sa grande puissance, ceux qui sont dévoués à la mort.

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26 AOUT.

 

Étudiez-vous à affermir votre vocation et votre élection, car en faisant cela, vous ne broncherez jamais. (2 Pierre I, 10. )

 

Dieu appelle et adresse vocation par son Saint-Esprit. Une âme qui se réveille est une âme appelée; et quand il y a vocation, il y a aussi élection. Le signe le plus sûr qu'on est élu, c'est la puissance de croire. Mais il faut affermir cette vocation et cette élection pour ne point broncher. La foi peut être attaquée de bien des manières; aussi Dieu nous exhorte à nous revêtir de ses armes pour ne nous laisser ébranler ni par les afflictions, ni par les séductions du monde, ni par la vue de nos péchés. Affermissons notre vocation et notre élection, en prenant toujours plus amplement pour nous l'oeuvre éternelle du Christ et les promesses de sa Parole. Dans les bons jours, veillons; dans les mauvais jours, prions; dans les jours où tout est noir et où nous ne savons plus ce que nous devons demander pour prier comme il faut, attendons. Notre vie est entre de bonnes mains. Les dons et la vocation de, Dieu sont irrévocables. Ne nous laissons pas ravir l'assurance que Dieu nous a prédestinés à nous adopter Pour ses enfants en Jésus-Christ. La place où est actuellement le Fils de Dieu est aussi la nôtre ; Dieu vous l'a gratuitement accordée en son Fils bien-aimé. Le Saint-Esprit en rendra témoignage à notre esprit. Écoutons sa voix. Étudions-nous à affermir notre vocation et notre élection, en gardant nos vêtements et en serrant contre nous le manteau de la justice. On ne bronche que quand on doute; ne doutons plus, et nous ne broncherons plus. Élevons nos yeux vers les montagnes d'où nous est venu le secours. Il n'est plus question de ce qui se passe en nous; Jésus est le Cher et le Consommateur de notre foi; l'oeuvre du Rocher est parfaite, et Christ c'est nous. Dieu ne nous sépare pas de son Fils. Ceux que Dieu avait auparavant connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né entre plusieurs frères. Regardons cet homme glorifié qui brille dans la splendeur céleste, et contemplons en lui notre vocation, notre élection et notre éternelle victoire. Nulle étude n'est plus propre à affermir notre vocation et notre élection.

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27 AOUT.

 

Éternel! guéris-moi, et je serai guéri; sauve-moi, et je serai sauvé car tu es ma louange. (Jérémie XVII, 14.)

 

On trouve des hommes d'une conduite irréprochable et qui sont entourés d'une grande considération. Un tel état peut facilement devenir un piège en rendant extrêmement difficile la conviction de péché. Ces hommes cependant croient peut-être à la grâce et à l'impossibilité d'être sauvés par leurs oeuvres, mais leurs vues sur le christianisme sont trop vagues. L'encens qu'on leur apporte et dont on couvre leur vie fait que, sans qu'ils se l'avouent, leur foi en Jésus-Christ est plutôt nominale que réelle. Le vrai fondement de leur confiance est leur personne. Il ne faut pas traiter ces hommes comme on traiterait des pharisiens ordinaires; il faut attendre. Dieu peut les mettre dans toutes sortes de situations où leurs faux appuis seront ébranlés et où ils ouvriront les yeux sur eux-mêmes. Conseillez, en attendant, à ces hommes de prier assidûment et de se mettre sincèrement devant le miroir de la Parole. S'ils le font, ils arriveront nécessairement à la vérité, s'ils refusent de suivre ce conseil, dites-leur que leur indifférence est déjà le signe d'une inimitié cachée envers Dieu. Mais les arguments ne suffiront pas pour les convaincre, il faudra que le Seigneur lui-même attaque leur conscience. Il le fera peut-être en dévoilant à ces hommes justes quelque côté faible qui prendra tout à coup, sous la lumière divine, un caractère plus grave. Quand Dieu touche ainsi du doigt une partie de notre nature, il consume, comme la teigne notre excellence. A ces premiers ébranlements peuvent se joindre d'autres circonstances, une épreuve, une perte quelconque. Mais c'est toujours un spectacle touchant que celui d'une âme qui arrive à la connaissance de sa misère, et qui s'écrie, fût-ce même au bout de sa carrière : Eternel! guéris-moi, et je serai guéri; sauve-moi, et je serai sauvé car tu es ma louange.

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28 AOUT.

 

Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez point dansé nous avons chanté des plaintes devant vous, et vous n'avez point pleuré. (Matth. XI, 17.)

 

On fait un mauvais usage des joies et un mauvais usage des peines, quand les premières ne provoquent pas la reconnaissance, et que les secondes n'humilient pas. C'est toujours à notre propre détriment que nous tournons en dissolution les grâces de Dieu. Ceux qui ne sont pas reconnaissants ne sont pas non plus heureux; et ceux qui ne retournent pas à Dieu, quand. Dieu les visite, perdent le bénéfice de l'épreuve et s'endurcissent. Il est triste d'être inattaquable par le bonheur et par le malheur, et de ne recevoir de toutes choses que des impressions fugitives. Dieu a raison de dire : Soit que je les aie châtiés, soit que j'aie fortifié leurs bras, ils ont pensé du mal contre moi. Cette double manière de renvoyer Dieu donne à la vie chrétienne ce caractère d'indolence qui ne laisse rien espérer, à moins d'un miracle de la grâce. Mais supposons qu'une de ces âmes engourdies se reconnaisse enfin, et qu'elle en vienne à verser des larmes dans la contemplation de l'infatigable tendresse du Seigneur, qui ne s'est point rebuté, mais qui a suivi la brebis errante sur les montagnes et dans les vallées. Bien qu'elle fût ingrate et inaccessible à toute repentance, il a été le même en amour, en patience, en fidélité. Quand nous n'avions rien à lui dire, rien à lui montrer, il se disait en silence : Éphraïm n'a-t-il pas été pour moi un enfant chéri? Ne m'a-t-il pas été un enfant agréable? Car, depuis que je lui ai parlé, je n'ai point manqué de m'en souvenir; c'est pourquoi mes entrailles se sont émues à cause de lui, et j'aurai certainement pitié de lui, dit l'Éternel. Cette pitié prend vie en nous quand nos propres entrailles s'émeuvent, quand un saint amour illumine nos jours de bonheur et nos jours d'épreuve, et que nous reconnaissons, ce réseau de miséricorde qui s'étend sur toute notre vie terrestre et qui nous montre que Dieu ne veut point la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie.

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29 AOUT.

 

Tout docteur qui est bien instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles. (Matth. XIII, 52.)

 

Le vrai docteur est celui qui est enseigné de Dieu, et tout enseignement de Dieu est un trésor où les vers ni la rouille ne gâtent rien, et où les larrons ne percent ni ne dérobent. Tant que nous restons en communication avec Dieu, nous tirons de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles, c'est-à-dire des expériences intimes des vérités dont nous vivons. 'Les vérités de l'Ecriture sont les réservoirs de la vie et, de la croissance. Une expérience qui nous parait vieille aujourd'hui peut redevenir nouvelle demain. Le pain que nous mangeons nous est tous les jours nouveau, ,et quoique ce soit toujours le même pain, quand nous ne l'apprécions pas, c'est que la faim nous manque. Le salut par grâce nous paraîtra dans dix ans un trésor plus précieux qu'il ne l'est aujourd'hui. Et si les choses vieilles sont bien reçues, elles ouvrent les yeux sur mille choses nouvelles. Entretenons en nous la faim spirituelle, et les conséquences de l'Evangile abonderont. C'est une lumière multiple comme celle d'un diamant ; une vie qui entre dans tous les vaisseaux de l'âme. Dans le monde, les choses nouvelles deviennent promptement des choses vieilles, parce que la satiété s'attache à tout ce qui est corruptible. Le goût du nouveau et du piquant est la fièvre de l'homme du monde; mais son trésor est un fonds de vanité et une vieille et nouvelle source de tristesse. Un pauvre pécheur sauvé est plus heureux que lui. Sa repentance d'aujourd'hui ne lui suffit plus demain; il sent, dans les moments sérieux de la vie, l'insuffisance de sa foi. Il sent aussi l'amour de son Dieu, bien qu'il n'en voie encore que les bords. Il oublie ce qui est derrière lui et s'avance vers ce qui est devant lui; il vole vers l'éternité, désireux de connaître, parce qu'il connaît; désireux de recevoir, parce qu'il a reçu. Un tel homme est un docteur; il rend témoignage à la vérité, car il en entend la voix.

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30 AOUT.

 

C'est ici la volonté de Celui qui m'a envoyé, que quiconque contemple le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. (Jean VI, 40.)

 

Contempler le Fils n'est point s'adonner à une vie, contemplative. C'est du regard de la foi que Jésus-Christ parle ici, ce n'est pas de celui de l'imagination. Le mysticisme vient d'un sentiment qui s'égare, mais on ne s'égare jamais quand on croit. Contempler Jésus-Christ, c'est le recevoir comme la lumière du monde et la vie éternelle; c'est le laisser agir, et agir soi-même sous son influence pour amener toutes nos pensées captives sous son obéissance. Un vrai regard est une véritable force, comme nous le voyons d'une manière si saisissante dans l'exemple des Israélites mordus par les serpents brûlants et guéris par un regard sur le serpent d'airain. Quand nos besoins sont pressants ou que notre coeur est gonflé, les paroles sont trop lentes; regarder au Seigneur et s'abattre devant lui est bien plus vite fait. Il sait bien de quoi nous sommes faits; il comprend sans bruit de paroles les peines que nous venons répandre en sa présence. Il connaît notre épuisement, nos humiliations, nos chaînes et notre désir d'être délivrés. Demeurons devant lui, et si nos paroles sont trop pauvres, nos yeux qui le cherchent parleront aussi distinctement que des paroles. Où il y a faim, il y a foi, et où il y a foi, il y a vie éternelle. Notre Rédempteur est vivant, et son regard est la délivrance même. C'est ici la volonté du Père, que quiconque contemple le Fils, le reçoive comme la vie éternelle. Celui qui a le Fils, à aussi le Père et l'Esprit qui ressuscite au dernier jour. Il y a une puissance qui surpasse la nôtre et qui nous est acquise pour toujours. A chaque regard de foi, Dieu répond par un : Fortifie-toi et prends courage. Ne t'épouvante point et ne t'effraye de rien; car l'Éternel ton Dieu est avec toi partout où tu iras.

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31 AOUT.

 

Seigneur, celui que tu aimes est malade. (Jean XI, 3.)

 

C'est le message que Marthe et Marie envoyèrent au Seigneur pour qu'il vînt guérir Lazare. Que cette simple parole soit aussi notre prière quand nous recommandons à Dieu un malade qui nous est cher. Soyons assurés que Dieu aime plus tendrement que nous ceux que nous aimons, et que, soit qu'il s'agisse du corps, soit qu'il s'agisse de l'âme, nous nous adressons à un médecin capable de guérir. Prions avec foi, et cette maladie ne sera point à la mort, mais elle sera pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié. Le résultat d'une maladie peut être contraire à notre attente; mais si nous recourons au Seigneur, comme Marthe et Marie, une telle visitation sera toujours une bénédiction pour nous. Que de choses le Seigneur nous dit près du lit des malades! Il nous y fait sentir d'une manière plus saisissante notre propre fragilité, et nous voyons à nu ce que nous donnera le monde quand nous serons nous-mêmes couchés sur le lit d'où nous ne nous relèverons plus. C'est pourquoi, demandons-nous sérieusement dès maintenant si nous connaissons le vrai médecin, si nous sommes en rapports permanents avec lui. Un malade est exposé à bien des assauts, il faut donc dans nos jours de santé nous préparer pour le jour solennel qui nous enlèvera. Un malade est une prédication vivante. Nous pouvons voir en lui toutes nos misères ou toutes nos joies réunies. N'entrez donc pas chez un malade sans vous dire : Il y a ici une âme aimée, et peut-être une gloire future qui se prépare. Les malades du corps de Christ sont les favoris du Seigneur; plus il les tient sous sa main, plus il veut se glorifier dans leurs épreuves. Il donne à Pu a une maladie à supporter, à l'autre un malade à soigner; nous les plaignons l'un et l'autre ; mais s'ils entrent filialement tous deux dans l'intention du Seigneur, ils sont riches, ils sont heureux plus que nous ne pourrions les rendre. Ouvrons les yeux à notre tour, et nous verrons dans la maladie même un amour qui, s'il est reçu comme amour, éteint toutes les souffrances et met en possession des richesses incompréhensibles de Christ.